dimanche 7 mai 2017

il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix - textes du jour


Dimanche 7 Mai 2017

08 heures 31 + La grâce de la vieillesse est certainement de nous faire prendre conscience de nos limites, pas seulement celle du temps « qui reste », ou celle de physiologies, de nos forces physiques, mais de ce que nous sommes, de notre condition. Ce n’est pas une humilité contrainte qui nous est donnée, c’est une heureuse lucidité sur ce que nous sommes, avons fait ou pas fait de ces années et de ces forces d’antan. Peu importe, car aucune œuvre ne tient devant Dieu, le seul à ne jamais nous oublier puisqu’Il nous a voulus, puisque à chaque instant Il nous veut. La force reçue de la foi en Lui, c’est LE sens, et non pas « du sens », ritournelle d’une vingtaine d’années maintenant : cela a du sens (la chère Clara LEJEUNE, ma stagiaire d’Athènes, devenue fourrier de General Electric pour que les beaux morceaux d’Alstom lui reviennent à la chandelle : cela a du sens…), et bien plus encore, c’est en recevoir la conscience d’un accompagnement constant, de nous donner le langage et le ressort pour demander, prier et implorer cet accompagnement. – La première chose que devrait faire celui qui arrive à notre présidence : inventaire de ce qu’il nous reste nationalement, historique de la brade, étude des préférences autres qu’européenne ou franco-allemande. Et institutionnellement, un tribunal sans sanction que la notoriété nouvelle donnée par des débats publics, des expertises : il aurait pu compétence les erreurs stratégiques et les trahisons de nos dirigeants économiques et financiers, quand elles sont avérées selon la veille devenue légale des comités d’entreprise. De même que tout président de notre République en fin de mandat doit en rendre compte en Haute Cour, sans a priori, mais avec précision : historique des décisions, évaluation de leurs effets, procès en accusation et en défense, paisible. Sanction : la notoriété, le déshonneur, l’inéligibilité à vie. Qu’est-ce que prendre ses responsabilités, comme il est tant ressassé si c’est seulement invoquer l’exclusivité de la décision, se l’attribuer ? non, se lon l’étymologie, c’est répondre de ses actes.
Seul suspense d’aujourd’hui : la participation et les nuls. Idéalement, il faut qu’EM vive et sache qu’il est archi-minoritaire, qu’il est élu sous contrainte. Cela d’ailleurs le grandira pour la suite, s’il la mène vraiment. Sa première décision doit être de nommer un Premier ministre forcément de transition, puisqu’il y aura ensuite à en nommer un selon la composition de la prochaine Assemblée nationale. L’homme qui me paraît tout désigné par son intégrité par sa triple expérience des Affaires Etrangères (Coopération et Développement) en début du mandat de FH,, puis place Beauvau, et enfin à Matignon : Bernard CAZENEUVE. Je ne vois personne d’autre. Pour la suite, c’est simplissime. Les textes et réformes auxquels tient le nouveau Président : la loi d’habilitation à procéder par ordonnances. Ce n’est nullement la volonté du prince, comme cela a été répété, là encore pour faire peur, c’est un débat parlementaire sur le thème à traiter et pour lequel l’Assemblée nationale délègue au gouvernement la compétence matérielle que lui donne la Constitution depuis sa rédaction originelle. Si cette habilitation est refusée, dissolution, les Français étant alors juge de la manière la plus précise sur ce que veut faire l’élu du 7 Mai 2017. Je suis hostile à la diminution du nombre des parlementaires : c’est du même esprit que la réduction du nombre de nos circonscriptions régionales. La démocratie a un coût et sa condition de mise en œuvre et de conscience quotidienne, est la proximité des élus. Ne pas changer, sauf à rebâtir consensuellement le contour de quelques circonscriptions, selon les évolutions démographiques. Représentation proportionnelle en petite dose ? non. C’est forcément aller à des scrutins de liste et donc au placement des incasables du suffrage direct par les appareils de parti. S’il est question de représentation, alors changer le Sénat, devenant chambre des représentants, se distinguant de la chambre des députés, et qui serait composée par les collectivités locales, les métiers, toutes les catégories possibles, voire même les religions, etc…  La définition des compétences découlerait de cette composition. Naturellement, le Conseil économique, social et environnemental serait supprimé. On pourrait même concevoir que les étrangers, habitant depuis un temps à définir, y seraient représentés. Y participeraient les candidats à l’Elysée, ayant réussi le tour de force (j’en sais quelque chose) de recueillir les cinq cent signatures. Bien entendu, revenir à la lettre originelle des conditions de participation à la course présidentielle, rendre accessible et publique la liste des personnalités habilitées à présenter quelqu’un à l’élection. Enfin, c’est une réclamation générale, le droit du peuple à contester le menu, l’offre à l’élection : quorum de participation, légalisation du bulletin blanc. Tout cela est archi-simple et procède de la même volonté : la démocratie sincère. Combien nous en sommes loin ! Thème de ma prochaine lettre à EM, quand j’aurai une adresse plus précise que celle de son QG à Villejuif : 55 rue du faubourg Saint-Honoré à Paris VIIIème… Pratique du referendum, éclairage des décisions gouvernementales par des « livres blancs » à la britannique, à la suisse, disponibles pour l’euro symbolique dans les bureaux de tabac, les mairies, tous lieux publics. En démocratie, en République, l’imagination n’est pas la folle du logis, mais la sincérité.
Nous allons vérifier dans les jours et les semaines qui viennent la vérité des institutions voulues par le général de GAULLE, acceptées par nous ou nos ascendants encore très proches dans le temps et dans nos mémoires, et pratiquées par lui, à ses dépens et à risques constants. Notamment que son prestige, son œuvre de 1940 à 1945 puis depuis 1958 aient pu être mise aux enchères de l’élection en 1965. Humiliation ? non ! ressort nouveau, car son premier septennat fut de restauration du pays et de l’esprit public, de mise au point de l’outil dont dispose par l’élection, la démocratie : l’Etat, mais le second fut celui de la l‘audace et de la fondation : l’OTAN, la participation, le Québec, l’anticipation  de l’implosion soviétique et de la fin des guerres d’Indochine. Ressort que ces trois entretiens avec Michel DROIT pour le second tour de 1965, enregistrés en un après-midi tandis que FM trébuchait à chaque reprise d’enregistrement. Ressort que le 30 Mai 1968. Oui, j’ai admiré, j’admire encore mais je crois – du coup – que nous pouvons reprendre et continuer car il n’y avait que bon sens et confiance nationale dans tout ce que fit DG. La cause essentielle, décisive aujourd’hui et que seule la France peut promouvoir, c’est l’Europe, et celle-ci n’a pas de sens avec un directoire plus nombreux que ce que l’expérience et tous les programmes présidentiels énoncent pour une classe : la quinzaine d’élèves, de même autour de la table du conseil des ministres. Mais pour l’Europe, il faut l’incarnation, l’arbitrage, la voix mondiale, pour la défense nucléaire aussi … donc, l’élection directe du Président de l’Union, je la réclame à tous nos chefs depuis plus de dix ans.
Le mode d’élection de notre président national n’était pas – pour DG – un mode de discernement d’une valeur, d’une personnalité. Il était, cette personnalité ayant été proposée ou s’étant proposée selon des initiatives propres ou des procédures collectives… faut-il les organiser ? les prévoir ? les conditionner ? le fiasco des candidats désignés sur primaires doit nous fait réfléchir, la comédie des comparutions en conseils de révision à une dizaine de pupitres diminue la fonction et nous fait nous tromper sur ce que sont les compétences présidentielles, toutes d’animation, jamais de gestion, sauf la suprême : la crise grave, l’article 16 de notre Constitution… Non, le mode d’élection présidentielle a pour objet de donner de la carrure à l’élu, de le rendre incontestable, unique, seul de son « espèce » parmi tous les élus de toutes sortes, de toutes compétences et de tous scrutin. EM va endosser ce costume. Même candidat de forces et de prévisions que nous aurons forcément un jour, il est libre à partir de ce soir 20 heures, et il ne dépendra désormais que de sa conscience propre vis-à-vis de nous et de son devoir. C’est cela qui lui donnera – je l’espère – liberté d’esprit et indépendance même vis-à-vis de son passé public ou privé. Notre Ancien Régime avait comme fondement ultime la conscience du roi et la certitude qui habitait celui-ci – qui habita celui-ci pendant mille ans – d’avoir à répondre devant Dieu, devant l’Histoire et devant ses successeurs par hérédité, de chacun de ses actes. La transposition est possible selon nos institutions depuis 1958, renforcée et précisée en 1962. L’exposé des motifs d’alors, selon les trois allocutions pertinentes du Général et ce qu’en résument ses mémoires d’espoir [1], était textuellement qu’après lui, nos institutions fonctionnent comme avec lui . C’est mon vœu pour ce soir.

09 heures 16 + Prier…  il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix [2]. C’est question de vie ou de mort. Porte, portier, enclos…celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit… Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. Notre vulnérabilité, notre fragilité. La vie, notre instinct, la vie éternelle, notre aspiration. Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton, ta houlette sont là qui me rassurent…. Vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes. Illustration spectaculaire : Pierre lui-même, généreux, spontané, d’ascendant charismatique sur ses camarades de pérégrination et d’attachement au Maître, mais prompt à chanceler, la marche sur les eaux, les interpellations auxquelles il ne résiste pas dans la cour du grand-prêtre, et il n’est pas au Golgotha. Mais le voici, surnaturellement assuré, thaumaturge, orateur au possible : les auditeurs furent touchés au cœur,  et pasteur conséquent : convertissez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. … Ce jour-là, environ trois mille personnes se joignirent à eux. Et pourtant, il prêche le plus difficile, ce Jésus que vous aviez crucifié… Lui-même a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris. Ainsi soit-il !

16 heures 55 + Notre messe paroissiale, les textes que je crois de référence pour aujourd’hui : nos institutions, deux interprétations de l’enjeu : une forme de coup d’Etat contre la démocratie tel que cela semble n’attenter ni aux institutions ni aux libertés (l’attentat porte sur la pensée de chacun et sur la société), une hésitation des chrétiens. Et puis coincidence : la journée mondiale de prière pour les vocations. Pas pour les ambitions ni pour les programme, mais pour l’immédiat à longueur de vie explicitement consacrée… EM déjà donné vainqueur comme prévu : plus de 60%. Demain, anniversaire d’un décisif armistice, en ce sens que la France écrasée au début de la guerre ne devait, en principe, n’avoir aucun titre pour participer à ce qui consacra le désastre du Reich millénaire. Et pourtant… au petit matin, demain, le président élu, mais avec une si faible participation à ce qui se dit sur les ondes, irait se recueillir devant la tombe de l’homme du 18-juin, fondateur et sauveur de notre République…


[1] - Comment douter, cependant, que cette profonde transformation, donnant à la République une tête qu’organiquement elle n’avait jamais eue, serait bientôt battue en brèche par toutes les féodalités ? Comment lui assurer un caractère et un relief assez forts pour qu’il fût possible de la maintenir dans le droit et dans la pratique, alors qu’auraient disparu les circonstances dramatiques et le personnage d’exception qui l’avaient, d’abord, imposée ?
Depuis longtemps, je crois que le seul moyen est l’élection par le peuple du Président de la République. Celui-ci, s’il était désigné par l’ensemble des Français – personne d’autre n’étant dans ce cas – pourrait être « l’homme du pays », revêtu, par là, aux yeux de tous et aux siens d’une responsabilité capitale, correspondant justement à celle que lui attribuent les textes. Sans doute faudrait-il, en outre, qu’il voulût porter la charge et qu’il en fût capable. Cela, bien évidemment, la loi ne peut le garantir. Car, en aucun temps et dans aucun domaine, ce que l’infirmité du chef a, en soi , ne saurait être compensé par la valeur de l’institution. Mais, à l’inverse, le succès n’est possible que si le talent trouve son instrument et rien n’est pire qu’un système tel que la qualité s’y consume dans l’impuissance. – Charles de Gaulle, Mémoires d’espoir . II . (éd. Plon . Février 1971 . 224 pages)  pp. 16 à 18


[2] - Actes des Apôtres II 14 & 36 à 41 ; psaume XXIII ; 1ère lettre de saint Pierre II 20 à 24 ; évangile selon saint Jean X 1 à 10

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