Hier
Attendant mes aimées, dos à
un arbre, dans les parcs de stationnement du Leclerc à Vannes, commencé de lire
l’entretien de François avec le directeur de la revue jésuite en Italie. Presque
tout de suite, ma prévention du matin tombe, je réalise qu je passe un moment de
réflexion, de révision de vie, de reprise de posession de moi-même,
d’apprentissage d’une personnalité accomplie et claire, comme je l’avais vécu
lundi dans le TGV Bretagne-Paris-Alsace avec le sel de la terre.
Décor qui
n’est plus de tran mais de passages des voitures, donc de profils successifs, de
vies autres. Le pape et ses vocation comme celle de RATZINGER. Les amorces de
mon roman sur mes chemins et carrefours d’amour, c’est-à-dire de femmes et
d’itinéraires de vie – l’amour, la femme aimée, aimante étant depuis mon
adolescence le déterminant essentiel de toutes mes ambiances, énergies quitte à
tenter de partager mes hantises, mes habitudes de pensée, mes découvertes,
jusqu'au temps présent où tout s’est transformée en habitation permanente de
deux questions, le bonheur de ma femme, l’avenir de notre fille. Le texte de
François m’amène à une autre interrogation de ma vie, aussi structurante,
vocation religieuse ou sacerdotale, oui ? non ? et maintenant simple et nue
relation à Dieu dont découlent une action-propagande-communication dans la cité
et notre époque, en même temps que cette proximité devenue si consciente du
passage et du trait sous l’addition.
Lu une dizaine de pages, soit le tiers du texte. Le
décor planté avec hyabileté par les deux hommes qui parlent évidemment le même
langage, pas seulement au spiituel, mais en mode de vie, dont il semble que
François n’a jamais changé depuis ses débuts (vocation dominicaine dans un
séminaire erga omnes tenu par les Jésuites…). Je note et repère, en ferait
compte-rendu et somme en bout d’exercice. Aperçus et maximes sur le discernement
et l’art de gouverner [1], à rapprocher de ceux donnés par le futur Benoît
XVI, deux tempéraments, deux expériences, celle de François certainement
supérieure en pratique, en cela il est l’homme de nos nécessités. Définitions
applicables à la politque, le peuple : sujet, et piste ouverte, grande, immense,
et aussi nécessaire que la réforme gouvernementale, l’infaillibilité pontificale
est l’expression de l’inspiration et de l’unanimité populaires [2].
Racontant à midi nos
quadratures de cercle et une seconde série de nos procès perdus, ceux concernant
ma carrière et mes biens, à Michel, oreille complaisante mais sans opinion, je
m’aperçois que je m’enfonce dans le désespoir, tellement nos impasses de
trésorerie ou d’habitat en psychologie et en matériel sont avérées… nous dînons
ce soir dans plusieurs ambiances, la mienne totalement déprimée, à laquelle
heureusement peu d’attention est donnée, tandis qu’Edith avec volubilité
continue son récit commencée en voiture sur sa journée d’enseignement… dans la
dialectique qu’elle avait dénoncée de ses nouveaux collègues : inanité et
inconsistance des élèves ans aucune base ni méthode, elle donne pourtant des
éléments et notamment de possibles portraits de ces adolescents qui appellent en
réalité la considération et la pratique d’enseignement fondée sur cette
consdération. Tout en ayant des descrptions de ses classes, proches de celles
d’enseignants de viongt ans, ma chère femme laisse entrevoir une manière
interactive de faire et inventer le cours avec l’ensemble de celles et ceux qui
lui sont confiés…
Lumière, ce soir, Marguerite
essayant de redonner sa leçon de claquettes puis inventant des chrorégraphies
devant la glace de sa salle-de-bains. La joliesse de sa tête, avec des mèches
montées de la nuque eu haut du crâne, la fraicheur de la voix, des attitudes
quand elle vient à mes genoux (je suis assis sur le couvercle de la « lunette »,
de la les lumières roses et oranges de sa chambre, le mur au-dessus de son lti
tapissés de collages, les poupes diverses alignées sous les oreillers leur
faisant couverture nocturne) m’expliquer, campée et cambrée, telle chose qu’elle
apprend ou improvise, puis elle repart. Prière simple, semi-endormie. Ces
récitations au moins millénaires et notre vie personnelle, nos vies
d’aujourd’hui, relation textuelle ? nudité de l’humilité sur le chemin djà
emprunté par les milliards de gens qui ont dit-récité-pensé ces prières
machinalement ou intensément…
Ce matin
Venu au lit dans
l’acceptation d’une stérilité d’écriture définitive, faute d’énergie et
d’organisation-disponibilité de « mon » temps (je n’ai plus de temps qui
m’appartienne) et donc de concentration (énumération cruelle par ma chère femme
de tous mes projets depuis quinze ans dont aucun n’a commencé d’être écrit et a
fortiori terminé) et d’un abandon aux
circonstances. Je me suis éveillé sans paysage et à mesure que je vaquais aux
simples choses du thé à préparer pour ma tendre gisante, une de nos chiennes
ayant aussitôt occupé ma place, aux biscuits pour les chiens, aux colliers
électriques à poser (disponibilité touchante de chacun de nos quatre-pattes, il
m’est revenu une énergie, une sorte de joie à recevoir et le temps de la prière
s’ouvre comme une fleur prête au butin de l’insecte.
Dans la joie et dans
l’attente, prier… ces coincidences que j’aime tant, que je reçois comme une
preuve de vie, comme la vérité. Généralement
l’anticipation qu’il m’est donné de vivre mentalement de la phrase suivante ou
de l’étape à venir du texte dans lequel je suis entré, en sorte que je l’écris
autant que je le prie, en même temps que l’écrivain sacré… ces rêves de
Marguerite, ainsi une invasion de sa salle-de-bains où elle se trouve avec un de
ses petits amis de cœur, par des serpents, dont elle n’est pas défendue, et l’un
la mord. Or,
c’était juste l’épisode du serpent de bronze érigé par Moïse sur indication de
Yahvé, qui était la lecture du jour. Maintenant, la vocation de Matthieu, dont
(selon ma lecture d’hier après-midi, en pleun air…) un tableau est affectionné
par le pape François en ayant l’image à Buenos-Aires et dans sa chambre 107 ou
104 à Sainte-Marthe du Vatican. Prier… [3] Matthieu le géant donne lapidairement le récit de sa
vocation… Jésus vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son
bureau de collecteur d’impôts. Il lui dit : « Suis-moi ». L’homme se leva et le
suivit. La présence, le regard, la
parole, le mouvement. La vie… Cela se passe à Capharnaüm, là où réside
habituellement Jésus, chez Pierre. Comme Jésus était à table à la maison,
voici que beaucoup de publicains et de pécheurs virent prendre place avec lui et
ses disciples. Donc table ouverte… Jésus
invité par les pharisiens et ses détracteurs, Jésus invitant, Matthieu le
suivant est donc passé aussitôt à table avec son Seigneur. Explication de
l’appel, de la vocation, de tout appel et de toute vocation : je suis venu
appeler non pas les justes, mais les pécheurs. Je reçois ici l’écho de ce que répond
François à son jeune frère jésuite lui posant la question – genre PROUST – de
qui il est ou comment il se définirait … je suis un pécheur, il commente ensuite
à deux reprises, un ingénu… [4]
d’une certaine manière, c’est notre misère et nos limites, voire un certain état
de vie qui appellent le Seigneur à nous appeler. Et la vocation de l’humanité
entière, préfigurée par l’Eglise c’est bien de constituer le Christ-même… au
terme, nous parviendrons tous ensemble à l’unité dans la foi et la vraie
connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la plénéitude de la
stature du Christ. Quand Matthieu se lève
de son bureau, c’est à cela qu’il part et qu’il va s’adonner. Jésus justifie
l’appel et la disponibilité précisément par tout ce que les tiers pourraient
reprocher au publicain, à son métier, à sa façon d’être et de
faire.
[1] - « Ce
discernement requiert du temps. Nombreux sont ceux qui pensent que les
changements et les réformes peuvent
advenir dans un temps bref. Je crois au contraire qu’il y
a toujours besoin de temps pour poser les bases d’un
changement
vrai et e!cace. Ce temps est celui du discernement.
Parfois au contraire le discernement demande de faire tout de suite
ce
que l’on pensait faire plus tard. C’est ce qui m’est
arrivé ces derniers mois. Le discernement se réalise toujours en présence
du
Seigneur, en regardant les signes, en étant attentif à ce
qui arrive, au ressenti des personnes, spécialement des
pauvres.
Mes choix, même ceux de la vie quotidienne, comme
l’utilisation d’une voiture modeste, sont liés à un discernement
spirituel
répondant à une exigence qui naît de ce qui arrive, des
personnes, de la lecture des signes des temps. Le
discernement
dans le Seigneur me guide dans ma manière de gouverner.
Je me méfie en revanche des décisions prises de
manière improvisée. Je me mé#e toujours de la première
décision, c’est-à-dire de la première chose qui me vient à l’esprit lorsque je
dois prendre une décision. En général elle est erronée. Je dois attendre,
évaluer intérieurement, en prenant
le temps nécessaire. La sagesse du discernement compense
la nécessaire ambiguïté de la vie et fait trouver les moyens
les
plus opportuns, qui ne s’identient pas toujours avec ce
qui semble grand ou fort. »
[2] - « Personne
ne se sauve tout seul, en individu isolé, mais Dieu nous attire en considérant
la trame complexe des relations
interpersonnelles qui se réalisent dans la communauté
humaine. Dieu entre dans cette dynamique populaire.
Le
peuple est sujet. Et l’Église est le peuple de Dieu cheminant dans l’histoire,
avec joies et douleurs. Sentire
cum Ecclesia (sentir
avec l’Église), c’est, pour moi, être au milieu de ce peuple. L’ensemble des
dèles est infaillible dans le croire, et il manifeste son infallibilitas
in credendo à
travers le sens surnaturel de la foi de tout le peuple en marche. Voilà
pour
moi
le sentir
avec l’Église dont
parle Saint Ignace. Quand le dialogue entre les personnes, les Évêques et le
pape va dans
cette direction et est loyal, alors il est assisté par
l’Esprit Saint. Ce n’est donc pas un sentir faisant référence aux
théologiens.
C’est comme avec Marie : si nous voulons savoir qui elle
est, nous nous adressons aux théologiens ; si nous
voulons
savoir comment l’aimer, il faut le demander au peuple.
Marie elle-même aima Jésus avec le coeur du peuple,
comme
nous
le lisons dans le Magnicat. Il ne faut donc pas penser que la compréhension du
sentir
avec l’Église ne
soit référée
qu’à
sa dimension hiérarchique. » Après un moment de pause, le pape précise pour
éviter tout malentendu : « Évidemment, il faut rester bien attentif et ne pas
penser que cette infallibilitas
de
tous les fidèles, dont je suis en train
de parler à la lumière du Concile, soit une forme de populisme. Non, c’est
l’expérience de notre Sainte
Mère l’Église hiérarchique,
comme l’appelait Saint Ignace, de l’Église comme peuple de Dieu, pasteurs et
peuple tous ensemble. L’Église est la totalité du peuple de Dieu. Je vois la
sainteté du peuple de Dieu, sa sainteté quotidienne. C’est une “classe moyenne
de la sainteté” dont tous peuvent faire partie,
celle
dont parlait Malègue. » Le pape se réfère ici à Joseph Malègue (1876-1940), un
écrivain français qui lui est cher, en particulier à sa trilogie incomplète
Pierres
noires. Les Classes moyennes du Salut.
Certains critiques français l’appelèrent le « Proust catholique
».
[3] - Paul aux Ephésiens 1 à 13 ; psaume XIX ; évangile selon saint
Matthieu IX 9 à 13
[4] -
«
Si, je peux peut-être dire que je suis un peu rusé (un
po’ furbo),
que je sais manoeuvrer (muoversi),
mais il est vrai
que je suis aussi un peu ingénu. Oui, mais la meilleure
synthèse, celle qui est la plus intérieure et que je ressens
comme
étant la plus vraie est bien celle-ci : Je suis un
pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard. » Il poursuit : « Je suis
un
homme
qui est regardé par le Seigneur. Ma devise, Miserando
atque eligendo,
je l’ai toujours ressentie comme profondément
vraie
pour moi2. Le gérondif latin miserando
me
semble intraduisible tant en italien qu’en espagnol. Il me plaît de
le
traduire
avec un autre gérondif qui n’existe pas : misericordiando
(en
faisant miséricorde). »
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