Quarante-huit
heures de divers lieux et rencontres, mentalement, physiquement, y compris ce
moment à monter l’escalier menant au quai Paris à la station RER La Courneuve,
après une longue attente au distributeur de tickets tant l’automate est lent.
La succession d’exceptions qui est toujours ce qui provoque l’événement.
Un quidam à touche-touche avec moi me
demandant si je parle l’allemand, façon de prendre congé cyniquement ou ne
procéda-t-il qu’alors ? et qui s’enfuit. Je me rends compte alors qu’il
vient de me faire la poche gauche de mon blouson, heureusement le dégât est de
peu, simplement toutes les cartes de mon réticule, les réductions de magasins,
les navettes des hôpitaux militaires, à même mon vêtement ce que je ne
fais jamais : ma carte d’identité et ma carte de lecteur en archives
diplomatiques. Le viol est marquant plus rétrospectivement que sur le moment,
mais je comprends ce que subit la femme. Comprendre est beaucoup trop dire.
Peut-être en ai-je une idée ? Le visage à peine vu respirait une véritable
haine, alors qu’en une certaine manière je suis son bienfaiteur, son élu, son
gagne-pain. Il semble qu’il avait commis son numéro de
prestidigitateur-illusionniste déjà quelques minutes auparavant puisque la
jeune fille me suivant au distributeur s’était élancée vers une autre pour lui
signaler qu’elle venait peut-être de se faire voler… A mon arrivée, descendant
l’escalier, la sécurité SNCF-RER, mais les uniformes ne font pas empêchement
dès qu’ils s’éloignent. Il faudrait la banalisation en civil, avec évidemment
carte ou insigne montrés en cas d’intervention.
Ce
matin, réveil qui me semble une extraction du néant pour réintégrer une enveloppe,
un lieu, la vie, un corps, la suite.
Prier,
ce que j’ai fait mentalement depuis le TGV sans avoir eu le temps d’aller au
texte. – Affichage dans le métro… les
prêtres, exhibition sur une scène parisienne, évidemment col romain et
veste noire, quatre on cinq clercs… Mgr. di FALCO LEANDRI nommément. Je ne
crois pas le procédé adéquat. Mes chers hôtes me disent que c’est un tour de
chant, que les disques et la radio sont très bons, que c’est un succès, qu’il
n’y a pas lieu de cacher sa foi, etc… affichage des sourires et mines
racoleuses pour signifier le bonheur qu’apporte l’imprégnation personnelle d’une
croyance. Sur la table de mon cousin, le livre d’Emmanuel CARRERE, Le Royaume,
emprunt au bout duquel il n’arrive pas. Je l’ouvre, une énième paraphrase des
évangiles, un succès de librairie. Pauvreté de notre époque qui encense les
plagiats et la seconde main…ambiance de détraquement… Le Val-de-Grâce qui
« ferme » irrévocablement au début de 2016 sans que le personnel
sache où « on » le fera aller et l’imagerie médicale - la médecine
nucléaire notamment – enlevée pour ce
qu’elles ont de plus pointus performants (mais coûteux) aux forces armées.
Soupçon d’une de nos praticiennes à Vannes : on va faire de l’argent même
des archives scientifiques. Plus qu’une politique, plus que l’argent à racler
ici en mettant à mort et en bradant tandis qu’ailleurs cela dix, mille fois
plus et pour quoi ? l’Afrique n’a plus de sens qu’en équipe solidaire
européenne. Notre pays en pleine régression et d’abord par nos
politiques ! dont la responsabilité est de diriger et de commander en ces
astreintes. Ils ne sont que
marionnettes d’une ambiance et d’une dégringolade et nous forcent à les imiter…
Débilitant est peu dire. Enrageant. Décourageant… je découvre les étymologies
et analogies de racines. Et leur orgueil, leur autisme, la pédagogie et la
prétention au discernement et au courage ! à dég…
Prier…
ces jours de mémoire et de contemplation-réflexion-accompagnement du Christ
dans Sa passion … sont une occasion-reine de méditer sur la liberté. Et cela
commence par la liberté de Dieu. Notre problème à nous est l’emploi de notre
liberté ou celui de la pleine conscience de notre liberté alors que nous
expérimentons constamment nos limites et ces astreintes particulières à chaque
moment et à chaque sujet que nous imposent ou nous rappellent les circonstances.
Dieu qui est Dieu, et la dialectique d’une séquence affreuse,
« nécessaire » et pourtant vécue librement, humainement si horrible
que le Christ implore d’en être dispensé et cependant, etc… notre liberté est
fille de celle de Dieu, du Christ… quant à la victoire si nous en remportons
quelques-unes à notre échelle et si nous avons le privilège dont la foi nous
gratifie : vivre et savoir que la vie continue en infiniment mieux que ce
que nous en vivons en ce moment, continue par notre mort et notre grande entrée
en communion… cette victoire évidemment est la conséquence de la victoire du
Christ. Cette semaine nous en avons tous les tenants et aboutissants si denses
en textes et plus encore en invitations à la méditation, à la prière.
Il a fait de ma bouche une épée
tranchante, il m’a protégé par l’ombre de sa main. Il a fait de moi une flèche
acérée, il m’a caché dans son carquois. [1] Dialectique :
attaque défense. Le même mouvement. L’homme instrumentalisé par le Créateur
pour contribuer au salut général des créatures, de la création. L’honneur de
servir. Une destinée pré-déterminée ? non ! pas plus que la Vierge
Marie, libre devant Dieu et les hommes, son mari notamment. L’ange Gabriel ne
propose pas, n’impose pas, il annonce et Marie s’associe, « entre dans le
jeu », elle devient alors l’instrument de la prédilection et son rôle est
le plus beau qui soit pour une créature, donner-transmettre la forme et la
situation de créature au Créateur, personne particulière du Fils qui, à si
juste titre, ne se présente et ne s’intitule « que » Fils de l’homme.
Lui qui m’a façonné dès le sein de ma mère… j’étais encore dans le sein
maternel quand le Seigneur m’a appelé… pour que je sois son serviteur…j’étais
encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. Accomplissement d’une destinée, deux
exemples, Judas et Pierre. Liberté ? deux annonciations, terribles ! L’un
de vous me livrera… C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais
tremper dans le plat… Ce que tu fais, fais-le vite… et d’un… Judas prit la bouchée, et sortit aussitôt. Or, il faisait
nuit… rester eût été intenable. Tu
donneras ta vie pour moi ? je te le dis : le coq ne chantera pas
avant que tu m’aies renié trois fois… Il
y a cependant la promesse : tu me suivras plus tard… sans doute au supplice et à la mort, mais
aussi vers le Royaume. Suicide de Judas et repentir intense, affectif, total de
Pierre.
Judas est expéditif : de nuit il se fait payer et passe à l’acte. Jésus lui répond et s’identifie,
exactement dans les termes qu’il va employer devant ses différents juges :
c’est toi qui le dis. Car la liberté en acte est fondamentalement la responsabilité.
Le choix, le libre-arbitre sont la matière et l’attribut de la liberté,
mais l’esprit, l’appropriation humaine et divine de la liberté, son exercice,
c’est la responsabilité. C’est assumer pour la gloire, l’opprobre,
la réponse des faits et des circonstances à ce que nous en faisons,
du fait-même de notre liberté. [2] L’identité de Dieu,
Son accomplissement selon notre chair mais selon Son dessein…
sont notre responsabilité. Confiance « finalement » de Dieu en nous, en Sa création. …
Et Dieu vit que c’était bon ! Passage à tabac de l’élu, du serviteur,
de l’homme du destin cosmogonique : je sais que je ne serai pas confondu. …
Est-ce moi, Seigneur ? Les deux termes de l’action, de la vie.
Incertitude sur le choix que Dieu fait de nous,
même dans le cas d’une vocation, incertitude sur l’état de vie,
sur le déroulement de notre fidélité en actes, de notre réponse au dessein de Dieu,
*mais certitude sur l’accompagnement : Car le Seigneur écoute les humbles ,
il n’oublie pas les siens emprisonnés.
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