Nulle prière n’est parfaite, quant à ses
mots, Seigneur, que celle de Votre Fils l’enseignant aux siens dont nous
sommes.
De Votre Mère sainte, Seigneur, nous
n’avons reçu aucune prière, que des mots : qu’il me soit fait selon ta
parole… faites tout ce qu’il vous dira…
De ma naissance à cet instant où je viens
Te redire ce que Tu sais depuis toujours, me veillant, m’attendant,
m’exauçant : la foi que j’ai en Toi puisque si constamment, explicitement
Tu me l’as donnée en même temps que la vie, l’intelligence, la pulsion
amoureuse, la mémoire de ma petite histoire, la pesée si légère et éphémère de
mes succès… et jamais retirée. Tu ne me la maintiendrais plus que je ne vivrai
plus à l’instant. Plus j’ai confiance en Toi, plus je sais et vis
l’établissement de la Foi que Tu m’as ainsi donnée et maintenue, plus je la
sais et la reconnais comme le bien le plus précieux, le plus fécond, le plus
intime, le plus splendide dont Tu me fasses bénéficier. Elle est le langage
commun, le plus juste avec Toi, le plus identifiant avec tous les hommes, les
femmes et tout le vivant de Ta création.
J’ai confiance de cœur, de pauvreté et de
foi – ma richesse grâce à Toi – , que Tu as bien résolu de me sauver, selon ton
psalmiste, que Tu me scrutes et me connais, selon ton palmiste, et que Tu veux
et peux sauver, rassembler, faire s’entr’aimer et s’entre-désirer et estimer
tous les hommes, toutes les femmes, tout le vivant de Ta création, que Tu nous
charges chacun d’évangéliser depuis que Tu nous en as confié la garde et
l’élévation, dès notre porpre apparition à la liberté.
J’ai confiance que chacun des drames,
chacune des morts que j’apprends ou que je subis sont aussi les Tiens, que Tu
pleures avec ceux qui ont foi en Toi et que de cette peine, de ces souffrances,
Tu sais faire du bonheur et de l’accomplissement.
J’ai confiance que ces dilemmes, ces
écartèlements, ces douloureuses obscurités de naguère quand j’ai tant cherché
la meilleure orientation pour Te servir et Te répondre et qu’alors je n’entendais
rien de Toi, ces crimes quand je n’ai pas su délibérer et vouloir accepter sous
Ton regard et selon Ton Esprit Saint le salut et la vie de l’enfant conçu par
plaisir et aveuglement et que nous refusâmes par la fausse lucidité sur notre
faiblesse à tous deux, et donc par oubli de Ta toute-puissante protection que
Tu nous aurais accordée si nous T’en avions prié, ces joies de la chair, ces
émerveillements de l’intelligence, ces émois
de la sympathie et de l’affinité, Tu sauras – et Toi seul le peux ainsi
– en faire le corps ressuscité de mon éternité.
J’ai confiance que ces choix que je dois
opérer pour sauvegarder le meilleur de ce que Tu m’as donné ici-bas, dût le
reste m’être retiré ou se périmer, Tu me les feras discerner, aimer et que Tu
me donneras la force de les réaliser et d’y être fidèle dans la joie parce que
qui m’aime humainement m’en supplie et parce que sous Ton regard et selon Ton
Esprit Saint, j’aurai – grâce à Toi – discerné mon chemin. J’ai confiance que
mon chemin, c’est Toi qui peux me le faire trouver et qui m’octroie la force de
le suivre. Et c’est ainsi Te suivre que Te faire confiance.
J’ai confiance que ceux qui souffrent
meurent à ma connaissance ces heures et jours-ci, que cette nouvelle veuve d’un
mari de fidélite et de valeur, que ce jeune chiot tant aimé et si caressant
qu’on nous a tué sont chacun accueilli en Toi, que ce grand malade vagissant
dans le lit voisin de mon beau-père sera allé droit à Toi tout en laissant à
son voisin peut-être un des premiers pleurs et regrets affectueux de sa vie,
que cette jeune femme de qui se détournent avec constance amours, emplois et
professions sans que soient reconnus ni souhaités ses capacités et le charme de
sa généreuse sincérité va être recueillie par un destin que ni elle ni moi ne
voyons. J’ai confiance que ma fratrie, que nos père et mère se réuniront par
dela générations et indifférences, j’ai confiance que Tu pourvoiras à tout pour
notre fille, des lumières de la foi aux joies du rayonnement et de la fécondité
et que nos arrachements mutuels trouveront en Toi leur sens et leur remède. .
J’ai confiance, Esprit Saint, que Vous
allez m’éclairer à chaque soubresaut de mes doutes et de mes faiblesses, que
Vous établirez et rétablirez les forces qu’à l’improviste Vous m’avez apportées
si souvent.
J’ai confiance, Seigneur Jésus, notre sauveur et notre compagnon de condition
éphémère et limitée, vrai homme et vrai Dieu, que Vous m‘accorderez de ne plus
autant décevoir celles et ceux qui m’attendent et me veulent en bien mieux et
plus conséquent que je ne suis, et que ce sera pour Votre gloire non
dissimulée. Que Vous m’accorderez de mourir selon Votre exemple et sans
amoindrir les miens, mes aimés surtout. Que Vous allez continuer de bénir le
couple humain que Vous nous avez inspiré de former alors qu’elle et moi étions
incapables de vouloir ni de décider. Vous nous avez donné Votre sacrement, Vous
nous avez bénis, Vous nous unissez et réunissez chaque jour par Votre cœur et
par le cœur de notre fille, Votre fille. Communiant à Votre corps sacré des
mains de sa mère.
J’ai confiance, Dieu, mon Créateur, que
Vous voulez la beauté de notre monde-ci autant que notre participation à Votre
vie-même dans l’au-delà, que Vous acceptez ma prière, cette prière, celle des
années, jours et heures antérieurs de mes moments de petite enfance récitant
entre ma mère et mon père, devant mon grand frère vénéré me tenant aux épaules
jusqu’à ces lectures ces années-ci qui commencent ma vieillesse, chaque matin,
nouvellement, crûment.
J’ai confiance, mon Dieu, que Vous m’aimez
et me voulez, et que ce à quoi Vous m’avez laissé m’attacher ou à quoi je
travaille, Vous voudrez bien le bénir, l’achever ou à défaut ne pas le laisser
pâtir de mes limites. Et j’ai confiance que ces causes, ces pays, ces amis auxquels
librement, selon la vie que Vous me faites vivre depuis soixante-dix ans à nos
petits mesures, Vous en discernez la valeur pour l’enrichissement et la
perpétuation de Votre œuvre.
J’ai confiance en Vous, sainte et
exemplaire Trinité, explication et modèle de tout, de la marche du monde et de
l’histoire jusqu’à ma fragile respiration et aux moindres mouvements de l’âme –
unique en Vous – que Vous m’avez choisie. Oui, j’ai confiance en Vous et me
confie à Vous. Pourvu que Vous me conduisiez et que Votre force me soit
toujours accordée, je peux – je crois et espère – pouvoir Vous suivre et
répondre à celles et ceux que Vous me faites rencontrer ou emmener en chemin,
le leur, le mien, le Vôtre.
Amen et qu’ainsi Votre volonté soit faite
sur la terre comme au ciel, en moi et en chacune de Vos œuvres, chacune de Vos
créatures. Ainsi soit-il, au nom du Père que Vous êtes, du Fils éternel qu’est
Votre Fils, et de l’Esprit Saint qui est Vous et qui nous fait vivre.
Chez
nous encore, seul mais en communion avec tant…
et
surtout avec mes aimées endormies à mille kilomètres de là,
dans
la nuit du jeudi 19 au vendredi 20 décembre 2013,
selon
la « pénitence » reçue en la chapelle Sainte
Anne de la Robertsau,
ayant
succédé à notre fille devant le prêtre de Dieu,
avant
la messe du 3ème dimanche de l’Avent, dite Laetare ou Gaudete,
ce
samedi-là 14 décembre
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