. . . ma
chère femme. Sensibilité éprouvée de nos accords, de nos affinités, de notre
amour et de notre admiration, de notre sollicitude mutuelles. Chant des oiseaux
avec entrée en chœur successive de diverses voix. Porte fenêtre ouverte,
pleuviotis très doux. Ambiance aussi de repos que la perspective de ce samedi
« sans rien » si nous voulons
ne rien faire.
Le
concours de danse, plus de trois cent enfants ou adolescents danseurs
concurrents hier, et autant aujourd’hui. Marguerite hier, en très net progrès
pour les deux disciplines. Ce ne sont pas les enchantements d’une succession de
ballets et tableaux comme nous allons en voir à la fin de Mai et à la fin de
Juin, ce sont des instants très différenciés, moins de deux minutes par
concurrent, groupe, duo, solo, mais la chorégraphie, la cohérence, les rythmes,
l’expression d’un récit ou d’une situation, d’une psychologie se discernent
aisément. Ce n’est pas le choc de la beauté, encore moins la diffusion d’une
sensualité ou d’une révérence corporelle, c’est vraiment la démonstration d’une
double maîtrise, l’enseignement donné aux élèves leur donne l’instrument et la
possession de leur corps. Qu’il y ait plaisir, anxiété et bonheur à danser
ainsi et en public, le millier de spectateurs sans doute, oui. Mais le corps
soigné et obéissant. Les modes d’aujourd’hui, les filles sont fortes :
MAILLOL, DEGAS, PICASSO (Les
demoiselles d’Avignon) mais encore très jeunes n'ont pas encore de
buste, des seins, mais des jambes. On s’y « fait » tellement, que
celles qui auraient le physique des ballerines classiques semblent grêles et
inférieures. Les garçons sont rares, enfants ou adolescents, mais excellents,
des acrobates. Il reste une sensation de rythme et de puissance.
Prier…
« mon moine » et tellement frère à mesure des années d’Avril 1963 à
sa mort, quatrième anniversaire aujourd’hui. Je lui ai souvent manqué,
notamment en ne le visitant pas assez à son retour en France depuis 2005. Je
lui dois… sans adjectif, ni énumération… intensément en accompagnement, en
attachement, en structuration d’intelligence… Le spirituel a été implicite.
Dieu plénitude, éblouissement, attente de la beauté, c’était le discours. J’ai toujours fait semblant, phrase reçue comme un aveu et totalement incomprise dans les derniers
mois de sa vie, autant par moi qui me crus seul à l’avoir reçue que par
quelques-uns des moines qui le visitaient à l’infirmerie : semblant de
croire, semblant d’être vraiment dans son état de vie, dans son célibat
consacré…[1] je comprends et reçois
tout autrement ce matin : humilité totale d’une intelligence de séduction
et aimant être séduite. Il accepta toute sa vie la médiocrité des règles, des
habitudes, de l’humanité, de l’Eglise, il accepta de se comporter comme si tout
cela et lui-même étaient, sont vraiment ce qu’elles disent être et valoir. En
ce sens, parfait fils de saint Benoît à l’immense ambition : hoc sit
quod dicitur.
Prier…
ma compagne de vie et d’éternité… celles aussi qui me donnèrent des instants,
parfois même d’éblouissement et d’extase… mes maîtres, le plus souvent au
masculin mais d’intelligence diaphane, la politique, la vie, leur pays à
chacun, de grands hommes qui ont bâti ma vie, intérieur et façade, expression
fraternité… des mentors au vrai du personnage antique… mes auteurs en
littérature contemporaine, je n’en ai rencontré physiquement aucun, sauf un
auprès de qui je fus vite débiné en sorte que la communion de lecture puis de
rencontre ne put se développer (Guy DUPRE, Le
grand coucher, Les fiancées
sont froides)… quelques figures des responsables de ma carrière tant
que ce fut fraternel et dialogué… mes neveux et nièces, leurs histoires vraies
respectives autant que par moments d’intensité la confidence (comme ces
jours-ci pour l’une) m’est faite… mes frères et sœurs (les retrouvailles si
réussies de samedi dernier à Annecy : apport et admiration)… et puis notre
trésor, son anxiété avant le concours, ses progrès et son succès manifestes
hier, sa personnalité, l’éducation qu’elle a entrepris de moi, selon chacun de
mes traits qui agacent ou ne conviennent pas : manifestation de tendresse
et d’affection s’il en est et dont chaque expression, donnant parfois des
« mots » superbes, me réjouit.
Prier…exprimez votre amour mutuel en échangeant le baiser de
paix. Paix à vous tous, qui êtes dans le Christ. [2] Sentiments qui me sont donnés ce matin. Dieu
s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce. Tenez-vous donc
humblement sous la main puissante de Dieu, pour qu’il vous élève quand le
jugement viendra… Comme on met un vêtement de travail, revêtez tous l’humilité
dans vos rapports les uns avec les autres. « Mon
moine », oui, cette humilité, ainsi ses correspondances avec son Abbé
régnant, alors même que celui-ci avait été son élève en début de vie
monastique, avec son confesseur, et même avec moi, son disciple admiratif, confiant
mais souvent, dans nos dernières périodes agacé ou critique, jusqu’aux grands
moments finaux de pleurer ensemble. Psychologie de la foi telle qu’elle nous la
grâce du quotidien : déchargez-vous sur lui (Dieu) de tous vos soucis, puisqu’il s’occupe de vous. Pierre, le chef, l’impétueux… Pierre marié
et peut-être enfants, Pierre chef de la petite entreprise de pêcherie… Pierre
établi chef de l’Eglise par le Maître qu’il comprend le plus souvent de travers
et trahit… Pierre l’aimant bien plus explicitement que Jean l’élu ou le
« préféré » écrit avec une originalité et une personnalité débordant
d’expérience humaine. Est-il allé jusqu’à Babylone puisqu’il adresse la
salutation de cette communauté à d’autres ? Marc et Sylvain bien situés. Notre
foi n’est pas établie sur une philosophie ou des syncrétisme. Elle est humaine
non selon des auteurs de sa mise en forme, mais parce qu’elle s’établit par des
faits et des paroles reçus par des hommes et des femmes de tous âges et
conditions, et que ces faits et ces paroles ont résonnance en nous depuis la
Pentecôte. Une histoire humaine, un mouvement divin, les deux s’implantant en
nous, chacun. Nos initiateurs s’en allèrent proclamer partout la Bonne
Nouvelle. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les
signes qui l’accompagnaient…. Heureux le peuple qui connaît l’ovation !
Seigneur, il marche à la lumière de ta face.
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