Dimanche 8 Novembre 2015
Sans compter
fatigue physique, rangements et débroussaillage, dix-huit heures de cours, plus
les heures de voiture – il est vrai de prière, réflexion et méditation – que peut-il
me rester pour écrire des livres ( que j’ai en moi mais n’écris pas) ? et
pour prospecter en vue de l’ordalie ? A priori, rien. Donc, pas de livres,
pas de véritable émergence éditoriale, pas même la mise en ordre de mes manuscrits
et inédits (en quantité hugolesque). Donc rien que la subsistance et la
machinalité, mais avec au memento des vivants soixante-quinze personnes de plus
(il m’a fallu quelques heures du défi de « mes » BTS pour m’attacher
à l’ensemble des trois classes, alors que les deux premières principalement
adonnées à l’art étaient plus aisées à entreprendre – tandis que les BTS sans
vocabulaire, sans orthographe, sans prise de notes, sans aucune notion
historique ni curiosité pour le temps présent et les nouvelles du jour,
étaient-sont ma première expérience d’une pédagogie de l’ouverture… inattentifs
et bavardant par groupes de deux ou quatre sans que je les captive ou les
intéresse…). Donc, les clés que je croyais avoir en main pour sortir et trouver
du grand large, de la ressource financière, un retour à une certaine notoriété
et à quelques capacités de rencontrer qui je veux, surtout un accès à ce qui
peut permettre de faire avancer notre pays par une prise de conscience générale
de notre chute et de notre découplage gouvernants-gouvernés (la question de
démocratie), tout cela : y renoncer, accepter d’être et de vivre au jour
le jour. En amour avec mes aimées, certes, mais sans leur apporter ce que je
souhaite et ce dont elles ont besoin : espace et repos pour ma chère
femme, sécurité mentale, et pour notre fille toutes les chances qu’attendent
tant de virtualité, de convictions déjà, et d’inclinations, de sensibilité. – M’éveillant
ainsi, prodige… je n’en étais pas accablé. U.ne petite heure pour préparer mon « autel »
du matin, la saisie des différents textes, le thé à servir à Edith, les
ouvertures de la maison pour nos chiens tandis que nos chèvres dorment encore
mais blotties contre la porte de leur cagibi… Et voici que les textes du jour
me rappellent le chemin et expliquent pourquoi je ne suis pas accablé par le constat
que la lucidité m’impose… Les deux veuves, celle que rencontre Elie à Sarepta,
celle que remarque le Christ dans la file qui dépose des offrandes au
tronc-trésor du Temple [1].
Ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris
sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait
pour vivre… J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile
dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et
pour mon fils ce qu’il nous reste. Nous le mangerons et nous mourrons…. Une appréciation : celle du Christ. La
foi de la veuve : la femme alla faire ce qu’Elie lui avait demandé… et
la jarre ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le
Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Elie. En fait, Elie lui avait demandé d’aller au bout de son projet tout en
rajoutant un couverture, celui du nouveau venu qu’il était. Exécution, miracle,
vie. Dans la foule du Temple, Jésus fait de la sociologie : ses cible
habituelles. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils
font de longues prières, puis de la
psychologie, l’utilité marginale : cette pauvre veuve a mis dans le
Trésor plus que tous les ordres. La
valeur relative, le don de soi, qui est fondamentale confiance en qui l’on se
donne, à qui l’on donne. Pas tant pour une rétribution quelconque, le Christ
repousse ce mouvement, que simplement une relation d’amour, un attrait vers qui
l’on va. Vers Celui qui apparaîtra
une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.
Ce seul mouvement fait la relation puisqu’il
est en profondeur de nous inspiré, plus qu’attendu par Dieu. Ma liberté n’est
pas de réaliser ce que j’ai projeté – légitimement et pour une utililté qui me dépasse,
mes aimées, ma génération, celles qui suivent, un témoignage, une pratique de l’accueil,
du portage, de l’exigence sans étiquette que d’avoir des difficultés précises,
des suggestions précises, des exigences précises. Ma liberté est de faire ce qu’il
m’est possible de faire, le Seigneur en fera pelote et peut-être le
multipliera, lui donnera une fécondité que je souhaite mais ne puis ni définir
ni prévoir. Et pour nous trois, pour ces quelques autres que nous accompagnons
pratiquement ou d’âme, pendant longtemps, le prophète, elle-même (la veuve de Sarepta) et son fils
eurent à manger…. Le Seigneur garde à jamais sa fidélité… aux affamés, il donne
le pain. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l’étranger, il soutient la
veuve et l’orphelin. Oui. Vraiment. Amen.
[1] - 1er Rois XVII 10 à 16 ; psaume CXLVI ; lettre aux
Hébreux IX 24 à 28 ; évangile selon saint Marc XII 28 à 44
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