Me suis à
nouveau endormi sur ce clavier puis m’effondrant au lit, « fou » de fatigue,
après une journée de stress, de stérilité et de démarches de gestion, mon
journal en témoigne : totalement incohérent. Trop de morts dans nos vies, nos
chers chiens et maintenant, tutélaire et pacifiante, ma chère belle-mère.
L’offrande de larmes tellement discrètes, venant à la glissade des yeux, la tête
de profil sur l’oreiller, notre fille qui me demande, comme tant de fois à
propos de sa naissance, comment s’est passée la mort de sa grand-mère, comment
l’on peut mourir ? Les questions sur l’injustice et les questions sur
la manière.
Je réponds avec la tendresse et la douceur, la sensation si
forte de communion qu’elle, la petite-fille, et sa grand-mère que je vénère, me
donnent. Elle a donné sa vie pour son mari, pour ton grand-père. Elle s’est
arrêtée de respirer, elle nous avait attendus, nous sommes arrivés d’ici, de
loin, fatigués, bien accueillis par un infirmier puis une chef. Elle nous
attendait sans bouger. Nous sommes restés. Et dimanche, elle nous attendait à
nouveau. La bouche avait été bien fermée, soignée, elle souriait presque quand
elle a été bien habillée, tandis que nous étions sortis un moment, avec ta Maman
pour aller ses vêtements, le pantalon marron que tu connais et un joli chemisier
chandail. Comment as-tu su ? qu’elle allait mourir. Les choses importantes, on
ne les sait pas, on ne les apprend pas, on les ressent, c’est comme cela que
j’ai su. Notre fille écoutait et s’endormait. Elle n’avait aussitôt pensé qu’à
son grand-père, quand dans les circonstances que j’avais suggérées, des courses
alimentaires, mère et fille, au village pour le voyage en train, elle a appris.
Un téléphone d’ailleurs de notre ami restaurateur, père d’une de ses amies de
Strasbourg, appelait ma chère femme : organiser, convenir pour après
la messe.
Vertige que la vie désormais et depuis deux décennies,
progressivement, inexorablement ? celle de mon beau-père, désormais central. Sa
femem, ma belle-mère, la mère de ma femme, de mes beayx-frères nous paraissait
centrale : c’st qui ? qui va prendre la relève, balbutiement de plus heures pour
le plus jeune de mes beaux-frères, vivant à demeure chez ses parents ou tout
comme, un étage à monter ou à descendre, une vie conuugale de dix-huit mois,
Marguerite me reprend quand je dis un an. C’était il y a presque trente ans. Il
dit mieux que nous l’effondrement de l’étai, de la portance. Depuis plusieurs
années, grabataire, aphasique, même la main gauche a tout perdu, la moue, le
regard restent seuls, et toute la santé et la capacité de vivre encore des
années. Quelle vie intérieure ? quelles pensées, quelle conscience ? d’autres
attentes que nos visites, forcément espacées, rares, lui donner à manger, être
là, ne toujours pas lui dire que sa femme… De ce vertige que portait, sans
fléchir apparemment, que physiquement, ma chère belle-mère nous avait dispensés.
Nous voici avec ce fardeau, à plein.
Evidence que
les fins de vie sont devenues un problème énorme psychologiquement dans tant de
familles, et économiquement pour le pays, le financement, l’aide à
la personne.
Un gouvernement qui ne résoud pas la vie sociale, le droit au
travail, l’éminence du facteur travail dans la production, l’évidence que la
consommation suppose des salaires et que les salires ne sont pas une rétribution
de subsistance mais la rétribution d’un apport…. Un gouvernement qui ne garantit
pas, ne maintient pas la dignité et les chances de s’accomplir de chacun au plus
fort de sa vie et de sa biologie, un gouvernement qui n’a pas la légitimité et
la science du succès économique, social, financier de la vie courante et
nationale, l’a-t-il pour légiférer sur ce qu’il y a de plus délicat et qu’il
faut rendre consensuel textuellement, des textes serviteurs et non des textes
amoindrissants, qui abaissent le pays à se discuter lui-même… un tel
gouvernement ne peut traiter ces sujets, puisqu’il ne répond pas d’abord à sa
mission, qu’il ne replit pas son devoir d’état . J’incline de plus en plus à penser que
ce doit être le dialogue entre patients, médecins et familles, éventuellement
avec l’arbitrage ou la sanction du juge, des juges, mais des textes généraux ?
pour des cas particuliers ! et dans une société et une époque sans mémoire ni
repères ? ce n’est pas discuter la gauche, le gouvernement, le président comme
beaucoup, les haïr comme certains, c’est
constater.
Notre pette fille avec laquelle je vais
passer la journée de train, qui me donne hier soir quand je cherche la housse de
sa tablette, me donne le conseil : ne pense pas sans cesse à cela, ne te le
répère, cela va devenir plus important que tout le reste, Papa. – Elle
m’apprenait par ses questions, elle m’apprend désormais directement comment
vivre…Hier soir, leçon de choses. Confier notre chien le plus remuant, puisque
ne voyageant pas en voiture, nous devons le laisser ici, le reste de la meute,
sédentaire ne fait pas problème et les visites de Franck pour les croquettes,
l’eau et aussi pour Boule-de-neige et le rythme de ses médicaments antiépilepsie
suffisent. Mais Fonzy peut sauter les grillages de notre chenil. SIMON qui
l’avait capturé il y a trois ans quand il venait faire le sabbat ou le
« ram’dam » autour de son propre chenil, accepte de le prendre dans un de ses
« casiers », nous l’y plaçons tout à l’heure avec Finette ,sa soeur comme
compagne. Vous venez me demander un service. Je savais l’homme dur mais pas
forcément hostile, au contraire de tout notre voisinage, plus immédiat
physiquement il est vrai. Demander un service, soit ! Il consulte sa femme plus
du regard que d’une phrase. Elle présente bien, leur maisonnette est nette, ils
travaillent tous deux : des enfants ? pas là.. Elle souvent de nuit, infirmière,
lui dans le camionnage, je ne me souviens plus bien. Les bois où il chasse sont
de l’autre côté du rentrant de mer et de marais qui fait frontière pour nous.
Qu’est-ce que vous me donnez en échange ? Une battue aux sangliers. C’est carré,
ce n’est pas agréable, mais c’est sûr. Les relations internationales sont cela,
si elle sont comprises et pratiquées. Nous n’en avons plus que l’enveloppe avec
du baratin et des conférences de presse commune, sans contenu. La confiance
n’est pas a priori, elle vient après l’échange. ADENAUER à Colombey : 1958. La
fondation fut là, ni le traité ni le rite. Impossible avant ces guerres, qui
n’étaient pas échanges. Après cela tient. J’accepte. On discute un instant des
deux équipes et GIC de chaasseurs, rivales, peut-être un jour mortellement pour
les droits et les battues, ici. Le fond de presque tous les « rapports humains »
dans ce pays est dominé par cette passion-addiction des hommes. Les femmes
jugent, regardent, se taisent. L’écrivant ce matin, après l’avoir vécu dans la
pénombre, et ayant passé devant les deux « casiers » voisins, des biggles,
aussi, gentils et petits, je perçois l’immense distance entre cette réalité, ces
vies – partout chez nous, en France concrète et qquotidienne – qui ont leurs
analogies avec des passions autres, mais des passions, des couples ayant
d’autres généalogies et métiers, mais en ayant cela d’une part qui est nous, qui
est la France aux mémoires, aux exploits, se transcendant de temps à autre mais
étant foncièrement ces gens : travail, addictions, couples, habitat… et les
magazines, les déors, les commentaires, exhibitions, décryptages. Les
Match avec SARKOZY puis HOLLANDE, les faux
couples de la montre, les titres à rapprocher d’une année sur l’autre qui se
répètent bêtement, supposant le lecteur amnésique ou se contredisent..La
politique-feuilleton n’abaissant plus que ceux qui sont sur les images et la vie
de tous. Je comprends que pour les prédateurs en tous genres, c’est du gateau.
Toute la vie censée publique et faire un cadre pour la vie privée, n’est plus
qu’à côté des réalités qu’elle abîme et ignore. Et l’intimité de la mort qui a
noué ses écharpes et jeté ses capes sur nous depuis des semaines, et la vérité
simple que donne notre fille, en émotion, en larmes si fines, si belles, si
transparentes, illuminées de reflets, ornant soudainement ses
yeux.
Prier maintenant et
toujours. Avancer dans la confiance, les yeux bandés ? mais dans la confiance,
je suis guidé, aimé, et ma femme, notre fille, nous avançons… et le paysage est
beau ou rendu beau, ainsi.
[1]. Faites attention à ce que vous entendez ! Le sérieux de notre existence, des versions
que nous donnons à la vie quand nous la pratiquons et en bénéficions. Des
paroles d’une dureté, d’une logique qui effrayent, celle-ci qui m’a toujours
paru un résumé implacable de l’expérience humaine en presque tous « domaines » :
Celui qui a recevra encore, mais celui qui n’a rien se fera enlever même ce
qu’il a. La phrase précédente
explique-t-elle cette conclusion du Christ ? La mesure dont vous vous servez
servira aussi pour vous, et vous aurez encore plus. Je ne retiens que la confiance dont Dieu
m’a envahi ces jours-ci plus encore que d‘habitude. La propension à donner et à
prier en est le gage. Sauvés ? condamnés ? dépouillés ? qu’importe et qu’y
puis-je ? seules mes aimés, pour ce qui est du salut, du bonheur, m’importe. Car
moi ? mais tout est limpide, si dans mon impuissance, dans nos limites et
ambivalences à tous, nous avons la confiance, et celle-ci nous ne la décrétons
pas, nous la recevons.
Tous : nus devant Dieu. La confiance et l’assurance viennent de
cette vérité. Car rien n’est caché, sinon pour être manifesté ; rien n’a été
gardé secret, sinon pour venir au grand jour. … Seigneur, c’est toi qui es Dieu,
tes paroles sont vérité, et tu as fait cette magnifique promesse à ton
serviteur. David, de bonne volonté, s’est
fait éconduire par son Seigneur, ce n’est pas lui qui construira la maison de
Dieu, le Temple, mais c’est le Seigneur qui va construire sa maison, sa dynastie
et en fait la dialectique de toute la rédemption à travers une généalogie
humaine. Tu as dait d’Israël, de
nous, de chacun de nous, de nous tous, en toutes époques et civilisations,
tu as fait d’Israël ton peuple pour toujours, et toi, Seigneur, tu es devenu
son Dieu. Le destin de chacun de nous un
par un, quand nous le comprenons, et cela finit par nous être donné, quand nous
le regardons chez ceux/celels qui nous sont proches, que nous aimons, le destin
de notre fille aimé, précieuse plus que je ne puis le dire et que nous ne
l’imaginons même : regarder l’amur de Dieu en celles et ceux que nous aimons. Le
voir, le sentir, le comprendre et en bénéficier à notre tour, reflet, ricochet,
vase débordant, vie. – J’essaye de me relire par égards pour ceux à qui j’envoie
quelques-unes de ces lignes et pensées, un peu de ce que je reçois et viens de
transcrire : faute de saisie fréquente, j’écris ailé pour aimé
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