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Sent: Sunday, January 19, 2014 10:05 PM
Subject: Re: je ne le connaissais pas - textes du jour
Je crois en effet comme vous que
Iohhanân le baptiseur connaissait assez peu son cousin ou petit-cousin Iéchoua'.
Il n'habitaient pas dans la même région. Iohhanân avait déjà des disciples alors
qu'Iéchoua' était encore seul et ne commencera à s'entourer de compagnons que le
lendemain. Iohhanân découvre vraiment par l'annonce divine qui lui est faite
lors du baptème d'Iéchoua' la véritable nature de celui-ci, divine et humaine.
Si l'on compare les récits
évangéliques du baptème du messie Iéchoua', l'on constate que le rôle annoncé
par Iohhanân pour le fils de Dieu est un rôle vengeur (déjà la cognée se trouve
à la racine des arbres ... il tient dans sa main la pelle à vanner ..... dans le
feu qui ne s'éteint pas) assez peu conforme à ce que sera le message
christique. Cela infirme l'idée d'une pieuse connivence entre eux
deux.
Iohhanân était le fils unique d'un
prêtre ou kohen et donc kohen lui-même puisque la fonction était héréditaire et
que l'onction semble n'avoir été obligatoire que pour les grands-prêtres. Cela
me donne à réfléchir. Il n'est pas impossible d'imaginer que Miriâm, mère du
messie Iéchoua' et parente de la mère d'Iohhanân, ait été elle aussi de famille
sacerdotale ou à tout le moins lévitique, tribu assez endogame.
Je
change de sujet. Je constate que les structures familiales musulmanes sont en
fait beaucoup plus solides que celles issues du christianisme rectifié par les
lumières. Je veux dire que la répudiation, bien que formellement plus aisée
puisque par déclaration verbale devant notaires (les adoul), est d'une pratique
beaucoup moins courante que le divorce occidental. Cela est dû au réalisme
musulman qui, justifiant l'exclusivité masculine de la répudiation par
l'obligation de paiement d'une dot par le mari à sa femme préalablement à la
consommation du mariage, a astucieusement introduit une efficace dissuasion
pécuniaire au caprice masculin. La dot, loin d'être symbolique, négociée
âprement qu'elle est par le père de la fille avec le fiancé, peut atteindre
plusieurs années du revenu de ce dernier. Pendant le mariage, il entretient seul
le ménage (qui devient vite une famille nombreuse) sans pouvoir exiger de
contribution pécuniaire de son épouse. S'il répudie celle-ci, elle s'en va avec
sa dot, libre de remarier, et lui n'a plus qu'à mettre des sous de côté
pour doter une nouvelle épouse. En somme, le mari paie par avance la prestation
compensatoire que le juge prononce chez nous seulement lors du divorce. Pour
cette même raison, la polygamie urbaine est rarissime et la bigamie très peu
courante : le mari doit en outre entretenir ses épouses dans des logis distincts
et en toute égalité de traitement. Je n'ai connu qu'un cas lors de mes années au
Maroc : un riche agriculteur devenu d'âge très mûr s'est doté d'une seconde
épouse jeune ; la dot a consisté en un fonds de commerce de vêtements en ville
nouvelle. J'ajoute que la loi marocaine prévoyait alors la possibilité d'inclure
dans le contrat de mariage, à la demande de la fiancée, une clause obligeant le
mari à la répudier avant de conclure un second mariage et même une clause
permettant à une épouse d'obliger discrétionnairement son mari à la répudier en
lui remboursant la dot et les intérêts. J'ai également été témoin d'un cas où,
le mari ayant battu son épouse, le père de celle-ci a conduit cet homme de force
devant les adoul pour qu'il prononce la répudiation et il a obéi. Le législateur
musulman a été réaliste et a créé les conditions d'une vraie proportionnalité
des droits et des devoirs. Ce régime est plus protecteur, pour la femme, que le
pacs. Le mariage chrétien, monogame et indissoluble, demeure un sacrement
réservé aux couples capables d'amour et de discipline morale sous le regard de
Dieu. Ce problème mériterait un débat public qui serait d'une autre hauteur que
celui concernant les minables rustines
actuelles.
Fraternellement.
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