vendredi 6 novembre 2015

je n'oserais rien dire s'il ne s'agissait de ce que le Christ a mis en oeuvre par moi - textes du jour

Vendredi 6 Novembre 2015



Extraordinaire densité de ce que j’apprends ces jours et semaines-ci par nos élèves d’YNOV à Nantes. Je le consigne demain. Lourdeur cependant de ces dix-huit heures pa semaine, auxquelles ajouter les soixante à quatre-vingt minutes, aller et autant pour revenir : chez nous vers Nantes, retour de Nantes. Nécessité alimentaire mais découverte comme jamais je ne l’aurais cru possible, et plus encore : révélateur. Ce à quoi nos systèmes et réformes depuis cinquante ans pour l’Education nationale, ont abouti au moins pour les « matières » littéraires : français, histoire et par extension l’expression, la lecture, la curiosité. Disparition du socle au moins chez celles et ceux qui me sont confiés. Et exactement comme l’amnésique et le mourant sont cependant intacts mais sans plus de ciment ni de possibilité d’évoquer en les structurant et agençant ce qu’ils en ont comme reçu de la vie, mes élèves-étudiants sont capables de réaction, mais sont-ils capables de construire à un âge et parallèlement à des acquis dont je ne sais rien, ce qui habituellement était le « bagage » d’un enfant, d’un adolescent à l’entrée puis à la sortie du secondaire. Alternative pur la nation française : une langue et une culture se perdent, vont mourir ? ou bien un autre univers est-il en train de naître. Le mental révélé ou formé par le linguistique ? Dans les deux cas, exotisme complet. Autre forme d’affectation à l’étranger. Des rencontres fortes aussi, cette étudiante ce matin m’abordant dans l’escalier : une phrase qui me correspond bien mais dont je ne me souvenais plus l’avoir énoncé, elle l’a trouvé clé pour comprendre plusieurs situations dans sa vie propre et dans celle d’autres, ces temps-ci. Puis tout à l’heure, cet autre, lui en BTS, mettant complètement en cause ma manière d’entamer un enseignement. Les deux m’apportent et me donnent aussi à les voir intimement.
Prier…Il fit venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître [1] Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Est-ce l’ «user du monde comme n’en usant point » énoncé par la Compagnie de Jésus. Paul très ambitieux en champ d’application : ainsi depuis Jérusalem en rayonnant jusqu’à la Dalmatie, j’ai mené à bien l’annonce de l’Evangile du Christ. Je l’ai fait en lmettant mon honneur à n’évangéliser que là où le nom du Christ n’avait pas encore été prononcé, car je ne voulais pas bâtir sur des fondations posées par un autre…L’orgueil de Paul, sa « conscience professionnelle » ne sont pas un quant-à-soi mais le constat de ce que Dieu, en lui, opère par lui : lui, Paul, instrumenté et transparent. Je mets donc ma fierté dans le Christ Jésus, pour ce qui est du service de Dieu. Car je n’oserais rien dire s’il ne s’agissait de ce que le Christ a mis en œuvre par moi. Travail qui témoigne à deux degrés : ce que Dieu opère par l‘homme, en ce sens l’évangélisation est la réalisation la plus complète en objet du commandement de la Genèse : continuer l’œuvre divine de création, l’homme collaborateur du Créateur, et ce en quoi consiste l’évangélisation. Faire connaître, donc mettre l’homme en situation de choisir Dieu parce que Celui-ci est révélé, commence d’être révélé d’homme à homme, parce qu’une mise en relation commence… libertaire quoique Paul, l’expérimentant pour lui-même et en lui-même déclare amener les nations à l’obéissance de la foi, par la parole et l’action, la puissance des signes et prodiges, la puissance de l’Esprit de Dieu. J’y crois fermement et confie ainsi toute l’urgence et l’ampleur des projets qui sont en moi, alors que selon toute prévisibilité j’en suis incapable parce que ces projets sont par eux-mêmes difficile de réalisation et parce que le vivre m’impose cette année un rythme hebdomadaire que je n’avais plus vécu depuis ma période professionnelle, soit vingt ans… et en ayant vingt ans de plus… Adéquation alors de la recommandation du Christ – paisible et même remplie d’humour -  l’habileté, l’usage du monde, l’usage sans doute aussi de soi.

Commencement de conclusion de l’expérience d’hier, plus nettement ressentie et à expliciter : enseigner est-il un pouvoir - est-une séduction ? enseigner transforme l'enseignant. Cela à partir d’une sensation d’échec tenant aussi bien au flou des matières (l’expression et le français) ou au total défaut ou presque d’humus, de « culture générale » préalable à l’entrée en acquisition d’une nouvelle matière ou d’un nouveau savoir-faire ou savoir-être ? Echec surtout parce que je ne sais pas prendre mon auditoire en sorte qu’il se consacre quelques quarts d’heure à assimiler et à s’approprier, ce que j’essaie d’exposer… Parabole aussi : enseignement et pouvoir, pas seulement la relation du plusieurs à l’un et de ‘lun au plusieurs, ou de chacun à un contenu, ou la possibilité de modeler et même faire renaître ab initio un contenu, c’est-à-dire un legs reçu ou importé, choisi… la gratification dans l'exercice du pouvoir : reconnaissance et critique, naissance et portée alors du dialogue. Cristallisation par les BTS et la concentration dans le seul apprentissage de l’informatique et des mises en réseau. 

Maintenant, m’organiser, prier pour m’organiser et pour travailler. Prier pour mes aimées à qui je dois salué et sécurité, ma chère femme parfois en apnée, et notre trésor de fille, elle, totalement, en nage libre sur un océan qu’elle aime et s’approprie. Les âges de la vie selon la relation à la vie-même. Des années décisives pour chacun de nous trois. Années de grâce… je sais ce que je vais faire… Discernement réussi de ce gérant malhonnête que Jésus nous propose à admirer. Œuvre de Dieu en l’homme. Faites Seigneur de moi un instrument de votre volonté, pur et transparent comme une source… là où il y a… que je mette… prière de mon adolescence dont je ne sais plus l’auteur. François d’Assise ? Charles de Foucauld ? Léonce de Grandmaison ? Memento des vivants, mes toutes proches, mais aussi ces étudiants, et l'ensemble de notre pays, de notre nation, celles et ceux qui en sont responsables, en fait nous tous, en communion que nous avons, que nous devrions avoir avec nos parents, aïeux, ascendants pour qu'après nous... peuple de la Toussaint et des lendemains de Toussaint. 


[1] -  Paul aux Romains XV 14-21 ; psaume XCVIII ; évangile selon saint Luc XVI 1 à 8

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