lundi 8 août 2016

sainte Bonifacia Rodríguez Castro . 1837 + 1905



vierge et fondatrice de la congrégation des :
« Servantes de Saint Joseph »

Bonifacia naît à Salamanque (Espagne) le 6 juin 1837 au sein d'une famille artisane. Ses parents, Juan et María Natalia, étaient profondément chrétiens, en étant leur principale occupation l'éducation dans la foi de ses six filles, dont Bonifacia était l'aînée. Le foyer de ses parents est sa première école, où Juan, tailleur, avait installé son atelier de couture; c'est pour cela que les yeux de Bonifacia, au moment de naître, contemplent en premier lieu un atelier.

Elle a 15 ans quand son père meurt et elle doit aider sa mère et travailler dans la passementerie à laquelle elle s’est initiée.
Très vite, Bonifacia expérimente les dures conditions de la femme travailleuse à cette époque : horaires épuisants et maigre salaire. Elle monte son propre atelier de passementerie où elle travaille avec le plus grand recueillement, imitant la vie cachée de la Sainte Famille de Nazareth. A partir de 1865, sa mère, qui a perdu tous ses autres enfants, sauf une fille qui s’est mariée, travaille aussi dans l’atelier de Bonifacia. Elles mènent toutes les deux une vie de grande piété.
Bonifacia nourrit un amour de prédilection pour la Vierge Marie Immaculée, dogme récemment promulgué (1854), ainsi que pour saint Joseph que Léon XIII déclare Patron de l’Église universelle (1870).
Un groupe de jeunes filles, amies de Bonifacia, se joint à elle, attirées par le témoignage de sa vie. Elles se réunissent dans sa maison-atelier, spécialement les soirées de dimanches et jours de fête, pour se libérer des amusements dangereux qui les guettent. Elles décident ensemble de faire une Association de l’Immaculée et de Saint Joseph qu’elles nomment ensuite Association Joséphine. Bonifacia, qui se sent appelée à la vie religieuse, songe à entrer dans un couvent de dominicaines à Salamanque.
L'événement qui changea le cours de sa vie fut la rencontre d'un jésuite catalan, le P. Francisco Javier Butinyà i Hospital, originaire de Bañolas-Girona (1834-1899), qui arriva à Salamanque en octobre de 1870. Il était en train d'écrire « La lumière de l'artisan : collection de vies d'illustres fidèles qui se sont sanctifiés dans des professions humbles ».
Bonifacia le choisit comme conseiller spirituel et lui confia son désir de devenir dominicaine, mais le P. Butinyà lui proposa de fonder la congrégation des « Servantes de Saint-Joseph ». Bonifacia accepta. Avec six autres femmes, membres de l'Association Joséphine - dont la mère de Bonifacia -, la vie de la communauté commença, dans l'atelier, le 10 janvier 1874.
Le 7 janvier, l'évêque de Salamanque, Mgr Joaquin Lluch i Garriga, avait signé le décret d'érection du nouvel institut. L'évêque, catalan comme le P. Butinyà, originaire de Manrèse-Barcelone (1816-1882), avait dès le début accueilli la nouvelle fondation avec enthousiasme.
Dans leur atelier les Servantes de Saint-Joseph offraient du travail aux femmes pauvres qui en manquaient. C'était une forme de vie religieuse audacieuse qui suscita des oppositions.
Le P. Butinyà sera exilé, Bonifacia destituée. Sans aucun mot de revendication, elle proposa au nouvel évêque de Salamanque, Mgr Narciso Martínez Izquierdo, de partir fonder une nouvelle communauté à Zamora. La proposition sera acceptée par lui et par l'évêque de Zamora, Mgr Tomás Belestá y Cambeses.
Bonifacia et sa mère quittèrent Salamanque pour Zamora, le 25 juillet 1883 : elles y firent revivre leur atelier et à Salamanque on commença à « rectifier » le projet incompris. Et lorsque, le 1er juillet 1901, le pape Léon XIII accorda l'approbation pontificale aux Servantes de Saint-Joseph, la maison de Zamora fut exclue.
On ne lui permettra pas de revenir parler à ses sœurs de Salamanque. Mais elle était sûre que la réunification aurait lieu après sa mort.
De fait, elle s'éteignit le 8 août 1905, et le 23 janvier 1907 la maison de Zamora s'unit au reste de la congrégation.
Bonifacia Rodríguez Castro a été béatifiée le 9 novembre 2003 par Saint Jean-Paul II (>>> Homélie) et canonisée, le 23 octobre 2011, par la Pape Benoît XVI.
Pour un approfondissement biographique :
>>> Bonifacia Rodríguez de Castro


Sources principales : vatican.va ; zenit.org/fr (« Rév. x gpm »).




 





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CHAPELLE PAPALE POUR LA BÉATIFICATION DE 5 SERVITEURS DE DIEU
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II
Fête de la dédicace de la Basilique patriarcale du Latran
Dimanche 9 novembre 2003
 
1. "Car le Temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous" (1 Co 3, 17). Nous écoutons à nouveau aujourd'hui ces paroles de l'Apôtre Paul au cours de la célébration solennelle de la fête de la dédicace de la Basilique Saint-Jean-de-Latran, Cathédrale de Rome, Mère de toutes les Eglises.
Chaque lieu réservé au culte divin est le signe de ce temple spirituel qu'est l'Eglise, composé de pierres vivantes, c'est-à-dire des fidèles, unis dans l'unique foi, par la participation aux sacrements et le lien de la charité. Et les saints sont de façon particulière les pierres précieuses de ce temple spirituel.
La sainteté, fruit de l'oeuvre incessante de l'Esprit de Dieu, resplendit chez les nouveaux bienheureux:  Nepomuceno Zegrí y Moreno, prêtre; Valentin Paquay, prêtre; Luigi Maria Monti, religieux; Bonifacia Rodríguez de Castro, vierge; Rosalie Rendu, vierge.
2. La vision du sanctuaire, que le prophète Ezéchiel nous présente dans la liturgie d'aujourd'hui, décrit un torrent qui s'écoule vers le temple en apportant la vie, la vigueur et l'espérance:  "là où cette eau pénètre elle assainit" (Ez 47, 9). Cette image exprime la bonté infinie de Dieu et son dessein de salut, qui franchit les murs de l'enceinte sacrée pour être une bénédiction sur toute la terre.
Nepomuceno Zegrí y Moreno, prêtre intègre, à la profonde piété eucharistique, comprit parfaitement que l'annonce de l'Evangile doit se convertir en une réalité dynamique, en mesure de transformer la vie du fidèle. Etant curé, il se proposa "d'être la providence visible pour tous ceux qui, gémissant dans l'abandon, boivent la coupe de l'amertume et s'alimentent du pain des vicissitudes" (19 juin 1859).
C'est avec ces intentions qu'il développa sa spiritualité rédemptrice, née de l'intimité avec le Christ et orientée vers la charité à l'égard des plus démunis. C'est du vocable de la Vierge "de las Mercedes", Mère du Rédempteur, qu'il s'inspira pour fonder les Soeurs mercédaires de la Charité, dans le but de rendre l'amour de Dieu toujours présent là où restaient "une seule douleur à soigner, un seul malheur à consoler, une seule espérance à communiquer aux coeurs". Aujourd'hui, en suivant les traces de son Fondateur, cet Institut vit en se consacrant au témoignage et à la promotion de la charité rédemptrice.
3. Le prêtre Valentin Paquay est bien un disciple du Christ et un prêtre selon le coeur de Dieu. Apôtre de la miséricorde, il passait de longues heures au confessionnal avec un don particulier pour remettre les pêcheurs sur le droit chemin, rappelant aux hommes la grandeur du pardon divin. En mettant au centre de sa vie de prêtre la célébration du Mystère eucharistique, il invite les fidèles à s'approcher souvent de la communion au Pain de Vie.
Comme tant de saints, le Père Valentin s'était mis tout jeune sous la protection de Notre-Dame, invoquée dans l'Eglise de son enfance, à Tongres, comme Cause de notre joie. A son exemple, puissiez-vous servir vos frères, pour leur donner la joie de rencontrer le Christ en vérité!
4. "Et voici que de l'eau sortait de dessous le seuil du Temple... où cette eau pénètre, elle assainit" (Ez 47, 1.9). L'image de l'eau, qui fait revivre toute chose, illumine en effet l'existence du bienheureux Luigi Maria Monti, entièrement consacrée à soigner les blessures du corps et de l'âme des malades et des orphelins. Il aimait les appeler les "poverelli di Cristo", et il les servait animé par une foi vivante, soutenue par une intense et constante prière. Dans son dévouement évangélique, il s'inspira constamment de l'exemple de la Sainte Vierge et plaça la Congrégation qu'il avait fondée sous le signe de Marie Immaculée.
Combien est actuel le message de ce nouveau bienheureux! Pour ses fils spirituels et pour tous les croyants, il est un exemple de fidélité à l'appel de Dieu et de l'annonce de l'Evangile de la charité; un modèle de solidarité envers les plus démunis et de remise confiante et tendre entre les mains de la Vierge Immaculée.
5. Les paroles de Jésus dans l'Evangile proclamé aujourd'hui:  "Ne faites pas de la maison de mon père une maison de commerce" (Jn 2, 16), interpellent la société actuelle, parfois tentée de tout convertir en marchandise et en gain en mettant de côté les valeurs et la dignité qui n'ont pas de prix. La personne étant l'image et la demeure de Dieu, il faut une purification qui la protège, quelle que soit sa condition sociale ou son activité professionnelle.
C'est à cela que se consacra totalement la bienheureuse Bonifacia Rodríguez de Castro, qui en tant que travailleuse, comprit les risques de cette condition sociale de son époque. Dans la vie simple et cachée de la Sainte Famille de Nazareth, elle découvrit un modèle de spiritualité du travail, qui donne sa dignité à la personne et qui fait de toute activité, si humble qu'elle puisse paraître, une offrande à Dieu et un moyen de sanctification.
Tel est l'esprit qu'elle désira transmettre aux femmes travailleuses, tout d'abord avec l'Association joséphine, puis avec la fondation des Servantes de Saint-Joseph, qui poursuivent son oeuvre dans le monde avec simplicité, joie et abnégation.
6. A une époque troublée par des conflits sociaux,  Rosalie Rendu s'est joyeusement faite la servante des plus pauvres, pour redonner à chacun sa dignité, par des aides matérielles, par l'éducation et l'enseignement du mystère chrétien, poussant Frédéric Ozanam à se mettre au service des pauvres.
Sa charité était inventive. Où puisait-elle la force pour réaliser autant de choses? C'est dans son intense vie d'oraison et dans sa prière incessante du chapelet, qui ne la quittait pas. Son secret était simple:  en vraie fille de Vincent de Paul, comme une autre Soeur de son temps, sainte Catherine Labouré, voir en tout homme le visage du Christ. Rendons grâce pour le témoignage de charité que la famille vincentienne ne cesse de donner au monde!
7. "Mais lui parlait du sanctuaire de son corps" (Jn 2, 21). Ces paroles évoquent le mystère de la mort et de la résurrection du Christ. C'est à Jésus crucifié et ressuscité que doivent se conformer tous les membres de l'Eglise.
Dans cette tâche exigeante, nous trouvons un soutien et un guide chez Marie, Mère du Christ et Notre Mère. Les nouveaux bienheureux, que nous contemplons aujourd'hui dans la gloire du ciel, intercèdent pour nous. Qu'il nous soit concédé à nous aussi de nous retrouver tous un jour au Paradis, pour goûter ensemble la joie dans la vie sans fin. Amen!
   

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