Reniac, soir
du dimanche 23 Novembre 2014,
en la fête du
Christ-Roi
Objet :
« la brebis, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui
est blessée, je la chercherai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces.
Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître avec
justice ».
Réf.
neuvaine pour la France
Eminence, mon Père,
vous
êtes un personnage d’exception pour l’Eglise de France et dans notre vie
nationale, le plus jeune évêque à votre ordination, la relation avec l’Islam
(le Mérite qui vous est donné par son responsable lyonnais, votre livre) et
avec le judaïsme (votre livre avec Bernheim), votre voyage en épiscopat à
plusieurs de vos Frères, que vous organisez en Irak chrétien et persécuté… et
certainement j’en oublie. Enfin votre action en politique, vos réactions depuis
Septembre 2012 aux différentes initiatives du quinquennat en cours et
auparavant vos propositions de discernement pour l’élection présidentielle.
Qu’est-ce qu’être responsable ? c’est certainement au sens littéral
répondre devant autre que soi de ce que l’on fait, dit, recommande. Prendre ses
responsabilités, c’est encourir la sanction aussi bien que recevoir
l’adoubement de l’Histoire. Acceptions évidemment très loin de celles des
politiques pour qui prendre leurs responsabilités, c’est décider seul et
exclusivement, sans être ensuite questions ni en bilan ni en conséquences d’une
action ou d’une inaction.
Quand
ma femme et moi avons été reçus par vous en Juillet 2004, place de Fourvière,
nous avons été sensibles plus directement, à votre accueil bien sûr, toute une
soirée, mais aussi à cette combinaison si vécue et contagieuse du temporel et
du spirituel, en exécution d’ailleurs du droit canon, concernant votre mission
de pasteur et aussi de responsable des affaires matérielles et financières du
diocèse. Nous étions en effet venus vous entretenir des possibilités offertes
par notre fonds de gestion de portefeuilles éthique et solidaire. Vous nous
avez impressionnés par votre écoute, votre organisation mentale, des qualités
de chef évidentes.
C’est
dire que je vois en vous un homme de référence aussi bien pour nos dirigeants
politiques et économiques, que pour les chrétiens de France, et par delà, pour
toute la catholicité. Et je reçois la proposition de neuvaine pour la France, en relation avec
vous.
L’énoncé
de votre initiative et le développement de la première méditation – celle que
vous donnez personnellement – donne la sensation de nous inscrire dans une
démarche d’un siècle et demi déjà : Dieu sauveur de la France, Notre Dame
apparaissant à Pontmain ou dans l’île Bouchard pour conjurer ou atténuer des catastrophes
politiques. La manif.pour tous dont vous avez été l’une des principales
cautions catholiques, ne contrevenait ni à la liberté constitutionnelle et
fondamentale d’expression publique collective, ni à l’ordre public mais elle a
développé une ambiance de haine et de confrontation, qui n’a d’ailleurs pas
empêché le texte d’être voté, et qui a certainement manqué un des objectifs de
plus en plus explicites : la formation d’un mouvement politique pérenne
rejoignant l’extrême-droite.
La
responsabilité que vous prenez par cette nouvelle initiative est pour le moment
plus potentielle qu’avérée. Le risque est d’une accentuation dans notre Eglise
en France de très fortes tendances à ce que – pour écrire schématiquement –
l’on appelle l’intégrisme. Celles et ceux qui véhiculent la neuvaine pour la France ne sont contagieux
qu’entre eux et donnent la paradoxale sensation d’être de ces contemporains et
même des disciples du Christ, obsédés par la restauration d’Israël et de la
royauté de David. Nullement prophétiques, mais finalement terre-à-terre. De
même que serait encouragée et renforcée ce penchant à simplifier la vie
spirituelle en exercices, rites et dévotions, une sorte d’échangisme avec Dieu,
être exaucé en échange d’efforts et de sacrifices. Pour nous, d’ailleurs, assez
minimes. Je commence la neuvaine pour ce qui est du chapelet, mais à votre
suite je réfléchis plus encore au quoi faire pour aider notre pays, nos
concitoyens, nos dirigeants, et par la France-même, contribuer à du mieux dans le monde.
Je
ne veux pas vous lasser en vous disant ce que je fais et ce que je propose en
politique, partout où cela peut avoir quelque incidence. A vous, et à vos
éminents frères de France, lors du dernier conclave, j’avais d’ailleurs
couriellé ce que je crois les urgences de l’Eglise, au moins chez nous. Car
s’il y a des mentalités politiques et économiques à changer en profondeur, il y
a certainement la réforme de notre Eglise chez nous : en organisation et
en esprit, en véritable fraternité, à opérer dans l’organisation, les statuts,
la formation, la place du clergé. C’est même ce dernier point pour lequel
discernement et prière sont les plus urgents, car une Eglise rénovée en France
et en pleine bataille économique et sociale, actrice et pas seulement conseillère
de quelques élites lui servant de truchement, sera certainement un repère pour
les Français, et donc pour nos élus politiques, les chefs de nos
entreprises.
Concrètement,
il me semble que vous devez particulièrement veiller au choix de celles et ceux
qui proposeront la méditation hebdomadaire jusqu’à notre aboutissement d’Août
prochain. Et à ce qu’aucun ne soit marqué politiquement ni
médiatiquement : le prophète, appelé de derrière le troupeau, sans
référence ni suite. Cela existe chez les laïcs comme chez les clercs. Il semble
aussi que notre neuvaine peut être non seulement une présence mutuelle et en
nombre à Dieu, mais une présence à toutes celles et ceux qui prient dans le
monde pour que celui-ci réponde mieux à l’intuition mise en nous par l’Esprit,
que ce monde meilleur préparant le monde des temps nouveaux, est possible. Pas
par la force, pas par la condamnation de l’actuel, pas par la dogmatique ou la
loi contre la loi, mais par la douceur, l’empathie.
Pour
le moment, les commentaires suivant la communication des deux premières
méditations montrent deux familles d’âmes très différentes : les
ritualistes et référencés à la manière d’une histoire de la dévotion et du
merveilleux dans notre Eglise en France (et associée… ce jeune prêtre indochinois
Van martyrisé en 1950), d’une part, et de l’autre, des convaincus de l’humilité
et de ce que l’efficacité n’a rien de forcené. Il se peut d’ailleurs que dans
le cours de notre neuvaine – fruit simple de l’oraison et de l’attention – les
commentaires passent nettement les méditations elles-mêmes. Surtout si
celles-ci tombaient dans la pédagogie ou même l’embrigadement, alors qu’il
s’agit bien de partager et d’offrir pour notre temps, d’écouter Notre Seigneur
et chacun de nos frères et sœurs en Lui. La neuvaine, mobilisation selon les
objurgations de ces dernières années ? ou communion pour le discernement
de nouveaux chemins ?
Ainsi,
en commentaire 17 novembre à 19 heures 26 de votre
méditation, mise en ligne le 14 écoulé
Mais je pense Éminence qu’il faudrait prier pour
le monde, la guerre, la misère, il faut prier pour cela pour la paix dans le
monde, je suis Malgache et je sais que vous étiez des années à Madagascar en
tant que Directeur du séminaire à Fianarantsoa vous devez connaitre ce qu’ils
vivent dans ces pays à savoir la misère et la guerre
je suis entièrement convaincu qu’il faut prier pour sa patrie mais pour le contexte actuel des choses je pense qu’il faut se tourner au monde!! je suis qu’un humble et pauvre amoureux du Christ et de Marie
Bien à vous Eminence
je suis entièrement convaincu qu’il faut prier pour sa patrie mais pour le contexte actuel des choses je pense qu’il faut se tourner au monde!! je suis qu’un humble et pauvre amoureux du Christ et de Marie
Bien à vous Eminence
ou
en commentaire 16 de la méditation de l’Abbé Pierre-Hervé Grosjean, mise en
ligne le 21
Les hommes sont les hommes pas meilleurs ni pires
, selon les époques ou les lieux .
Les politiques ne sont pas en eux-même tous pourris , mais le système actuel l’est ( avec ses nombreux avantages que tous ceux qui en profitent considèrent très vite comme « normal » ) . Faut’il donc vraiment entrer en politique pour mettre un doigt dans un engrenage mortel qui nous entraînera , malgré nous et à coup sûr , là où nous ne souhaitons pas aller ? Prions donc pour que les hommes politiques agissent au mieux mais ne jouons pas avec le feu . D’autres moyens existent qui consistent à vivre simplement , chrétiennement , sans grande ambition ici bas , sinon de montrer qu’il est possible de vivre « autrement » . A la grâce de DIEU
Les politiques ne sont pas en eux-même tous pourris , mais le système actuel l’est ( avec ses nombreux avantages que tous ceux qui en profitent considèrent très vite comme « normal » ) . Faut’il donc vraiment entrer en politique pour mettre un doigt dans un engrenage mortel qui nous entraînera , malgré nous et à coup sûr , là où nous ne souhaitons pas aller ? Prions donc pour que les hommes politiques agissent au mieux mais ne jouons pas avec le feu . D’autres moyens existent qui consistent à vivre simplement , chrétiennement , sans grande ambition ici bas , sinon de montrer qu’il est possible de vivre « autrement » . A la grâce de DIEU
Enfin,
d’un ami, diplomate important, accomplissant ses missions avec discernement,
loyauté et conscience, destinataire avec d’autres d’une lecture de la liturgie,
chaque matin, à laquelle j’ai ajouté les deux premières méditations de notre
neuvaine, j’ai reçu :
Je
dois effectivement vous avouer avoir vu l’Abbé Grosjean dispenser (notamment
sur Twitter) un enseignement intolérant, vindicatif, incivique (car contestant
les lois de notre République), bien loin, me semble-t-il, du votre et du Pape
François, lors des manifestations du Mariage pour Tous. J’espère donc
sincèrement que cette neuvaine lui apportera l’apaisement spirituel et peut
être la sérénité nécessaire pour ne pas continuer à sombrer dans le show
médiatique…
Votre
initiative est donc aussi riche que risquée. Les risques viennent en partie de
vous, mais vous êtes en situation d’autorité et de discernement pour les
pallier. La richesse va venir de la prière de toutes celles et ceux qui
commencent de vivre cette neuvaine pour la France. Qu’elle soit
contagieuse et reconnaissante ! Il peut en advenir une réflexion sur
l’engagement politique et sur une poursuite audacieuse du magistère économique
et social, le premier en plan depuis l’audacieuse proposition de vos
prédécesseurs dans l’épiscopat en 1972, et la seconde bloquée par une
indulgence trop explicite envers le libéralisme au motif d’une liberté qui
aurait triomphé de la contrainte communiste. Or, cette liberté ne fut qu’humaine
et politique, elle n’était pas le souhait de démanteler les outils du bien
commun, dont le principal est un Etat participatif et la synthèse reste donc à
écrire, en connaissance des faits, des méfaits et des outils apparus depuis
vingt ans.
Les
accompagnements législatifs de nos prises de conscience et de situations
emblématiques pour ce qui est de l’existence humaine – concrètement,
immédiatement – au-delà ou en deçà d’une définition dogmatique de la vie, dont
le Christ nous promettant la vie éternelle, n’a donné de définition que
Lui-même : je suis la vie, la
vérité, la voie, vont de plus en plus
poser question. Bien plus et mieux que moi, vous le savez et le vivez. L’exemple
de la sérénité, celui aussi de la compassion qui ne peut être du
« providentialisme » doit venir de nous. En tout cas, nous ne pouvons
y contrevenir. En communauté nationale française, nous allons vers le
traitement de ces questions et de ces drames, de même que nous allons vers
l’évidence de notre impasse en politique traditionnelle. La comédie de l’espoir
ne peut plus se jouer tous les cinq ans avec à la clé quatre ans et demi
d’échecs gouvernementaux et de déception populaire. C’est bien la forte et
juste intuition qui fait naître – entre autres initiatives ou projets – la
proposition de neuvaine, que vous portez.
Notre
pays ne sait plus secréter ni retenir ses élites, il ne sait plus choisir ses
dirigeants, la coupure entre ceux-ci – dans l’Etat, dans l’entreprise – et les
« dirigés » est telle que l’inertie est générale : tolérance qui
est le pire contraire du civisme, peur de la vérité et de l’audace qui sera
celle du sens commun. Notre patrimoine matériel et mental est vendu à l’encan. Il
y a des tête-à-tête qui ne peuvent plus se différer : l’homme et ses cas
de conscience, le pays et sa déshérence. Les remèdes existent, pas énoncés par
ceux qui ont le privilège de la voix publique. Ils sont cas par cas connus par
nos médecins et nos scientifiques. A nous d’instiller dans ces deux domaines
décisifs de l’existence personnelle et de l’existence collective, le même
mouvement nous plaçant face à Dieu, face à l’Histoire. Sans raideur ni
tremblement. En liberté, finalement heureuse, parce que de foi, d’espérance, de
charité.
Profondément, j’y crois, moi qui humblement me
reçois chaque jour comme chrétien de naissance (il y a plus de soixante-et-onze
ans), d’éducation, d’expérience, jamais grâce à Dieu visité par le doute de
foi, chrétien recevant chaque jour la visitation d’un autre ou de plusieurs
autres me faisant voir que chacun est habité par notre Seigneur, même si la
conscience ou l’explicite ne sont pas de mêmes mots ou attitudes que les
nôtres.
Notre
prière est donc plus que salubre. Elle n’est pas attente d’une révolution
intégriste – dont nous faisons tant le reproche à l’Islam d’en avoir été le
milieu ambiant – elle est confiance en l’homme, habité par l’Esprit, appelé par
le Fils, aimé du Père. Nous avons la grâce d’y être invités. Vous y contribuez,
c’est certain, et peut-être acceptez-vous l’expression de mes mises en garde.
Il y a beaucoup de muets dans l’Eglise de France, à commencer par le clergé et
même vos Frères dans l’épiscopat qui ont, je crois, ces craintes et mises en
garde à vous dire. Je vous les écris comme je le peux. Il y eut en France le
débat – de gauche ? – sur les prêtres ouvriers, trop bref et vite biaisé
parce qu’interdit. Il y a depuis des décennies mais occupant depuis deux-trois
ans tout l’espace médiatique s’il peut y en avoir un en Eglise, le débat – de
droite ? – sur le rite, le dogme et toutes sortes de sujets intouchables
dont nous ne savons répondre qu’en crispation. Puisse notre prière à tous
dépasser ces clivages et nous ouvrir à la Pentecôte, de Noël bientôt et l’Assomption dans
moins de neuf mois.
Naturellement,
si vous souhaitez que nous nous rencontrions à nouveau, je viens à vous./.
En communion de prière et neuvaine avec vous, Eminence, mon Père, et en très déférente fraternité.
à Son Eminence, le cardinal Philippe BARBARIN,
archevêque de
Lyon, primat des Gaules
1 place de Fourvière - 69321 Lyon Cedex 05 tél. 04 72 38 80 95
N B Je vous redonne ci-joint ce que je
vous avais couriellé à l’ouverture du dernier conclave.
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Original Message -----
Sent: Monday, March 11, 2013 8:07 AM
Subject: pour le conclave, des voeux de
l'Eglise de France - en prière, en confiance, en perspective
Eminences, chers Pères,
je m'adresse à vous ensemble puisque vous allez être l'Eglise de
France au conclave.
J'ai eu l'honneur de rencontrer l'un et l'autre de vous, mais
dans des circonstances très différentes Vous, cher Père Vingt-Trois, dans
l'espace d'attente, à la
Villa Manrèse des Pères Jésuites (Clamart) quand nous
entretenions successivement avcec le regreté Jean Laplace : vous étiez évêque
auxiliaire de Paris. Et avec vous, cher Père Barbarin, ma femme et moi nous
sommes entretenus des possibilités d'une gestion éthique et solidaire
d'éventuelles disponibilités de votre diocèse à placer. J'ai mieux connu
certains de vos prédécesseurs respectifs et ne demande qu'à vous revoir, selon
vos convenances, pour contribuer, modestement, aux commencements du prochain
pontificat tel que vous l'aurez décidé avec vos Frères éminents. Je courielle
aussi aux cardinaux Ricard et Tauran, dans le même sens qu'à vous, mais sans
les avoir jamais rencontrés.
Et je vous ai de temps à autre adressé, comme à quelques-uns de
vos Frères dans l'épiscopat de France, des notes sur l'Eglise ou sur la
situation de notre cher pays.
Celle qui est jointe m'est venue à l'esprit et au coeur dès la
renonciation de Benoît XVI. En effet, je l'ai ressentie - certes ainsi que
tout le monde, chrétien ou inceyant, modeste ou grand en ce monde-ci comme un
acte de courage et de lucidité personnels rare et exemplaire - mais surtout
comme un appel à une réflexion en profondeur quoique très pratique sur la vie,
l'organisation, les fins et moyens de l'Eglise en ce temps-ci et par rapport au
monde tel qu'il est, et spécialement sur le gouvernement "suprême" de
l'Eglise, et par contagion ou analogie, sur le gouvernement de chaque diocèse,
de chaque paroisse, communauté, congrégation, mouvement. Hoc si quod dicitur...
authenticité et l'imagination libérante dont les Pères de l'Eglise, nous
établissant dans la foi, ont fait montre à l'émerveillement de chacune des
générations qui les ont suivis.
Il n'est pas sûr que la "culture du chef" qui - à
l'instar des partis de droite en France instrumentant souvent les prises de
position de l'Eglise, vg. 1984 pour l'école ou depuis la campaagne
présidentielle de 2012 comprise jusqu'à ces prochains mois - ait incité chacun
de nous à cette réflexion, au point que le conclave en soit porté à s'inspirer.
Bien plus que l'élection d'une personne - qui pourrait, je crois, n'être pas l'un
de vous tous, membres du Sacré Collège, mais un "simple" évêque ou
prêtre, cf. Ambroise de Milan, arrivé dans la matinée préfet païen de
Théodose, je crois, et archevêque baptisé, ordonné, consacré avant la
nuit... - il doit y avoir un diagnostic.
J'ai ressenti cet appel de Benoît XVI et ce dernier -
bouleversant la relation du monde avec lui et la faisant communion - a été
aussi pressant que possible, ne pouvant être explicite que par son seul
acte.
Vous savez mes sentiments filiaux et déférents, et je vous prie
de croire en mon dévouement et ma totale confiance envers notre Sainte
Mère l'Eglise.
note à la haute attention de Leurs Eminences,
Messieurs les Cardinaux conclavistes français
Ces observations
et réflexions – personnelles – sont celles d’un catholique français pratiquant
(70 ans dans un mois), ayant vécu enfance et adolescence à Paris, séjourné à
l’étranger une vingtaine d’années, et résidant maintenant sur la côte sud de la Bretagne. Ancien
élève des Jésuites (Saint-Louis de Gonzague), familier des abbayes bénédictines
de Solesmes et de Kergonan, disciple de Jean Laplace qui lui donna à plusieurs
reprises les Exercices spirituels, marié et béni d’une fille de huit ans,
reçu tête-à-tête par le pape
Jean Paul II en Février 1995 pour évaluer l’avenir catholique
possible dans l’Asie anciennement soviétique où François Mitterrand et Pierre Bérégovoy
l’avaient choisi pour ambassadeur, proche de l’Abbé Pierre quand ce dernier se
débattit dans « l’affaire Garaudy », proche aussi du cardinal Koenig
à partir de 1989, marqué enfin depuis ses vingt ans par l’Islam saharien et la
vie de l’Eglise en Afrique de l’Ouest.
Elles n’engagent
que lui-même si elles bénéficient du dialogue avec des amis prêtres en
paroisse, quelques évêques en diocèses et d’une fraternité brûlante dans le
discernement, l’aboutissement ou l’échec apparent de vocations religieuses avec
deux Jésuites et un Franciscain : deux sur trois de ses amis d’enfance,
aujourd’hui décédés, tous trois « réduits à l’état laïc ».
Elles sont
présentées sans développement ni prétention de style, uniquement comme des
éléments d’une pensée, d’une espérance et d’une prière : ferveur et
fidélité.
I – Constats
La renonciation du pape Benoît XVI est un
acte personnel, certes, ne regardant devant Dieu que lui seul, mais elle doit
être entendue comme un appel aussi à la réflexion sur la situation actuelle de
l’Eglise, sur les conditions pratiques de son gouvernement et le vœu que le
conclave. Elle a déterminé, comme jamais pendant le pontificat, une intensité
de communion des fidèles comme de toute personne de bonne volonté dans le monde
actuel avec une personnalité et une âme d’exception. En sorte que le conclave,
malgré les apparences du rite, n’est pas à huis clos, qu’il va délibérer sous
le regard et dans la méditation du prédécesseur, qu’il va décider devant un
monde mentalement et spirituellement participant.
Mis à part deux crises du
pontificat : la réconciliation avec les évêques et prêtres
« traditionnalistes » et les remugles déterminés par la mise au jour
de pratiques pédophiles tolérées dans le clergé, chacune portant au front le
Pape lui-même, cette participation des catholiques au gouvernement de l’Eglise
– au moins mentalement – est nouvelle. Elle n’est pas organisée. Les sessions
du synode des évêques, notamment le plus récent consacré à la
ré-évangélisation, n’ont pas encore eu d’écho dans les paroisses, et très peu
dans la presse et les médias même catholiques. La « culture du chef »
continue souvent de commander les comportements des fidèles, le clergé en est
parfois, mais pas généralement, embarrassé et les évêques se partagent entre
les grands modèles de paternité et de militance que furent, pour la France,
Salièges, Chapoulie, Riobé, Marty (la liste n’est qu’une suggestion) et une
pratique répondant plus à l’atavisme de leurs ouailles. Organiser et faire
vivre en permanence la participation des fidèles aux orientations et aux
décisions de l’Eglise, à son échelon central, comme dans ses structures
décentralisées en diocèse ou en communauté religieuse n’est pas assimilable à
l’habituelle pétition de communion spirituelle ou du « memento des
vivants ».
La crise de l’Eglise est diversement
diagnostiquée. Statistiques des participants aux liturgies ou aux
manifestations publiques, statistiques des vocations et courbe démographique du
clergé, lectorat et audimat des médias,
des éditions et de la presse catholique : ces éléments son
contrastés en France et il est couramment observé que depuis un demi-siècle le
centre de gravité démographique de l’Eglise n’est plus en Europe. La culture
ambiante des autres parties du monde reste dominée – dans l’Eglise – par le
cœur latin et romain, ce qu’en Afrique on reçoit comme un signe de confiance de
la part d’une métropole religeuse mais en Amérique latine et en Asie comme un
dépaysement et un manque de réciprocité en la périphérie et le centre. En
France – malgré la chalandise spectaculaire des manifestations de rue contre le
projet de loi Taubira – la culture publique n’est plus chrétienne. Enfin, les
expressions de la foi et les pratiques religieuses ne sont pas aussi informées
que la prolifération des médias et la diversification extrême des
« offres » de l’Eglise en mouvements, sessions, familles d’esprit,
pélerinages l’aurait fait attendre. La recherche théologique et scripturaire,
si ardente et féconde pendant les trois premiers quarts du XXème siècle, paraît
bien moindre aujourd’hui.
Paradoxalement, le concile Vatican II,
salué unanimement – le prix Lénine décerné à Jean XXIII – comme un acte
collégial décisif de reprise du dialogue entre l’Eglise et le monde, entre les
catholiques et les autres religions ou grandes morales a coincidé avec le
déclin – en France – de la pratique religieuse et de la participation
liturgique, avec un découplage des vies amoureuses, conjugales, sociales par
rapport à la foi : loin de déterminer un renouveau ou un nouvel élan, il a
chronologiquement marqué une rupture du monde et des sociétés – au moins dans
le modèle français – avec
l’Eglise : un décrochage. Cela s’est fait en très peu d’années, à
la fin donc des années 60 et au tout début des années 70, tandis d’ailleurs que
les « événements de Mai » enregistraient beaucoup de départs dans le
clergé, les « réduits à l’état laïc » demeurant gens de rayonnement
et de foi, sans être vraiment reconnus comme tels par les hiérarchies. Si des
mouvements de grande présence et véhémence médiatiques défendent depuis Humanae vitae le magistère bio-éthique
de l’Eglise (en oubliant malheureusement Casti
connubii, c’est-à-dire le cœur conjugal d’une position qui ne devrait pas
être en défense mais en propagation et en exemple), la société française se
caractérise aujourd’hui par la domination sociologique des familles
« recomposées » et par une psychologie répudiant le caractère
sacramentel ou même simplement juridique du mariage. L’enseignement moral des
papes depuis Paul VI – Jean Paul II compris – ne bénéficie pas, et de très
loin… de l’accueil ni du prestige réservés à leur participation aux relations
internationales et à la vie des médias (auquel Jean Paul II consacra la
dernière de ses lettres apostoliques). Cette participation et la qualité de la
diplomatie vaticane, des médias romains n’ont pas produit une conceptualisation
d’un message et d’une exigence de l’Eglise pour la vie internationale :
l’effet de l’élection du « pape polonais », les intermédiations
spectaculaires dans la crise irakienne ou pour le dégel cubain avec Jean Paul
II ont porté l’attention davantage sur les personnes, le Souverain Pontife
d’alors, le cardinal Etchegaray pour ses missions au Proche-Orient, que sur le
rôle temporel d’une institution spirituelle, modèle d’avenir ou
survivance ? tandis que la planète cherche sa gouvernance mondiale,
qu’elle a et subit déjà de fait, et surtout la forme de sa démocratie pour
laquelle tout est à inventer.
Le contraste est total entre la précision
des exhortations morales et bio-éthiques et le flou, voire l’archaïsme de
l’enseignement sur la politique, l’économie et la société. L’Eglise, dans
un grand nombre de ses clercs et de ses laïcs et par beaucoup de mouvements et
d’associations ad hoc, est présente aux pauvres, aux sans-abris en France et
aux « pays en voie de développement », au « quart-monde »
mais elle n’a pas du tout la figure révolutionnaire vis-à-vis de l’ordre établi
qu’eut la subversion chrétienne jusqu’à Constantin. Elle n’est plus bâtisseuse
de société ni d’institutions publiques et parapubliques. Elle s’est repliée
dans un ordre liturgique, spirituelle, dans une magistrature d’influence sur
ses fidèles encartés ou dans une capacité de faire pression sur certains sujets
et à certains moments, mais très ponctuels. Malgré des efforts de rédaction
assez neufs et de perspicacité techniques des encycliques sociales et
économiques de Benoit XVI moins tolérantes pour le libéralisme que celles de
Jean Paul II, né il est est vrai sous la pression d’un socialisme uniquement
soviétique, donc totalitaire) – elle n’a pas su indiquer les voies de révoltes
et de participation constructive des salariés et des consommateurs face aux
délocalisations, aux dilapidations et à la ruine des patrimoines industriels et
technologiques, notamment en France, elle n’a pas su aller au bout de son
exigence de respect de la personne humaine et de la dignité du travail,
préalable à toute légitimation du libéralisme. Cette timidité n’est pas
nouvelle. La réprobation, malgré la forte caution du cardinal Liénart, des
prêtres-ouvriers (qui pouvaient être l’un des génies et apports de l’Eglise de
France à la chrétienté entière) en témoigne. Et il y a peu, l’isolement dans
l’épiscopat, puis à Rome-même des deux évêques qui, en France, condamnèrent la
manière dont l’autorité politique et administrative traitait les gens du voyage
et stigmatisait un peuple nié dans sa nationalité par l’ensemble des
Etats-membres de l’Union européenne : seul l’archevêque de Toulouse leur
fit écho, et à Lourdes. Et il y avait eu l’engouement pour Vichy, dénoncé
seulement par l’Eglise réformée et par le cardinal Salièges. Rerum novarum, en même temps que le
« ralliement à la République », l’apparition du catholicisme social,
le « sillonisme » avant la Grande Guerre, la démocratie chrétienne après la Seconde Guerre
mondiale et le « réarmement moral » voire les débuts de l’entreprise
européenne avec les grandes figures gouvernementales de trois catholiques
affichés : Adenauer, Schuman et Gasperi (ayant aussi en commun la langue
allemande comme idiome maternel…) avaient constitué un corpus et une pratique
dont l’Eglise était la matrice, qui, aux architectes en recherche pour
organiser et faire fonctionner cette Europe, put proposer la souplesse
fédérative de l’institution monastique bénédictine : le discours de Paul
VI au Mont-Cassin. Elle en a rétrospectivement une telle conscience que le
dernier empereur d’Autriche-Hongrie ou le roi des Belges sans postérité directe
seront probablement proposés à la vénération des fidèles, au-delà de leur
nationalité-même.
Quittée par beaucoup d’anciens autant que
de jeunes, pour la vie personnelle qu’elle a encadrée sans la nourrir du primat
tant psychologique qu’ontologique de la vie intérieure, l’Eglise n’a pas
compensé par une proposition dialectique
de transformation de la société, de l’économie, de la politique. Le
registre intime et le domaine public – pour beaucoup de catholiques, de
chrétiens de naissance – ne sont plus à vivre selon elle et en son sein. C’est
une non-correspondance, la demande s’est éteinte parce qu’elle n’était ni
suscitée ni accueillie.
Or, Vatican II était et reste un trésor.
Or, l’Eglise est immensément riche d’une ressource humaine dévouée, compétente,
désintéressée financièrement et socialement. Elle est riche d’une profusion de
savoirs, d’héritages qui ne sont pas que de son ordre. Elle n’est plus
questionnée pour cela. Sans doute, bien des « métiers » qu’elle
exerça en pionnière ou en exclusivité – vg. l’hospitalier et le caritatif
jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, l’enseignement et notamment celui des filles
au XIXème siècle, la direction spirituelle précurseur des psychothérapeutes,
sophrologues et conseillers conjugaux – l’ont quittée. Elle avait le talent de
bien des activités quotidiennes de l’homme, remplissait des fonctions
quasi-régaliennes (vg. celles de l’état-civil) et satisfaisait des besoins sans
discrimination confessionnelles. Elle y ajoutait son secret propre : le
sens de la vie, la dialectique du salut et de l’accomplissement. Elle était
souvent en situation d’exclusivité pour cette insertion pratique dans les vies
de chacun et de la cité ou des milieux ruraux et exerçait une certaine
souveraineté. Les choix d’affectation de ses ressources ou de ses traditions
étaient appelés, elle n’avait pas à se proposer. Or, ni son concile-phare, ni
ses ressources humaines, ni sa profusion de propositions en formation, en
communion, en construction du personnel et du collectif n’ont été valorisés ni
poussés à fond depuis cinquante ans. Beaucoup des décrets et des décisions
pratiques qu’appelaient les grands exposés et réorientations conciliaires n’ont
pas été pris. Ce qui a été une fantastique actualisation ecclésiale est resté
en l’état. Ce qui était élan est devenu souvenir, pas même mémoire. La mise à
jour, parce qu’interrompue et pas approfondie, date.
L’Eglise n’est donc plus en tête et même
beaucoup d’âmes en quête de perfection ou de recettes d’intériorité quotidienne
ne vont plus à elle. Elle tend à n’être plus vue que selon ses institutions, sa
parole est tronquée – soit qu’elle paraisse trop majestueuse et composée, celle
des souverains pontifes sans d’ailleurs que les critiques aillent
personnellement et sereinement au texte – et d’une vision de l’intérieur, le
monde est passé à une évaluation par le dehors. Elle a été expropriée de son
propre modèle. L’athéisme ou les pertes de la foi ne sont pas nouveaux mais la
distance entre le grand nombre de baptisés de naissance et l’Eglise
d’aujourd’hui tient en partie – non à une conception de Dieu de la part de ces
nouveaux incroyants – mais à elle, institution dont le sens, la mission, la
vérité ne sont plus évidents que pour quelques fidèles, du moins en France et
sans doute en Europe. Au moment même où le dérèglement de l’économie – aux deux
sens de la dérèglementation et du dysfonctionnement – rend vulnérable,
demandeur de salut et d’explication la société de la plupart des pays qui
colonisèrent la moitié du monde et inventèrent le droit et les grands concepts
d’organisation de la société, faisant encore référence.
Remarquer cela induit en tentation :
l’Eglise est en crise ni plus ni moins que la plupart des institutions humaines
collectives, les autorités morales et leur vecteur habituel qui était
l’écriture romanesque ou politique n’existent plus, la vénalité et la
corruption mentale des dirigeants de tous ordres fait ressortir que de telles
tares ne se rencontrent tout de même dans le fonctionnement pratique de la catholicité. L’autre
tentation a plus de fondement et elle est intérieure à l’Eglise : la
Providence pourvoira aux hémorragies statistiques de fidèles et de cadres, ou
bien c’est le monde qui a tort dans son éloignement, Dieu appelle autant à la
vie consacrée qu’autrefois mais les générations nouvelles ne savent plus ni
l’engagement ni l’obéissance et l’orgueil est partout. Une troisième attitude
est plus complexe : elle consiste à observer que la société, au moins en
Europe et en France, fut longtemps de contrainte religieuse, sinon
théocratique. La fréquentation des églises, mais pas la vie sacramentelle qui
restait élitiste et soumise à autorisation, une dogmatique de rétribution et
des présentations manichéennes, pas seulement aux portails anciens des
cathédrales, faisaient des habitués nombreux et un conformisme où le social
englobait le religieux. « Le petit reste » serait donc
qualitativement très supérieur à ce qui n’était que nombre, foule, routine. Le
découplage s’est fait progressivement, il était antérieur au concile et c’est
pour s’affirmer et se définir elle-même, en transcendance, en mission et en
fidélité que l’Eglise s’est donnée à fond à l’exercice concilaire, mais
adolescente dans ce genre d’exercice, elle n’a pas persévéré. La vue des cîmes,
leur repérage n’a pas vraiment produit l’escalade ni indivuelle ni collective.
Les nouveaux mouvements, les « communautés nouvelles », les
formations charismatiques ne sont pas – à mon sens – issues du concile mais de
la tentation radicale et littérale d’une application des évangiles, un peu
comme l’imitation de Jésus-Christ, étape à peu près illisible de l’itinéraire
de Charles de Foucauld. Le jansénisme, le dolorisme avaient eu cette approche,
aussi orgueilleuse que secrètement angoissée. Les cathares encore plus loin
dans le passé et pourquoi pas les pharisiens, contemporains du Christ : la
perfection achète le paradis. L’échelon central sinon suprême, de l’Eglise est
plus sensible, sinon expressément favorable, que les hiérarchies locales et
épiscopales à ces engouements et à ce prosélytisme pentecôtiste. Ils ont leur impact,
la chaleur d’une communauté, des prises en charge pluridisciplinaires, une
grande cohérence abolissant la césure entre le profane et le religieux, taisant
les individualismes et installant en réalité de hautes murailles vis-à-vis de
l’extérieur, pratiquant une langue d’enthousiasme incompréhensible pour le
passant.
L‘avenir formel de l’Eglise est autre.
II – Suggestions
Pour l’Eglise, il ne s’agit pas de
remédier à une situation, de remodeler l’existant des institutions ou de
perfectionner le modèle d’entretien des fidèles, pour l’Eglise, il ne s’agit
pas d’elle, mais de la mission dont elle a été gratuitement et souverainement
investie par son fondateur, le Christ. Cette mission est d’annoncer la bonne
nouvelle et que le Royaume des cieux est proche. C’est par rapport à cette
mission que tout doit s’ordonner dans la mise à jour des institutions et la
mobilisation des ressources humaines. Il faut également s’entendre sur qui est
envoyé, qui est missionnaire. La réponse étant évidemment que ce ne sont ni la seule
hiérarchie, ni le seul clergé mais l’ensemble des chrétiens malgré leurs
divisions en plusieurs Eglises (ou peut-être grâce à ces divisions…) qui sont
choisis et envoyés. Ce qui revient à réfléchir et réorganiser aussi bien le
rayonnement, le témoignage – donc la relation avec le monde – que la
participation à l’intérieur de l’Eglise de chacun de ses fidèles. La
mobilisation-participation des fidèles n’est ni le mode d’assemblée liturgique,
ni la manifestation politique ou sociale dans la rue. Elle traduira au
XXIème siècle ce qui a souvent fondé dans les premiers temps l’élection des
hiérarques, la canonisation d’un contemporain et jusqu’à l’époque contemporaine
l’énoncé de certains dogmes – consécration d’une foi immanente et communément
reçu par le peuple. Matthias ne fut pas coopté mais tiré au sort. Ce qui
appelle – mais de façon concrète – un approfondissement théologique sur le rôle
du peuple, la manifestation de l’Esprit primordialement par lui.
L’Eglise n’est pas ordonnée pour la vie
spirituelle de ses fidèles, elle en résulte. La foi n’est pas à défendre, elle
est à propager en forme d’annonce. Elle est témoignage et transmission, son
vecteur est donc le peuple, le sacerdoce du peuple est l’anticipation de
l’humanité en vie éternelle, le sacerdoce ministériel est un service et ne doit
pas fonder une hiérarchie.
L’Eglise n’est pas un monastère où
l’obéissance est instituée, elle ne s’enferme pas, elle ne se consacre pas à
elle-même et nullement assiégée, c’est elle qui fera tomber les murailles de
Jéricho à la trompette et par la persévérance de sa clameur.
Qu’en déduire pratiquement ?
Le siège de Pierre est localisé là où le
chef des apôtres – après Paul, l’apôtre des Gentils – se rendit et donna
l’ultime témoignage : le martyre, parce que c’était à l’époque la capitale
du monde connu, selon la diaspora juive. Celle-ci ne pouvait soupçonner un
monde au-delà des colonnes d’Hercule et l’on n’alla pas reconnaître d’autres
empires au-delà de l’Indus ou en Chine. Du royaume du prêtre Jean, il ne fut
question qu’au Moyen-Age. Le centre politique et économique du monde serait
aujourd’hui New York – avec le siège des Nations Unies, autant que le cœur
boursier et monétaire des Etats-Unis-ci. Mais Rome est demeurée
jusqu’aujourd’hui symbolique de l’Eglise-même, malgré la chute que ne
discernèrent sans doute pas les contemporains à sa date, admise bien après
coup. La translation significative serait un retour aux origines, dont les
conséquences seraient aussi formidables que multiples.
Le Pape résidant désormais à Jérusalem est
en communion avec les deux autres religions monothéistes et révélées, mais
celles-ci n’ayant pas une tête unique et les autres Eglises chrétiennes n’étant
pas non plus personnalisées comme l’Eglise catholique – fidélité littérale aux
évangiles et au rôle assigné par Jésus à Pierre, le Pape sera forcément le
fédérateur d’immenses forces spirituelles et de réseaux innervant le monde
entier, quelles que soient les cultures, les organisations politiques et
économiques, les formes sociales. Ce qui n’est pas accessoire – quoique ni
l’Extrême Orient ni l’Amérique ne partagent l’obsession européenne et
américaine de la sécurité d’Israël – la résidence pontificale à Jérusalem,
également revendiquée comme capitale par l’Etat hébreu et par les Palestiniens,
imposera la paix et à terme des arrangements territoriaux et peut-être
l’unicité d’un Etat multi-ethnique, multi-confessionnel et de droit laïc, où
les garanties et patrimoines des droits des uns et des autres seront de droit
interne et non de confrontation internationale (schéma de deux Etats
coexistants, mais en réalité l’un dominant l’autre) ou de sécurité et
contrainte imposées par un Etat à la légitimité contestée.
Les administrations centrales de l’Eglise,
demeurant à Rome au moins pour une période transitoire ne seront plus
l’expression réelle ou prétendue d’une omnipotence pontificale – dans l’ordre
interne de l’Eglise – qu’aurait légitimée la dogmatique de Vatican I. Par quoi celle-ci
aurait-elle été explicitée ou tempérée si le concile ne s’était dispersé à la
chute du pouvoir temporel ?
Ayant eu l’honneur d’être reçu en
tête-à-tête par le bienheureux Jean Paul II, puis d’assister à sa messe
« privée », en unique laïc, j’ai successivement vécu un entretien
avec un chef d’Etat admirablement organisé, puis une retraite spirituelle brève
mais marquante donnée d’exemple par un curé de campagne. La papauté
d’aujourd’hui et plus encore celle de demain doit être cela. Il faut au
Souverain Pontife le cloître, la rareté, la densité de l’Esprit, mais tout
autant il est un signe faisant tout retentir. Mais avec qui doit-il prier et
quels messages et comportements doit-il incarner et porter au reste du
monde ? Prier en Eglise, diriger la mission. Ce qui suppose que l’assemblée des
fidèles ne soit qu’accessoirement son propre ministère et que cette assemblée
soit assez vivante pour s’entretenir elle-même – ce à quoi elle s’exerce déjà
manifestement dans les pays déchristianisés et en manque de vocations
ministérielles et religieuses – et assez authentique pour être missionnaire,
témoin.
L’administration centrale où qu’elle se
situe physiquement à l’avenir, bénéficie des moyens de communication moderne et
peut à tout moment se rendre auprès du Pape. Elle doit être identifiable pas
seulement pour les siens mais pour les tiers. Elle doit être en prise avec les
fidèles, les laïcs, ne plus être seulement à direction cléricale, elle doit
être à tous ses niveaux collégiales. Des laïcs pourraient être à sa tête, sans
discrimination positive mais sans timidité, si le collège cardinalice en
admettait. Que – parmi ces laïcs, au cœur du gouvernement de l’Eglise –
apparaissent aussi des femmes, la question polémique de l’ordination de
celles-ci serait contournée.
Le gouvernement par le Pape doit-il être
une présidence et une animation ? ses paroles-mêmes doivent être
l’émergence d’un travail personnel si délibéré et consultant soit-eil, ou bien
peuvent-elles être, dans le mouvement de l’Esprit Saint irriguant l’ensemble de
la chrétienté, la mise au net des unanimités ou des intuitions de tout ou
partie de celle-ci.
Deux discours de l’Eglise sont
actuellement en retrait sur l’expérience et les nécessités. La relation humaine
et sociale à l’argent. La relation des chrétiens à la cité et à la politique.
D’autres générations ont été radicales, la
pauvreté rétablie en valeur dans l’Eglise par François d’Assise, les cris
contemporains de mère Thérésa de Calcutta et de l’Abbé Pierre par exemple. Mais
l’enseignement pontifical n’a pas eu ces audaces. La percée de Rerum novarum est à exploiter, vivifier.
Il faut d’urgence une condamnation aussi technique qu’exigeante du libéralisme
et du mondialisme en leur ôtant le prétexte, trop cultivée par les récentes
encycliques de Jean Paul II et de Benoît XVI, d’une conditionnalité, voire d’une
légitimité que serait le respect des droits de l’homme. Il est manifeste, au
moins depuis l’automne de 2008, que le libéralisme a connu une déviation aussi
forte que le socialisme en perpétra une dans sa version soviétique,
attentatoire à la plupart des libertés humaines. Le libéralisme et le
mondialisme tuent les Etats, la démocratie, le bien commun et la liberté
d’initiative, la libre circulation produisent la mort de pans entiers des
économies, la minoration et l’instrumentalisation du facteur travail, nié en
utilité finale pour l’entreprise et empêchée en tant qu’épanouissement des
personnes. Les sociétés humaines sont asservies par une dogmatique qui n’a plus
même un visage qu’au contraire exploitaient les dogmatiques populistes et totalitaires
de la première moitié du siècle précédant l’actuel. Il est compréhensible qu’un
pape né dans l’ambiance communiste ait différencié l’idéologie qui écrasait ses
compatriotes de celle qui provoqua leur libération, qu’il ait donc déclaré
l’une intrinsèquement maléfique et l’autre seulement nuisible si elle perd sa
pureté originelle. Il faut dire et montrer – ce qui est simplement faire cas
des faits et de la souffrance – que les deux idéologies ont pour point commun,
le matérialisme, ce qu’avait su dire Jean Paul II, mais plus encore qu’elles
sont mortifères dès lors qu’elles sont absolues. De cette condamnation ne peut
que surgir une exhortation des chrétiens à participer à l’entreprise et à la
cité, non pour imposer de nouvelles dogmatiques – ni angélisme ni théocratie –
mais pour y témoigner de fins et y discerner le rôle et la valeur des
personnes, y promouvoir le sel et la liberté des consciences.
Les conséquences sont multiples et
contagieuses.
La démocratie élective, actuellement
étouffée par le rôle des partis et par l’esprit de lucre, sinon la libido de
beaucoup de ses acteurs, change de fonctionnement si la militance pour le vote
de conscience dans toute assemblée, si l’exigence d’une prise en compte du vote
blanc pour ce qu’il est : une objection de conscience, si un quorum de
participation pour quelque scrutin que ce soit, dans quelque enceinte sociale,
professionnelle, associative, politique que ce soit deviennent une proclamation
d’Eglise autant qu’une revendication de tous les hommes de bonne volonté, et de
bon sens. Retour à l’authenticité. L’expérience de ces années-ci montre les
syndicats et les comités d’entreprises plus avisés sur la stratégie de
celles-ci que les dirigeants de
plus en plus polarisés par leur propre rémunération et celle
de l’actionnariat. La participation des salariés aux bénéfices et à la
direction de l’entreprise – au sens du général de Gaulle, prolongeant vers la
fin de son exercice du pouvoir ses analyses du temps de guerre et celles du
R.P.F., notamment celles de René Capitant – est aujourd’hui justifiée par la
défaillance de l’idéologie libérale et de ses serviteurs. L’Eglise, de
naissance, est à l’aise dans cette démonstration et cette pétition. Encore
faut-il qu’elle les fasse siennes et que des chrétiens, au premier rang
desquels le sacerdoce ministériel, le proclament et le vivent in situ.
Le clergé ne doit plus être isolée des
ouailles en paroisse, des conditions de vie au travail de l’ensemble de celles
et ceux à qui porter la Bonne Nouvelle. L’enseignement
et le témoignage ne peuvent plus être donnés en retraites fermés dont seuls les
fidèles, les initiés connaissent l’existence et la richesse, ils ne peuvent
plus être confinés dans l’assemblée liturgique ou à l’occasion d’administrer
certains sacrements. La rencontre avec le monde doit se faire dans le monde.
L’initiative des prêtres-ouvriers – notamment en France – fut désapprouvée par
crainte d’une contagion communiste, ce qui était paradoxalement saluer des
éléments intrinsèquement positifs dans la doctrine marxiste et les pratiques
que celle-ci inspira à beaucoup d’âmes généreuses. Elle doit donc être
reprise. Le prêtre, salarié à raison
d’un travail et non par charité des fidèles ou en honoraires tarifés pour l’administration
des sacrements.
Insertion dans les activités humaines, le
travail notamment, mais aussi dans les états courants de la vie humaine.
L’ordination d’hommes déjà mariés donnera à l’Eglise le vocabulaire de
l’expérience et plus seulement celui d’un rappel de la nature, à la ressemblance
divine, et des fins en vue de la vie éternelle. La morale et la psychologie
conjugale en seraient magnifiées, le vœu de l’Eglise en bio-éthique ne seraient
plus un article de foi mais la conclusion de multiples vies particulières
vérifiant la justesse à tous égards, y compris psychologique, d’enseignements
traditionnels renouvelés par la pratique de tous, clercs et laïcs. A
l’inverse, le célibat sacerdotal, les vœux religieux et plus encore monastiques
trouveraient leur magnificence dans un choix intrinsèque. Célibat recherché et
voulu, pauvreté, chasteté, obéissance décidées pour une recherche plus
exclusive de la présence de Dieu et à Dieu. Au lieu que ce soient des contraintes
ou des facilités, une souffrance ou une évasion selon les tempéraments.
La participation du conjugal au ministère
sacerdotal permettrait l’ordination éventuelle des femmes, en ce que
l’expérience de couple d’un prêtre pourrait induire – en meilleure
disponibilité pour l’exercice du ministère – le souhait de l’épouse d’être
également prêtre. La femme ne serait plus la ménagère du prêtre célibataire,
les femmes ne feraient plus écran autour du curé, du recteur et l’équilibre du
nouveau couple – devenu sacerdotal en tant que tel par l’ordination selon la
personnalité et la vocation de l’épouse – serait exemplaire. L’osmose entre le
sacerdoce et la conjugalité, la paternité et la maternité de chair feraient
ensemble la parabole vécue de la vie chrétienne. Le couple participant lui-même
à la vie laborieuse et politique de la cité serait au cœur du monde.
L’évangélisation ne chercherait plus ses moyens selon les techniques de la
communication et son rebond selon la ferveur des oraisons pour la
recrudescence des vocations et la conversion des Juifs, des musulmans et autres
croyants : elle se ferait sur la place publique où chaque maison à son
seuil. Ceux-ci s’ouvriraient en reconnaissant que le missionnaire est bien du
même sang que chaque habitant.
Une transition existe déjà vers ces
nouvelles pratiques et ouvertures : les prêtres réduits à l’état laïc ne
sont pas tous des renégats ou des égarés ou des infidèles : bien au
contraire. Pour la plupart, ils n’ont nullement été induits en tentation par le
monde, par la vie courante. Ils s’étaient trompés d’orientation, les états de
vie proposés par l’Eglise à leur vocation ne correspondaient pas, ou même
l’Eglise n’avait pas de quoi combler leurs exigences d’une authenticité
davantage vécue. Cette ressource doit être magnifiée, son expérience de la vie
sociale et conjugale peut être considérée – avec discernement de chaque
itinéraire – comme précurseur.
Dieu se trouve avec les autres et se manifeste en eux,
pour chacun. Le monde actuel cherche à l’évidence des repères et n’a plus
d’autorité morale. Que des saints continuent de nous être donnés – reconnus ou
pas par l’Eglise, la vox populi, les médias ou le tissu des relations
personnelles de tout un chacun bâtissant et examinant sa vie à l’aide de forts
exemples – ne dispense pas d’une nostalgie de concours moins personnalisés et
encore plus massifs.
Face aux emprises totalitaires que
produisent les dogmes libéraux et mondialistes, que secrètent, au moins en
esprit et souvent en comportements individuels ou de groupe, les extrêmismes
religieux, y compris dans l’Eglise catholique, il y a la masse des croyants, il
y a la dimension spirituelle dans laquelle se meuvent, autant que les
chrétiens, les Juifs et les musulmans, aussi les pratiquants des grandes
morales et religions non révélées. L’effort œcuménique, ressenti par Vatican II
et porté par Paul VI et chacun de ses successeurs, n’est qu’au tout début de
son mouvement et de sa fécondité. Des politiques maladroites – en France et
dans l’Union européenne – vis-à-vis des populations migrantes ou immigrées ont
mobilisé parfois, en vrais témoins, les évêques chargés de ces
pastorales : ceux-ci ont eu un écho à la Commission européenne, mais
insuffisant dans la
catholicité. La manifestation de rue selon des convictions
bio-éthiques (mariage pour tous, avortement, euthanasie) gagnerait en
efficacité dans les cercles parlementaires et gouvernementaux si elle faisait
partie de militances plus diversifiées pour les droits de l’homme, pour le
respecr du salariat, pour l’accueil organisé des populations étrangères plus
démunies que les nôtres. Islam, judaïsme, chrétienté ont à cet égard le même
pouvoir d’énoncer des principes et de mobiliser pour leur pratique. Attitudes
de promotion et non de défense, discernement du fond des causes et non selon
leurs chantres.
Changement dans l’état de vie du clergé,
reconnaissance des combats en politique et en société font reconnaître que la
cellule de base pour l’Eglise ne peut être des mouvements ou des cercles
thématiques, spécialisés ou caractérisés pour leur homogénéité culturelle,
sociale voire en classe d’âge. Le brassage et la vie sont en territoires, en
paroisses. L’œcuménisme n’est pas une secte parmi d’autres, le rayonnement ne
se prépare ni ne s produit en chambre. Il a pu être tentant et même fécond –
pendant presque tout le XXème siècle – d’exercer la mission évangélique par des
spécialistes sectoriels. L’universel est de retour, comme aux origines de
l’Eglise.
Si à la base, la rencontre se fait avec le
monde, si apparaissent puis prolifèrent de nouvelles relations avec le monde,
avec l’étranger, l’incroyant, impossibles à décrire ou à imaginer tant que
l’Eglise et les chrétiens n’ont pas formellement changé, il est nécessaire que
cela se réflète au plus haut niveau de l’organisation pratique de l’Eglise. La
représentation géographique du monde entier est souhaitée, est en gestation
dans le collège cardinalice et à la Curie romaine. Elle n’est pas suffisante,
il faut aussi que la diversité sociale et culturelle, pas automatiquement
fonction de la géographie caractérise l’ambiance des décisions doctrinales et
pastorales.
La mûe de l’Eglise, la rendant mieux
perceptible pour ce qu’elle est par le monde qu’elle brûle de rencontrer – à
l’instar de son divin fondateur qui savait, manifestement, mieux s’y prendre et
à plus grands risques qu’elle – provoquera des chocs en retour. Le monde plus
précisément interpellé, pas seulement par la révélation mais par l’expérience
de la condition humaine, va réagir. Rien que la renonciation de Benoît XVI a
changé le regard du monde sur la personne contingente du Pape et sur l’insstitution
pontificale. Des actes et des novations de même maturité et de même intime
délibération sur soi et sur la mission, sont de nature à bouleverser la donne,
à faire que le monde s’approprie l’Eglise, le religieux, la morale, et que
s’enraye le déclin de l’humanité vers l’automatique et l’inhumain, vers le
ravage de la planète et des âmes.
III
– Retour et aller au fond
Vatican II a commencé l’examen et le
discours de l’Eglise sur elle-même : Lumen
gentium. Pour être praticable, la nouvelle architecture de l’Eglise – telle
que souhaitée et décrite maintenant - appelle des approfondissements. Puisse
notre génération retrouver la sève imaginative de nos premiers siècles d’Eglise
et de ses Pères. Puisse-t-elle par une libre et fervente contemplation, dépouillée
de tout a priori et peut-être même des habitudes de plusieurs siècles, aller à
la saveur des nécessités et se les murmurer pour pouvoir avec joie les
proclamer. L’exercice sera autant théologique que pastoral.
Simple énumération.
Sacerdoce universel et sacerdoce
ministériel. Sont-ils du même ordre ou pas. Le second n’est-il pas simplement
serviteur et aliment du premier, ce qui ne le réserverait plus à une catégorie
de chrétiens. Intuition de Thérèse de Lisieux dans son vœu concret et explicite
d’être prêtre et missionnaire ?
Les sacrements ? que sont-ils ?
le ressenti psychologique de celui qui les reçoit et de celui qui les
administre est-il indifférent ? quelle est leur relation, devant Dieu,
avec l’incarnation de chacun, incarnation sanctifiée et structurée depuis celle
– historique, factuelle – du Christ.
Participation à la vie divine, qu’est-ce à
dire ? vie éternelle, déjà commencée en partie, comme tronquée, par notre
incarnation et notre itinérance en vie mortelle ? théologie de la mort et de
l’au-delà tandis que foisonnent ne médical, en psychiatrie et en témoignages de
sortie de coma des synthèses donnant pour le grand public écho à des sagesses
anciennes, mais peu à la révélation chrétienne.
Nature spirituelle des diversités de
vocation et pastorale des états de vie, jusqu’à présent réduite au sacerdoce et
au couple conjugal, chaque époque risquant la caricature du prêtre, de la
famille, de l’enfance.
Théologie du travail. Théologie de
l’argent. Théologie du sexe. Théologie du genre. Théologie de la transmission. Théologie
de la solidarité.
Psychologie de la transcendance. Relation
entre équilibre personnel et foi chrétienne. Psychologie du péché, théologie du
péché. Psychologie du pardon, de la dépression, de la recouvrance. Théologie
du mouvement, de l’itinéraire, de l’entretien et du dialogue. Psychologie de
Jésus, reconnu comme le Christ. Relation avec soi, exemplarité ou non de
l’amour du prochain, fondements psychologiques de l’expérience de soi, de la
responsabilité de soi et de la responsabilité vis-à-vis des proches, vis-à-vis
de l’époque, vis-à-vis de l‘univers, du créé, du vivant. Théologie de
l’épreuve, des déclins, de toute novation.
Théologie et psychologie du suffrage
universel. Fondements des libertés humaines. Rencontre de la théologie, de la
sociologie et de la
psychologie. Séparations ? convergences ?
dialogues ? Lieu du risque totalitaire et creuset de la liberté.
Lecture contemporaine de l’histoire du
dogme, de l’histoire des institutions ecclésiales et de la relation du monde
avec l’Eglise, et réciproquement.
Leçons données à tous ordres de
l’organisation, de la pensée par le jeune enfant, le mourant. Analyse explicite
et débattue de la prière comme chemin, comme expérience, comme état dans le
moment, dans la vie. En
toute vie.
Ré-élucidation de la relation innée de
l‘homme à Dieu, de son désir, de sa distraction, de la manipulation de son
désir par toutes institutions, y compris ecclésiales. Conditions de toute
résurrection, matrice que sont la Résurrection et son corollaire la
résurrection de la chair à quoi toute créature est promise. Chair et éternité.
Effort et abandon. Théologie et psychologie de toute libération par la
disponibilité, mais aussi par le discernement autant collectif et d’époque, que
personnel.
*
*
*
L’ensemble de ces constats, propositions
et intuitions – personnels – n’aura valeur d’initiative que débattus. La vie ni
la pensée, ni la prière ne sont cercles ; elles sont ouvertures.
Bertrand Fessard de Foucault
– jeudi 7.vendredi 8 . dimanche 10 . lundi 11 Mars 2013
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