mardi 2 août 2016

pédophilie : pourquoi le parquet a classé l’affaire Barbarin sans suite - Le Monde.fr & articles antérieurs

LE MONDE | 01.08.2016 à 14h59 • Mis à jour le 02.08.2016 à 11h11 | Par Emeline Cazi
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Le cardinal Barbarin (à droite) avec le pape François (de dos), le 6 juillet au Vatican.
Le procureur de Lyon a rendu sa décision, lundi 1er août, dans l’affaire dite Barbarin, et a décidé de classer sans suite l’enquête préliminaire ouverte en février pour « non-dénonciation » d’agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans commises sur d’anciens scouts de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône).
Le parquet estime que le délit de « non-dénonciation » – rangé au chapitre des « entraves à la saisine de la justice » du code pénal – n’est pas suffisamment caractérisé. Pour prolonger les poursuites, il aurait fallu qu’il y ait « la volonté », « du moins la conscience d’entraver l’action de la justice en ne permettant pas la saisine de celle-ci ». Faute de charges suffisantes, le doute a donc bénéficié au mis en cause.
En février, des victimes du Père Bernard Preynat, l’ex-aumônier de la troupe Saint-Luc, installée dans l’Ouest lyonnais, avaient déposé plainte contre l’archevêque et son entourage. Les anciens scouts, devenus pères de famille, qui avaient découvert que le prêtre de leur jeunesse exerçait toujours, ne comprenaient pas que le cardinal ne l’ait pas écarté alors que deux d’entre eux lui avaient révélé les attouchements dont ils avaient été victimes à l’âge de 8-10 ans.
Mais lorsque, après dix heures d’audition, le 8 juin, les policiers demandent au cardinal s’il a couvert des actes de pédophilie, Philippe Barbarin est catégorique : « Jamais. » A-t-il songé à protéger la réputation de l’Eglise en dissimulant des faits dont il aurait eu connaissance ? a insisté son avocat. Même réponse. « Et tant pis si c’est une honte de plus pour l’Eglise, ajoute l’archevêque. Je suis le défenseur du Bon Dieu, des gens, des femmes, des enfants… et non d’une institution. » A l’appui de sa défense, Me Jean-Félix Luciani a rappelé que son client avait encouragé des personnes qui s’étaient présentées comme victimes de prêtres du diocèse à déposer plainte.

Des faits prescrits

« Cette décision [du parquet] nous étonne, mais nous la respectons », a déclaré Me Emmanuelle Haziza, l’une des avocates des victimes du Père Preynat. Ces dernières peuvent soit décider d’en rester là, soit saisir un juge d’instruction, ou directement le tribunal. Me Luciani espère, lui, « que c’est un point final à cette affaire et que le diocèse pourra travailler en commun avec les victimes, qu’il n’a jamais considérées comme des adversaires ». Dans un court communiqué, l’archevêché a d’ailleurs redit son « soutien » et sa « gratitude » aux victimes. Il « reste à faire en matière de prévention », mais « leurs initiatives ont permis d’améliorer le dispositif diocésain pour la lutte contre les abus sexuels ».
L’enquête ouverte par le parquet de Lyon en marge de l’affaire Preynat – ce dernier, mis en examen pour « agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par une personne ayant autorité », suspecté d’avoir fait des dizaines de victimes – soulevait plusieurs points juridiques. Il fallait tout d’abord trancher la question de la prescription. A quelle date Mgr Philippe Barbarin a-t-il été réellement informé du passé pédophile du prêtre ?
Le cardinal a-t-il été mis au courant « en 2007 », comme il l’a laissé entendre lors de l’entretien qu’il a donné au journal La Croix, le 11 février ? Ne s’en est-il sérieusement occupé qu’en 2011, lors d’un changement d’affectation du prêtre, comme il l’a expliqué aux enquêteurs, à l’automne 2015 ? Dans les deux cas, les faits sont prescrits. Ou n’a-t-il seulement eu connaissance de la gravité des faits qu’en 2014, lorsque Alexandre Dussot est venu lui raconter ces réunions scoutes des années 1980 qui se terminaient, à l’abri des regards, au premier étage de l’église de Sainte-Foy ?
Le procureur a opté pour le troisième scénario, celui de 2014. Car lorsqu’une journaliste du quotidien La Croix est venue trouver l’archevêque en « 2004-2005 » ou « 2007-2008 » – les versions divergent sur la date –, la conversation n’est pas allée suffisamment loin. Or, la jurisprudence en la matière est claire. On peut poursuivre pour non-dénonciation si la personne avait une connaissance claire et précise des faits (date, noms, lieux).
En 2011, Laurent D., un ancien de la troupe Saint-Luc, s’est également rendu à l’archevêché pour évoquer un camp en Corse, celui de l’été 1982. Il assure avoir « clairement parlé d’attouchements » à l’évêque auxiliaire Thierry Brac de La Perrière, l’actuel évêque de Nevers, même si ce dernier n’en a gardé aucun souvenir. Il reconnaît toutefois n’avoir évoqué ni « geste [ni] lieu précis ».

Eviter le scandale public

Ce n’est donc qu’au moment où Alexandre Dussot s’est adressé à l’archevêché, par mail, en juillet 2014, puis lors d’un rendez-vous le 23 novembre, que le cardinal Barbarin a eu une connaissance détaillée de ce qui a pu se passer lors des camps de la troupe Saint-Luc, dans les années 1970 et 1980.
Toutefois, la démarche d’Alexandre Dussot, pour lequel les faits étaient prescrits, n’était pas de saisir la justice, poursuit le parquet, mais d’empêcher tout contact du prêtre avec les enfants. Et c’est seulement parce que le cardinal a tardé à l’informer de ses démarches qu’il a fini par déposer plainte.
« La Congrégation, après avoir (…) étudié les cas du prêtre (…), a décidé de vous confier le soin de prescrire les mesures disciplinaires adéquates, tout en évitant le scandale public »
Alexandre Dussot ignorait alors que Philippe Barbarin avait écrit à Rome peu de temps après leur entrevue. Que le 3 février 2015, Mgr Ladaria, le secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi, avait répondu que la « Congrégation, après avoir soigneusement étudié les cas du prêtre de votre diocèse, Bernard Preynat » recommandait « de prescrire les mesures disciplinaires adéquates, tout en évitant le scandale public ».
« Dans ces conditions, était-il précisé, il ne peut lui être confié un autre ministère pastoral incluant le possible contact avec des mineurs. » Au début du printemps, le Père Preynat apprenait qu’on lui retirait toute charge. Un décret du 29 juillet 2015, lui interdisant « tout exercice du ministère pastoral et toute activité comportant des contacts avec des mineurs, à compter du 1er septembre 2015 », et ce jusqu’à ce que la justice se prononce, a entériné cette décision.
Un second délit était visé dans la plainte déposée par les anciens scouts, celui « d’omission de porter secours à personne en péril ». Mais cette infraction a été d’emblée écartée par le parquet. Pour que le délit soit caractérisé, il suppose « l’existence d’un péril imminent et constant auquel des personnes sont directement exposées ». Or, comme l’enquête n’a relevé aucune agression sexuelle postérieure à 1991, le procureur estime qu’il n’y a pas de péril imminent, les derniers faits commis par le Père Preynat remontant à plus de vingt-cinq ans.

Les dates

17 juillet 2014
Alexandre Dussot demande au diocèse de Lyon d’écarter le père Preynat, dont il dit avoir été victime dans sa jeunesse, de tout contact avec des enfants. Dans son mail, il dénonce des attouchements subis lorsqu’il était scout, dans les années 1980 « Terrible témoignage », lui répond le cardinal Barbarin qui le reçoit le 23 novembre
Mi-décembre 2014
L’archevêque consulte Rome pour connaître la conduite à tenir face à des faits vieux de plus de vingt-cinq ans
Février 2015
Rome préconise de retirer tout ministère au prêtre mais d’éviter le scandale public
Juin 2015
Les victimes du père Preynat déposent plainte contre le père Preynat
Février 2016
Une plainte pour « non dénonciation » d’agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans vise Mgr Barbarin et son entourage. Le parquet de Lyon ouvre une enquête préliminaire.
1er août 2016
Le procureur classe l’enquête sans suite.
Affaire Barbarin : l’enquête pour non-dénonciation d’abus sexuels classée sans suite
  • Affaire Barbarin: l'enquête classée...
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Affaire Barbarin: l'enquête classée sans suite
  • Attentat Saint-Étienne-du-Rouvray...
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Présidentielles US : les vétérans et les parents de soldats morts ulcérés par les attaques de Trump
  • Une semaine à nouveau très...
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Vos réactions (143) Réagir
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Elie Somot c-3d.fr 02/08/2016 - 18h31
Notre péché collectif de pédophilie - ne serait-ce que par notre absence de réaction, par notre silence pour protéger notre image - devrait nous mettre dans une telle souffrance que nous devrions tomber à terre, inondés de larmes de sang pour des actes qui dépassent toute ignominie. Mais, notre nature humaine nous convoque à la vie… Il faudrait malgré tout que notre Eglise catholique, une fois par an, dans une célébration - type JMJ - fasse devant Dieu et le monde, une repentance publique.
 
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Elie Somot c-3d.fr 02/08/2016 - 18h25
Les prêtes pédophiles se sont tus. Les victimes aussi. Leurs parents ont été sourds, aveugles, parfois complices. Or, l’acte consiste à faire de l’enfant son objet. In fine, à briser l’être fragile. Pourtant dans la foi, nous croyons que Jésus est au cœur de cet être. Au lieu d’en prendre le plus grand soin, de l’amener à sa liberté, à sa dignité, nous en faisons un objet de satisfaction. Par cet acte, on devient pédophile de Dieu lui-même ! L’Eglise doit s’accuser publiquement de sa faute !
 
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PHILIPPE DANIEL LAMAZIERE 02/08/2016 - 16h38
On nous prend pour des cons. L'alliance du sabre et du goupillon existe toujours. L'église est au dessus des lois et ne se plie pas à celles de la République. Dans la Societe bien pensante de Lyon, une autre conclusion n'était pas possible. Si un dignitaire de la deuxième religion de France avait couvert de tels faits que n'aurait- on pas dit. La laïcité n'est pas la même pour tous.
 
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Sonia 02/08/2016 - 18h11
L'église est au dessus des lois et ne se plie pas à celles de la République, exactement comme la 2ème religion de France qui vient d'obtenir des fonds publics pour une fondation "culturelle" à laquelle sera adossée une association "cultuelle", ce n'est plus une entorse à la laïcité, c'est une fracture ouverte. Et les bâches intégrales qui se baladent en toute impunité ne se plient pas non plus aux règles de la République, en toute impunité (1500 PV pour des dizaines de milliers d'infraction).
 
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JP Landr 02/08/2016 - 13h32
Le gros bras d'honneur de la curie romaine à la société.
 
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louis ferdinand 02/08/2016 - 12h05
tous ces échanges nous éloignent un peu de l'islamo fascisme comme diraient valls et BHL, du kasher business et du crif bien silencieux en ce moment;de là à transformer ces pécadilles en crimes contre l'humanité (voir ce qui circule sur les smartphones de nos têtes blondes) et à faire de tous les curés des prédateurs sexuels en puissance il y a un pas que je ne franchirai pas;la mode est bien à crier haro sur la religion catholique....alors qu'elle est assez consubstantielle de ce pays;pl


Comment l’église de Lyon a couvert les actes de pédophilie du père Preynat

LE MONDE | 04.06.2016 à 10h16 • Mis à jour le 05.06.2016 à 12h41 | Par Emeline Cazi et Cécile Chambraud
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Le cardinal Philippe Barbarin préside une messe à Lyon, le 3 avril.
Pierre et Sandra Devaux se trouvaient dans la cuisine lorsque leur cadet est rentré de sa réunion scoute, ce samedi de mai 1990. L’après-midi s’était prolongée un peu, le Père Bernard Preynat lui avait demandé de rester, une fois les autres enfants partis. « Je crois que le père, il m’aime bien, il m’a même embrassé sur la bouche », a lancé François à la volée, du haut de ses 11 ans. Il y avait comme une certaine fierté dans sa déclaration. Le jeune scout avait souvent vu le prêtre désigner l’un d’entre eux pour l’aider à ranger le matériel. Aujourd’hui, l’élu, c’était lui. « Il m’a ôté mon béret, m’a enlevé mes lunettes et m’a pris contre lui, se rappelle-t-il encore, plus de vingt-cinq ans après. Cela a duré une quinzaine de minutes. Je me souviens de son souffle chaud. (…) Il m’enlaçait. » La main du prêtre est descendue le long de la cuisse. « J’ai attendu que ça se passe. »
Le père de François Devaux a aussitôt filé à la cure demander des explications au prêtre. Un second rendez-vous fut organisé en présence du Père Jean Plaquet, le supérieur de l’aumônier. « Ben alors, tu as recommencé ? », a lâché ce dernier, en se tournant vers le Père Bernard Preynat. « Tu sais que si tu étais dans le civil, (…) tu pourrais te retrouver en prison. » Ça n’était donc pas la première fois, ont compris les parents Devaux. L’Eglise savait que l’homme « formidable », si « charismatique », qui guidait la troupe Saint-Luc de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône) depuis près de vingt ans et à qui ils confiaient leurs enfants, le week-end, pendant les vacances, aimait les jeunes garçons plus que de raison. Les éléments du dossier judiciaire dont Le Monde a pu prendre connaissance confirment que l’Eglise savait tout cela depuis longtemps. Le prêtre a pourtant été maintenu encore vingt-cinq ans en poste.

« Ce n’était pas des faits isolés »

Depuis qu’elle a éclaté publiquement, en janvier 2016, cette affaire de pédophilie ébranle le diocèse de Lyon. Pourquoi, si elle avait connaissance des agissements du prêtre, l’Eglise n’avait-elle pas saisi la justice ? Alors qu’un juge d’instruction était désigné pour enquêter sur les faits d’agression sexuelle imputés au Père Preynat, le parquet de Lyon ordonnait l’ouverture d’une enquête pour « non-dénonciation d’atteintes sexuelles infligées à des mineurs de 15 ans » visant plus directement la hiérarchie ecclésiastique.
Quatre cardinaux se sont succédé à l’archevêché de Lyon depuis la première révélation publique, en 1990-1991, de possibles attouchements commis par le Père Preynat. Tous, rapidement informés du passé pédophile du prêtre après leur prise de fonction, l’ont convoqué. « Je leur ai expliqué que ce n’était pas des faits isolés qui s’étaient passés une ou deux fois, mais que c’était sur une longue période (…). Il est clair que j’ai parlé d’attouchements sexuels sur des enfants », a détaillé Bernard Preynat au juge qui l’a entendu en janvier, juste avant sa mise en examen pour « agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par une personne ayant autorité ».

Rome priait d’éviter un scandale public

A chacun des évêques, Bernard Preynat a juré s’être tenu à carreau depuis cette « grosse honte qu’[il avait] eue quand ça s’est su », à Sainte-Foy, en 1991. Tous l’ont cru. Au point qu’aucun d’eux n’a songé à avertir la justice. Il aura fallu les lettres pressantes d’une victime au cardinal Philippe Barbarin et une consigne venue de Rome pour que ce dernier décharge le religieux de son ministère, en mars 2015. Son départ effectif n’eut toutefois lieu qu’à la rentrée suivante. Rome priait d’éviter tout scandale public.
Depuis l’ouverture de l’enquête judiciaire, une soixantaine d’adultes se sont déjà manifestés pour décrire les attouchements dont ils auraient été victimes
Longtemps, François Devaux, comme ses camarades, a cru être l’unique « préféré » du Père Preynat. Le seul lié par ce « secret » que le curé lui avait fait jurer de ne pas révéler. Il y a deux ans, une discussion fortuite entre deux anciens scouts de Sainte-Foy a brisé trente années de silence. « Toi aussi, le Père Preynat t’a tripoté ? » Depuis l’ouverture de l’enquête judiciaire, une soixantaine d’adultes se sont déjà manifestés pour décrire les attouchements dont ils auraient été victimes. Pour une poignée d’entre eux, il s’agirait même de viols. Ils avaient 7, 8, 10, 12 ans. C’était en camp, bien souvent. L’été sous la tente, l’hiver dans les dortoirs. Dans les cars qui les conduisaient à la campagne ou en montagne. A Sainte-Foy-lès-Lyon, aussi, au milieu de ce fatras mal éclairé de la salle des costumes, cette pièce au premier étage de l’église Saint-Luc, où l’aumônier, grand fumeur de cigarillos, aimait les conduire.
Tout est hors norme dans cette histoire. Le nombre d’enfants touchés en toute impunité alors qu’aucun d’eux n’était coupé de sa famille. La période – vingt ans, voire trente ans – durant laquelle les faits se sont déroulés. Ce dossier est aussi emblématique de la manière dont l’Eglise a, pendant des décennies, géré ses « prêtres à problèmes ». En silence et en douce. En prenant mille précautions pour éviter le scandale.
Bernard Preynat n’a jamais caché ses préférences sexuelles. Dès sa formation au séminaire, « dans le cadre de la confession et en dehors », il a raconté à ses responsables comment, à 17 ans, lorsqu’il était « moniteur (…) de centres de vacances », il allait « caresser dans leur lit » les jeunes garçons. On lui demanda de suivre une psychothérapie. Ce qu’il fit. « Mais je l’ai mal vécu (…). Le fait d’aller au Vinatier [un hôpital psychiatrique lyonnais] pouvait laisser à penser que j’étais un malade mental. »

L’Eglise déplace le curé sans le dénoncer

Les premiers signalements venus de familles sont arrivés dès la fin des années 1970. En 1978, croit se souvenir le prêtre lui-même, après « des caresses, pendant un camp en Allemagne ». « Le Père Plaquet m’avait dit de ne pas recommencer. » Il replonge. En 1982, nouvelle dénonciation. « J’avais été convoqué par le prêtre qui gérait ce genre de situation [pour le diocèse]. Je reconnaissais les faits, (…) j’essayais de prendre la résolution, ça durait quelques mois et malheureusement je retombais. » 1985, rebelote. « On m’avait expliqué le mal que ça pouvait faire aux enfants, (…) mais il n’y avait pas d’autres décisions », explique le Père Preynat. En 1991, sous la pression des parents, l’Eglise se décide à agir. Mais préfère déplacer son curé plutôt que de le dénoncer.
« A l’époque, si un enfant parlait, on le traitait de menteur. (…) Nous, nous avons cru notre fils », explique une mère à la police
Des familles ont bien pensé alerter la presse et le procureur, lorsqu’elles ont appris pour le petit Devaux, en 1990. Mais les parents du garçon n’étaient pas très convaincus. François, honteux d’avoir « trahi la confiance du Père Preynat » en révélant le « secret » qui le liait au curé, ne voulait pas envoyer cet homme qu’il aimait bien en prison. « En portant plainte, nous avions peur d’exposer nos enfants », ajoute une mère dont le fils avait également « parlé de caresses ». « A l’époque, si un enfant parlait, on le traitait de menteur. (…) Nous, nous avons cru notre fils », a expliqué une troisième à la police, mais c’était « la parole d’un enfant jeune contre un prêtre ». S’ils avaient saisi la justice, « l’opprobre serait tombé sur notre fils, et aussi sur nous ». De toute manière, l’essentiel avait été fait. Les supérieurs du prêtre étaient prévenus. Assurément, ils allaient l’éloigner des enfants. Il n’en fut rien.

« J’ai aimé très fort mes scouts »

« L’Eglise attend-elle qu’il y ait un viol sur un enfant pour commencer à s’inquiéter ? (…) Depuis dix mois [que vous avez été informé des exactions qu’a subies notre fils], nous attendons que l’Eglise prenne enfin ses responsabilités. »
Le ton de la lettre de M. et Mme Devaux, adressée en recommandé à son « Eminence, le cardinal Decourtray », le 14 février 1991, est peu amène. Le Père Plaquet a reconnu que « les mêmes perversions de la part du Père Preynat [se sont] produites il y a six ans », mais que « pour pouvoir intervenir rapidement », il fallait « quelque chose de plus important ». Au moment de la rédaction de ce courrier, le Père Preynat s’apprête à emmener la troupe en camp d’hiver. Deux autres enfants ont évoqué des faits similaires à ceux décrits par François. « Combien de jours laisserez-vous encore s’écouler ? », s’impatientent les parents. Doivent-ils regretter de ne pas avoir saisi les tribunaux ?
La lettre eut cette fois l’effet escompté. Une semaine après, le Père Preynat était prié de faire ses cartons et envoyé chez les petites sœurs des pauvres, à la Part-Dieu, à Lyon. Les familles ont « vraiment pensé que les choses étaient réglées et que le Père Preynat (…) n’était plus en contact avec des enfants. C’était comme un contrat moral avec l’Eglise ». La mise à l’écart de l’aumônier a duré en réalité six mois. A peine. En septembre 1991, le cardinal Decourtray le nomme curé de Neulise, dans la Loire.
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Mgr Decourtray, ancien archevêque de Lyon, en novembre 1992.
Rapidement, ce petit village du Forez devient un lieu de pèlerinage pour nombre de familles lyonnaises encore sous le choc de l’éviction de leur idole. Seuls les initiés ont su décoder le mot de départ de l’abbé – « J’ai aimé très fort mes scouts » mais « j’en ai aussi aimé trop ». Les autres paroissiens ne veulent rien entendre de toutes ces rumeurs. Pure jalousie de familles nouvellement installées à Sainte-Foy, dit-on. Un comité de soutien se crée, et le dimanche après-midi, on « monte à Neulise », « manger un bout » dans le jardin du Père, à qui l’on rend visite « comme si c’était le Christ Roi », se souviennent un scout et une ancienne cheftaine. Les mêmes inondent l’archevêque de courriers offusqués. « Nous n’avons pas agi d’une manière aveugle et inhumaine », finit par leur répondre le cardinal Decourtray. « Il me semble que le Père Preynat pourrait vous le confirmer lui-même. »

Tout fut silence et non-dits

Mais le prêtre n’a rien expliqué. L’Eglise pas davantage. Des années durant, tout fut silence et non-dits. La difficulté des enfants à parler, celle des parents à les entendre, et l’attitude de l’évêché qui, toujours, renouvela sa confiance en l’aumônier, rien ne pouvait venir briser l’omerta. Nombreux sont les enfants qui se sont tus parce que « personne n’en parlait autour ». Même entre scouts, le sujet est tabou. Deux très bons copains se sont retrouvés couchés de part et d’autre du prêtre, un week-end. Dans le premier duvet d’abord, puis dans le second, l’adulte a glissé sa main baladeuse jusqu’à trouver le sexe du jeune garçon. Lorsque le curé s’est levé, le second a voulu en parler à son ami : « J’ai pas l’impression d’avoir eu de réponse. Le lendemain, on n’en a pas reparlé. »
Comme il est difficile, aussi, quand on a 7, 8, 10 ans, de nommer ces gestes étranges, si ce n’est embarrassants, qui leur étaient jusqu’alors inconnus. Christian, 12-13 ans lors des premières « caresses », se rappelle avoir longtemps continué « à [s] e dire qu’[il] avai [t] rêvé ». « C’était pas possible, j’avais vu le curé à poil. » De retour à la maison, il a ouvert un dictionnaire « pour chercher les mots qu’il m’avait dits » : fellation et masturber.
Avec le recul, Loïc, un peu plus âgé que les autres à l’époque, se souvient d’enfants quittant les scouts du jour au lendemain. Mais pourquoi prêter attention à ces départs soudains ? A cet âge, on arrête aussi la danse, le solfège ou le piano sur un coup de tête. Et les parents qui ont cru leurs enfants n’ont souvent rien dit lorsqu’ils les ont retirés de la troupe. A Sainte-Foy, le Père Preynat, qui a baptisé et marié toute la ville, est intouchable. Trente ans après, malgré la médiatisation de l’affaire et les aveux du prêtre, des parents refusent toujours d’entendre l’invraisemblable. « En tout cas, si c’est vrai, toi tu devais pas lui plaire, car il t’a toujours laissé tranquille », a dit récemment une mère à son fils. Celui-ci n’a pas eu le cœur de la contredire.

« Ça fait vingt-six ans que j’ai ça en tête »

« Je vous fais confiance, on tourne la page, il faut regarder vers l’avenir », aurait confié le cardinal Decourtray à son prêtre, en le nommant curé de Neulise à la rentrée 1991. Les premières années, l’Eglise le surveille de près. « Mon cher Bernard, depuis quelque temps, tu prends de plus en plus régulièrement des groupes d’enfants à Neulise, d’autre part, tu as des projets de voyage d’enfants de chœur à Rome », écrit, en 1992, l’archidiacre Gabriel Rouillet, qui lui rend visite une à deux fois par mois pour « faire le point ». « Je me dois de te rappeler fermement que le diocèse exige que tu ne t’occupes pas de groupes d’enfants, garçons, de 8 à 12 ans. » Le Père Preynat est furieux : suivi par le Père Alberti, le spécialiste « des prêtres à problèmes », il a, « depuis deux ans », « eu un comportement exemplaire ». « Alors pourquoi ce durcissement ? C’est la première fois que j’entends et lis les termes “interdiction formelle” », répond-il.
Avec les années, les visites s’espacent. Le nouvel archidiacre, Maurice Gardès, aujourd’hui archevêque d’Auch, s’assure auprès du procureur de la République « qu’il n’y ait pas de plainte », mais dit n’avoir reçu aucune instruction de sa hiérarchie. Nommé modérateur de plusieurs paroisses du Roannais, « sur un territoire (…) où avait été condamné un prédécesseur pour pédophilie », note Gabriel Rouillet, Bernard Preynat exerce son ministère sans restriction. « Curé, il disait les messes, faisait le catéchisme, (…) organisait des sorties et des pèlerinages avec des adultes ou des familles », liste le vicaire André Ducros. Référent des écoles catholiques du secteur, il monte même un patronage – un centre de loisirs catholique – et dirige des colonies. « Il était clair qu’il était en contact avec des enfants, admet l’actuel archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, lorsque la police l’interroge, à l’automne 2015. Mais aussi, qu’aucune doléance ne m’est remontée. »
Les enfants de ces années-là ont grandi et se sont construits comme ils ont pu. Didier, sacrément « marqué » par trois ans d’attouchements appuyés, reconnaît « avoir eu une adolescence assez difficile ». « Ça fait vingt-six ans que j’ai ça en tête », a soupiré Loïc, soulagé, enfin, de tout sortir. « J’ai fait des séjours en maison de repos, au Vinatier (…), sept ans d’analyse (…). Quand on touche à la structure d’un enfant qui se développe, y’a trop de dégâts après. » Vincent, 8-10 ans à l’époque, « a fait une dépression assez importante » après l’armée et a dû suivre une psychothérapie.
En mars 2015, Rome a ordonné au cardinal de prendre « les mesures disciplinaires adéquates »
Au cours des années 1990, quand des bulles du passé remontent à la surface, que des appels anonymes sont laissés sur le répondeur du presbytère pour dénoncer ces vieilles histoires, on s’arrange pour que rien n’éclate. Peu à peu, un certain désintérêt s’installe. « Le cas de Bernard Preynat n’a jamais été évoqué » au conseil épiscopal de 2002 à 2009, assure Régine Maire, alors membre de la garde rapprochée du cardinal. Philippe Barbarin, nommé archevêque à Lyon en 2002, dit ne s’être inquiété du devenir du curé qu’autour de 2011, au moment d’une mutation.
« Je l’avais rencontré pour lui demander si ce que j’avais entendu était vrai ou pas. (…) Il m’a alors dit que les faits étaient vrais mais que depuis il n’y avait rien eu d’autre. »
En 2011, tout aurait pu sortir lorsque Laurent, une victime de l’aumônier, est allé raconter son histoire à l’archevêché. Là-bas, on l’avait rassuré : « On a Preynat à l’œil, il n’est plus en contact avec des enfants. » Mais trois ans plus tard, un autre ancien scout découvre que le prêtre, qu’il croyait mort, officie toujours auprès des jeunes. Pendant un an, il n’a pas lâché Mgr Barbarin, exigeant que l’Eglise prenne ses responsabilités. En mars 2015, Rome a ordonné au cardinal de prendre « les mesures disciplinaires adéquates ». Dans la foulée, le Père Preynat se voyait enfin retirer son ministère.


Pédophilie : comment l’Eglise a tenté d’étouffer l’affaire Preynat à Lyon

LE MONDE | 04.06.2016 à 11h35 • Mis à jour le 04.06.2016 à 15h09 | Par Emeline Cazi et Cécile Chambraud
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L’archevêque de Lyon Philippe Barbarin, lors d’une prière à l’église Saint-Joseph à Erbil en Irak, en décembre 2014.
Depuis qu’a éclaté, en janvier, l’affaire du Père Bernard Preynat, accusé d’avoir commis des agressions sexuelles sur des dizaines de scouts lyonnais dans les années 1970 et 1980, l’Eglise est soupçonnée d’avoir étouffé les agissements de ce prêtre et de n’avoir pas pris les mesures nécessaires pour l’écarter des enfants.
Les éléments du dossier judiciaire dont Le Monde a pu prendre connaissance confirment que le diocèse de Lyon savait depuis longtemps l’attirance de l’aumônier pour les jeunes garçons – ce dernier a très tôt reconnu les faits – mais qu’à aucun moment elle n’a songé à saisir la justice.
  • Des alertes dès 1978
Une première famille s’est manifestée en 1978 auprès du diocèse de Lyon pour dénoncer les caresses qu’aurait commis l’aumônier scout sur leur jeune garçon. Le prêtre a été convoqué par son supérieur, et fut prié de ne pas recommencer. Il a replongé. Une nouvelle alerte est survenue en 1982. Une troisième en 1985. Puis une quatrième en 1990 qui a conduit au départ du curé de Sainte-Foy-lès-Lyon et à sa mise à l’écart chez les sœurs pendant six mois.
  • L’Eglise connaît la gravité des faits
Très tôt, l’Eglise a eu connaissance de la gravité des faits. Les quatre cardinaux qui se sont succédé à Lyon, après la mutation du prêtre, ont tous convoqué l’ancien aumônier scout pour faire le point. A chacun d’eux, le Père Preynat a expliqué « que ce n’était pas des faits isolés qui s’étaient passés une ou deux fois mais que c’était sur une longue période (…). Il est clair que j’ai parlé d’attouchements sexuels sur des enfants ». Au cours de sa formation au séminaire, le prêtre avait déjà expliqué avoir « caressé » de jeunes garçons lorsqu’il était moniteur de centres de vacances.
  • Une surveillance qui se relâche
Déplacé en 1991 dans une paroisse de la Loire, le prêtre a été surveillé de près par l’archevêché pendant quelques années. Le Père Alberti, « spécialiste des prêtres à problèmes », rendait visite très régulièrement au Père Preynat. Après quelques années, la surveillance s’est relâchée. Il faut attendre le 29 juillet 2015 pour qu’un cardinal, Philippe Barbarin, sur consigne de Rome, prenne un décret interdisant à Bernard Preynat « tout exercice du ministère pastoral et toute activité comportant des contacts avec des mineurs dans l’attente de la décision de la Congrégation pour la doctrine de la foi ».


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/religions/article/2016/06/04/pedophilie-comment-l-eglise-a-tente-d-etouffer-l-affaire-preynat-a-lyon_4935216_1653130.html#LhgSJJ2zuymEtYZk.99




Le diocèse de Paris renforce la lutte contre la pédophilie

LE MONDE | 04.06.2016 à 10h28 | Par Cécile Chambraud
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Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, en décembre 2012,  dans la cathédrale de Notre-Dame.
L’écho de l’affaire de pédophilie du diocèse de Lyon est tel, parmi les catholiques, qu’il a plongé une partie du clergé dans ce qu’une responsable du diocèse de Paris appelle « un silence triste » additionné d’un peu de frayeur. Certains prêtres doivent faire face à des mises en cause même parmi leurs paroissiens. Ils ont le sentiment que les faits révélés dans l’affaire du Père Bernard Preynat les atteignent injustement et craignent d’être placés sous suspicion permanente. Pour les conforter en même temps que pour montrer aux fidèles une volonté de transparence, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a exposé aux prêtres de la capitale, réunis dans la basilique du Sacré-Cœur, vendredi 3 juin, le dispositif mis en place dans son diocèse pour renforcer la lutte contre la pédophilie et les agressions sexuelles.
Certaines mesures ont été imaginées avant l’irruption de l’affaire lyonnaise, d’autres ont été mises au point plus récemment. Les cinq vicaires généraux – les premiers collaborateurs de l’archevêque – prendront directement en charge ces dossiers. Ils doivent recevoir tous les signalements, suivre personnellement les cas et rencontrer les victimes ou leurs proches. « L’objectif principal, c’est d’avoir un accès le plus ouvert et le plus facile possible pour les victimes, de façon que ceux et celles qui peuvent désirer exprimer ce qu’ils ont vécu soient reçus, entendus, écoutés, accompagnés, accueillis dans la durée », a commenté le cardinal Vingt-Trois.
Pour faciliter la prise de contact aux personnes ayant à se plaindre d’un prêtre, une adresse mail est créée (signalement@diocese-paris.net). Les messages seront relevés par l’un des vicaires généraux, qui proposera à leur auteur de le rencontrer, soit seul à seul, soit en présence d’un(e) laïque. Une femme laïque sera chargée de superviser l’accueil des victimes. « Le dispositif se veut personnalisable en fonction du souhait de ceux qui nous sollicitent », explique Karine Dalle, déléguée à la communication du diocèse. Cet accueil n’est évidemment pas exclusif d’un recours à la justice.

Cellule d’écoute et d’accompagnement

Aujourd’hui, rapporte le diocèse, les cas signalés sont au nombre d’une dizaine, arrivés notamment par l’adresse mail mise en place en avril par la Conférence des évêques de France (CEF). « Ces signalements concernent pour la plupart les années 1960 et des prêtres aujourd’hui morts, indique Karine Dalle. Tous ont reçu une proposition de rendez-vous. Il est évident que beaucoup de gens ont besoin de s’exprimer. »
L’une des difficultés identifiées par le diocèse est le suivi des prêtres concernés sur la longue durée. Qu’ils aient été condamnés ou non, notamment en raison de la prescription des faits, les prêtres mis en cause doivent pouvoir être suivis de manière continue en dépit des changements intervenants à la tête du diocèse. Ce sera le rôle d’une commission constituée en janvier et composée d’un magistrat, d’une psychanalyste et de deux prêtres. Elle pourra aussi se coordonner avec la commission nationale mise en place par la CEF et présidée par Alain Christnacht pour conseiller les vicaires généraux dans le suivi des prêtres accusés.
Aux fins de prévention, le diocèse met enfin en place un dispositif d’écoute pour les prêtres qui éprouveraient « certaines fragilités » ou traverseraient une épreuve. Trois ecclésiastiques sans rôle hiérarchique seront dorénavant spécialement chargés de leur écoute.
D’autres diocèses ont eux aussi annoncé des améliorations de leur prise en charge des plaintes ces dernières semaines. A Montpellier, par exemple, une cellule d’écoute et d’accompagnement pour les victimes et les auteurs d’actes pédophiles en collaboration a été mise en place avec le centre hospitalier universitaire. A Lyon, un collège d’experts étudie le cas des prêtres mis en cause dans la presse, à divers titres, depuis la révélation de l’affaire Preynat. Ses conclusions sont attendues pour l’été.

 Cécile Chambraud
Journaliste au Monde
Vos réactions (4) Réagir
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Openeye 04/06/2016 - 23h22
Accueillir les victimes ? Pour quelle raison ? La plus probable, c'est sans doute pour essayer de les dissuader de porter plainte, ce que les victimes devraient faire systématiquement. Il faut veiller à ce que ces prédateurs soient punis. L'église, dans sa grande hypocrisie, ne le fera jamais. Et ce n'est d'ailleurs pas à elle de le faire. Il s'agit de crimes qui doivent être jugés devant les tribunaux.
 
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Dieumerci 05/06/2016 - 20h02
Tout-à-fait! Il est d'ailleurs très intéressant de remarquer que, partout dans le monde où les prêtres ou évêques pédophiles ont été condamnés, l'Eglise catholique a versé des sommes importantes (Irlande, Etats-Unis, Australie). En France non seulement le silence est manipulateur en vue d'étouffer le scandale moral (d'un christianisme paganisé), mais qui plus est l'argent aussi reste honteux et il n'est pas question de réparations... mais de cellules d'écoute!!!!
 
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Dieumerci 04/06/2016 - 20h12
On peut se poser une question: de quel droit l'Eglise catholique met en place un groupe d'écoute et de suivi des victimes? Si la personne est "victime", elle doit pouvoir être suivie et écoutée par des instances totalement neutres; l'Eglise ne peut être partie prenante ou en charge de prêtres coupables et assurer un suivi sérieux de ceux que ses représentants ont blessés.
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RENE TAVAUD 04/06/2016 - 17h41
Les rectorats mettent-ils en place des structures et procédures comparables à ce que fait aujourd'hui l'église catholique ?

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/06/04/le-diocese-de-paris-renforce-la-lutte-contre-la-pedophilie_4935101_3224.html#VUpc2BwS7JA3IcLL.99


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