Les
chemins de la vie, à vue humaine, les impasses, les croisements, les aveuglements
mais selon l’expérience spirituelle, et plus précisément encore selon le
discernement que par grâce nous recevons, le sens de ce qui s’était préparé, la
force de marcher quelque temps ou longtemps dans cette forme d’incertitude qui est
de ne rien voir, sinon qu’il faut continuer de confiance… c’est ce qu’il m’est
arrivé au bord du précipice, le longeais-je ? ou y allais-je plus ou moins
directement ? toutes les structures, comme celle de ces hangars légers
(aéropostale de naguère, abri à fourrage) que soufflent l’incendie ou la tempête,
j’y étais… et puis ce qui était mon lac (se noyer en soi) et sans que le Christ marchât sur
de telles eaux, s’est apaisé. Les limites m’étaient apparues, rien de mes
astreintes n’avait changé et ne change ni de ce que j’avais à faire, sinon que
je l’ai fait et à temps, puis ce que j’avais à subir et que j’ai subi et qui
fut presque souriant tant tout était irréel… mais j’étais soutenu, et je sais
que je le serai. Des téléphones du soir en contraste complet avec les courriels
affreux du matin m’ont fait tranquillement, non pas oublier ou effacer, mais
ont ajouté autre chose… et c’est cet autre chose qui a pris toute la place de
mon imaginaire et de mon affectivité, c’est la vie de celles que j’aime et qui
me sont confiées, qui sont encore au loin à un fuseau horaire d’ici – remarque
périodiquement notre petite fille – et la nuit pour le sommeil est venue ainsi.
J’ai compris aussi la souffrance d’autrui, telle que…
L’autre
expérience permet d’aller et venir de notre psychologie à l’Ecriture et retour
à nous. L’importance de l’habitat, de la maison… le temple du Seigneur… la tente de la Rencontre… le
royaume des cieux… la maison de Dieu… ces
lieux qui furent miens depuis la naissance dont la chronologie, les plans, les
ameublements, les jeux de la lumière et du soleil, les quartiers autour, la
période de vie, me restent intégralement en mémoire. Importance décisive,
attachements légitimes, détestations tout autant quand rien ne porte à aimer un
habitat ou des lieux et donc à y demeurer. L’enfance et la chambre, l’adulte,
la solitude et la société ce sont les pièces de réception, l’appartement, la
maison en couple, l’arrivée (et un jour) le départ des enfants, de l’enfant.
CHATEAUBRIAND ou moi… ces années-ci, c’est la végétation environnante, les
plantations, les hectares, un parc, celui de la Vallée aux loups, et Versailles
alliant tout, la politique de fixer et subordonner en cour la noblesse
puissante d’autrefois, mais la joie du roi manifestement et sa prédilection
furent les jardins « à la française ». L’Angleterre se promène,
pré-romantique. La France se contemple, perspective, symétrie, logique. On dit
l’esprit français, mais l’âme allemande et le charme slave.
La
dépression d’envahisseuse et d’occupante devient gibier fuyard si nous
l’identifions en tant que telle. Pour le chrétien ou le spirituel, elle est
satanique, elle est l’insinuation de la mort – on dit bien : la mort dans
l’âme – c’est juste, mais quand on l’a vécu en l’expulsant ainsi par
identification (le Christ et l’expulsion des démons, leur crainte aussi d’être
reconnus en tant que tels, leur reconnaissance et leur identification de qui
les chasse, ds médecines antiques ou aujourd’hui dites « primitives »
qui donne à la maladie cause et remède : le spirituel), quelle force et
quelle préparation pour avoir raison des rechutes. La psychologie de la foi
rejoint le spirituel du morbide, et le retourne, le rend même utile.
Prier…
l’univers, le pays, mes aimées, les co-parcourants de ces matins avec les
textes proposés par l’Eglise : choix dont les itinéraires ne sont pas
connus ou dits pour les non spécialistes. Histoire du dogme, histoire des
liturgies, histoire des choix de textes… le bâti en haute couture. Le péché d’Eve,
sans doute la curiosité (il en resté, selon mon expérience, à toutes les femmes
quoique pour la première fois seulement, c’est peut-être le propre du masculin
que d’avoir au contraire la curiosité de la durée et donc des successivités, du
pluriel et non de l’unique, du répété et non du soudain) mais surtout de la
prédation, du savoir par soi-même, l’arbre de la connaissance, le discernement
que nous n’avons jamais par nous-mêmes … Quant à vous, Celui qui est saint vous a consacrés par l’onction, et
ainsi vous avez tous la
connaissance. Je ne vous dis pas que vous ignorez la vérité,
mais je vous dis « Vous la
connaissez », et la vérité ne produit aucun mensonge. Texte cependant difficile : nous savons ainsi que nous sommes
à la dernière heure. [1] Celle de la fin du monde, celle de notre
mort à chacun ? je préfère lire : la dernière heure avant le
commencement, et ce que nous redoutons comme événements finaux est en fait
commencement mais dans un monde et selon des paramètres tout changés. Seule, la
vie (éternelle) demeure et la grâce et la vérité sont venues par Jésus
Christ. Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le
sein du Père, c’est lui qui conduit à le connaître. … en lui était la vie… Cette moniale qui avait appris par cœur le
prologue et le récitait tous les jours pour s’en trouver mieux.. ce prêtre très
ami, qui a marié deux de mes frères, au temps où se lisait à la fin de la
messe, obligatoirement, ce prologue : il arrêtait sa lecture si l’un des « fidèles »
commençait de faire ses paquets et de quitter l’église, et parfois même se
retournait (le temps, pas forcément négatif, où la messe « se »
disait dos au peuple parce que précisément le célébrant ouvrait la marche, en tête…).
Vérité, connaissance ? quoi donc ? Il est venu chez les siens… il
leur a donné de pouvoir de devenir enfants de Dieu… et le Verbe s’est fait
chair, et Il a habité parmi nous… ils ne sont pas nés de la chair et du sang ,
ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de
Dieu. Le gage nous en étant donnés par l’Incarnation,
la réciproque de notre vocation d’enfants de Dieu. Prier donc.
[1] - 1ère lettre de Jean II 18 à 21 ; psaume XCVI ;
prologue de l’évangile selon saint Jean I 1 à 18
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