Prier…
le calme et l’espérance ont parfois un si long chemin à retrouver et refaire en
nos vies, en moi. La vie humaine pourrait être vivable et heureuse, même avec
nos propres fautes et compte tenu de nos propres limites, mais il y a ce qu’il
faut bien appeler les autresn et qui n’est pas l’autre. L’autre peut être
rencontré, aimé. Le dialogue est possible, ou bien ce n’est pas un autre,
l’autre, c’est alors l’anonyme multiplié à l’infini que sont les autres… Saison
de la chasse… plaisir de quoi ? je ne sais, de qui ? nombreux,
anonymes, lointains sauf leurs coups de feu. En Décembre 2010, en milieu de
matinée, deux coups de feu, mort de notre petit Dupont, même le cadavre ne nous
a pas été laissé… on n’y peut rien… je
n’y peux rien, nous n’y avons rien peu. Quinze jours après un autre. Nous n’y
avons rien pu… aujourd’hui chaque coup de feu… nous fait craindre. Nous avons
trente hectares, et il nous faut garder nos chiens enfermés…
La
juge des tutelles, une audience n’est pas un dialogue, voir statuer sur telle
affaire n’est pas assister à la prise de décision, on reçoit celle-ci par
courrier, on est avisé d’une audience à laquelle on est prié de ne pas
assister, une personne aimée peut être retenue contre son gré dans une maison
de retraite, son fils vendre son immeuble et ses meubles, l’empêcher d’aller
faire une valsie et prendre une robe et quelques souvenirs… nous n’avons pas
intérêt pour agir et donc le dossier ne nous est pas communicable. Vous n’allez
pas m’apprendre mon métier, et regardez moi quand vous me parlez. Je n’ai pas
eu la présence d’esprit de dire que dans certains pays regarder son supérieur en
face est la dernière grossièreté et que si la justice ne sait pas se faire
aimer dans le dialogue avec les justiciables, hors procédure et dans le simple
privé d’une rencontre, elle perd sa raison d’être et sa capacité de comprendre
quelque affaire que ce soit… je n’y peux rien, nous n’y pouvons rien… Quatre ans de recours et de procédure avec le
fisc, et le tribunal administratif huit jours avant « l’audience »
nous prépare à ses décisions : avez-vous fait une réclamation avant de
déposer un recours ? Irrecevable, cela va plus vite. Forclos, cela
dispense d’examen… On n’y peut rien, nous n’y pouvons rien… sauf à garder l’honneur
de se battre. A nouveau ou de continuer.
Deux
présidents de notre République, sans contrôle ni empêchement chacun pendant cinq
ans, même avec les trois quarts des Français en défiance vis-à-vis de l’un puis
de l’autre… l’un pathologique dans sa confusion entre la communication et la
décision, entre la décision et une réelle contribution au bien du pays, au bon
fonctionnement de ce qui est existe, l’autre pathétique dans sa banalité de
texte et de silhouette, gérant à la plume un budget tandis qu’un pays complètement
déglingué a perdu foi en tout, un peuple qui savait agréger, qui le sait encore
mais dont les soi-disant élites et leurs rejetons sont maintenant d’esprit
étranger… tous deux de vie personnelle et intime, de culture générale, de
rayonnement en tête-à-tête avec des homologues ou des personnes de poids…
proches du néant, en tout cas relativement aux responsabilités et aux fonctions
que nous leur donnons par élection… et moi, qu’y puis-je ? tentant de
souffler quelques lignes de texte au premier rôle depuis les coulisses et cela
depuis près de vingt ans, je ne reçois aucune marque de considération…
d’ailleurs quel citoyen lambda en reçoit s’il émet une opinion ? et ceux
qui gouvernent – à bien y regarder – en ont-ils une opinion… un intense laisser-aller
quelles que soient les phraséologies au ton vulgaire ou suppliant, pour
démontrer que personne n’y peut rien… et moi je n’y puis rien et ce que je vois
n’est pas beau… consolation, suis-je le seul à ne pas pouvoir ?
Telle
petite-nièce allant de stage en stage au raconter en quelques phrases dont on
pouvait s’émerveiller comme d’une naissance au monde, ce fut le Danemark est
muette depuis deux ans : Valladolid, le Chili, les Nations Unies pour
l’humanitaire, l’Amérique centrale, pas un blog, pas une lettre, elle m’eût
passionné de quelques lignes chaque mois… je n’y peux rien… nous n’y pouvons
rien… une autre nièce, ma filleule, en disponibilité de sa banque en ligne, un
an en Extrême-Orient pour de la plongée sous-marine, puis des mois ailleurs,
sans doute lesbienne ou au moins de compagnie fille pendant une décennie,
prétexte pour ne plus communiquer, alors que si quelqu’un dans la fratrie peut
tout recevoir… et les aventures du cœur, de l’exotisme, les stages à l’étranger,
ce que vivent neveux, nièces me passionneraient… communier et accompagner d’âme
et d’intelligence, vivre autant de vies que nous avons de frères, de sœurs, d’amis,
quelle merveille, quels ajouts d’existence… comment en être privé quand il
serait si aisé de partager, simplement le souffle et le regard, ni bourse ni
temps requis. Une fratrie, des familles, la mise en commun des coups de cœur,
des voyages, par le récit, l’évocation… alors même qu’il y a internet, les
blogs et autres… SEVIGNE et sa fille… ma mère et son fils…
Expérience…
à attendre que ma chère femme revienne d’une location de voiture puisque la nôtre
est tombée en carafe, je suis dos à la palissade de la concession Renault,
à Bischeim, le jour ne tombe pas encore… nos bagages à ma droite, une serviette
sous les fesses, celle qui servait à protéger la banquette arrière pour les
deux de nos chiens que nous avions emmenés, ceux-ci à ma gauche, laisses à mes
poignets… j’attends… naguère, un avion surchargé, je suis laissé à attendre le
prochain… trois jours, sans bagage, sans de quoi écrire ou noter, personne ne
parle le français, paysage de sable, fin fond de ma chère Mauritanie, seul
spectacle : un âne, un puits, le chant du seau et de la corde en cuir
tressé de la longueur équivalent à la profondeur du puits, quelques trente ou
quarante mètres… trois jours d’un certain bonheur, c’est ainsi que je suis mentalement
entré dans ce pays et en solidarité avec ceux qui l’habitent, le parcouraient
et risquent de s’en retirer s’ils continuent de s’urbaniser comme ils v sont
acculés faute de pluie mais aussi d’équipements.
Je réalise que je fais mauvaise réclame pour la concession, postée comme je
suis. Puis aussi que j’ai tout l’air d’un routard ou d’un mendiant, la gamelle
d’eau est peut-être une sébille… les voitures qui passent sont de faible
cylindrée pour la plupart, les profils dans la pénombre des habitacles pas bien
avenants, la gendarmerie passe aussi… je n’ai pas plus qu’au désert de mon
adolescence de quoi écrire, je ne vis que l’instant… la détresse, le dénuement
ou le hasard nous font ce cadeau, il n’y a plus que l’instant physiquement et
mentalement, le reste est ornement… près de deux heures après mon installation,
jambes allongées sur le trottoir où personne ne passe, une voiture s’arrête… la
route de Jéricho… c’est le Samaritain… en l’occurrence une Marocaine, au beau
visage aigu, se revendiquant berbère et au volant une Mauricienne, c’est ce
que m’apprend le fil de la conversation nouée puis ponctuée de questions inquiètes :
vous êtes perdu ?? nous avons cru que peut-être vous êtes désespéré… vous
ne voulez pas un sandwich… avez-vous où aller ? à ma demande, elles m’écrivent
leurs adresses internet respectives. Musulmane certes, Rhakia, mais ne pratique
plus. Quelques mots censés sur les débats d’aujourd’hui. Le Coran, à ma connaissance,
n’a pas intégré la parabole que j’évoque, mais je n’avais pas à l’expliquer,
puisque je la vivais.
Tandis
que j’essaie de faire passer les troupeaux, comme naguère Jacob, de l’autre
côté de la rivière… crier le désespoir en en énumérant les poids, les
intitulés… savoir celui des autres, le porter aussi… avis que notre
assurance-auto. est résiliée après trois dépannages pour la même cause que
notre garagiste ne prend pas le temps ou n’a pas la capacité de traiter… le
chapelet de tout, la guigne, le ratage… finit par faire sourire. Dieu n’en est
pas cause, mais il est recours… Ma vie entière – grâce au seul bien qui s’il me
faisait défaut, je sombrerais aussitôt à n’en plus pouvoir ni finir : la
foi qui m’a été donnée et qui continue de me constituer – m’a montré et me
répète que la vie spirituelle seule fait tenir le corps, l’esprit, l’amour, le
relationnel : tout. Et cette vie n’a de socle et de structure, de
mouvement que fondée sur l’Autre par excellence et absolument, l’Autre intime
et universel, analogue et présent en tous, et pourtant tout particulièrement à
mon oreille, à mon regard, à mon instinct et en mon temps et selon mes
paramètres. Ni conscience constante, ni prière ciblée et encadrée, le rappel
seulement et selon Dieu sauveur, fait homme, de cette mutuelle présence de Lui
et de moi, de Lui et de tous, de Lui et du monde.
Je
reçois d’un ami cher, cher pour beaucoup de raisons et selon beaucoup d’attaches,
le commentaire fervent de la veillée et du jeûne organisés place Saint-Pierre
notamment, à la demande du Pape [1] … les précédents de
Benoît XV pendant la
Grande Guerre, de Paul VI aux Nations Unies, comme celui de
BRIAND : arrière les canons, arrière
les mitrailleuses, ne valent pas en l’occurrence.
Ne rien faire, même si faire est bien trop a posteriori, à propos de la Syrie,
n’est en rien œuvrer pour la paix, c’est au contraire maintenir une guerre et
sans doute la
développer. Prier pour la paix ne sera entendu – hormis Dieu,
par hypothèse – que des démocraties et des pays tenant compte des élections,
des parlements et de l’opinion : et c’est ceux-là que la « prière »
et la « veillée » désigneraient comme les agresseurs ! tandis
que Bachar tranquille serait le pacifiste, nous défendant des intégristes et
des djihadistes, Le propre des débats de politique intérieure – le « mariage
pour tous » – et de politique extérieure – la Syrie, qui nous
assaillent ou viennent de nous assaillir est d’être très partiel, car ces
questions font partie d’ensembles, lesquels sont boîteux, pas diagnostiqués et
qu’ils sont menés hors de leur fond. Notre capacité à débattre du coup n’est
pas mise en œuvre efficacement et pour une décision fondée sur une vue
consensuelle et lucide du monde, dans lequel s’insère la question à résoudre,
et l’on aboutit à une division des esprits, à une déperdition des énergies. Cela
ne me désespère pas car c’est curable, tandis qu’un pays entrant dans les
langueurs et se vidant de l’intérieur comme le moribond ayant commencé sa
descente, oui ! cela me fait mal, surtout quand j’ai vu, à mes vingt et même
quarante ans les moyens de la réussite, de la grandeur, de la convivialité et
de l’influence tous réunis, et souvent à l’œuvre…
Au
plus profond et émotif tout à l’heure, notre fille vient me souhaiter le bonjour,
se manifester, m’embrasser… j’en retrouve même une chaussette égarée. Nous n’irons
à la messe que ce soir. Détente générale : bain de la plus petite de nos
chiennes, mère et fille… puis d’une autre, plus importante.
Oui,
prier… mes samaritaines d’avant-hier… que j’ai négligé de remercier… Midi… le
calme maintenant… [2]
ce n’est que dans la paix intérieure retrouvée ou entretenue par notre amour
conjugal, lui-même porté, justifié, sauvé depuis la grâce du mariage par la foi
et la prière de chacun, selon ce qu’il est… que nous pouvons porter à nouveau
le monde, le penser sans automatisme ni hâte, mais en tendresse, et peut-être l’aider
avec tant d’autres à trouver le visage de la Genèse et du chapitre XXII de l’Apocalypse.
Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être
mon disciple. Pas tant renoncer à tes attachements
ou à des biens, mais précisément aux emm… qui nous accaparant, m’empêche de
regarder Dieu en croix ou m’enseignant depuis la barque des Apôtres, de l’Eglise.
La gestion d’une fortune immobilière ou des relations internationales… qui
ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller
jusqu’au bout ? ce que je n’ai pas
su faire pour notre propriété … qui ne commence par s’asseoir pour voir s’il
peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui vient l’attaquer avec vingt
mille ? Il y des conseils de « défense » à l’Elysée,
qui sont le contraire, puisque pour des raisons que je trouve souvent bonnes,
mais qui peuvent être mauvaises, nous sommes les attaquants ou les débarquants…
mais des conseils de réflexion ? notamment en diplomatie et relations
internationales, ce qui devrait anticiper et prévenir les conflits… s’il ne le peut pas, il envoie, pendant
que l’autre est encore loin, une délégation pour demander la paix… BACHAR place de la Concorde à l’incitation
de Nicolas SARKOZY, soit ! mais pour le connaître, gagner sa confiance
intime, et l’aider à prendre un autre chemin pour gouverner son pays… et depuis
quelques mois pourquoi pas improviste le président régnant atterrissant à Damas
pour une conversation d’homme à homme… La prière fait aussi imaginer, elle n’est
pas mnémotechnique… S’il pose les fondations et ne peut pas achever, tous
ceux qui le verront se moqueront de lui. Si
chaque matin, nos principaux dirigeants lisaient les textes de la messe du
jour. Nos rois assistaient, vers les six heures du matin, à la messe, avant des
collations plantureuses et la
chasse. L’après-midi avec ses six-sept heures de conseil, le
roi ne décidait qu’en conseil, était alors fructueuse tant le souverain,
généralement entouré de très grands ministres, avait pu décanter… Pour nous, pour moi, la décantation est bien
de changer de soucis : bonheur de ma femme, avenir de notre fille… mais n’y
suis-je pas depuis notre mariage et la naissance de notre fille… Jésus, par son
intransigeance apparente, nous donne les vrais relationnements et les vrais
attachements. Simplement, tout par Lui. Délicatesse de Paul et texte qui avait
tant frappé et peut-être converti mon ami, grand juriste soviétique, ministre
de la Justice du cher Kazakhstan : la relation de maître à esclave et la mûe
par le christianisme. Je n’ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu
accomplisses librement ce qui est bien, sans y être plus ou moins forcé…. Dieu fait de même avec nous : le
respect divin de notre liberté humaine, dans le bonheur comme dans les
intempéries. C’est ainsi que les chemins des habitants de la terre sont
devenus droits ; c’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît et,
par la sagesse, ont été sauvés… Qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas
donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? Prière du repartant, de tout travailleur, de
toute personne portant en soi et dans sa prière… elle-même et le monde, ses
aimants et ses aimés : que vienne sur nous la douceur du Seigneur
notre Dieu ! Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains. Amen.
[1] - Avec …, je viens de suivre en direct, depuis 19h sur le site
des évêques de France, la veillée de prière pour la paix en Syrie et dans le
reste du monde, organisée par le Pape place Saint-Pierre. C'était un long
moment vraiment exceptionnel, unique sans doute. La méditation du Pape
François mérite d'être écoutée et réécoutée. La violence ne peut qu'entraîner la violence. Elle
n'est jamais un chemin vers la paix. Puissent ses paroles, déjà prononcées
par ses prédécesseurs, être entendues par nos dirigeants: "Jamais
plus la guerre! Jamais plus la guerre!"
[2] - Sagesse IX 13 à 18 ; psaume XC ; Paul à Philémon 9 à 17 passim ;
évangile selon saint Luc XIV 25 à 33
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