Prier, après
la messe à laquelle je peux « assister » chaque vendredi matin … jamais plus de
dix, une petite demi-heure, homélie comprise, les cloches sonnent à neuf heures
moins dix. Ces martyrs coréens, dont la mémoire est célébrée aujourd’hui,
pourraient, si je connaissais leur biographie, m’apprendre comment se pose
réellement cette question : pour un Européen ou un descendant d’Européen, les
évangiles, Jésus-Christ, la Bible, l’épopée du peuple juif et ses attentes et
promesses font partie, que l’on soit athée, incroyant, indifférent ou de foi
chrétienne, notamment catholique, font partie du tréfonds culturel. Nous sommes
d’ambiance gréco-latine et le christianisme s’est coulé dans ce moule antique.
Les comparaisons bibliques, quoiqu’aujourd’hui impossibles à vivre : l’habitat,
l’alimentation, les institutions sont autres mais elles sont appréhensibles,
presque tout de nos systèmes intellectuels et même nos moeurs, nos façons
d’aimer, de ressentir le collectif, le personnel, l’autre en viennent. Nous
sommes chez nous dans le christianisme et c’est ancestral, mais pour l’Africain,
l’Indien, l’ensemble de l’Extrême-Orient ? apprendre cette ambiance et cette
culture pour accéder au Christ ? débat donné par les Actes des Apôtres à propos de la circoncision et des lois
mosaïques, seuil obligé ou pas, pour entrer dans l’Eglise (et la foi…)
chrétiennes. Le Japonais et le Coréen au bord du lac de Tibériade, l’occupation
romaine ou la sortie d’Egypte ? qu’est-ce que cela peut signifier. L’Africain,
modelé par des missionnaires très en phase avec la domination étrangère,
notamment française, a dû accepter de se dépayser en institutions, en façon
de voir et même en langue de communication. Le dépaysement lui est-il plus
facile ? L’évangélisation acculturation ? exotisme ? Je ne sais pas, je comprends
seulement qu’il y a non seulement le mérite de la conversion, mais plus encore
cette double appartenance à la foi nouvellement reçue et à un legs ancestral qui
n’y préparait pas. Ou bien il me manque des clés ? la foi reçue rendant compte
de ce legs ? une appropriation dont je ne sais ni les termes ni les
cheminements ? A creuser… le marxiste
kazakh entrait facilement dans la logique, la dialectique chrétiennes et n’était
pas loin de la foi rien qu’à la lecture des épîtres de Paul… ou encore la nature
humaine, les aspirations humaines sont si analogues qu’elles importent bien
davantage que les appartenances et les modes d’être culturels, et les évangiles
sont de plain-pied en toutes époques, langues et civilisations avec cette
nature, ces aspirations, tellement qu’elles peuvent bousculer « l’organisation »
spirituelle de ceux à qui est apportée la Bonne Nouvelle : je ne
sais…
Deux textes
simples aujourd’hui sans relation avec ce martyre collectif : plus de cent
personnes entraînées par André KIM et Paul CHONG… psycho-sociologie paulinienne :
un malade de la discussion et des
querelles de mots… ceux qui veulent s’enrichir tombent dans le piège de la
tentation… la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être
livrés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligés à eux-mêmes
des tourments sans nombre [1].
L’entourage féminin du Christ, noté par Luc qui aussi recueilli les confidences
de la Vierge
Marie : des femmes qui marchent, vivent ce camp volant, ces
hospitalités de hasard, ces établissements et retours à Capharnaüm… qui seront
pour la plupart au calvaire, contrairement aux disciples du sexe « fort »… et beaucoup d’autres, qui les aidaient
de leurs ressources. Cantinières, donatrices ? les femmes de
Jérusalem, sur « le chemin de croix », pleureuses du martyrisé. Les portraits et
conseils de Paul, l’énumération par Luc, sont bruts. Les prendre en prière… pas
facile.
Hier soir, au
moment de rejoindre notre fille pour la prière du soir, elle est déjà au lit
avec sa tablette nintendo, consent facilement à la mettre en
veilleuse et fait d’elle-même le signe de croix, m’impose le silence pour
l’examen de la journée, et « dirige » la suite, choisissant le Je vous salue
Marie, tandis que nous sommes rejoints
par ma chère femme, me prenant l’épaule, je suis à genoux au pied du lit.
Marguerite est maintenant sur le chemin, il n’y a plus qu’à suivre et
éventuellement lui répondre en ce qu’elle nous demandera de partager. J’ai été
ému. – Je trouve à mon retour du village le lien avec la publication par Etudes
et l’ensemble du réseau des revues de la Compagnie, ce qui est présenté comme un
entretien avec l’un des siens, devenu le pape François. Je ne le lis pas
aussitôt, mais l’installant en fichier, je vois la part prise dans le texte
publié par le questionneur, y compris ses associations d’idées et de pensées
personnelles : ce me semble de trop, puis le hasard me donne la page 5 où le
Pape explique son choix d’une modeste chambre dans un lieudit au Vatican, maison
Sainte-Marthe et son commentaire sur son besoin de la présence des autres, etc…
fort bien. Mais je suis gêné. Cet intimisme gâte notre époque « people ». Plus
j’exprime, plus je m’exprime, est-il parié, mieux je serais connu, plus je serai
aimé et finalement pape, président de République, écrivain, personnages, je n’en
serais plus efficace pour ce que j’ai à faire ou à donner. Je suis convaincu du
contraire. Jésus, Dieu fait homme, a sans doute dit : je suis doux et humble
de cœur, je ne crois pas que ce soit aux
hommes, aux femmes, si pieux, saints et/ou placés dans les hiérarchies de la
morale ou du spirituel, à le dire d’eux-mêmes. On verra bien… évidemment, je
vais lire cela de près (quand même).
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