. . . à Veyrier-du-Lac,
chez
la troisième de mes cinq soeurs et son mari, 07 heures 25 + Heures magnifiques
tout hier : nos dernières
descentes, le brouillard absolu, mais une neige me convenant,
la délicatesse de
ma chère femme me sécurisant en gardant mon allure et me faisant
passer devant
elle, la grande halte au soleil d’un restaurant de pistes, les
traces d’animaux
dans la neige, le dégagement à nouveau du ciel, le cirque, les
gens les
visages. Mes aimées, notre fille que j’ai mise sur les skis à
deux ans et
maintenant si parfaitement à l’aise, ma chère femme qu’avec
nous et pour nous
s’est remise sur les planches après des décennies d’oubli,
j’ai accompli en ce
domaine ma mission, peu importe la faiblesse maintenant de mes
performances et
mes manques de cette petite audace que sont la confiance en
soi et la
ponctualité des réflexes… Les vallées successives, la
végétation, les sapins
reprenant en-dessous des Menuires, puis la perfection de
certains sommets, l’un
totalement pyramidal comme il arrive dans cette partie de la
Savoie, montagnes
parfois lourdes et rondes, le ciel et la terre leur devant
leurs limites, une
ambiance encore plus de sécurité, d’apaisement que de
grandeur. Les habitats,
les toits, ces étals de maisons dans le creux doux et
maternels que font entre
elles des collines, des fins de montagne. Nous avons roulé
tranquillement, fait
des achats de fromages, de vins et de gènepi… Sans nous le dire l’un à
l’autre, nos propres
vies, nos lieux, nos chiens, nos conditions de vie et de suite
de vie en regard
de ces paysages et de la vie des autres. – Puis l’arrivée le
long du lac
d’Annecy, par Talloires, la chaussée au niveau d’une eau
indescriptiblement
belle de couleur, de douceur de son mouvement. Enfin, la messe
dominicale
anticipée, l’architecture extérieure banale, la luminosité de
l’intérieur qui
nous était déjà familière, mais des images modernes non d’un
chemin de croix
mais des miracles marquants du Christ, un autel et un ambon
aux façons du Jugenstil de
KLIMT, le doré et le vif, le plus simple, et surtout, légendée
en arabe, une
toile de fond moderne peintes selon les icônes byzantines. Et
ma chère sœur,
chef de chorale [1]
et ayant physiquement affirmé son parcours et ses évolutions
intimes, une
métamorphose de visage, d’habillement, elle-même totalement et
enfin pour être
entrée dans la soixantaine. J’ai été extrêmement émue, restant
à regarder la
tribune elle et ses choristes pour le Gloria. Messe dite
avec jeunesse, foi,
précision et sérieux par un prêtre desservant sans doute l’un
des plus beaux ensemble
de paroisses en paysages qui se puisse imaginer, mais n’étant
pas savoyard,
étant arrivé jeune, rejeté depuis quelques années par la
cabale d’une partie de
ses ouailles tentant de délocaliser sa chalandise spirituelle
et de le perdre
dans l’esprit d’un évêque qui a déjà eu à traiter d’une autre
paroisse, qui
nous a été familière, celle de Megève. Propos à la sortie,
l’organiste,
carrière de conseil, veuvage récent mais à la veille d’un
divorce, dirigeant
un journal local et m’apprenant, nous apprenant la mort de
Pierre PLANCHER, il
y a deux, ans ce qui nous a abasourdis, Edith et moi… Soirée à
dire et
ré-apprendre nos nièce et neveux, ma fratrie telle que vue et
comprise par a
chère sœur parfois mieux informée que moi (conditions d’une
récente naissance
« chez » un de nos frères). Et au talent d’animation
liturgique,
Marie-Thérèse ajoute celui des compositions d’albums-photos
numériques. Et
comme depuis toujours, son goût partagé avec son mari, des
tableaux et toiles
tous figuratifs mais très nombreux, de beaux formats et se
faisant écho les uns
les autres, du saumon en papillote et un énorme baba au rhum,
une bouteille de
blanc à moi seul tandis que mon beau-frère – à vérifier –
vidait de son côté
une de rouge, Marguerite passionnée par sa tante, les albums
et le
fonctionnement de plusieurs éléments d’informatique, Edith
très à l’aise, et maintenant
une grande heure de chants d’oiseaux, l’éveil par le jour, le
premier plan de
jardinet, le lac, son impassibilité et l’autre rive. C’est là
que j’ai eu ma
dernière conversation téléphonique avec Catherine G. préférant
que nous ne nous
revoyons pas : son mari, et que cesse une correspondance de
vingt ans,
antérieure d’ailleurs à son mariage. Il y a eu ensuite sa
mort, des bribes
nouvelles de compréhension de son ambiance familiale par des
téléphones avec sa
mère. Et maintenant Pierre PLANCHER, l’ami le plus sûr et le
soutien dans ses
entreprises éditoriales, la Lettre
puis Paris ce soir,
de Michel JOBERT,
peine intense…
Ce
matin, maintenant, les textes de ce dimanche, très bien lus et
commentés hier
soir. La remarque d’un jeune catéchisé notée par notre
célébrant de dimanche
dernier à Val Thorens, l’admirable Marcel PERRIER, évêque
émérite de Tarentaise
puis de Pamiers : Jésus parmi les siens, survenu malgré que
les portes
verrouillées, comment est-Il entré ? Mais il y était déjà.
Homélie
d’hier, Jésus se manifeste, apparaît physiquement.
Aujourd’hui, Il est tout
autant parmi nous qu’alors mais ne se manifeste plus… pour le
moment, même si
cela fait déjà deux mille ans et peut durer encore des
millions d’années avec
ces probables mûes inimaginables de l’espèce humaine et de
tout le vivant, du
cosmos-même. Ferveur du célébrant d’hier au visage vigoureux
dont les seuls
arrêtes sont la coupe de cheveux, drue. Rappel du visage un
peu lourd de Dom
Jacques MEUGNIOT et les cheveux gris-blanc très précocement.
Génie du discours
de Pierre, que souvent on prend pour un peu limité en
théologie et en art
oratoire, chef, meneur, grand cœur, spontané évidemment, mais
génial en
argumentation et en pénétration du dessein divin, du dessein
pastoral de Dieu,
j’en suis à chaque lecture plus convaincu qu’à la précédente :
aujourd’hui, c’est l’entreprise de déculpabiliser ceux qui ont
mis à mort son
Maître… frères, je
sais bien que vous
avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Mais Dieu a ainsi
accompli ce
qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de ses prophètes [2]
A cette dialectique de
l’histoire du salut
qu’il a enfin assimilée et que ressassait son Maître, encore
au premier jour de
Sa résurrection : la leçon aux pélerins d’Emmaüs ou aux Onze
au retour de
ceux-ci à Jérusalem : « Voici les paroles que je vous ai
dites
quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout
ce qui a
été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les
Psaumes ». Alors, il ouvrit leur intelligence à la compréhension
des
Ecritures … Pierre ajoute
la proclamation
de l’identité du Christ. Oralement, ce sont les premières
encycliques
pontificales… le Saint et le Juste… le Prince de la vie…
et une conclusion à la
Jonas retournant tout
Ninive : convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu
pour que vos
péchés soient effacés. Prédication
apostolique
d’ordre du Christ au premier soir de Sa résurrection : …
que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon
des péchés, à
toutes les nations, en commençant par Jérusalem. A vous d’en
être les témoins. Relisant
l’épître de Jean, en celui qui
garde Sa parole, l’amour de Dieu atteint sa perfection, je vois de nouveau ces venues hier en fin d’après-midi
des paroissiens
vers la petite église, tous – âgés certes – avaient un visage
souriant,
rayonnant. En parfaite harmonie avec la liturgie, et ensuite…
apprendre cabale,
zizanie, procès avec procédures canoniques, avocats,
délégation convoquée un
Samedi-Saint dont fit partie ma sœur, remontée à Rome, etc… le
djihadisme à la
chrétienne… les feux médiévaux d’adeptes qui prêchent l’amour
mutuel et lisent
sans broncher : si l’un de nous vient à pécher, nous
avons un
défenseur devant le Père : Jésus-Christ, le Juste. C’est lui
qui, par son
sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des
nôtres, mais
encore de ceux du monde entier. Ainsi
soit-il !
. . . de retour à Reniac, 21 heures
25 + Route longue mais facile depuis Annecy par Bellegarde et
Nantua. Le ciel
de plus en plus clair. Deux paysages : la traversée de l’est
du Massif
central, en jouxtant
Cluny, Paray-le-Monial,
Vichy, Roanne, Moulins, une dizaine de châteaux, chacun
différents, bien
visibles depuis la nationale 79. Puis les pays de la Loire, le
fleuve, les
arbres, les forêts domaniales. Evidence que la concentration
des populations en
grandes agglomérations urbaines est une erreur fondamentale,
que l’équilibre
personnel et collectif, le nôtre à nous Français, quelles que
soient nos
origines et notre âge physiologique, suppose ces calmes, ces
diversités, ces
végétations, ces échelles humaines, une conversation entre
nous, avec l’histoire,
avec la géographie au lieu de l’énorme impératif de
l’artificiel que nous
vivons aujourd’hui. – Ici, les glycines, les bouleaux, les
tilleuls en fleurs
et en printemps, et nos chiens. – Action de grâces, ces jours,
ces lieux, ces
rencontres et aussi ces retours à Dieu, ces deux décès :
Pierre PLANCHER
et ce qu’il y a eu de parcours politique dans ma vie, Francis
BOYE et la geste
familiale et amoureuse. Les âmes qui nous habitent en
compagnie grave et douce
de la nôtre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire