Sensation
changée sur un thème inchangé qui m’habite depuis quelques semaines : je
suis en fin de vie. Mais la santé recouvrée, me semble-t-il, et tonifiée par
quelques heures parisiennes, de rencontres de hasard en transports en commun,
et de rencontres programmées se donnant très différemment de ce que
j’escomptais et que je n’attendais que banal, la fin de vie devient
dépouillement des vieilles forces devenues inopérantes et usées, et entrée
joyeuse dans un commencement que je ne sais qualifier, que j’ose pourtant
prier. Que ce soit ce rebond que j’attends de moi-même depuis 1995. Avec
maintenant l’expérience, la volonté, la nécessité et surtout le consentement
tranquille à la situation qui m’a été faite, que j’ai vécu comme un gaspillage
de moi-même par les autres, les autres en tant que système et non de personnes
un gaspillage auquel j’ai participé parce que dans ma lassitude et mon
obstination à retrouver plutôt qu’à trouver, je n’ai pas entrepris ce que
pourtant je voyais bien. Entretemps, mes aimées sont survenus, anges divins,
responsabilité me consolidant, défis de leur bonheur (ma femme chère et vraie)
et de leur avenir (notre trésor).
Prier ce
matin, ce maintenant… mise à jour, notations et exploitations, mémoire d’hier
tout à l’heure. Avec peut-être la reprise de mon ordinateur personnel, suspense
à propos de mes archives et de ma messagerie. Vivre et cheminer, regarder et
courir, aimer nu et sans son équipement, en tenue de mort ou de naissance.
Transparence du corps à l’âme et à ce que nous sommes, ce que nous sommes
voulus par Dieu et non ce que nous devenons selon nos gribouillis. Nous allons
vers la splendeur, chacun, tous, puisque nous allons à Dieu. Notre splendeur
est sa splendeur. Dieu créa l’homme à son image. A sa ressemblance, il le créa.
Il le créa homme et femme. Le sacrement de l’autre, quelqu’il soit de sexe, de
culture, de génération, d’abord l’autre. L’amour n’est ni un droit sur l’autre
ni même une clé de notre compréhension de l’autre. Il est une force, celle qui
ne nous a jamais été retiré, celle qui est la parabole de Dieu, celle sans
doute qui est Dieu en substance. Mais ce n’est pas diffus, ni nôtre, ce nous
est. C’est une personne qui est amour, et non l’amour qui est une personne,
quoique l’expérience la plus banale nous donne à vivre que le couple, notamment
conjugal, est une personne autant que chacune des deux le composant.
L’amour : état de vie ? davantage, une attraction permanente pour que
je me dépasse, réponde, entreprenne, écoute et reçoive.
Prier…
d’amour. Les autres avec nous, avec moi, mais surtout prier d’amour infini
portant toutes nos forces d’amour, tous nos compagnons d’amour (parfois
d’hostilité apparente et de criantes, désespérantes mais si naturelles
différences, d’autismes mutuellement ressentis comme des refus ou des
manque-à-gagner, toutes nos incapacités à nous rencontrer les uns les autres,
alors que nous sommes en même chemin, le chemin d’humanité, de naissance, de
mot, de vie, de laideur, de sourire, d’air frais nous prenant tout entier
soudainement). Amour infini qui n’est
pas composite. Celui de notre Dieu et Sauveur, Père, Fils et Saint-Esprit. Joël IV 12 à
21 ; psaume XCVII ; évangile selon saint Luc XI 27.28. Lapidaire :
Heureux plutôt ceux qui entendent la
parole de Dieu, et qui la gardent ! Nous
surpassons en bonheur et en mission, celle-là même que nous prions le plus
« efficacement » parce que la première en chemin, la première chrétienne, la mère de Jésus,
la mère du Très-Haut, la ère du Fils de Dieu fait homme. Homme de sa chair, à
elle. Heureuse la mère qui t’a porté dans ses entrailles, et qui t’a nourri
de son lait. Autre version, mais pas
inspirée, tout humaine, toute spontanée, merveilleuse, mais qui semble ne pas
toucher le Christ : version autre, la nôtre, humble, n’égalant pas la
théophanie de Gabriel, version du Je vous salue, Marie ! salutation de Marie par la foule de siècle
en siècle. Heureuse la mère qui t’a porté… ais Elisabeth avait discerné selon l’Esprit : Heureuse celle
qui a cru en la parole du Seigneur. Oui,
en regard l’autre partie de la proposition, de la révélation divines pour ce
qui est de notre histoire, celle de l’humanité, du péché ambiant : le
pressoir est rempli et les cuves débordent de tout le mal qu’ils ont
fait ! Voici des multitudes et encore des multitudes dans la vallée du
Jugement ! … Dies irae… mais le
Seigneur est un refuge pour son peuple. Amen.
Une lumière est semée pour le juste, et pour le cœur simple, une joie. Amen.
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