Depuis quelques années – fait générateur ?
peut-être la campagne sur les passés pédophiles de certains membres du clergé
et la part que j’ai voulu prendre à élucider la cause des maux et à améliorer
la communication des hiérarchies catholiques – je veux écrire, non sur la foi,
ma foi ou même sur les obstacles à une contagion de la foi, mais sur ce qu’il y
aurait très pratiquement à « faire » dans la vie quotidienne de
l’Eglise selon mon expérience de lieu, de génération et aussi de réflexion
personnelle.
J’ai pensé quelque temps analyser l’offre de l’Eglise aux personnes, au
monde. Celle-ci pourrait se résumer, actuellement, dans une routine de
rites : liturgie dominicale principalement avec comme principal contact
entre clergé et ouailles l’homélie puis la course au « serre-pinces »
à la sortie, en ornements sacerdotaux – l’administration des sacrements selon
la demande en saisissant notamment le mariage et les obsèques comme un moment
de catéchèse pour adultes – la préparation des enfants à la première communion
assortie d’une initiation au sacrement dont les dénominations sont si variables
que le sens risque d’être à vau-l’eau, pénitence, réconciliation, pardon,
confession – les baptêmes. Présence plus ou moins visible et régulière dans les
établissements d’enseignement catholique et dans la vie publique locale du
responsable de paroisses – offre de suppléments variables, dévotions diverses, formation,
enseignements, récollections, pélerinages. La manifestation d’un magistère de
l’Eglise pour la vie plus seulement individuelle et familiale, mais sociale,
économique, collective est plus malaisée. Elle est moins visible, même si
l’Eglise dispose de sérieux médias en presse écrite, audiovisuelle, de
librairies, de revues. Au moins en France, sans doute depuis la mort de l’Abbé
Pierre, il n’y a plus d’initiative ou de participations de l’Eglise, du clergé
aux conflits ou aux scandales sociaux. Sans doute des présences et des
apostolats, sans doute d’excellentes interventions des membres de l’épiscopat
délégués à de grands sujets comme le traitement réservé aux populations
migrantes, sans doute des figures originales et assez positivement reçues comme
celle de Mgr. Gaillot. L’offre de l’Eglise ne semble pas mordre, elle ne
convertit pas, elle est résiduelle comme l’est la chalandise chrétienne. On
oublie (et l’on gaspille) la qualité
exceptionnelle de l’immense majorité du clergé, qualité morale et qualité
intellectuelle, son désintéressement financier, sa disponibilité. L’offre
de l’Eglise au monde est parvenue à se détacher assez bien d’une classe sociale
ou du phénomène colonial, mais elle ne parvient pas à convaincre qu’elle mène
aux sommets de la personnalité humaine et d’une organisation économique et
sociale, contemporaine de chaque génération, telle que le monde se porte mieux.
Ses signes ne sont pas déchiffrés, leur accueil est machinal, la diminution des
adhésions et participations actives ne s’enraye pas, et il y a même un certains
« transfert de populations », le tout-venant des années 1950-1960, au
moins en France, est allé d’une pratique sacramentelle statistiquement
majoritaire à une indifférence, pas militante, mais contagieuse, tandis que le
nombre résiduel est maintenant constitué par celles et ceux qu’on aurait dit
intégristes, il y a vingt-trente ans. Dans le cas de la France, l’opinion
chrétienne en politique a épousé la droite parlementaire et les propositions
législatives de la gauche depuis l’ouverture de la campagne présidentielle de
2012 jusqu’à ces heures-ci où se discute l’application de la loi Taubira, ont
donné matière à une expression nouvelle, ayant enthousiasmé une partie du
clergé diocésain et les membres les plus en vue de l’épiscopat : la manif’
pour tous, un développement des luttes contre les législations traitant de la
bio-éthique. Un esprit de croisade en même temps qu’une conscience se répandant
d’un monde persécutant à nouveau le Christ et les siens. L’offre de l’Eglise
passe en quelques années – au moins pour la France – d’un recroquevillement sur
la liturgie à une lecture polémique des signes du temps, conduisant à contester
l’œcuménisme, toute ouverture aux autres religions, notamment à l’Islam, et à
tenir sous contrôle idéologique un clergé de moins en moins nombreux et
vieillissant. En coincidence et peut-être causé par ce qui peut être regardé du
dehors comme de la sclérose, une floraison depuis vingt-trente ans d’initiatives,
de fondations et donc de pratiques diverses et de néo-communautés ou
congrégations : j’en connais quelques-unes de ouï-dire se prétendant des
charismes allant de guérisons en reproduction des assemblées de l’Eglise
originelle, et l’on peut y voir pour la plupart, en même temps que se maintient
l’élan pour certains lieux d’apparition mariale nouveaux (Mezzugorgie) ou s’institue
une reprise de la route de Compostelle, une façon de « doubler » l’Eglise
établie par du prophétisme. Ce me semble très marqué, malgré l’apparence et la
volonté d’ouverture au monde, par la même tension aussi-schismatique qui fit
les « intégristes » après le Concile : des initiatives très
marquées par des personnalités, dont le chemin s’égare ensuite, et dont l’empreinte
sur celles et ceux qui s’y sont donnés de bonne foi, ne témoigne pas toujours d’équilibre
et de continuité. Deux offres donc tendent à coexister, l’une vieillie mais
dont la solidité se démontrerait aisément si se décapaient les habitudes et les
rites, et soufflait de nouveau une intelligence d’âme vraiment libre et
passionnée par la personne qui est notre seul et unique Témoin, le Christ,
référence et chemin. Et l’autre enthousiaste mais orgueilleuse, dédaignant
expérience et nature. Pas très aimante, d’ailleurs. Ni l’une ni l’autre ne
semblent adéquates à une approche plus vivante et attractive que doit
recommencer l’Eglise vers le monde, ni l’une ni l’autre n’écoutent assez.
Sensible à l’argumentation de deux
amis chers, un agrégé de médecine interne et un recteur de paroisse bretonne
maintenant retraité et octogénaire, j’ai remarqué le paradoxe d’une Eglise se réclamant
ouvertement ces années-ci du concile Vatican II dont toutes les conséquences
n’auraient pas été tirées, mesurées et appliquée mais ne remarquant pas la coincidence chronologique entre ce
concile d’ouverture au monde et de définition de l’Eglise elle-même (deux
« premières » dans l’histoire des conciles) et la désaffection des
pratiquants, le recul drastique du nombre des vocations. Comme si cette
référence, d’ailleurs vieillie puisque l’événement, les débats et la matière de
la mûe ont cinquante ans, soit deux générations humaines, pouvait aussi être
celle d’un déclin accéléré. Sans doute, dois-je discuter ce dont on venait et
peut-être les systèmes – au moins en France – des siècles précédents,
concordataires et monarchiques étaient-ils en fait totalitaires et la pression
sociale dans l’expression publique et dans les habitudes locales paroissiales
imposait un type de pensée et une fréquentation sacramentelle. J’ai tendance à
le croire, mais alors que j’allais penser à un fond de pratique, de foi, de
sincérité chez le « petit reste » aujourd’hui sans équivalent depuis
très longtemps en chrétienté européenne, j’ai dû observer très concrètement,
d’une année sur l’autre dans les églises, trois ou quatre, où nous allons à la
messe dominicale en trinité familiale, ce transfert déjà dit d’un catholicisme
de diversité et de tranquillité à une militance et à une ostentation pouvant
devenir belliqueuses.
Il
y a longtemps que je réfléchis sur au moins trois formes de présence de
l’Eglise au monde, il est vrai tenant surtout au clergé.
Celui-ci
n’est pas formé à ce qui lui sera
cependant nécessaire pour le ministère et surtout pour le rayonnement. Pas
formé aux relations sociales les plus concrètement traitées (courrier, table,
conversation), au développement personnel d’opinions politiques, aux gestions
pratiques du patrimoine résiduel de l’Eglise. Des catastrophes matérielles, des
abandons d’actifs et aussi du contre-témoignage en correspondances, en
téléphone, ou des occasions manquées, celles qu’offre aujourd’hui internet. Pas
formé surtout affectivement et donc des relations pas toujours équilibrées ni
prudentes avec les femmes. Soit des liaisons amenant à préférer l’état laïc
mais aussi à subir une rupture de vie, et un avortement de vocation pourtant certaine,
soit une emprise de « groopies » faisant barrage et écran vis-à-vis
du reste de la population à administrer. Evidemment la pédophilie encore plus
scandaleuse de la part d’un membre du clergé et d’une personne ayant plus que
l’autorité habituelle sur une âme et un corps disponibles.
L’Eglise
a manifestement craint la puissance dialectique du marxisme, son adéquation à
des luttes de libération – la théologie de la libération, principalement
énoncée par le Père Boff, quoiqu’une autre essence, aboutit à brandir le même
drapeau – et la confusion des militances ou des fraternisations. Le refus des prêtres ouvriers,
mouvement si ouvertement français et aimé de certains grands évêques des années
1950, a été une castration. Elle ne sait toujours pas discerner ce que chaque
époque propose en enthousiasmes ou en peurs. Les événements de Mai 1968 ont été
ravageurs dans le clergé, surtout régulier. Je viens de dire en revanche
l’engouement suscité dans le clergé qui l’a beaucoup relayé en annonces et en
encouragements, par les manifestations hostiles à la loi Taubira et qui, au
contraire des manifestations pour « la défense de l’enseignement
libre » au début de l’été de 1984, s’essaye à perdurer dans le paysage
politique national. Occupée à cela, l’Eglise de France n’a pas poussé, comme
toute sa tradition et comme beaucoup de ses saints distingués par Rome, à un
discours social et économique exigeant, transversal, qui ne soit pas de constatation
ou d’évaluation, mais vraiment de proposition et d’orientation pour un monde et
même pour des théories en recherche de repères. Au contraire, la droite
politique et une bonne partie des dirigeants de grandes entreprises croient
trouver une justification du libéralisme économique et mercantile dans le
magistère social de l’Eglise. Jean Paul II ayant vécu sous l’emprise marxiste
et soviétique, ne pouvait – psychologiquement – qu’applaudir le vainqueur qui
mit en déroute une idélogie qu’on avait pu croire sinon adventiste du moins
millénaire (comme un certain Reich). Sans doute, en fidélité à Léon XIII et à
Pie XI, répéta-t-il les principales conditionnalités à la liberté
d’entreprendre et au primat patronal : la dignité de l’homme, le bien commun.
Benoît XVI, mezzo voce et peu relayé, avait entrepris d’analyser le mondialisme
et la spéculation. Le chantier est à peine ouvert. La révolution de Rerum novarum qui accompagna d’ailleurs
l’acceptation d’une légitimité autre que monarchique pour les régimes politiques,
est à reprendre. Elle gagnera à se penser non pas avec les milieux établis de
l’entreprise ou des usages internationaux, mais bien davantage avec les
organismes et les personnes en lutte contre l’ordre idéologique et pratique
actuel. Organismes et personnes déjà nombreux, présents dans les enceintes et
les médias publics de chacun des pays européens. Mais surtout les « acteurs
de terrain », les syndicats, les comités d’entreprise, les juridictions du
travail, les institutions qui débutent dans le contrôle des mouvements
financiers et des origines de fonds. L’Eglise sait écouter le Tiers Monde, elle
est pluridisciplinaire quand elle réfléchit, mais elle ne connaît plus guère la
planète des luttes, contestations et confrontations dans les pays dits riches,
quoiqu’aujourd’hui en voie de paupérisation du fait d’une mondialisation non
régulée et pas sincèrement jouée par tous les acteurs. Elle est pauvre et doit
assimiler des expériences, des vocabulaires, des modes-mêmes de penser non pour
s’y conformer a priori après en être restée éloignée, mais pour comprendre,
accompagner, mener ce qui peut et doit changer dans les relations économiques
et sociales entre les nations, les continents, les générations, les riches, les
pauvres, le capital, le travail, l’invention. Rien en cela ne lui est vraiment
ni familier ni contraire. Beaucoup des siens peuvent l’y conduire, de même que
ceux, à propos de la bioéthique ou de la législation sur la famille et le
couple, qu’a empêché de se faire entendre, même en débat interne, l’épiscopat
dans sa partie extrême et sans doute trop spontanée au commencement de ses
expressions. Les chemins existent et l’Eglise d’ailleurs peut s’y trouver
contrainte si elle ne les prend pas très vite.
Le mariage des prêtres n’est ni une
facilitation des vocations ni un « remède à la concupiscence ». Il
doit être envisagé en même temps qu’un salariat au titre d’une activité
professionnelle profane comme une nouvelle insertion dans la pâte à faire lever.
Rien de dogmatique, rien de prescriptible, tout en pratique vécue, délibérée. Des
relations moins immédiatement identifiées comme celles d’un ministre ou d’un
représentant avec quelque âme à gagner, et plus naturellement fondées sur le
milieu de vie. Une expérience de la condition humaine, des luttes, des déboires
non plus selon le truchement des pénitents et des paroissiens rapportant ce
qu’ils vivent ou le faisant évaluer par le pasteur, mais directe. La vie
conjugale, familiale, le comportement au travail seront de la part des prêtres
évidemment plus exigeants que pour le commun des chrétiens. Le mode de vie du
prêtre ne sera plus protégé, il sera à la fois risqué et enrichi. Y a-t-il des
limites au choix des professions ou à l’époque à laquelle seront courus
ensemble la recherche d’une partenaire et le discernement d’une vocation ?
Certainement, mais la pratique en décidera selon les générations et les lieux.
Mariage et travail salarié ne seront évidemment pas imposés aux
« candidats » au sacerdoce. Ils peuvent en cours de vie se décider.
Sur
ces trois sujets, une osmose, une confiance mutuelle plus grandes, moins
particularistes entre le clergé et les laïcs est nécessaire. Les prêtres seront
exemplaires bien plus encore, les laïcs seront un cadre encore plus porteurs
dans la vie quotidienne. De nouvelles formes de vie communautaires ou
semi-communautaires peuvent alors s’inventer. Les essais de ces dernières
années, les différents métissages entre laicat et vie religieuse, n’ont pas été
concluants car on a tourné autour d’interdits et de désirs, chacun mal
identifié.
Deux
rôles sont, pour cette période forcément tâtonnante en manières mais décidée en
orientation, décisifs. Ceux de la hiérarchie.
Les souverains pontifes
ont jusqu’à présent donné un exemple de pluridisciplinarité et d’universalité
de leurs préoccupations, de leurs recommandations. Depuis Paul VI, ils ont été
majeurs pour l’œcuménisme, exemplaires sinon très efficaces pour la pétition
d’un nouvel ordre mondial et d’une autre explicitation de toute paix et de
toute justice. Ils ont cependant, à l’exception de Jean Paul Ier à qui il n’est
pas impossible que cela ait coûté la vie, incarné aussi une insistance sur la
morale sexuelle telle que l’ouverture politique au monde manifestée par Vatican
II a été pratiquement annulée dans les regards et les réflexions individuels
des incroyants comme de beaucoup des catholiques et des autres chrétiens. Deux
éléments d’évolution permettent d’espérer une sorte de miracle, une
réconciliation avec le monde en tant qu’il attend, confusément ou
explicitement, son salut d’une autorité morale appréhensible, fondée
sérieusement, et s’exprimant intelligiblement. L’exigence doit se trouver, se
dire à des niveaux bien plus profonds en l’homme que ceux actuellement
concernés, visés, labourés par un magistère qui n’a pas prise.
Le
premier est évidemment une situation plus humaine, plus sincère du pontificat
suprême. Benoît XVI en renonçant à sa charge qui semblait devenue
dogmatiquement viagère depuis des siècles, a relativisé la tiare et d’un seul
coup s’est trouvé lui-même et l’institution qu’il incarnait, de plain-pied avec
l’opinion mondiale. Communication et communion, comme sans doute jamais pendant
son propre pontificat et depuis les premières paroles – si justes et habiles –
de son bienheureux prédécesseur. La papauté devient, ce qu’elle prétendait être
mais ne paraissait guère, un service, une charge pratique et pas seulement
sacrée. François par ses nombreux propos, tenus à titre manifestement personnel
et pour inventorier des questions, songer à des pistes, y compris sinon surtout
en théologie, notamment dans l’avion de son retour de Rio-de-Janeiro et dans
les revues jésuites, commencé de donner pratiquement et également par quelques
phrases aussi justes que spontanées, une interprétation plus adaptée, réaliste
et donc, à terme, bien plus efficace, de l’infaillibilité pontificale. Le
chemin déjà existant d’une collégialité, voire d’une sorte de gestation
populaire, pour l’approfondissement de siècle en siècle de la théologie, peut
devenir plus sensible, davantage public, ouvert. Les propos privés du pape
François le font attendre.
Deuxièmement,
le mode de gouvernement de l’Eglise, au niveau central : Rome, semble déjà
se modifier. Le conseil rapproché, nommé par le nouveau pape, de huit cardinaux
appelé sans doute à inspirer des réformes pratiques, est de bonne méthode et de
bon augure. C’est au niveau du collège cardinalice que des symboles nouveaux
pourraient entraîner des comportements de part en part qui déplaceront les
interdits ou les impasses. Rien n’empêche le pape de « faire » des cardinaux laïcs, d’élargir considérablement
le corps électoral de son successeur, et que
parmi ces laïcs il y ait des femmes. Le prophétisme et la liberté d’expression,
de questionnement et de discernement des enfants et des pluns jeunes devraient
avoir une place institutionnel dans le gouvernement central mais surtout dans
la recherche théologique et sociologique destinée à rendre l’Eglise plus
nécessaire au monde, pratiquement, et plus à son écoute.
Si
la mûe de l’exercice de l’autorité pontificale est en bonne voie, la pratique des évêques en paternité
spirituelle et en animation des communautés locales semble entièrement à
réinventer. A commencer par le mode de recrutement de ce décisif niveau de la
hiérarchie ecclésiale. Les qualités intellectuelles et la profondeur spirituelle
ne sont pas à négliger, mais les dons de communication et la vraie
disponibilité d’agenda et d’intelligence sont rares au moins en France. Elles
ne sont en tout cas pas valorisées quand elles existent, le système double d’un
tutorat par le nonce apostolique et d’une concertation entre pairs au sein de
la conférence nationale des évêques ne crée pas une émulation, une liberté d’initiatives.
C’est à ce niveau-là sans doute que la crispation et l’opacité sont les plus
fortes, mais c’est là aussi que le déblocage ou la sainteté – quelques exemples
ont marqué l’histoire contemporaine de l’Eglise en France – peuvent produire
dans un diocèse, dans des paroisses des miracles étonnants mais explicables. A
quelle époque tout s’est-il figé ?
Une
Eglise en jeunesse, en redécouverte joyeuse de ses sources – inventant avec la
liberté des Pères de l’Eglise et dans la ligne des Actes des Apôtres et de
certaines des épîtres apostoliques quand elles sont très pratiques et
pastorales – pourrait, en dehors des élections périodiques de son chef, chaque
fois saluées avec attention et sympathie par le monde entier, comme celles d’aucun
autre responsable politique, planter à nouveau son signe. De façon
démonstrative. Réfléchissant sur l’impasse haineuse des relations
israëlo-arabes et maintenant israëlo-palestiniennes (faute de solidarité vraie
de la plupart des Etats avec les Palestiniens en territoires occupés
illégalement ou en diaspora si difficiles à vivre pour les victimes et pour les
hôtes) et réfléchissant aussi sur l’œcuménisme et sur la relation entre forces morales
et religions diverses, dont l’Eglise catholique, je suis arrivé à souhaiter de
toutes mes forces et dans la prière qu’il m’est donné de vivre, notamment
chaque matin, que le pape s’établisse, au besoin à l’occasion d’un nouveau
concile entièrement consacré à la pastorale et à la relation concrète de l’Eglise
avec le temps et avec le monde, là où le Christ a vécu. Laissant les bureaux à
Rome où ils s’amenuiseront physiquement à mesure de la décentralisation et
selon les nouvelles techniques de communication, le souverain pontife vivrait,
prierait, recevrait à Jérusalem. Le dialogue entre religions se réclamant de la
même terre et du même père des croyants deviendrait une osmose physique. La
géostratégie du Proche-Orient qui handicape tellement une partie des nations
pour qu’elles s’accordent sur un discours universel en respect des droits de l’homme
et de la nature, serait évidemment bouleversée par l’installation du Saint Siège entre Golgotha, Mont des Oliviers et
esplanade du Temple et des mosquées.
J’avais pensé que Benoît
XVI – le prophète d’une papauté libérée – allait chauffer la place pour le
temps nécessaire à son successeur d’initier le monde à une nouvelle situation
de l’Eglise.
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