Hier
La messe. Toujours la mine
sévère, sauf en partage d’évangile à quelques-uns, exercice où alors il me
montre quelque bienveillance et parfois me donne mon prénom, MLP prêche avec
référence sur l’humilité et intéresse. Deux géants du commentaire : sant Benoît
et ses douze degrés de l’humilité, et Thomas d’Aquin : l’humilité, grâce de Dieu
et effeotr de l’homme. Notre recteur y ajoute les deux attelages de Jean
Chrysostome : la justice et l’orgueil, le péché et l’humilité. C’est le second
qui gagne la course tant l’enflure de l’orgueil, etc… Sensualité… grouype de
trois jeunes filles au premier rang, nous sommes au troisième. De dos, petite
veste cintrée, col en foulard ou foulard indépendant, natte longue mais sans
ostentation, bandant l’arrière de la tête et pas seulement la nuque, fesses
parfaites et début des cuissses aussi dans un jean sombre. De trois quarts, des
lunettes, un visage régulier et fugitif. Comment n’en avoir pas « envie » ?
elles sont toutes trois pieuses et plus souvent à genoux que debout. La seconde,
nuque et cou découverts, enfance du début de la maturité ; de la troisième,
rien, elle est plus loin, ma chère femme à qui je fais part un peu plus tard dit
que c’était la mère… pas sûr. A Praglia, une messe… pendant une semaine ou dix
jours, partage de vie dans une abbaye grandiose à l’orée des collines
Euganéennes, avec l’Abbé Pierre, passionnante écoûte, récits croisés, et
stratégie de reconquête pas tant de l’opinion française mais d’une sensibilité
de l’Eglise, du clergé et aussi des notoriétés judaïques. Devant moi, un garçon,
peut-être vingt ans, peut-être moi, avec deux ou trois camarades, italiens. Une
nuque superbe, puis un visage, et sans doute un corps, mais je ne suis pas allé
mentalement jusqu’à cette évaluation. J’ai cependant eu la tentation, presque la
curiosité de … ? d’’un assouvissement (non ce n’était pas cela qui me traversa
et me ravissait) qui eût été de toutes façons à reporter de temps et de lieu,
l’imagination ne me venant pas d’une tentative sur place. Une nuque… Ce fut lui
qui m’écrivit, mais je ne répondis pas. Comment avions-nous échangé des
adresses ? M’apprenant du passé, notamment politique, et aussi des moments
d’expérience spirituelle, que je n’ai retrouvé dans aucune des biographies qui
lui ont été consacrées, l’Abbé Pierre nous donna pour le présent et aussi sur
nos vies à chacun, à ma future femme et à moi, des leçons qu’il vécut en même
temps que nous, sur l’amour, la sexualité, les multiles bifurcations quand
affluent les propositions croisées de l’existence humaine en pluiseurs versions
personnelles…– Je prie, « mes » morts sont mes compagnons de plus en plus, des vies dont
j’ai su beaucoup, en tout cas des moments qui m’ont semblé significatifs et que
j’ai partagés et re-partage souvent, putativement. Les voici « au ciel »,
l’éternité. Nous ne communiquons sensiblement que par la prière qui m’est
donnée, la pensée et l’évocation d’eux,
des visages, des situations qui me sont données. – En logique, trois
possibilités du point de vue de notre existence présente, telle que nous en
avons conscience : l’au-delà… Il n’y a rien, ce qui renforce l’énigme de la vie,
et l’interrogation sur ce qu’est le réel, est-ce être ? est-ce avoir été ?
est-ce la mémoire d’autrui ? est-ce notre conscience d’être et le rapport si
complexe avec ce corps qui change, nous entraîne, nous contraint mais nous
apporte tout le ressenti, sauf l’hyspthèse Dieu et Esprit Saint, où l’apport est
aussi et surtout eux, le corps étant alors limite et une responsabilité qui nous
est impartie, la vie comme épreuve alors. Deuxièmement : il y la vie éternelle,
le bonheur, etc… la participation à la vie divine selon la révélation du Christ,
selon les promesses de l’Ancien Testament tranposant la Terre promise en Royaume
des cieux (je ne sais si la transposition a d’ailleurs été suggérée, commentée
et travaillée par les Pères puis nos théologiens…) : est-ce affaire de foi ?
est-ce sans restriction. Notre relation n’est plus à notre corps et selon notre
conscience d’être, elle est totalement reconnaissance d’une situation de
créature accueillie par son Créateur. Je suis le plus souvent dans cette posture
(heureuse) d’âme. Mais troisièmement : peu d’élus, jugements à la résurrection,
l’Islam, le jansénisme, l’intégrisme, l’ignorance de notre statut futur,
serons-nous du bon côté ou nous dira-t-on ? me dira-t-on ? je ne vous connais pas, je ne sais d’où vous êtes ?
vous qui faites le mal écartez-vous de moi ! mon péché, mes péchés, tant de….
De mémoire, je n’ai jamais été
en désaccord avec le Pape régnant pour une analyse et à plus forte raison une
action de politique extérieure. M’y voici pour la première fois. Je sais bien
que l’ensemble du clergé chrétien, et peut-être des populations chrétiennes au
Proche-Orient – pour la protection desquelles j’avais à plusieurs reprises
depuis 2010 demandé à l’Elysée que la France, « fille aînée de l’Eglise » prenne
des initiatives aux Nations Unies et en Conseil de sécurité pour que soit
examinée et traitée une cause d’un type nouveau : la protection de populations
indépendamment des Etats et à raison du respect de la liberté religiieuse… en
vain, quel que soit le président régnant – que ces populations, leur clergé en
tout cas se sentent
en situation d’otages et réclament le statu quo : elles
n’envisagent aucune amélioration par quelque changement que ce soit. Elles sont
désespérées, dans la nasse et comme les concentrationnaires, n’envisagent plus,
même les portes ouvertes, de sortir du camp. Cela posé, et c’est ce qui emporta
la décision de Pie XII face au nazisme, l’Eglise évidemment ne peut que
considérer la situation de ses enfants pris en otage. S’est-elle remuée pour que
les puissances soucieuses des droits de l’homme prennent la question à bras le
corps, et pour elle-même, en parler et agir avec les musulmans et les humanistes
de bonne volonté, et ce sont la maajorité ? certainement pas assez. C’est
pourtant concret et explicite. Elle est arriivée à établir par traité ses
relations avec Israël, elle n’a pas su inventer dans les Etats de dictature ou
de persécution potentielles un espace de droit à l’avantage de tout le monde,
des siens d’abord mais aussi des dictateurs et des intolérants-mêmes. J’ai bien
vu le type d’argumentation qui fit choisir au Kazakhstan la relation avec le
Vatican. – Sur le fond, la position du pape François et celle des pacifistes ne
tient pas. La négociation a été tentée avec Bachar à tous les niveaux par les
opposants et par beaucoup d’Etats : elle n’a pas été franchement acceptée, il y
a eu des amorces pour la
montre. De même que ce sont les Etats-Unis qui ont la clé du
comportement israëlien, de même c’est la Russie qui a la clé du comportement
syrien. Ballader les gens avec des solutions de dialogue et de tolérance,
prétendre en sus que les gazages et autres atrocités ne sont peut-être pas le
fait du régime syrien, c’est se mentir à soi-même. La certitude est que c’est
l’existence et la forme de ce régime qui ont provoqué la rébellion, d’abord
pacifiste et démocrate, et que ce sont elles qui ont amené l’enchaînement
d’exactions et qui perpétuent les hostilités. La réalité est là. Que l’on aille
vers l’inconnu, c’est possible, mais un inconnu meilleur que les années passées
car il faut purger une situation au Proche-Orient qui a une quantité de
purulence de la question kurde à celle de la Palestine, de l’émiettement
libanais, des rivalités atroces entre deux familles religieuses au sein d’un
même Islam, une situation déjà précaire et belligène en général mais scandaleuse
Etat par Etat, notamment l’Arabie séoudite, et enfin scandale des scandales, les
nouveaux riches se payant tout le magasin du monde : les Qataris notamment,
prédateurs des temps modernes à titre privé tandis que la Chine l’est à titre de
candidate à un empire et à une hégémonie mondiaux. Tout cela est parfaitement
connu. Le Pape pas plus qu’aucun dirigeant « occidental » ne l’analyse. François
comme en Septembre 2012 le cardinal BARBARIN à propos du mariage homosexuel a
foncé, et il est tout à fait à faux. Pour traiter le sujet et contribuer à la
paix, une médication valant autant pour la révision de vie ecclésiale que pour
un changement dans l’ordre international, il y a une initiative assez simple à
prendre : elle m’est apparue depuis peu et prend forme de plus en plus… un concile à Jérusalem
sur l’échec de Vatican II et la novation des formes cléricales, et sur la
relation et la responsabilité morale à partager avec les autres religions
monothéistes pour cette génération et quelques-unes à suivre. Réfléchir sur soi,
établir le siège de l’Eglise à Jérusalem en même temps qu’établir les libertés
religieuses, et par extension le respect des droits de l’homme, par un réel
abord de l’Islam et du judaïsme. Sur tous les sujets, l’Eglise n’est qu’au
seuil, et le Pape commence par la routine. Le jeûne du 7 Septembre
ressembe aux neuvaines intégristes, voire aux tentes montées devant le Sénat ou
l’Assemblée nationale les nuits de vote
parlementaire.
Deux
évidences.
La première
est que malgré l’Alliance atlantique et la foule
de ses enceintes à conciliabules, malgré les X rencontres au sommet, les
téléphones rouges et autres, les visites, etc… il n’a pas de concertation entre
les dirigeants ni « occidentaux » ni de ceux-ci avec les grands autres que sont
la Chine et la
Russie. Improvisation totale ces jours-ci des positions de
chacun des dirigeants, sauf chez Poutine qui sans doute n’avait pas une
stratégie détaillée l’amenant à la position idéale dans laquelle il se trouve
depuis que les trois intervenants, décidés à l’attaque la semaine dernière, se
sont réduits à l’inaction à force d’hésitation, de conditionnalité et de délais.
Sans même être allé à tenir la confrontation type Cuba : deux lance-missiles
adverses au bord des eaux territoriales syriennes, Poutine aura fait reculer
l’Occident. L’étape suivante du retour soviétique au Proche-Orient va être la
confirmation du soutien à l’Iran, mais dont probablement l’Iran ne veut pas.
Dans l’immédiat donc Cameron, Hollande et Obama n’ont pas su se concerter. De
même qu’en deux ans, aucun d’eux n’est arrivé à trouver la faille de Poutine, la
proposition lui faisant transformer son soutien à Bachar en une place retrouvée
au Proche-Orient et manifestée par un rôle qui lui aurait été reconnu dans la
solution de la crise et de la guerre civile syrienne. Cameron, Hollande et Obama
ont chacun été acculés à jouer un jeu solo. sur leur seule scène nationale :
quel échec de l’Alliance atlantique qui
prétendait à sa novation et à une extension mondiale de sa compétence
territoriale en même temps qu’à l’extension de ses compétences thématiques, le
terrorisme non-étatique, voire l’économie, la spéculation, la piraterie
financière. Cameron est réduit à l’hypocrisie, sans doute la mise à disposition
de sa base chypriote comme base insubmersible pour les aviations américaine et
française. Obama a joué et va perdre sa crédibilité nationale et internationale,
car le Congrès – sauf si Bachar refait un discours comme celui de cet après-midi
piquant au vif l’orgueil texan ou de Chicago – ne votera pas l’intervention.
Quant à Hollande qui n’a rien à craindre d’un vote à l’Assemblée nationale, ses
rodomontades ont été prématurées parce que non concertées : il est prisonnier du
calendrier américain. Enfin, évidence à chacune de ces confrontations et
interventions, l’Europe de la défense n’existe pas ni en vouloir politique et en
diplomatique commune pour temps de crise, ni en logistique : pas de matériels de
transport, pas vraiment de porte-avions, pas de technologie du renseignement et
de l’assassinat ciblé.
La seconde
est dans le jeu des analogies. Harlem Desir dont je n’ai pas tout le texte, a
raison d’évoquer Munich. Les démocraties sont effectivement en position de
faiblesse dans l’affaire syrienne comme elles le furent face à Hitler. Cf. les
votes aux Communes et au Congrès, le retard à l’allumage donc, alors que depuis
deux ans, on discourt sur la ligne rouge ou jaune. Le pacifisme d’aujourd’hui,
c’est la guerre demain. En revanche, ni l’Afghanistan – où il y avait vote
onusien et mission expresse donnée à l’OTAN – ni l’Irak – où tout était revanche
du fils pour le père ayant laissé le « boulot » inachevé, et rien en véritable
motif légal, la détention d’armes de destruction massives – ne sont des
précédents valables. Il y avait dictature certes, mais pas massacre de
populations. Il n’y avait pas de soutien par Moscou. Il y a maintenant une
novation qui peut être en partie fondée sur les précédents libyen et malien :
protéger des populations (la Libye de Benghazi) ou la pérennité d’un Etat (le
Mali), mais qui doit inspirer de nouvelles formes juridiques. Le Conseil de
sécurité n’est pas, par lui-même, une forme viable de gouvernance mondiale. Il
faut formaliser la réprobation de la « conscience universelle », prévoir des
forces de sécurité mondiale et les modalités de leurs mises en
œuvre.
Il est dit
par les pacifistes français d’extrême-gauche ou de la droite anti-européenne que
la France se dédit par rapport au général de Gaulle, et à l’attitude de celui-ci
vis-à-vis de l’Amérique et de l’Alliance atlantique. Je dis : non ! Bien
évidemment, la France aurait dû dès 1991 et la dissolution du pacte de Varsovie,
proclamer l’obsolescence plus seulement de l’OTAN mais de l’Alliance elle-même
et donc oeuvrer aussitôt pour un autre système de sécurité mondiale que le
face-à-face. Bien évidemment, il ne fallait pas réintégrer l’OTAN ce que
personne ni dans l’Alliance ni en France ne demandait et que fit Sarkozy par
esprit de contradiction et pour se poser. Bien évidemment, il fallait, de la
part d’Hollande, poser une nouvelle analyse et œuvrer pour la dissolution de
l’Alliance : la quitter ou demeurer devenant alors sans signification.
Aujourd’hui, seule dans le sillage américain, puisque l’indéfectible alliance de
la famille anglo-saxonne est en défaut, la France signale ouvertement que
l’Alliance effectivement ne fonctionne pas. L’Allemagne pilier depuis 1954 joue
son jeu séculaire entre Russie et Europe occidentale. Elle a grandement
contribué à montrer ces jours-ci qu’il n’y a plus aucune structure d’alliance ni
de concertation en Europe et en « Occident ».
De même que
l’intervention en Syrie – que je juge souhaitable, mais à laquelle je ne crois
plus, ce ne seront que quelques missiles pour la montre, sauf riposte russe qui
nous fera alors basculer vers l’imprévisible, genre assassinat de
François-Ferdinand à Sarajevo et engrenages de tout, hors contrôle humain et
libre-arbitre posé de qui que ce soit – décaperait des situations régionales
explosives depuis des décennies, de même en relations internationale la seule
perspective de cette intervention met à nu l’obsolescence et l’artifice des
structures que l’on croyait pérennes et fondamentales depuis soixante ans :
entreprise européenne et solidarité-osmose mentale
atlantique…
Ce matin
Prier… nous qui
sommes encore là pour attendre le retour du Seigneur, nous ne devancerons pas
ceux qui se sont endormis [1]. Enseignement sur la résurrection,
proprement paulinien, et décisif : notre espérance notre ressort dans la vie,
notre vision du monde se fondent là-dessus sinon nous ne tenons contre le
désespoir et la pente mortifère que par distraction ou addictions diverses,
surencombrements organisés. La foi fait de notre vide une disponibilité, un
accueil, une attente : l’incrédulité est de tout instant de silence, de tout
échec une épreuve dont nous ne nous sauverions que par le suicide, mourir pour
ne pas tomber fous de peur. La foi qui nous est donné, qui nous est maintenue,
que j’ai reçue de naissance et qui continue de m’entourer et de me porter comme
dans les bras de Dieu, est au contraire l’axe, la quille, la fondation de tout :
mon bateau et la cité figurant toute mon existence humaine, si passagère – comme
ne pas le savoir et le vivre à chaque minute quand l’âge est là – et pourtant
clé de la suite et du soleil éternel. Joie au ciel ! Exulte la terre ! Les
masses de la mer mugissent, la campagne tout entière est en fête. Pour Jésus, l’expérience du précaire, la
difficulté exténuante de son ministère double la conscience effective qu’Il a de
sa divinité. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui… A ces
mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. … Mais lui, passant au milieu
d’eux, allait son chemin. Souveraineté et
provocation, il y a, semble-t-il, une impossibilité à concilier la personne du
Christ, Son message avec l’idée reçue qu’ont ses contemporains, ses concitoyens…
Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la
lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits
accordée par le Seigneur. Simplicité de
la scène, Luc la tient d’un participant à la rencontre : il entra dans la
synagogue le jour du sabbat et il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre
du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit…
Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Notre foi repose sur des faits, elle est une
relation à une personne. Sans doute, le mouvement qui nous amène à ces faits et
à cette personne nous est-il autant donné qu’il est notre liberté. Là est le
mystère central de notre condition d’enfants de Dieu. La résurrection de la
chair et la vie éternelle, d’une certaine manière, vont de soi, mais la
foi ?
[1] - 1ère lettre de Paul aux
Tessaloniciens IV 13 à 17 ; psaume XCVI ; évangile selon saint Luc IV 16 à
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