lundi 8 mai 2017

Mgr Pontier: "il faut qu'Emmanuel Macron et son gouvernement puissent travailler"



Eglise \ Vie de l'Eglise

Radio Vatican

Mgr Georges Pontier dans les locaux de Radio Vatican, le 22 octobre 2015. - RV
08/05/2017 13:52
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(RV) Entretien - En France, jamais lors d'une élection présidentielle le vote des catholiques n’avait été autant discuté ; jamais d’un bout à l’autre de l’échiquier politique, les principaux candidats n'avaient autant essayé de réccupérer cet électorat. Cette situation a quelque peu mis en difficulté la Conférence des évêques de France (CEF), laquelle, sollicitée, avait fait le choix de ne pas donner de consigne de vote. C’est finalement à titre individuel que plusieurs évêques ont choisi entre les deux tours de sortir du silence.
Au lendemain de la victoire d'Emmanuel Macron qui deviendra le 14 mai prochain le 8° président de la V° République, nous donnons la parole à Mgr Georges Pontier, le président de la Conférence des évêques de France dont la tâche sera de rassembler les catholiques qui, à l’image de la France, sont sortis divisés de cette élection présidentielle. Des propos recueillis par Jean-Charles Putzolu.

Mgr Pontier : C’est Monsieur Macron qui a été élu de manière importante, malgré tout dans les résultats, et il faut lui souhaiter de réussir pour le bien de notre pays. Sinon, ça serait catastrophique. Les tensions sont telles… Les recherches, les mutations, les incertitudes sont telles qu’il faut qu’il réussisse.
Les élections législatives ne sont pas très éloignées et elles vont donner le visage du nouveau parlement, et là on est dans une grande incertitude puisque c’est une grande mutation (qui a eu lieu). Il faudrait qu’on retrouve une certaine sagesse. Ça c’est sûr. Et puis nous avons conscience qu’il ne faut pas mettre notre pays dans une situation ingouvernable. Donc il faut que le président et son gouvernement puissent travailler. Et deuxièmement (les législatives) c’est fait aussi pour (rééquilibrer)… on emploie le mot de rééquilibrage souvent. C’est un moment où nous exprimons des points particuliers auxquels nous tenons et que nous avons désignés dans la phase antérieure.
Radio Vatican : Avec cette élection, on assiste à une mutation de la société française ?
Mgr Pontier : C’est une mutation de la société. En tout cas, le fait qu’il y ait eu beaucoup de votes blancs - plus que d’habitude, bien plus que d’habitude - montre cette insatisfaction et montre cette mutation. C’est-à-dire qu’un certain nombre de concitoyens français ont préféré le vote blanc, ne voulant pas se décider entre ces deux candidats et ayant été marqués profondément dans leurs projets à eux.
Radio Vatican : S’il y avait une échelle de valeurs, si vous deviez nommer des priorités, quelles seraient-elles ?
Mgr Pontier : Le chômage, le chômage, le chômage. Lutter contre le chômage et donner du travail à tous parce que, sûrement, c’est ce qui est le plus destructeur pour les personnes, les familles, pour les perspectives, les projets et en particulier par rapport aux jeunes qui ne voient pas (d’horizon)… Ils ont un horizon bouché !
Dans ces circonstances, il y a une confiance qui est détruite et il s’agit de retrouver la confiance, et on retrouvera cette confiance par des actes qui produisent des fruits, et des fruits pour tous, y compris pour les plus fragiles. Manifestement, ce point-là est le plus important.
Radio Vatican : Autre enjeu de l’élection, l’Europe. C’est un bien pour la France et son avenir, pour le chômage ? Il vaut mieux rester au sein de l’Union européenne ou faut-il penser à en sortir ?
Mgr Pontier : Je ne suis pas un politologue averti, mais je pense qu’il faut rester dans l’Europe et continuer à donner à cette Europe des moyens de gérer l’entité européenne dans le respect de chaque peuple, bien sûr, et en même temps en créant un ensemble cohérent et porteur de fruits pour tous.
Il faut qu’on mette en place des mécanismes de confiance et parallèlement des mécanismes sur les points, comme la fiscalité ou les salaires, qui ont un écart trop grand entre les pays… avec le défi également de l’accueil des étrangers au regard de la situation mondiale actuelle.
Radio Vatican : Emmanuel Macron dit vouloir rassembler les Français. Est-ce que l’Eglise va tenter de rassembler les catholiques ?
Mgr Pontier : Le combat des idées divise souvent et tandis que l’initiative dans l’action rapproche, et c’est sûrement cette piste là qu’il nous faut regarder. Mais il n’est pas étonnant que les catholiques soient divisés. Ils appartiennent à tous les milieux sociaux, à toutes les cultures. Et donc, à l’image de la France, ils sont divisés mais il y a quand même des barrières que nous ne pouvons pas franchir si l’on veut rester catholique. Des barrières issues de l’Evangile sur le respect de l’homme, sur le respect de la vie, l’accueil de l’étranger, la justice sociale, la recherche de la paix. Et on voit bien que c’est au niveau européen que ces choses, pour nous, commencent. On commence par réussir cette Europe et après on joue la solidarité avec les autres pays c’est évident.


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