Mercredi 2 Octobre 2013
09
heures 57 + Toujours la « crève », et je l’ai passée à ma chère
femme, qui avait hésité à « découcher » pour notre grande chambre et
m’est restée pour que nous dormions ensemble. Marguerite encore préservée.
Leçon de « choses » : comme l’indisposition physique change
notre perception du monde, mais en enrichit la compréhension. Chemin sans doute
vers la réalité qui n’est ni ce que nous voyons ni ce que nous attendons
qu’elle soit. Les saints anges gardiens. Mon vieil ami Karl-August von J., le
père d’une délicieuse semi-« ex » restée toujours dans ma mouvance,
plus que moi dans la sienne… a composé le récit de son adolescence et de ses
années de guerre, l’incompatibilité surtout sociologique avec le nazisme et la
vie, la mort chacune si concrètes d’un fantassin de base en route vers
Leningrad, selon un singulier héros même si lui-même est le narrateur. Le
personnage décisif, c’est son ange gardien : réflexe,
providence, discernement… celui-ci a raison des circonstances, les
explique et en a raison pour deux. Dans mon enfance, la dévotion à mon ange
gardien, des albums, une bande dessinée d’un grand quotidien dont mon
grand-père maternel avait découpé le feuilleton puis collé dans un cahier
d’écolier pour nous, et l’avait annoté. Passage d’évangile aujourd’hui
identique à celui d’hier pour la mémoire de Thérèse de l’Enfant Jésus (et de la
Sainte Face – les deux visages du Dieu fait homme, tant aimés d’elle,
spiritualité et charisme féminins certains, la dévotion et le soin pour la
chair des commencements et pour la chair de la souffrance, de la diminution, de
la maladie – l’angélisme, la beauté, l’attraction mais aussi ce piège innommé
et innommable que l’homme redoute par immaturité et méconnaissance, par
instrumentalisation et fantasmatisation de son semblable en humanité, qu’est la
femme, sa compagne, lui son soutien).
… à l’Hermine, le
centre culturel de Sarzeau,
11 heures à 12 heures 30 + Tandis que Marguerite est à son cours d’arts
plastiques, je me suis installé, toussant toujours beaucoup et douloureusement,
dans le hall : tables de café et prise de courant. Je viens de tenir le journal
de notre fille en prévision de la consultation en début d’après-midi de MF CF.
Me suis renseigné sur une impulsion : ouvrir ici un atelier
d’écriture-lecture, mais c’est déjà « fait » à Saint-Gildas. Edith me
renvoit des appels à services pour de l’enseignement à durée très
déterminée : français-latin et elle a sans doute l’intuition qu’il me faut
faire « quelque chose » et qui soit relationnant, l’argent bien sûr
mais une « occupation » autre que mes écrits, ce qu’elle a elle-même
compris pour elle… La gratuité aussi, échos de piano, dans la salle voisine, la
danse, sans doute avec celle que nous surnommons Elisabeth Guigou :
Isabelle Le Charpentier.
Prier…
et l’ange gardien, pas seulement protecteur, mais inspirateur. Ce que je viens
de vivre. Et aussi les initiatives qu’il m’est venu hier de prendre – en forme
de propagation de la foi, dire au jeune garçon de dimanche ce qu’il a entrepris
d’intuition ou d’envie ou d’ambiance, et l’entretenir dans ce qui est le
premier mouvement, le pas du désir et adresser chaque matin en le joignant à ma
liste de destinataires dès maintenant cette méditation quotidienne à ce premier
conseiller, physiquement le plus proche et fonctionnellement le plus
pluridisciplinaire qu’est pour la tête de l’Etat le secrétaire général de
l’Elysée : plus encore que de foi ou de vie spirituelle, car je n’ai
aucune idée de ses convictions intimes en « matière » religieuse ni
même s’il en a… une proposition de dépaysement, de décentrement avant d’aborder
les sujets du jour et d’être assailli par eux…
Je
vais envoyer un ange devant toi pour te garder en chemin et te faire parvenir
au lieu que je t’ai préparé. Respecte sa présence, écoute sa voix. Ne lui
résiste pas : il ne te pardonnerait pas ta révolte, car mon Nom est en
lui… Mon ange marchera devant toi. C’est
ce qu’il arrivera à Tobie junior jusqu’à épouser Sara et à administrer le bon
remède à son père. Le malheur ne pourra te toucher, ni le danger, approcher
de ta demeure : il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes
chemins (Exode
XXIII 20 à 23 ; psaume XCI ; évangile selon saint Matthieu XVIII 1 à
10 passim).
Reprise de l’évangile d’hier, appliqué à Thérèse de Lisieux mais expliquant
maintenant le pourquoi de ces petits donnés en modèle d’une part, et à accueillir comme le Christ en
personne : celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom,
c’est moi qu’il accueille… car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux
voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux. Et voir, c’est ressembler au spirituel, au divin et même en amoureux.
Présence, protection, réalité. En somme, tout le réalisme du spirituel, sans
doute le réalisme « tout court ».
.
. . Reniac, à ma table de travail au
rez-de-chaussée, 21 heures 39 + Récupération de l’ordinateur de notre
fille.
Hier, en fin d’après-midi, au Carmel de
Vannes, dernière messe dans les lieux où il s’était installé il y a plus de
cent cinquante ans, selon l’homélie de l’évêque. Indication aussi que le
premier établissement carmélitain féminin a été en Bretagne, le Morbihan, à
Bondon ( ?), par Françoise d’Amboise, fille ou éposue d’un des ducs de
Bretagne. La translation dans un « petit monastère » dont je ne retiens
pas l’adresse correspond, sans que cela soit exposé, à une absence totale de
recrutement, à une réduction de la communauté à la dizaine de moniales toutes âgées
selon ce que j’aperçois de leur groupe, sauf une, mais qui se présente comme
une visiteuse ou quelque supérieure pour l’ultime salutation au lieu et à l’assistance.
Ce n’est pas cafardant pourtant. Les bâtiments que je ne connais pas sont
nombreux et sur un territoire, évidemment clos de très hauts murs, mais vaste.
Quasiment centre-ville, facilement desservi par la place de la Libération-de-Vannes.
Ce n’est pas loin de la petite université de droit, ni de la mairie, ni d’une série
d’immeubles de moyenne résidence. L’église a été dénudée et seuls les vitraux
la datent du XIXème siècle. Comme à Lisieux, et sans doute en tout carmel, le
plan est en L de façon à ce que l’assistance laïque ait vue directe sur le chœur
tandis que les moniales ne voient le célébrant que de profil, et au temps des
grilles ne pouvaient, elles, être vues. Ce soir – hier – tout est plein, le chœur
aussi, une vingtaine de prêtres, deux diacres et l’évêque. L’homélie de Raymond
CENTENE est quelconque, faite de citations, puisque c’est sa fête, de la « petite
Thérèse », insistance trop persistante. J’avais aimé le titre du rénovateur
de la biographie et des présentations de textes de celle qui a été réclamée si
instamment par le clergé, notamment africain, et les fidèles pélerins, comme
docteur de l’Eglise : une course de géant. Des Buissonnets à l’île de Samothrace où j’ai
lu l’histoire d’une âme dans
un exemplaire d’époque, avant sa béatification, je crois, Thérèse est présente
dans ma vie, et je tenais hier soir, pour elle autant que pour la vie consacrée
dans le diocèse où j’habite sans y avoir cependant trouvé mon utilité pratique
personnelle – peu importe – à être là. La manière d’être physiquement et de
célébrer de l’actuel évêque est déjà celle d’un vieillard alors qu’il n’a pas,
je crois, cinquante-cinq ans, mais à mesure de la liturgie et pour le Canon, sa
piété est belle. Sans s’imposer, la personnalité de cette carmélite, venue
semble-t-il du dehors et au nom de la congrégation, m’a frappé et beaucoup plu.
Equilibre, peut-être pas soixante ans, traits réguliers et calmes, grand visage
rectangulaire, cheveux dépassant sur le front. Une vie sereine dédiée à la
prière, a été le résumé de son introduction à l’ensemble de ce moment. – Reste à
réfléchir sur le tarissement général des vocations religieuses au moins en France.
Mauvaise présentation par l’Eglise de son propre visage. Générosité moindre de
nos générations ? Absence de véritable « propagande » dans les
gisements que sont les universités, les classes terminales et pitoyable gestion
de la ressource humaine, au moins pour ce que j’ai vécu des vocations que je
suivais fraternellement, qui me paraissaient certaines, assurées, ferventes et
qui ont périclité, pas vraiment, continue-t-il de me sembler, par la « faute »
des impétrants, mais selon un contexte où l’organisation, la vie de la
congrégation, de la Compagnie, du monastère avaient leurs imprudences, leur
faiblesse, leur simplisme peut-être. C’est un grand sujet, il reste tabou.
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