Dimanche de la Toussaint - 1er Novembre 2015
Couché à 21 heures hier soir sans
rouvrir cet écritoire. Commencé de lire – au lit –
VAROUFAKIS, le ministre grec des Finances et négociateur à
Bruxelles ainsi qu’avec la « troïka » [1].
C’est la transcription d’un discours donné à une réunion
politique en France au début de cet automne. Passionnant.
Décisif. Les deux dialectiques qui gouvernent le monde
depuis quelques années plus nettement et visiblement que
jamais : les banques dont les Etats et leurs gouvernements
sont, par quelle force ? les exécutants, et la démocratie.
Passage dès le début du court livre : Lorsque, durant ma première réunion
de l’Eurogroupe, en février, j’ai suggéré aux ministres des
Finances un compromis entre le programme d’austérité de la
Troïka et le plan de réformes de notre nouveau gouvernement,
Michel Sapin a pris la parole pour me donner raison, pour
défendre avec éloquence un terrain d’entente entre le passé et
l’avenir, entre le programme de la Troïka et le manifeste
électoral de notre nouveau gouvernement que les Grecs venaient
d’élire. Le ministre des Finances allemand intervint
immédiatement : « Les élections ne peuvent rien changer. Si à
chaque élection les règles changeaient, l’Eurozone ne pourrait
pas fonctionner » … Du coin de l’œil je voyais l’air désolé de
Michel Sapin. Je me rappelais une chose qu’il m’avait dite à
Paris, quand je l‘avais rencontré pour la première fois dans
son bureau : « la France n’est plus ce qu’elle était » [2]. FH nous serinant que
nous sommes un grand pays… Je retrouve dans cette évocation
– enfin – le Michel SAPIN qu’aux côtés de Pierre BEREGOVOY
et ensuite dans la longue période d’opposition, j’avais tant
apprécié, mais alors on ne reste pas au gouvernement en
valet. Aussi, des évidences, l’Allemagne s’est bien gardée
au contraire de la France, de mettre en bourse ses
entreprises, elle a ainsi gardé en propre son industrie, son
commerce extérieur, son excédent bien plus important que
notre déficit pourrait être pas seulement le fruit d’une
industrie intacte mais davantage l’import-export du courant
avec la Chine populaire – intuition donnée par les ampoules
électriques Osram, marquée Siemens mais fabriquées en Chine
et mettant à de nouvelles normes l’ensemble de l’éclairage
domestique dans l’Union européenne à la disposition d’un
fournisseur monopoliste. L’Allemagne a besoin de l’Europe,
la plupart des Allemands réfléchis et que je rencontre n’ont
qu’une crainte et depuis le retour de leur pays à la
puissance : l’alleingang. La solitude, rançon de l’hégémonie, ce qui est le
drame intellectuel américain depuis la chute du « rideau de
fer »… Et l’Allemagne n’a que la France comme alternative à
la solitude. Les élections qui changent la donne ou pas, qui
ont « du sens » (grand thème que le sens, il y a encore
quelques années, leit-motiv aujourd’hui disparu du langage
public)… c’est l’enjeu de 2017 ou d’avant car l’accident est
toujours possible : la soudaine contagion d’un réveil
populaire, réveil mécontent et dévastateur, ou l’accident de
santé d’un maître qui n’est impérieux que pour croire àsa
réélection. Un dixième de point en emploi ou en croissance,
ce serait fait… Evidence aussi, aucun des bateleurs quel que
soit le costume ou le CV n’a compris et n’explicite cet
enjeu, car pour chacun il n’y en a qu’un : la place dont il
ne fera pas plus que FH puisqu’il est acquis que les
paramètres et dogmes sont intangibles. – Cette analyse, le
gaspillage honteux et affreux des possibilités données par
l’élection de 2012 et par les prérogatives présidentielles
telles qu’instaurées par le fondateur de nos institutions
autant que par leur lettre, me fouette et convainc qu’il y à
faire, à être. Confirmation, le gaspillage aussi d’un
parcours et d’une position d’influence déterminante,
qu’atteste une incapacité d’en rendre témoignage, leçon,
recette : le livre de JLB [3]…
quoiqu’il rende bien la qualité et l’adéquation de FM pour
l’exercice de la fonction présidentielle, et me donne à moi
le plaisir de revivre une époque qui fut vive.
.
Tiré la baie de la véranda,
l’haleine sonore, l’enveloppement par la ruleur de l’océan,
chant des oiseaux. Maintenant le silence pour le temps
commençant la journée qui m’est donnée, le temps de la
prière. Gérer son temps… guillemets à chaque mot. C’est plus
qu’un art, plus qu’un don que personne ne possède
complètement sinon le Christ vivant – en homme ou quoique
homme - toutes les dimensions du temps : la mémoire des
Ecritures et de l’histoire sacrée, le présent d’une
véritable chasse à l’homme, observé, épié surtout quand Il
opère des miracles, car les dialogues de substance
(Nicodème, la Samaritaine) sont sans témoin, et plus encore,
dramatiquement dans une sorte de hâte permanente dont
l’agonie nous est cachée jusqu’au jardin des Oliviers, Sa
mort et les tortures. Conscience humaine subjuguant le temps
et l’inscrivant dans la réalité : mort et résurrection, qui
– grâce à Lui – est aussi la nôtre.
Et voici une foule immense, que nul
ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus,
peuples et langues… [4]
D’où venons-nous ? qui sommes-nous ? des chrétiens, des
vivants, des compagnons de l’ensemble de la création, mais une
création renouvelée par le Christ, par l’incarnation du Fils
de Dieu. Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et
d’où viennent-ils ? – Mon seigneur, toi, tu le sais. – Ceux-là
viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils
les ont blanchies par le sang de l’Agneau. Je ne désespère que
lorsque j’oublie que mon combat n’est pas mien, ni celui
d’aucun de mes analogues en humanité et en mortalité, il est
celui du Christ en moi : je suis accompagné. Je perds pied
comme Pierre, de la barque à Jésus, de cette vie à Dieu,
quand marchant sur les eaux à l’appel de son Maître, il
doute, il oublie. Alors, il enfonce. Dès maintenant,
nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas
encore été manifesté. Si,
en partie, et pour le plus efficient, chaque fois qu’il nous
est donné de faire retour consciemment vers Dieu, d’en
appeler à Lui. Réjouissez-vous, soyez dans
l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux !
Les Béatitudes ?
l’enseignement de Jésus à lire chacune de nos existences et
à anticiper, pressentir notre destinée. Bien-aimés,
voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous
soyons appelés enfants de Dieu.
[1]
- Yanis VAROUFAKIS, Notre
printemps d’Athènes (éd. LLL Les liens qui libèrent .
Septembre 2015 . 109
pages)
[2]
- pp. 10 et 12, op. cit.
[4]
- Apocalypse de Jean VII 2 à
14 passim ; psaume XXIV ; 1ère lettre de Jean
III 1 à 3 ; évangile selon saint Matthieu V 1 à 12
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