Extraordinaire densité de ce que j’apprends ces jours et
semaines-ci par nos
élèves d’YNOV à Nantes. Je le consigne demain. Lourdeur cependant de
ces dix-huit
heures pa semaine, auxquelles ajouter les soixante à
quatre-vingt minutes,
aller et autant pour revenir : chez nous vers Nantes, retour
de Nantes.
Nécessité alimentaire mais découverte comme jamais je ne
l’aurais cru possible,
et plus encore : révélateur. Ce à quoi nos systèmes et
réformes depuis
cinquante ans pour l’Education nationale, ont abouti au moins
pour les « matières »
littéraires : français, histoire et par extension
l’expression, la
lecture, la curiosité. Disparition du socle au moins chez
celles et ceux qui
me sont confiés. Et exactement comme l’amnésique et le mourant
sont cependant
intacts mais sans plus de ciment ni de possibilité d’évoquer
en les structurant
et agençant ce qu’ils en ont comme reçu de la vie, mes
élèves-étudiants sont
capables de réaction, mais sont-ils capables de construire à
un âge et
parallèlement à des acquis dont je ne sais rien, ce qui
habituellement était le
« bagage » d’un enfant, d’un adolescent à l’entrée puis à la
sortie
du secondaire. Alternative pur la nation française : une
langue et une
culture se perdent, vont mourir ? ou bien un autre univers
est-il en train
de naître. Le mental révélé ou formé par le linguistique ?
Dans les deux
cas, exotisme complet. Autre forme d’affectation à l’étranger.
Des rencontres
fortes aussi, cette étudiante ce matin m’abordant dans
l’escalier : une
phrase qui me correspond bien mais dont je ne me souvenais
plus l’avoir énoncé,
elle l’a trouvé clé pour comprendre plusieurs situations dans
sa vie propre et
dans celle d’autres, ces temps-ci. Puis tout à l’heure, cet
autre, lui en BTS,
mettant complètement en cause ma manière d’entamer un
enseignement. Les deux m’apportent
et me donnent aussi à les voir intimement.
Prier…Il fit venir, un par un, ceux qui
avaient des dettes
envers son maître [1]
Le maître fit
l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ;
en effet,
les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de
la lumière. Est-ce
l’ «user du monde comme n’en
usant point » énoncé par la Compagnie de Jésus. Paul très
ambitieux
en champ d’application : ainsi depuis
Jérusalem en
rayonnant jusqu’à la Dalmatie, j’ai mené à bien l’annonce de
l’Evangile du
Christ. Je l’ai fait en lmettant mon honneur à n’évangéliser que
là où le nom
du Christ n’avait pas encore été prononcé, car je ne voulais pas
bâtir sur des
fondations posées par un autre…L’orgueil
de Paul, sa « conscience professionnelle » ne sont pas un
quant-à-soi
mais le constat de ce que Dieu, en lui, opère par lui : lui,
Paul, instrumenté
et transparent. Je mets donc ma fierté dans le Christ
Jésus, pour ce qui
est du service de Dieu. Car je n’oserais rien dire s’il ne
s’agissait de ce que
le Christ a mis en œuvre par moi. Travail
qui témoigne à deux degrés : ce que Dieu opère par l‘homme, en
ce sens l’évangélisation
est la réalisation la plus complète en objet du commandement
de la Genèse :
continuer l’œuvre divine de création, l’homme collaborateur du
Créateur, et ce en
quoi consiste l’évangélisation. Faire connaître, donc mettre
l’homme en situation
de choisir Dieu parce que Celui-ci est révélé, commence d’être
révélé d’homme à
homme, parce qu’une mise en relation commence… libertaire
quoique Paul, l’expérimentant
pour lui-même et en lui-même déclare amener les nations à
l’obéissance de
la foi, par la parole et l’action, la puissance des signes et
prodiges, la
puissance de l’Esprit de Dieu. J’y crois
fermement et confie ainsi toute l’urgence et l’ampleur des
projets qui sont en
moi, alors que selon toute prévisibilité j’en suis incapable
parce que ces
projets sont par eux-mêmes difficile de réalisation et parce
que le vivre m’impose
cette année un rythme hebdomadaire que je n’avais plus vécu
depuis ma période
professionnelle, soit vingt ans… et en ayant vingt ans de
plus… Adéquation
alors de la recommandation du Christ – paisible et même
remplie d’humour - l’habileté,
l’usage du monde, l’usage sans
doute aussi de soi.
Commencement de conclusion de l’expérience d’hier,
plus nettement
ressentie et à expliciter : enseigner est-il un pouvoir -
est-une
séduction ? enseigner transforme l'enseignant. Cela à partir
d’une sensation d’échec
tenant aussi bien au flou des matières (l’expression et le
français) ou au
total défaut ou presque d’humus, de « culture générale »
préalable à
l’entrée en acquisition d’une nouvelle matière ou d’un nouveau
savoir-faire ou
savoir-être ? Echec surtout parce que je ne sais pas prendre
mon auditoire
en sorte qu’il se consacre quelques quarts d’heure à assimiler
et à s’approprier,
ce que j’essaie d’exposer… Parabole aussi : enseignement et
pouvoir, pas
seulement la relation du plusieurs à l’un et de ‘lun au
plusieurs, ou de chacun
à un contenu, ou la possibilité de modeler et même faire
renaître ab initio un
contenu, c’est-à-dire un legs reçu ou importé, choisi… la
gratification dans
l'exercice du pouvoir : reconnaissance et critique, naissance
et portée alors
du dialogue. Cristallisation par les BTS et la concentration
dans le seul
apprentissage de l’informatique et des mises en réseau.
Maintenant, m’organiser,
prier pour m’organiser et pour travailler. Prier pour mes
aimées à qui je dois
salué et sécurité, ma chère femme parfois en apnée, et notre
trésor de fille,
elle, totalement, en nage libre sur un océan qu’elle aime et
s’approprie. Les âges
de la vie selon la relation à la vie-même. Des années
décisives pour chacun de
nous trois. Années de grâce… je sais
ce que je vais faire… Discernement
réussi
de ce gérant malhonnête que Jésus
nous propose à admirer. Œuvre de Dieu en l’homme. Faites
Seigneur de moi un
instrument de votre volonté, pur et transparent comme une
source… là où il y
a… que je mette… prière
de mon
adolescence dont je ne sais plus l’auteur. François d’Assise ?
Charles de
Foucauld ? Léonce de Grandmaison ? Memento des vivants, mes
toutes proches, mais aussi ces étudiants, et l'ensemble de
notre pays, de notre nation, celles et ceux qui en sont
responsables, en fait nous tous, en communion que nous avons,
que nous devrions avoir avec nos parents, aïeux, ascendants
pour qu'après nous... peuple de la Toussaint et des lendemains
de Toussaint.
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