Gestion
fatigante et à rebondissements de ma coquille… de déménagements en
déménagements, avec les grandes et petites disparistions par vol de tiers ou
négligence de ma part, aux mémoires saturées de mon ordinateur et au rayonnages
de bibliothèque combles dans notre espace de vie et en débarras… inquiétude de
tout ce dont j’ai – je le crois de
plus en plus – à témoigner ou au moins à mettre au net… les
entretiens de nos lieux avec l’interrogation : quoi après moi, pour que
cela ne pèse pas sur mes aimées et soit au contraire, du tout quelque mémorial
ou devoir, mais socle pour tout autre chose. Notre fille me le montre bien, des
points communs qui m’émeuvent, surtout avec moi, me semble-t-il, tandis qu’elle
est plus « fusionnelle » avec sa mère, mais au total qu’elle est
différente ! indépendante dans son parcours et son développement intimes, et
combien elle me passionne, combien elle est vraie, libre et fine de regard, de
remarques, de conclusions…
Ce
soir, la manifestation à nouveau. L’angoisse du gouvernement fondée mais pas
réflexive. D’une part, ces manifestations comme celles de la manif.pour tous
l’an dernier, ont pour raison profonde le vide d’animation politique,
d’orientation du pays et le défaut de point de repères, d’envoi de chacun en
mission pour le redressement du pays : elles sont donc la
« faute » du président de son gouvernement. D’autre part, s’il y
avait des prises de feu, et si l’on allait vers des « événements »
type 68, il n’y a évidemment ni le général de GAULLE, ni son Premier ministre
de l’époque, Georges POMPIDOU. La légalité a des supports en textes de plus en plus rédigés et
adoptés à la va-vite, sinon bâclés, ce qui la rend de plus en plus discutable
et avec beaucoup de contradictions. La crise de légitimité est latente :
totale à gauche, et commence à se généraliser dans l’inquiétude d’un pays sur
son avenir et même sur sa raison d’être. Le mode actuel d’exercice du pouvoir,
déjà impopulaire et inefficace sur le grand sujet des fonctionnements sociaux
de notre économie devenue croupion, ne tiendra pas dans la difficulté,
l’exutoire ne sera que dans une élection présidentielle anticipée. Nous allons
vers l’imprévisible, tandis qu’au Proche-Orient, on est soit dans une amnésie
passagère sur la Syrie et l’Irak, soit dans une guerre totale dont les enfants
et les innocents payent un prix sans précédent. – Le fait essentiel, pour la
France et notre vie nationale en ce que l’étranger et les drames du monde
l’affectent, n’est guère observé, encore moins dit : il y a des
manifestations très vives de soutien aux Palestiniens. Il n’y en a pas pour le
soi-disant bon droit d’Israël. Ceux qui sont censés représenter les Français
juifs, mais veulent parler au nom d’une « communauté juive » pressent
les gouvernants, mais n’appellent ni à manifester, ni à contre-manifester.
Pourquoi ? Où est le peuple ? y compris pour les Français juifs, la
nation dont ils font partie, a choisi.
Prier…
les enfants de Nangy… mon cher Denis qui en quelques mois passe de la lucidité,
d’un reste de présence liturgique, à l’état de légume… l’évangile de dimanche
dernier (bon grain et ivraie) a été provoquant, semble-t-il, pour notre
clergé : mon cher recteur de l’une de nos paroisses d’adoption pose la
question du « tout-sacrement » dont je pouvais croire, précisément
avec notre ami commun, Denis M., qu’il l’avait résolue pour en faire l’axe de
tout son ministère… et le prêche à la cathédrale avait été, d’une manière qui
m’a étonné puis passionné, un examen de notre relation en Eglise avec le monde
et avec la terre, une affection faisant que le tri ne peut être immédiat de ce
qu’il nous en vient et qu’il ne peut être opéré qu’avec des critères et des
repères.
Entendu
ce matin sur France-Infos. un bilan sur les langues dans le monde.
Près de six mille encore parlées, mais la moitié d’entre elles « promises »
à la disparition d’ici la fin de notre XXIècle. Extinction démographique dans
le passé mais aujourd’hui osmose avec des langues dominantes, et passage à
celle-ci de populations très minoritaires. La France l’a connu (et voulu…
officiellement) encore au début du siècle dernier. Les recherches ont pour
méthode le plus simple : enregistrer, écrire une grammaire, composer un
dictionnaire, recueillir des textes et les traduire. La plupart des menacées ne
sont pas écrites. Motif : il est capital. Les langues nous montrent non
seulement les modes de vie et échelles de valeur d’une population, patrimoine
et compagne par elle-même des nôtres, mais surtout nous apprennent sur nos
fonctionnements mentaux : telle langue ne sait pas dire certaines
couleurs, le bleu et le vert (je l’ai constatée en Mauritanie « sur »
le fleuve, confusion du vert de l’étendard du Prophète et du drapeau national
avec le bleu), une autre ne sait pas dire le temps présent, passé, futur. Ces
études peuvent aussi nous amener à savoir s’il n’y a pas des structures innées
dans l’espèce humaine, structures primitives ou primordiales de la pensée. Solution :
certainement pas l’impossible retour de
populations y compris chez nous, à la langue des ancêtres (dans ma
belle-famille, l’expression courante est en dialecte alsacien et le bilinguisme
franco-allemand encore presque parfait, mais ma chère femme ne lui a pas dès la
naissance de notre fille d’instinct parlé en alsacien, ce que je regrette car
ayant une compréhension passive de l’allemand, et heureux de me remettre à
davantage, je n’en aurai pas été gêné vraiment et j’eusse aimé que notre fille
possède les deux langues d’influence européenne), mais que chacun apprenne
quelques autres langues que la sienne reçue de naissance. Cela est possible, et
bien des jeunes nations le pratique avec la langue internationale de l’ancien
« colonisateur » et leur langue native, soit des dialectes, soit
l’arabe pour ce qui est de l’Afrique septentrionale.
Qui est ma mère ? qui sont mes
frères ? … celui qui fait la
volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. [1] La parentèle, sa mère et ses frères…
restant au-dehors, ils le font demander… La
Vierge Marie ne
s’est certainement pas sentie « rembarrée », car à faire la volonté
de Dieu, elle est bien, de nous tous, en toutes générations et en toutes
cultures, Ancien Testament compris, celle qui accomplit suprêmement la volonté
divine. Jusqu’à l’incroyable, l’impossible : sa maternité virginale. Avec
le « pari » dont je ne sais s’il a été très commenté, que son fiancé,
Joseph le cher, ne la laissera pas tomber et ne l’en aimera et protègera que
plus. Ce qui fut d’ailleurs. La leçon n’est donc pas d’exclusion de la parenté
de sang, elle ne vaut pas tant pour les arrivants qui le font demander, que pour beaucoup de gens (qui) étaient assis autour de lui. Ceux-là que Jésus parcourt du regard, pas
plus ni moins « parfaits » ou « croyants » que les plus
familiers des disciples ou de sa parenté, sont adoptés par Lui, en chemin vers
ce qui est attendu de Son Père. Le Christ préfère d’ailleurs dire : Dieu,
que Père, Son Père, en la
circonstance. Il part sans doute d’un présupposé : des
auditeurs religieux et pieux, mais pas encore vraiment dans le mystère
trinitaire (y sommes-nous d’ailleurs davantage ?). Adoption, et
fraternité, que vit Paul depuis sa rencontre, en chemin vers Damas, mystérieuse mais
évidente tant elle fut spectaculaire et frappa les contemporains, témoins d’un
total retournement du persécuteur, espoir du plus pur et du plus cultivé des
pharisaïsmes. Elles sont intimes, intérieures, pas d’état-civil. Je vis,
mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie aujourd’hui,
dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé
et qui s‘est livré pour moi. Le Christ
accepte cette appropriation de Lui par chacun de nous, puisqu’Il nous donne Sa
chair en partage, retour de l’Incarnation. Et, pour nous, comment comprendre,
supporter, aimer la vie, notre existence dans ce qu’elle est et dans ses paramètres,
ses conditionnements, sans cette foi, cette conscience de Qui vit en nous et de
Qui nous inspire. La foi nous sauve de la déception de nous-mêmes, elle nous
fait reconnaître le combat et la condition d’autrui et l’amour mutuel est sans
doute, en profondeur et indicibilité, cette émouvante prise de main mutuelle
pour aller d’âme s’agenouiller, remercier, écouter. Voici que vibre cette
assemblée de ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, et que Jésus parcourt du regard : hier,
maintenant, demain… je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans
cesse à mes lèvres… qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien… exaltons
tous ensemble son nom.
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