mercredi 7 décembre 2016

saint Ambroise . 340 + 397


évêque de Milan et Docteur de l'Église

Ambroise naît vers 340 à Trèves (Allemagne) où son père était préfet du prétoire pour les Gaules.

A la mort de son père, sa mère, qui était une pieuse chrétienne, alla habiter Rome avec ses trois enfants. Après des études classiques et juridiques, Ambroise parcourut rapidement une brillante carrière administrative. Ses plaidoiries ayant attiré sur lui l’attention, le préfet du prétoire de Valentinien Ier le nomma gouverneur de l’Émilie et de Ligurie, en résidence à Milan, avec le titre consulaire (374).

L'évêque légitime de Milan, saint Denis, était mort en exil, et l'intrus arien Auxence, qui venait de mourir, avait, durant près de vingt ans, opprimé les catholiques.
Survenant, comme un pacificateur, dans une élection épiscopale que des divergences tumultueuses rendaient difficile, Ambroise, quoique simple catéchumène, sur le cri d’un enfant, fut acclamé évêque et malgré ses résistances, ne put se dérober à une charge aussi lourde qu’imprévue. Les évêques d’Italie et l’Empereur donnèrent leur approbation au choix du peuple de Milan. Ambroise fut baptisé et, huit jours plus tard, fut consacré évêque (7 décembre 374).

On sait comment le nouvel évêque comprit la mission qu'il avait reçue d'une manière si providentielle. Ambroise fut le fléau des ariens et le vaillant défenseur de la vraie foi. Parmi toutes ses vertus, l'énergie, une fermeté tout apostolique, semble avoir été la principale.
Un jour on vient lui apporter un ordre injuste signé par l'empereur Valentinien : « Allez dire à votre maître, répondit Ambroise, qu'un évêque ne livrera jamais le temple de Dieu. »
Bientôt il apprend que les hérétiques ariens, soutenus par l'autorité, vont s'emparer de deux basiliques : « Allez, s'écria Ambroise du haut de la chaire sacrée, dire aux violateurs des temples saints que l'évêque de Milan excommunie tous ceux qui prendront part au sacrilège.»

Le fait le plus célèbre, c'est le châtiment qu'il osa imposer à l'empereur Théodose. Ce prince, les mains encore souillées du sang versé au massacre de Thessalonique, se présente au seuil du temple. Ambroise est là : « Arrêtez, lui dit-il ; imitateur de David dans son crime, imitez-le dans sa pénitence. »

Saint Ambroise fut un grand évêque, un savant docteur, un orateur éloquent, un homme de haute sainteté. Il meurt à Milan dans la nuit du 3 au 4 avril 397 ; c'était l'aube du Samedi Saint.

Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :



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BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 24 octobre 2007
Saint Ambroise
Chers frères et sœurs,
Le saint Evêque Ambroise - dont je vous parlerai aujourd'hui - mourut à Milan dans la nuit du 3 au 4 avril 397. C'était l'aube du Samedi Saint. La veille, vers cinq heures de l'après-midi, il s'était mis à prier, étendu sur son lit, les bras ouverts en forme de croix. Il participait ainsi, au cours du solennel triduum pascal, à la mort et à la résurrection du Seigneur. "Nous voyions ses lèvres bouger", atteste Paulin, le diacre fidèle qui, à l'invitation d'Augustin, écrivit sa Vie, "mais nous n'entendions pas sa voix". Tout d'un coup, la situation parut précipiter. Honoré, Evêque de Verceil, qui assistait Ambroise et qui se trouvait à l'étage supérieur, fut réveillé par une voix qui lui disait:  "Lève-toi, vite! Ambroise va mourir...". Honoré descendit en hâte - poursuit Paulin - "et présenta le Corps du Seigneur au saint. A peine l'eut-il pris et avalé, Ambroise rendit l'âme, emportant avec lui ce bon viatique. Ainsi, son âme, restaurée par la vertu de cette nourriture, jouit à présent de la compagnie des anges" (Vie 47). En ce Vendredi Saint de l'an 397, les bras ouverts d'Ambroise mourant exprimaient sa participation mystique à la mort et à la résurrection du Seigneur. C'était sa dernière catéchèse:  dans le silence des mots, il parlait encore à travers le témoignage de sa vie.
Ambroise n'était pas vieux lorsqu'il mourut. Il n'avait même pas soixante ans, étant né vers 340 à Trèves, où son père était préfet des Gaules. Sa famille était chrétienne. A la mort de son père, sa mère le conduisit à Rome alors qu'il était encore jeune homme, et le prépara à la carrière civile, lui assurant une solide instruction rhétorique et juridique. Vers 370, il fut envoyé gouverner les provinces de l'Emilie et de la Ligurie, son siège étant à Milan. C'est précisément en ce lieu que faisait rage la lutte entre les orthodoxes et les ariens, en particulier après la mort de l'Evêque arien Auxence. Ambroise intervint pour pacifier les âmes des deux factions adverses, et son autorité fut telle que, bien que n'étant qu'un simple catéchumène, il fut acclamé Evêque de Milan par le peuple.
Jusqu'à ce moment, Ambroise était le plus haut magistrat de l'Empire dans l'Italie du Nord. Culturellement très préparé, mais tout aussi démuni en ce qui concerne l'approche des Ecritures, le nouvel Evêque se mit à étudier avec ferveur. Il apprit à connaître et à commenter la Bible à partir des œuvres d'Origène, le maître incontesté de l'"école alexandrine". De cette manière, Ambroise transféra dans le milieu latin la méditation des Ecritures commencée par Origène, en introduisant en Occident la pratique de la lectio divina. La méthode de la lectio finit par guider toute la prédication et les écrits d'Ambroise, qui naissent précisément de l'écoute orante de la Parole de Dieu. Un célèbre préambule d'une catéchèse ambrosienne montre de façon remarquable comment le saint Evêque appliquait l'Ancien Testament à la vie chrétienne:  "Lorsque nous lisions les histoires des Patriarches et les maximes des Proverbes, nous parlions chaque jour de morale - dit l'Evêque de Milan à ses catéchumènes et à ses néophytes - afin que, formés et instruits par ceux-ci, vous vous habituiez à entrer dans la vie des Pères et à suivre le chemin de l'obéissance aux préceptes divins" (Les mystères, 1, 1). En d'autres termes, les néophytes et les catéchumènes, selon l'Evêque, après avoir appris l'art de bien vivre, pouvaient désormais se considérer préparés aux grands mystères du Christ. Ainsi, la prédication d'Ambroise - qui représente le noyau fondamental de son immense œuvre littéraire - part de la lecture des Livres saints ("les Patriarches", c'est-à-dire les Livres historiques, et "les Proverbes", c'est-à-dire les Livres sapientiels), pour vivre conformément à la Révélation divine.
Il est évident que le témoignage personnel du prédicateur et le niveau d'exemplarité de la communauté chrétienne conditionnent l'efficacité de la prédication. De ce point de vue, un passage des Confessions de saint Augustin est significatif. Il était venu à Milan comme professeur de rhétorique; il était sceptique, non chrétien. Il cherchait, mais il n'était pas en mesure de trouver réellement la vérité chrétienne. Ce qui transforma le cœur du jeune rhéteur africain, sceptique et désespéré, et le poussa définitivement à la conversion, ne furent pas en premier lieu les belles homélies (bien qu'il les appréciât) d'Ambroise. Ce fut plutôt le témoignage de l'Evêque et de son Eglise milanaise, qui priait et chantait, unie comme un seul corps. Une Eglise capable de résister aux violences de l'empereur et de sa mère, qui aux premiers jours de l'année 386, avaient recommencé à prétendre la réquisition d'un édifice de culte pour les cérémonies des ariens. Dans l'édifice qui devait être réquisitionné - raconte Augustin - "le peuple pieux priait, prêt à mourir avec son Evêque". Ce témoignage des Confessions est précieux, car il signale que quelque chose se transformait dans le cœur d'Augustin, qui poursuit:  "Nous aussi, bien que spirituellement encore tièdes, nous participions à l'excitation du peuple tout entier" (Confessions 9, 7).
Augustin apprit à croire et à prêcher à partir de la vie et de l'exemple de l'Evêque Ambroise. Nous pouvons nous référer à un célèbre sermon de l'Africain, qui mérita d'être cité de nombreux siècles plus tard dans la Constitution conciliaire Dei Verbum:  "C'est pourquoi - avertit en effet Dei Verbum au n. 25 - tous les clercs, en premier lieu les prêtres du Christ, et tous ceux qui vaquent normalement, comme diacres ou comme catéchistes, au ministère de la Parole, doivent, par une lecture spirituelle assidue et par une étude approfondie, s'attacher aux Ecritures, de peur que l'un d'eux ne devienne "un vain prédicateur de la Parole de Dieu au-dehors, lui qui ne l'écouterait pas au-dedans de lui"". Il avait appris précisément d'Ambroise cette "écoute au-dedans", cette assiduité dans la lecture des Saintes Ecritures, dans une attitude priante, de façon à accueillir réellement dans son cœur la Parole de Dieu et à l'assimiler.
Chers frères et sœurs, je voudrais vous proposer encore une sorte d'"icône patristique", qui, interprétée à la lumière de ce que nous avons dit, représente efficacement "le cœur" de la doctrine ambrosienne. Dans son sixième livre des Confessions, Augustin raconte sa rencontre avec Ambroise, une rencontre sans aucun doute d'une grande importance dans l'histoire de l'Eglise. Il écrit textuellement que, lorsqu'il se rendait chez l'Evêque de Milan, il le trouvait régulièrement occupé par des catervae de personnes chargées de problèmes, pour les nécessités desquelles il se prodiguait; il y avait toujours une longue file qui attendait de pouvoir parler avec Ambroise, pour chercher auprès de lui le réconfort et l'espérance. Lorsqu'Ambroise n'était pas avec eux, avec les personnes, (et cela ne se produisait que très rarement), il restaurait son corps avec la nourriture nécessaire, ou nourrissait son esprit avec des lectures. Ici, Augustin s'émerveille, car Ambroise lisait l'Ecriture en gardant la bouche close, uniquement avec les yeux (cf. Confess. 6, 3). De fait, au cours des premiers siècles chrétiens la lecture était strictement conçue dans le but de la proclamation, et lire à haute voix facilitait également la compréhension de celui qui lisait. Le fait qu'Ambroise puisse parcourir les pages uniquement avec les yeux, révèle à un Augustin admiratif une capacité singulière de lecture et de familiarité avec les Ecritures. Et bien, dans cette "lecture du bout des lèvres", où le cœur s'applique à parvenir à la compréhension de la Parole de Dieu - voici "l'icône" dont nous parlons -, on peut entrevoir la méthode de la catéchèse ambrosienne:  c'est l'Ecriture elle-même, intimement assimilée, qui suggère les contenus à annoncer pour conduire à la conversion des cœurs.
Ainsi, selon le magistère d'Ambroise et d'Augustin, la catéchèse est inséparable du témoignage de la vie. Ce que j'ai écrit dans l'Introduction au christianisme, à propos du théologien, peut aussi servir pour le catéchiste. Celui qui éduque à la foi ne peut pas risquer d'apparaître comme une sorte de clown, qui récite un rôle "par profession". Il doit plutôt être - pour reprendre une image chère à Origène, écrivain particulièrement apprécié par Ambroise - comme le disciple bien-aimé, qui a posé sa tête sur le cœur du Maître, et qui a appris là la façon de penser, de parler, d'agir. Pour finir, le véritable disciple est celui qui annonce l'Evangile de la manière la plus crédible et efficace.
Comme l'Apôtre Jean, l'Evêque Ambroise - qui ne se lassait jamais de répéter:  "Omnia Christus est nobis!; le Christ est tout pour nous!" - demeure un authentique témoin du Seigneur. Avec ses paroles, pleines d'amour pour Jésus, nous concluons ainsi notre catéchèse:  "Omnia Christus est nobis! Si tu veux guérir une blessure, il est le médecin; si la fièvre te brûle, il est la source; si tu es opprimé par l'iniquité, il est la justice; si tu as besoin d'aide, il est la force; si tu crains la mort, il est la vie; si tu désires le ciel, il est le chemin; si tu es dans les ténèbres, il est la lumière... Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon:  bienheureux l'homme qui espère en lui!" (De virginitate, 16, 99). Plaçons nous aussi notre espérance dans le Christ. Nous serons ainsi bienheureux et nous vivrons en paix.
                                                                * * *
Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française, particulièrement les membres du Chapitre général de la Congrégation de Jésus-Marie. Que votre Chapitre soit pour toutes les religieuses de l’Institut l’occasion d’un renouveau en profondeur de leur vie consacrée apostolique, fondée sur une relation forte avec la personne de Jésus Christ ! J’adresse aussi un salut affectueux aux jeunes. À la suite de saint Ambroise, soyez tous d’authentiques témoins du Seigneur parmi vos frères ! Avec ma Bénédiction apostolique.
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Ambroise de Milan

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Saint Ambroise
Image illustrative de l'article Ambroise de Milan
Mosaïque de la Basilique de Saint Ambroise de Milan
Confesseur et Docteur de l'Eglise
Naissance
340
Trèves, Allemagne
Décès
397
Milan, Italie
Nationalité
Romaine
Vénéré à
Basilique Saint-Ambroise
Fête
7 décembre
Attributs
abeilles, enfant, fouet, ossements
Saint patron
apiculteurs, abeilles, animaux domestiques, Commissariat français, apprentissage, étudiants, la ville de Milan
Ambroise de Milan ou Aurelius Ambrosius ou saint Ambroise, né à Trèves vers 340 et mort en 397, est évêque de Milan de 374 à 397. Docteur de l'Église, il est l'un des quatre Pères de l'Église d'Occident, avec saint Augustin, Jérôme de Stridon et saint Grégoire le Grand.
Il est connu en tant qu'écrivain et poète, quasi fondateur de l'hymnodie latine chrétienne et lecteur de Cicéron et des Pères grecs, dont il reprend les méthodes d'interprétation allégoriques.
Il est aussi l'un des protagonistes des débats contre l'arianisme. C'est auprès de lui que Augustin d'Hippone se convertit au christianisme (Saint Augustin).
Il est honoré comme saint par l'Église orthodoxe et l'Église catholique qui le fêtent aujourd'hui le 7 décembre, fête de la translation de ses reliques. Au Moyen Âge, sa fête principale avait lieu soit le 4 avril, date de sa mort1, soit le 7 décembre, date de son ordination épiscopale (Martyrologe romain).

Sommaire

Origine et éducation

Ambroise serait né à Trèves en 340. Il est le fils d'un Ambrosius, préfet du prétoire des Gaules.
Selon la "Vie d'Ambroise" rédigée par son secrétaire Paulin de Milan, son berceau se trouvait dans la salle du prétoire. Un jour qu'il y dormait, un essaim d'abeilles survint tout à coup et couvrit sa figure et sa bouche de telle sorte qu'il semblait que les insectes entraient dans sa bouche et en sortaient. Les abeilles prirent ensuite leur envol et s'élevèrent en l’air à une telle hauteur que l'œil humain n'était plus capable de les distinguer. L'événement frappa son père qui dit: « Si ce petit enfant vit, ce sera quelque chose de grand. » En quittant son visage, les abeilles avaient laissé un peu de miel dessus. Ceci fut considéré comme le présage de son éloquence.
À l'adolescence, il vit sa mère et sa sœur, qui avait consacré sa virginité à Dieu, embrasser la main des prêtres. Pour plaisanter, il tendit la main droite à sa sœur assurant qu'elle devait l'embrasser comme elle l'avait fait aux prêtres. Mais celle-ci refusa considérant Ambroise comme un enfant et quelqu'un qui ne sait pas ce qu'il dit.
À Trêves sur les bords de la Moselle, Ambroise, qui a environ 25 ans, devient comme son père, haut fonctionnaire romain dans l'administration impériale. Il est également le cousin du sénateur Quintus Aurelius Symmaque, préfet de Rome. ll écrit contre ce dernier une défense du christianisme, après la demande officielle de Symnaque auprès de l'empereur pour la restauration de la Curie de la Rome antique à la Curie romaine.

Carrière politique

À Rome il reçoit une éducation qui lui permet de devenir avocat. Puis le préfet du prétoire d'Illyricum, auprès duquel il travaillait à partir de 370, lui confie l'administration de la province de Ligurie-Emilie, dont le siège est à Milan.

Évêque de Milan

van Dyck, Ambroise et l'empereur Théodose, XVIIe siècle.
Subleyras, Ambroise convertissant Théodose (1745).
En 374 il intervient à ce titre pour rétablir l'ordre lors de l'élection du successeur de l'évêque de tendance arienne, Auxence. Il n'est pas encore baptisé, mais les deux partis le choisissent comme évêque. Son hagiographe raconte l'épisode ainsi :
« Il vint à Milan alors que le siège épiscopal était vacant ; le peuple s'assembla pour choisir un évêque : mais une grande sédition s'éleva entre les ariens et les catholiques sur le choix du candidat ; Ambroise y vint pour apaiser la sédition, quand tout à coup se fit entendre la voix d'un enfant qui s'écria : « Ambroise évêque. » Alors à l'unanimité, tous s'accordèrent à acclamer Ambroise évêque. Quand il eut vu cela, afin de détourner l'assemblée de ce choix qu'elle avait fait de lui, il sortit de l’église, monta sur son tribunal et, contre sa coutume, il condamna à des tourments ceux qui étaient accusés. En le voyant agir ainsi, le peuple criait néanmoins : « Que ton péché retombe sur nous. » Alors il fut bouleversé et rentra chez lui. Il voulut faire profession de philosophe : mais afin qu'il ne réussît pas on le fit révoquer. Il fit entrer chez lui publiquement des femmes de mauvaise vie, afin qu'en les voyant le peuple revînt sur son élection ; mais considérant qu'il ne venait pas à ses fins, et que le peuple criait toujours : « Que ton péché retombe sur nous », il conçut la pensée de prendre la fuite au milieu de la nuit. Et au moment où il se croyait sur le bord du Tessin, il se trouva, le matin, à une porte de Milan, appelée la porte de Rome. Quand on l’eut rencontré, il fut gardé à vue par le peuple. On adressa un rapport au très clément empereur Valentinien, qui apprit avec la plus grande joie qu'on choisissait pour remplir les fonctions du sacerdoce ceux qu'il avait envoyés pour être juges. »
— Tiré de la "Vie d'Ambroise", par Paulin, son secrétaire.
Ambroise a occupé le siège épiscopal de Milan de de 374 à 397. Habilement et avec force, il défend les droits de l'Église face aux Empereurs Valentinien Ier, Valentinien II et même Théodose le Grand, dont Milan est alors la capitale.
Ambroise transféra dans le milieu latin la méditation des Écritures commencée par Origène, en introduisant en Occident la pratique de la Lectio divina.

Spiritualité

« Tu es Pierre »
Crois comme Pierre a cru, afin d'être heureux toi aussi, pour mériter d'entendre toi aussi : Car ce n'est pas la chair et le sang qui te l'a révélé, mais mon Père qui est aux cieux (Mt 16. 17). Qui a vaincu la chair est un fondement de l'Église, et s'il ne peut égaler Pierre, il peut l'imiter. Car les dons de Dieu sont grands, non seulement il a restauré ce qui avait été nôtre, mais encore il nous a concédé ce qui lui est propre.
La bonté du Christ est grande : presque tous ses noms, il les a donnés à ses disciples. Je suis la lumière du monde (Jn 8. 12); et pourtant, ce nom dont il se glorifie, il l'a octroyé à ses disciples en disant : Vous êtes la lumière du monde (Mt 5. 14). Je suis le pain vivant (Jn 6. 51); et nous tous, nous sommes un seul pain (1 Co 10. 17). Je suis la vraie vigne (Jn 15. 1); et il te dit : Je t'ai planté comme une vigne fructueuse, toute vraie (Jr 2. 21). Le Christ est pierre – ils buvaient de la pierre spirituelle qui accompagnait, et la pierre c'était le Christ (1 Co 10. 4) –, il n'a pas non plus refusé la grâce de ce nom à son disciple, si bien qu'il est Pierre aussi, parce qu'il aura de la pierre la solidité constante, la fermeté dans la foi.
Efforce-toi donc d'être pierre à ton tour; dès lors cherche la pierre non pas au-dehors, mais en toi. Ta pierre, c'est ton action; ta pierre, c'est ton esprit. C'est sur cette pierre que se construit ta demeure, pour que nulle bourrasque des esprit mauvais ne la puisse renverser. Ta pierre, c'est la foi; et la foi est le fondement de l'Église2.

Œuvres

Ambroise de Milan a composé des hymnes (8 strophes de 4 vers brefs), introduisant en Occident le chant liturgique et lui donnant une forme « officielle ». On continue de chanter les hymnes ambrosiennes dans la liturgie des heures, et de composer des hymnes latines suivant son modèle. Il serait aussi à l'origine du chant polychorale aussi dit chant antiphonique, ce chant a entre autres été utilisé par Heinrich Schütz.
On a dit d'Ambroise qu'il était plus un catéchiste qu'un théologien. Il faut souligner qu'il fut un grand connaisseur de la littérature patristique grecque, dont il fit usage dans ses œuvres.
Il a produit des écrits doctrinaux, parmi lesquels :
  • De officiis ministrorum, en 3 livres, ouvrage d'éthique chrétienne (allusion au De officiis de Cicéron), qui aura une grande influence ;
  • De sacramentis, œuvre en quatre livres, des catéchèses pré- et post-baptismales sur les sacrements du baptême, de la confirmation et l’eucharistie ; le 4e livre contient une anaphore ;
  • un traité Des mystères (De mysteriis) : catéchèses post-baptismales sur le baptême ;
  • un traité De la foi (c’est-à-dire sur la Trinité ; composé pour Gratien en 376 et 379) ;
  • un traité Du Saint Esprit (en 381 ; inspiré de celui de Didyme l’Aveugle, dédié à Gratien) ;
  • deux livres Sur la pénitence (vers 384), contre les Novatiens ;
  • une Apologie de David, où il tente d'apaiser le scandale provoqué par l'adultère de David et Bethsabée
On a également conservé d'Ambroise de Milan des lettres et des oraisons funèbres (de Théodose Ier le Grand3, de Valentinien II), ainsi que des sermons sur les Psaumes et des sermons sur la virginité.

Citations

Ambroise, orateur réputé, il a aussi écrit des hymnes pour la liturgie.
Christ notre Parole
« Que toujours soit dans ton cœur et ta bouche la méditation de la sagesse; que ta langue énonce le jugement; que la loi de ton Dieu soit dans ton cœur (cf. Ps 36, 30-31). C'est pourquoi l'Écriture te dit : Répète ces enseignements quand tu es assis dans ta maison, ou en marchant sur la route, quand tu t'endors, quand tu t'éveilles (Dt 6, 7). Ainsi, proférons le Seigneur Jésus, puisque c'est lui-même qui est la Sagesse, lui-même qui est la Parole et le Verbe de Dieu. Car il est encore écrit : Ouvre la bouche à la parole de Dieu (Pr 31, 8). Il exhale, émet le Seigneur Jésus, celui qui prononce ses discours et médite ses paroles. Exprimons-le toujours : lui-même. Quand nous parlons sagesse, c'est lui ; quand nous parlons vertu, c'est lui ; quand nous parlons justice, c'est lui ; quand nous parlons paix, c'est lui ; quand nous parlons vérité, c'est lui. »
« Ouvre ta bouche à la parole de Dieu, est-il écrit. Toi, ouvre ; lui, il parle ... Assis, parle avec toi-même comme chargé de juger ta conduite. En chemin, parle, pour ne jamais rester l'esprit vide. Tu parles en chemin, si tu parles dans le Christ, car le Christ est le Chemin (Jn 14, 6). En chemin, parle à toi-même, parle au Christ4. »
Il guérissait ceux qui ne pratiquaient pas la Loi
« Nous lisons dans les livres des Rois qu'un gentil, Naaman, a été, selon la parole du prophète, délivré des taches de la lèpre (2 R 4, 14) ; pourtant bien des Juifs étaient rongés par la lèpre du corps, et aussi de l'âme : car les quatre hommes qui, pressés par la faim, allèrent les premiers au camp du roi de Syrie, étaient lépreux, nous dit l'histoire (2 R 7, 3). Pourquoi donc le prophète ne soignait-il pas ses frères, ne soignait-il pas ses concitoyens, ne guérissait-il pas les siens, alors qu'il guérissait les étrangers, qu'il guérissait ceux qui ne pratiquaient pas la Loi et ne partageaient pas sa religion ?  »
« N'est-ce pas que le remède dépend de la volonté, non de la nation, et que le bienfait divin se conquiert par les désirs, mais n'est pas accordé par droit de naissance ? Apprends à implorer ce que tu désires obtenir ; le fruit des bienfaits divins ne poursuit pas les gens indifférents5. »
Création simultanée du monde et du temps (Hexaméron)
« C'est au commencement du temps que Dieu a créé le Ciel et la Terre. Car le temps existe depuis qu'existe ce Monde, il n'existait pas avant le Monde »6

Iconographie

Moulage en plâtre de la statue d'Ambroise de Milan, Adolfo Wildt, Université de Milan, Italie7.
Ambroise de Milan est représenté vêtu en évêque, avec la crosse pastorale, et parfois un fouet avec lequel il aurait chassé hors d'Italie les ariens, considérés comme hérétiques. C'est par exemple le cas de l'œuvre du sculpteur italien Adolfo Wildt dont il existe un moulage en plâtre et un exemplaire en bronze, tous deux à Milan.
Il peut aussi être représenté à cheval, par exemple sur Saint Ambroise à cheval chasse les ariens d'Ambrogio Figino (œuvre de 1591).
Patron des apiculteurs, il est parfois représenté avec une ruche en paille tressée symbolisant la douceur de son éloquence8.

Bibliographie

Traductions

  • Des Sacrements, Des Mystères, Explication du symbole (390), coll. "Sources chrétiennes" 25bis, Editions du Cerf, 1961.
  • La Pénitence (De paenitentia) (vers 384-394), coll. "Sources chrétiennes" 179, Editions du Cerf, 1971.
  • Sur saint Luc (Expositio Euangelii secundum Lucam) (vers 377-389), coll. "Sources chrétiennes" 45 et 52b, Editions du Cerf, 1956, 1958
  • Sur Jacob et la vie heureuse (De Iacob et uita beata) (vers 386-388), coll. "Sources chrétiennes" 534, Editions du Cerf, 2010.
  • Apologie de David (De apologia prophetae Dauid) (vers 383-387), coll. "Sources chrétiennes" 239, Editions du Cerf, 1977,
  • Hymnes, Editions du Cerf, 1992,
  • Sur la mort de son frère, Trad. Bonnot M. et Marianelli D., Editions Migne, coll. "Pères dans la foi" 84, Paris, 2002.
  • La mort est un bien (De bono mortis – CPL 129 - PL 14, 567-596), Trad. P. Cras, Editions Migne, coll. "Pères dans la foi" 14, Paris, 1980.
  • Abraham, Trad. C. Lavant, F. et J. C. Gaven, Editions Migne, coll. "Pères dans la foi"74, Paris, 1999.
  • Richesse et pauvreté ou Naboth le pauvre, Migne, coll. "Les pères dans la foi", 1978.
  • Des mystères (390), coll. "Sources chrétiennes" 1950.

Études

  • Abbé Louis Baunard, Histoire de Saint-Ambroise, 1872. Cette seconde édition contient un chapitre supplémentaire : en effet, on a retrouvé le tombeau de Saint-Ambroise à Milan peu après la première édition de 1871.
  • Paulin de Milan, Vie d'Ambroise.
  • H. Savon, Ambroise de Milan (340-397), Desclée, Paris, 1997.
  • Raymond Johanny, L'Eucharistie, Editions Beauchesne, 1997, (ISBN 978-2701000435)
  • Gérard Nauroy, Ambroise De Milan. Ecriture et Esthétique d'une Exégèse Pastorale, Éditeur : Peter Lang, 2003, (ISBN 978-3906770734)
  • Bernard Botté, Des sacrements des mystères : Explication du symbole, Cerf, 2007, (ISBN 978-2204084659)
  • Dominique Lhuillier-Martinetti (Auteur), Michel Humbert (Préface), L'individu dans la famille à Rome au IVe siècle : D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan, PU Rennes, 2008,
  • Patrick Boucheron et Stéphane Gioanni (dir.), La mémoire d’Ambroise de Milan. Usages politiques d’un souvenir patristique (Ve-XVIIIe siècle), Paris-Rome, Publications de la Sorbonne-École française de Rome, coll. « Histoire ancienne et médiévale, 133 – Collection de l'Ecole française de Rome, 503 », 2015, 631 p. (ISBN 978-2-85944-885-1)
  • Raymond Johanny, L'eucharistie, centre de l'histoire du salut chez Saint Ambroise de Milan, Beauchesne Éditeur (28 mai 2014).
  • Hervé Savon, Ambroise de Milan (340-397), Desclée, Paris, 1997

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Notes et références

  1. d'après le martyrologe d'Usuard
  2. Traité sur l'Évangile de saint Luc VI, 94-99, trad. G. Tissot (Sources chrétiennes 45 bis), Cerf, Paris, 1971, p. 263-265
  3. Oratio de Obitu Theodosii, 395
  4. Commentaire du psaume 36, 65-66 (CSEL 64, 123-125), trad. du Lectionnaire pour chaque jour de l'année, 3, Solesmes / Cerf, Paris, 2005, p. 333-334.
  5. Traité sur l’Évangile de saint Luc IV, 58, trad. G. Tissot, Sources Chrétiennes 45 bis, Cerf, Paris, 1971, p. 170.
  6. Thomas Arrighi, « Résoudre le mystère de l'avant », Les dossiers de science et univers, no 5,‎ février / avril 2016, p. 38
  7. La statue en bronze tirés de ce moulage se trouve au mémorial de la Première Guerre mondiale, à côté de l'université catholique du Sacré Cœur à Milan
  8. Saint Ambroise de Milan Evêque et Docteur de l'Eglise (+ 397) [archive]
Dernière modification de cette page le 25 octobre 2016, à 11:41.

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