Jeudi 11 Mai 2017
20 heures 37 + Hier en fin
d’après-midi, je m’aperçois que j’ai oublié à la poste mon
cartable et dedans mon ordinateur. Mentalement, j’accepte
qu’il ait disparu vraiment et donc avec vingt-cinq ans de
travail non dupliqué ailleurs. Ni désoeuvré ni attristé,
j’ai regardé la lune, venteuse, s'épanchant comme une
aquarelle, pas sinistre mais certainement pas joyeuse. Cet
après-midi, photos d’identité pour le remplacement de ma
carte vitale : je suis proprement hideux. Leçon simple :
corps et visage, pas même un moment de moi, mais je n’ai pas
davantage une image autre, que d’ailleurs je ne saurai
imaginer. Naturellement, des photos, mais ce fut un moment
et n’y voyait-on pas, autant qu’aujourd’hui, tout autre que
moi. Peu importe mon apparence ce qui fait réfléchir sur la
force en nous de l’apparence des autres… lundi prochain,
cinquante ans, rupture par congédiement de mes premières
fiançailles. Etait-ce l’apparence qui m’attira ? non, mais
une synthèse bouleversante et simple et moi, sans fixation
matérielle : sans bruit, la foudre. Et deux ans auparavant,
la rencontre, la soirée, le baiser, les premiers mois hors
de la famille, hors d’Europe, la capitale de pas dix mille
habitants d’une République islamique de six-sept ans.
Beauté, apparence de qui m’habita soudainement ? l’âme se
traduit, comme d’ailleurs Dieu parle, tout simplement dans
notre langue, l’amour, la pénétration d’amour par autrui
nous enchantant et nous résumant d’une intense
correspondance, d’une liberté soudainement vécue : celle de
s’abandonner. L’anniversaire de la totale impuissance à
retenir l’autre dans sa négation d’une indicible synthèse
que j’avais cru absolue, plus unique encore
qu’exceptionnelle. L’anniversaire d’heures front contre
front, sans parole que le consentement d’être ensemble à
danser… vaguement. Le sable orange et rouge du 15 Mai 1965,
l’hôtel particulier dont la petite porte secondaire se
referme. Nouakchott n’est pas loin du million d’habitants,
et l’hôtel particulier a été vendu, deux appartements
seulement restent, à ce qu’il m’a été dit, en propriété à
qui me recevait… 15 Mai 1967. Les photos sont devenues
hideuses, mais si je ferme les yeux, tandis qu’ici, je n’ai
pas encore besoin que mon clavier soit éclairé, et que les
oiseaux se manifestent, aigus, tout est là. A la fois, sans
superposition des ages, des situations ni de maintenant. La
vie est d’abord intérieure.
Réfléchir notre situation
politique. Elle est mentalement totalitaire, elle est coupée
et du reste du monde et d’une grande majorité des Français
indifférente au rite, aux images. Voulu ? l’hymne à la joie,
était-il un hymne du mouvement et du candidat ? ou celui de
l’Europe aux douze étoiles remarquées au transept sud de la
cathédrale de Strasbourg par ADENAUER, DE GASPERI et SCHUMAN
… Voulu ? la loi MACRON I autorisant, entre autres mesures,
le travail dominical… application : la passation du service
à l’Elysée, un dimanche.
Aucun enthousiasme chez qui que ce
soit que j’interroge depuis dimanche. Nous avons voté pour
un inconnu, nous nous sommes déterminés : abstention, vote
blanc, vote nul, votre positif à propos d’un inconnu. Je
crois même que ces attitudes-là ont été indépendantes de la
question FN et MLP. Deux mondes, deux cases séparées. Mais
si le FN, quel que soit le nouveau nom qu’il recevra, doit
rester à l’étiage électoral qu’il a atteint, la démocratie
française ne sera plus que façade : le libéralisme
économique est un dogme à ne pas discuter et le débat
politique est impossible s’il y a à choisir entre qui que ce
soit d'autre et un extrêmisme qui ne sait pas même se vêtir
et s’argumenter. Ce fut la « révélation » du débat du 3 Mai,
inattendue à un point tel. MLP n’est pas admissible même si
ses idées étaient comestibles : elle n’est pas structurée
mentalement, elle ne travaille pas ce dont elle parle, elle
n’a pas même le sens de la scène, du débat, du dialogue…
Un changement comparable à 1958 ?
je pense davantage à 1940 si on peut abstraire de ce moment
la défaite et l’occupation qui commence. Cette adulation du
Maréchal… on adule
ce que l’on espère, et fort peu la réalité d’un personnage
soit statufié soit inconnu, une réalité secondaire au regard
de la projection qu’elle permet… ou dont nous croyons
qu’elle le permet. Titre bien traduit que celui de Match… cette adulation, « à la
moderne », d’EM. L’exploit est incontestable, avoir démontré
que les partis de l’alternance n’étaient chacune et leur
assemblage l’un tenant par l’autre, des châteaux de cartes.
Mais qu’est-ce que cela construit ? je m’accorde à cette
affirmation, je n’ai pas lu son texte, de Régis DEBRAY : le
clivage droite/gauche est un legs, un acquis, une structure
de notre Histoire nationale. Sinon, comment envisager un
dialogue, une opposition ? et surtout que signifie un
consensus dont les éléments ne seraient pas identifiables ?
et au contraire déjà pré-fusionnés. L’artifice va être
évident dès les premiers débats sur des projets et textes
précis. Y aura-t-il, dans la majorité présidentielle, si
celle-se forme (justement un 18 Juin…les dates oubliées… JC
et la reprise de nos essais nucléaires dans l’atmosphère,
malgré le moratoire BEREGOVOY… juste à l’anniversaire
d’Hiroshima), oui y aura-il des votes en conscience ? Je
souhaiterai un vote des Français en connaissance de cause et
des projets et de la personne après quelques mois d’exercice
de la fonction présidentielle : le projet de loi
d’habilitation du gouvernement à légiférer par ordonnance
sur tels sujets, notamment ceux sur lesquels la CFDT vient
de mettre en garde le nouveau président… refus de la
nouvelle Assemblée, dissolution ce qui enfin introduit un
décalage net entre l’élection présidentielle et l’élection
législative… nouvelle composition plus réfléchie, referendum
au besoin… Pour le moment, le flou ou plutôt de l’errance.
BAYROU semble en désaccord avec les 428 investitures de la République
en marche. Le Premier
ministre dont on parle est le lieutenant d’AJ, qui serait
donc le sage et le senior non loin du si jeune chef de notre
si vieil Etat, un parti même des « juppéistes » est en
gestation. JLM candidat à Marseille, plus qu’un risque ou un
pari, et surtout ses disputes publiques avec les
communistes. Subtilité, celles et ceux contre lesquels En
marche ne présente
personne : LE MAIRE, NKM et VALLS… La différence avec 1958
est là : le moment ne fut pas à la recomposition voulue du
« paysage politique », ce qui dominait n’était pas la figure
de l’homme du 18-Juin, c’étaient les événements que celui-ci
créait du seul fait de sa ré-entrée dans notre Histoire
nationale, la France sortait d’hibernation, décolonisation
en Afrique, autre regard sur l’Algérie et la guerre,
recomposition de l’Europe, refus de la grande zone de
libre-échange euratlantique : à peine six mois. DG ne
revendiquait ni novation ni changement, aucun besoin de
commentaire puisque les événements étaient éclatants, qu’il
les dirigeait et qu’il en faisait prendre acte.
Prier, tard ce soir, mais ne
sais-je pas chaque jour que je ne continue de vivre et
d’être confiance que par la foi qui m’est donnée et
maintenue. Et ainsi je vis la contagion de mon sourire
intime et de mon espérance tranquille dans l’équilibre que
je ressens chez ma chère femme, chez notre fille… La
sérénité d’une vie quand elle reçoit la pleine conscience de
sa continuité. Notoire, réussie ? peu importe. La compagnie
et l’espérance, le présent et l’avenir aux prochaines
minutes, lestés, structurés par un passé compréhensible.
Paul et ses compagnons, reçus à la synagogue d’Antioche de
Pisidie [1]…
structurent le présent, l’auditoire, l’Histoire religieuse
et nationale… l’accueil, l’entrée dans la foi, le constat de
la fois supposent cet agencement : le Dieu d’Israël a choisi nos pères… Dieu a, pour eux, suscité
David comme roi… Dieu,
selon la promesse, a fait sortir un sauveur pour Israël, c’est
Jésus … et Celui-ci
« enchaîne ». Je sais quels sont ceux que j’ai choisis
et comment recevoir ce
Souverain ? si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il
me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui
m’a envoyé. Une chaîne
d’identité, rien de figé, tout en transmission, en
mouvement. Des vérités, des gestes simples d’apparence, mais
avec Jésus les apparences ne déforment pas : elles forment.
Lavement des pieds. Un serviteur n’est pas plus grand que
son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie…
vous croirez que moi, Je suis.
Yahvé se nommant ainsi pour que Moïse puisse L’identifier
quand il va lui falloir mobiliser un peuple d’esclaves. La
splendeur de servir, d’annoncer, de propagander, de
s’effacer pour que l’Esprit Saint attise les braises : Le
voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de retirer
les sandales de Ses pieds. Les pieds du Christ,
arrosés des pleurs de Marie-Madeleine, percés par des clous
au Golgotha, empoussiérés
du sable de longues journées à marcher, soutenus par les
courroies de l’artisan… Ils ont percé mes mains et mes
pieds ; ils ont compté tous mes eaux. Marguerite n’aime pas
cette prière, ô bon et très doux Jésus, prosternés à
genoux…terrible, glauque
comme l’on dit aujourd’hui. C‘est ce Christ que va annoncer
ce témoin repu et approbateur du martyre d’Etienne : Paul
se leva, fit un signe de la main et dit…
[1]
- Actes des Apôtres XIII 13 à
25 ; psaume
LXXXIX ; évangile selon saint Jean XIII 16 à 20
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