Et
la France ? et nous Français en ce moment… quel est le côté qui va
l’emporter et nous emmener ou au contraire nous fixer comme si l’Histoire
cessait de se faire, sinon par nous seuls, du moins en bonne partie avec nous,
selon nos initiatives et nos libertés, celles que nous confèrent nos héritages
multiples, nos situations multiples. D’un côté, des dirigeants qui ne
comprennent manifestement ni l’esprit public ni la dialectique actuelle :
celle des événements montrant où se trouvent les questions et les défis, en
nous-mêmes et en grande partie du fait de leur cécité, de leur routine, de la
dimension petite et professionnelle de toutes les attitudes publiques, de la
pauvreté des médias et des commentaires singeant l’empathie et parlant
« bébé » pour dire le consensus ou la compassion de convenance pour
eux, de vie pour nous. Cette ignorance confirmée depuis des années –
hélas ! – que la sobriété, le silence sont les plus expressifs, que la
communion et l’emprise sur les esprits, la conduite d’une opinion publique sont
des rapports d’âme. Le regard de DG à l’Arc-de-Triomphe quelques minutes avant
que commence la descente des Champs Elysées, le 25 Août 1944, compte rendu
mutuel de ce qu’a produit le 18 Juin 1940, de ce qu’il ambitionnait et de ce
qui a été obtenu. La tristesse de la gloire était, manifestement, ce qu’il
ressentait humblement d’avoir été ainsi l’instrument du destin. Le devoir
accompli, une sainte fatigue, la joie serait quelques instants plus tard quand
marchant et saluant avec sa gaucherie de relative jeunesse, il vivrait qu’il
n’avait donc jamais été seul. Hier et avant-hier, ces débats consternants sur
l’Etat islamique et sur Schengen : une France longtemps habile à trancher
sur beaucoup d’autres par la liberté et le contre-courant de ses analyses
laisse maintenant ânonner et défaire ce que ses initiatives pendant cinquante
ans suggéraient et faisaient progressivement vouloir par d’autres avec elle. Le
Premier ministre, dans la manière de NS, « syphonner » les voix du FN
(dixit Jean-Marie en 2007) en faisant sien ses thèmes. C’était déjà la
disqualification en tant qu’homme censément de gauche, c’est maintenant la
disqualification comme homme d’avenir, car notre avenir c’est l’Europe par la
confiance en la démocratie. Et de l’autre précisément, une fois dégagée des
minauderies et des réponses imposées par les journalistes de l’audiovisuel à
celles et ceux qu’ils interrogent, il y a depuis une semaine, hier soir en
belles images, cette volonté de répliquer à ce qui serait un dessein global de
l’étranger, du terrorisme sur nous. Je ne crois pas à ce dessein global d'un adversaire cohérent, mais
en revanche je suis convaincu de notre volonté nationale de ne pas nous laisser démonter.
Puisse cela inspirer aux dirigeants de l’heure la résolution toute
simple : taisant toute timidité, toute peur du combat au sol, toute peur
de l’opinion dans la région d’Etats d’ailleurs dictatoriaux qui nous
traiteraient de néo-colonialistes ou d’impérialistes si nous détruisions
réellement, totalement cet Etat islamique. Affaire de quelques jours si la
coalition se fait des Européens, des Américains et des Russes. Un déblaiement
complet. Il restera des Etats arabes nus et dont la dictature ne pourra plus se
déguiser (nos ventes d’armes à ces faux partenaires… les Rafale…), Israël
et l’Iran, et enfin un grand Kurdistan dont nous ferons notre répondant
essentiel dans la région. Novation complète des attitudes autant que de la
carte. Courage physique et courage mental. Ces attitudes à la bougie, au piano
dans le XIème ou aux terrasses de ces cafés et restaurants martyrisés, devant
le Bataclan sacré très haut-lieu de
mémoire désormais, ces gens, ces anonymes, quelques-uns plus que solidaires,
vraiment blessés et en pleurs parce que quelqu’un qui était quelqu’un pour eux,
parti à la fête a été assassiné. En anonyme… c’est ce côté-là, ce côté émancipé
de toute direction politique, de tout débat à côté des vraies questions, qui
fait notre dignité en ce moment… même si mes étudiants ou des rencontres et de
simples questions-sondages montrent qu’il y a encore à faire pour que nous
soyons debout. Un vrai gouvernement, l’exercice pouvoir suscite cette élévation
du physique et du mental. Et être debout en ce moment, c’est bien la prière du
vivant face aux négationnistes. Quelques-uns hier soir l’ont bien fait
ressentir. Etre pauvres de mots, c’est assez grand. Tandis que ces
personnalités politique qui doivent crier à la tribune ne font savoir que leur
solitude, et en convainquent un peuple qui les délaisse et qu’ils ont contraint
à se débrouiller et à s’illustrer par eux-mêmes. L’Assemblée nationale et le
plein air nocturne de Paris.
Prier… [1] voici
que je viens, j’habiterai au milieu de toi, déclare le Seigneur. La déclaration d’amour, le masculin-féminin
dans le spirituel et selon la relation de Dieu à nous, transcendant totalement
nos habitudes de sexuer physiquement ou de figurer le Seigneur au masculin. Le
certain, c’est le caractère nuptial de l’amour divin pour nous, c’est-à-dire un
amour à la fois maternel, intensément protecteur, sécurisant mais aussi et
surtout : adulte, respectueux et heureux de notre liberté. Toute la geste
amoureuse et personnelle, la plus humaine, la plus anthropomorphe en parabole : Dieu et son peuple. Nous
sommes d’ailleurs tous aimés, tous personnalisés, mais nombreux puisque toute
l’humanité, tout le vivant est … à la noce… puisse-t-il dans les années à
venir, en relations internationales, en réinvention de la démocratie en chacune
de nos sociétés, en être de même. J’habiterai au milieu de toi… des nations
nombreuses… elles seront pour moi un peuple, et j’habiterai au milieu de toi…
le Seigneur prendra possession de Juda… il choisira de nouveau Jérusalem. Moment qui vient et est liturgie : que
toute créature fasse silence devant le Seigneur. Jésus enrichit notre parabole et notre relation à Dieu : son
Incarnation est un acte de fratrie. Voici ma mère et mes frères – tendant
la main vers ses disciples – celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux
cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère. Tout à la fois, tous les liens de sang et
d’affection, de vie commune.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire