Prière du matin…en milieu
de cet après-midi… mais depuis vingt-quatre heures, je suis réellement dans le Je vous salue, Marie ! De ma chère belle-mère, ou plutôt de sa
mort, j’apprends bien plus que de celle de ma mère. Maman me confirma sa
présence et combien je tiens – avec bonheur et honneur, avec reconnaissance,
d’elle et et de celui qu’elle aima, malgré tout, mon vénérable père, homme
défait, et elle femme accomplie, la société en tiers ayant été pour beaucoup
dans la défaite et pour peu dans l’accomplissement – et mon Frère Claude me
confirma que mourir est une attente, un dialogue et que la Providence nous
donne toujours tangiblement ou surnaturellement tout ce qu’il nous faut à ces
instants. La mort comme un apostolat donné à tout être humain, et sans doute à
toute créature, à tout vivant – nos chers chiens : fusillés, empoisonnés…
mais de ma belle-mère, déjà hier la confirmation que nous ne sommes pas notre
corps, que nous sommes bien plus, que nous sommes tout simplement et donc
éternellement. Ce matin, elle : très changée, le visage rajeuni et presque
enfantin de front, regard implicite sous des paupières et des arcades sourcilières
restées belles, mais les mains épaissies, le teint pas changé mais la sensation
d’un dire retenu pour un corps léger, fragile : j’ai fait ce que j’ai pu.
Nous répondons : et bien plus ! Sourire donc : merci d’être
là !. Echange, silence, prière, ma femme surplombant l lit de tout le
buste, la mère et l’enfant sont inversé les rôles, innés. Plus que ma chère
mère, ma belle-mère est pour moi inséparable de ma femme et de notre fille. Ma
mère et la continuité, l’ascendance de moi, mais ma belle-mère le monde entier,
la vie et ma vie dans ce que j’ai reçu de meilleur ici-bas, en sus de
l’existence. Forte fratrie avec mes deux beaux-frères. Unité de soins
palliatifs… livre d’or… unanimité de ce que je lis et copie passim [1]. La
leçon est autre encore. La mort est une initiation à la présence. La présence
intime, incorruptible, rayonnante. – Ce que je ne pouvais regarder, le visage
tuméfié du plus jeune de mes beaux-frères, celui de ma femme, le corps entier
rougeoyant de chagrin. Puis la grâce : son récit et sa construction où elle me donne depuis notre mariage le rôle
magnifique d’époux, validé complètement par sa propre mère, et maintenant le
récit qu’elle reconstitue des derniers instants de sa chère mère, nous ayant
senti arriver samedi soir et attendu, certainement, dimanche après-midi,
l’avertissement du passage et du moment essentiel que je reçois alors et lui
transmets. Intensément ensemble. Le chagrin est autre, l’enseignement reçu par
la vie et la mort, tellement inséparables est bien que la mort conserve la vie,
agrandit l’amour aux dimensions de l’indicible, au-delà du possible et du
conscient. La mort nous donnant notre identité que nous soyons le mourant ou
que nous soyons ses sœurs et frères, sa fille et son gendre en attente et
faisant désormais queue vers elle. Marguerite nous suivant et le peuple des
saints, de la création partant, arrivant, tous gagnants, personnalisés et
magnifiés au possible. Alleluia. Pureté du visage quand la mort ferme le cycle
des destructions par la vie.
Nous y sommes, y serons, y étions. Ensemble.
Evidence que la mort nous grandit, nous magnifiie, nous
rend au meilleur de l’humain, au plus fort – oui, que nous soyons la mourante,
le mourant, nous le serons de toutes façons demain ou un peu plus tard, Dieu
sait en quel état et selon quel accompagnement pour les apparences, ou que nous
soyons cette catégorie si singulière de gisants spirituels regardant, voyant,
entendant, sentant mourir l’autre. L’autre alors souverain, et nous humbles,
par force soumis à ce moment-là de la vie, qu’est la mort. Grâce de ressentir
et de recevoir cette leçon de souveraineté, Dieu nous la donnant par celle ou
celui qui… Evidence aussi que la mort nous enseigne la totalité de la vie, non
dans sa finitude mais selon des dimensions et des modes qui nous échappent,
quoiqu’ils répondent à notre instinct d’éternité, instinct qui est bien plus
qu’une envie, la vérité, la réalité ne sont pas des souhaits. Pour le chrétien,
pour toute personne de foi et de demande spirituelles, la confirmation et le
détail de cet instinct semé et maintenu en nous par le Tout-Autre, par le
Tout-Puissant, par Dieu créateur du ciel et de la terre, sont donnés et sont
appréhensibles par la vie, la passion, la mort et la résurrection du Christ.
Psychologie, instinct, expérience de la mort de qui nous est proche et dont
nous pouvons attester de la vie encore immédiate se rencontrent donc pour
accueillir l’Evangile et/ou être accueillis par l’Evangile.
Prier… [2] Dieu pardonnera tout aux enfants des
hommes, tous les péchés et tous les blasphèmes qu’ils auront faits. Mais si
quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’obtiendra jamais le pardon. Il
est coupable d’un péché pour toujours. Texte
obscur, nous ne sommes plus « habitués » ni culturellement ni
spirituellement à ce qu’est ou ce que serait un blasphème, sinon tenir tête à
Dieu explicitement, mais qui – humainement – en est capable ? thème de Don
Juan et du Commandeur ? Désespérer ? ce qui st nier Dieu, Son amour
de personne à personne pour chacun de nous en particulier ? Les
contemporains comprennent-ils Il st possédé par un esprit impur. Jésus raisonne en pur dialecticien : si
un royaume se divise, ce royaume peut
pas tenir. Cette division intime, c’est
certainement ce qui nous détruit le plus tandis que l’unité intérieure, même
dans des circonstances matériellement ou affectivement très difficiles, est le
bien décisif. Nous sommes tiraillés entre une identité manquée et une identité
réussie, assumée. La grâce fait l’une et nous la refusons quand nous nous
acceptons divisés, autres. Mon amour et ma fidélité sont avec lui, mon nom
accroît sa vigueur. Nom d Dieu en ferveur
de la prière ? habitation divine en nous, surtout. La geste de David,
« preuve » par l’Histoire, de Goliath à ses quarante ans de règne.
Nos histoires tout événementielles, incarnées, même obscures pour la
quasi-totalité d’entre nous, surtout obscures, mais nôtres, sont une
proposition de lecture dans nos vies de la présence de Dieu subjuguant tout. A
l’heure de notre mort, l’addition se fait ainsi. L’amour ne soustrait que ce
qui n’est pas, n’était pas lui.
Prier, les yeux fermés, les mains jointes, anticipation de notre
gisant ? Communion avec qui nous quitte et nous rappelle la vraie posture.
Fondre d’amour. Reconnaissance et expression de gratitude : le souvenir. La
nuit, les yeux fermés, n’est ni obscure ni impénétrable, elle est l’élément
premier, le milieu de la
rencontre. Sans armes ni possessions.
[1] - Vous avez beaucoup
de courage et pour cela je vous admire. petite-fille
de Mme Denaud – l’art de toujours faire
quelque chose et bien le faire quand il n’y a plus rien à faire . un
médecin sénégalais de passage . 21 IX 12 – votre
eimmense humanité dans le grand anonymat qui vous entoure . 17 IX 12 – vous nous permettez de vivre ces instants si
difficiles, avec notre cœur . Eric et Catherine Kayser – mon mari, même s’il ne pouvait vous l dire,
a trouvé ici l’attention, l’humanité. Marie-Hélène Pinault – Merveilleuse équipe… Equipe extraordinaire.
– Vous avez été très présentes pour nous . famille Helo – Vous êtes une équipe soignate et médicale
fantastique et admirable . 19 IV 12 Nathalie Maino – Vous étiez pour ell sa dernière grande famille . II 12
- Continuez le combat, car je
pense qu’en 2012 chaque être humain devrait savoir offrir une fin de vie dign
et humaine, respectuuse et aimante . Fabienne Lux Meunier – ajouter de la vie aux jours lorsqu’on n put
ajouter des jours à la vie . III 12 . Sophie Coppola – hôpitaux universitaires de Strasbourg . unité de soins
palliatifs : ouverture le 4 avril 2011 . accueil du premier patient 11
avril 2011 – Albert Schweitzer « Que
chacun s’efforce dans l milieu où il se trouve de témoigner à d’autres une
véritable humanité. C’est de cela que dépend l’avenir du monde ». du
même : « Nous sommes vies au
milieu de vies qui veulent vivre » – Cela me
réconforte de savoir qu’il pas été seul dans cette difficile épreuve, entouré
d’humanité et d’amour. 17 II 12
[2] - 2ème livre de Samuel V 1 à
10 ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Marc III 22 à 30
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