Prier
… [1] faites-vous des amis avec l‘argent trompeur, afin, que
le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures
éternelles. Le détournement total ;
L’instrument d’échanges, la rémunération des efforts, de la production, de l’ingéniosité
devenus les possédants de notre psychologie, de nos mœurs et de nos âmes. Question
récurrente, « personnifier », identifier le mal. La figure du serpent
et de la tentation, le démon, Belzébuth, le tentateur etc… toutes figures
attentatoires au projet initial du créateur : le bonheur de l’homme et sa
participation au bonheur et à la vie de Dieu, attentatoires à notre liberté,
notre identité. L’argent serait du même ordre : le fonctionnement de la
société dans sa version économie serait détourné et deviendrait objet d’adoration
et d’exclusive, l’argent moyen et critère de tout en notoriété et en
disposition-évocation de tout plaisir et de toute puissance. Symbole de
réussite. La beauté de Lucifer. Jésus propose un autre usage : la prudence
si fréquemment recommandée par réalisme : l’avenir, la venue, le jugement,
le fait-même de Dieu. Nos chers Jésuites, particulièrement illustrés par celui
qui a été élu pour brandir haut la houlette du berger… user du monde comme
n’en usant point… La parabole de l’intendant
est psychologiquement juste : un home riche avait un gérant qui lui
fut dénoncé parce qu’il gaspillait ses biens…
Le gérant pensa : que vais-je faire ? … Ce gérant trompeur, le
maître fit son éloge : effectivement, il s’était montré habile, car les
fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. La
distorsion effectivement : pas seulement l’argent, mais la soi-disant
chasteté, les obsessions de pureté (évidemment sexuelle et « concrétisée »
par l’abstinence et le refus, en réalité, d’admettre une des plus belles forces
qui ait été donnée à la personne humaine, force relationnelle, force d’admiration
et de soin mutuels, force spirituelle…),
voire même l’exercice de la profession, etc… Nos déifications ; l’édification
constante d’idoles qui nous prennent au rebours d’une liberté que nous n’avons
pas conscience de perdre. Jésus prend « les choses » par un second
aspect, le relationnel, entre nous. La confiance, ce que nous recevons d’autrui,
si gratifiant : sa confiance. Elle peut être signe de celle de Dieu. L’article
premier de la loi scoute (si belle et vraie pour son ensemble autant que pour
chacun de ses énoncés) : le scout met son honneur à mériter confiance. Cette hantise implicite de mon adorable et
vénérable mère qui m’assurait en fin de chacune de ses lettres, de sa
confiance. La question-même selon le Christ est la confiance qui nous est
donnée, dans notre capacité à nous « gérer » nous-mêmes : si
vous n’avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui
vous le donnera ? Mon cher Moktar
donna l’aphorisme du Christ comme titre à l’un des chapitres de ses mémoires. Il n’y
a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ
Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous les hommes. La rançon pas en argent, mais en vie. La
véritable valeur… et il n’y en a pas deux, à plus ou moins combiner. Le
prophète Amos et nos façons d’aujourd’hui : la rentabilité poussant à
toutes tromperies et oppressions. Puisse le pontificat de François être enfin celui
d’une dénonciation impitoyable et sans échappatoire (je vais terminer ma lettre
de l’entretien donné aux revues de la Compagnie, et scruter ce qui s’y annonce
en ce domaine névralgique puisque toute la vie sociale en dépend, et aussi le
diagnostic de la crise économique et donc politique,
mondiale). Écoutez ceci, vous qui écrasez
le pauvre pour anéantir les humbles du pays, car vous dites : « Quand donc la
fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée, pour que nous puissions vendre
notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini, pour que nous puissions
écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix, et
fausser les balances. Nous pourrons acheter le malheureux pour un peu d'argent,
le pauvre pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu'aux déchets du
froment ! » Le Seigneur le jure par la Fierté d'Israël : Non, jamais je
n'oublierai aucun de leurs méfaits. »
[1] - Amos VIII 4 à 7 ; psaume CXIII ; 1ère lettre de Paul à
Timothée II 1 à 8 ; évangile selon saint Luc XVI 1 à 13
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