Vendredi Saint . 3 Avril 2015
Admirable Alexis NOËL, un des
militants du Mouvement des démocrates : Michel JOBERT.
Troisième livre qu’il publie [1].
Les exergues qu’il donne en ouverture… Le principal,
au point de vue de l’existence dans l’Histoire, n’est
pas de réussir, ce qui ne dure jamais, mais d’avoir été
là, ce qui est ineffaçable… [2] La morale et
la politique sont peut-être séparées chez les esprits
médiocres. Pour moi, la politique est une pratique
quotidienne et périlleuse de la morale. Ou alors elle
serait le refuge des fripons… [3]
Selon les bonnes traditions, les éclaireurs sont
destinés à essuyer les premiers coups de feu… [4].
Autant que jamais,
mon devoir de témoigner : la constellation de Gaulle…
et ce que j’aurai tenté, en adresses à l’Elysée depuis
2007, et ce que je vais tenter.
La matinée a passé. Recevoir
et endurer beaucoup de coups de la malchance est sans
doute (pour soi, mais il ne faut pas qu’en pâtisse
aussi celles et ceux que l’on aime et dont on reçoit
garde et « charge ») une grâce : comprendre un tout
petit peu, soupçonner ce qu’a vécu, souffert, subi
Dieu fait homme, le parfait innocent, sachant et
vivant tout de l’homme, des hommes, subit en cet
« impossible » ministère public, ces trois ans de
chasse à l’homme et dénégations d’une hypocrisie et
d’un cynisme que produit seul le vide spirituel. –
Prier… grâce
aussi d’avoir pu « assister » à l’office du
Jeudi-Saint, la petite église-chapelle de la
Trinité-Surzur, le seuil surbaissé comme l’orée d’une
tente bédouine et la montée vers un croix dont le
centre manque tandis que bras, tête et piétement
éclairent le mur à discrètes et fines lignes de
charpenterie. Déjà, l’an dernier, la beauté du lieu,
qu’on peut vivre comme spécialement fait pour cette
célébration. Marguerite, tellement réticente à
m’accompagner, qu’elle a commençait de s’exercer à la
bicyclette (ses trois défis : faire la roue, plonger
tête première, le vélo…) est finalement venue, me
faisant en route la lecture de l’Exode. Diction et
observations : tous ces agneaux égorgés ! que de sang
et les pauvres petits, le sang donc de la Passion et
évidemment ces parentés de rites et mœurs
judéo-islamiques. Même réaction, qu’elle a souvent en
liturgie, l’équité, la logique : elle observe le
lavement des pieds, que des hommes, alors que les
femmes étaient bien les seules au pied de la croix, à
l’exception qu’elle sait bien de Jean. Pierre et
l’oreille de Malchus qu’elle sait bien. Ce matin,
trajet en classe. Pourquoi pas la messe du Jeudi-Saint
vraiment à table ? au lieu des bancs d’église, et la
fête du prêtre, fleurs à l’appui.
Textes pour ce soir : j’en
manquerai une partie et Marguerite ne pourra
m’accompagner. Fin de sa « boum » (la première ici,
après une autre l’an dernier en classe de neige)
coincidant avec l’heure du début de la liturgie, dans
une autre de nos églises, plafond en bois, décoration
baroque, pavement de plusieurs siècles, tableaux du
XVIIème : naïfs. Limpidité de l’enseignement [5],
deux personnages : le juste selon Isaïe, décisif
« outil » de Dieu, véritablement la main du Seigneur
pour reprendre la Création… et Jean, l’évangéliste,
son relationnement puisqu’il est au courant des
délibérations et des rapports de force au
Grand-Conseil, qu’il est connu de tout l’entourage du
grand-prêtre qui d’ailleurs ( !) ne lui tient pas
rigueur d’être le disciple de l’imprécateur… et le commentaire
pastoral donné d’abord aux Hébreux dont la conversion
est le but chronologiquement premier et du Christ et
de Ses continuateurs… celui enfin qui est vécu, le
priant que nous pouvons être, le psalmiste, nous
mettant « dans la peau » du Christ : je suis la risée de mes
adversaires et même de mes voisins, je fais peur à mes
amis… on m’ignore comme un mort oublié, comme une chose
qu’on jette… ils s’accordent pour m’ôter la vie. Réflexe : Moi,
je suis sûr de toi, Seigneur… mes jours sont dans ta
main… sur ton serviteur, que s’illumine ta face :
sauve-moi par ton amour. . . Exhortation
pastorale : avançons-nous donc avec assurance
vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et
recevoir, en temps voulu la grâce de son secours. De fait, mais
parce qu’il est dans la main de Dieu, pas tant pour
son salut propre que pour la Rédemption opérée
divinement par cette pauvre mais souveraine figure
humaine. Mon serviteur réussira ; il montera, il
s’élèvera, il sera exalté ! … Le châtiment qui nous
donne la paix a pesé sur lui ; par ses blessures, nous
sommes guéris… Le juste, mon serviteur, justifiera les
multitudes, il se chargera de leurs fautes. Que dit LE juste ?
j’ai parlé au monde ouvertement … Moi, je suis né,
je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage
à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma
voix. Explication
littérale et décisive : la vérité n’est pas
l’adéquation d’une idée ou d’une description à la
réalité, celle-ci restant d’ailleurs à définir ou
élucider. La vérité est une Personne, la démarche
humaine qui sauve n’est pas une opération
intellectuelle, elle est un attachement de chair,
d’âme, elle prend toute la personne. Elle est de
personne à personne. Elle n’est pas relative (qu’est-ce
que la vérité ?
murmure Pilate, ce qu’entend Jean, sans doute aux
côtés du procurateur, intimement et constamment
présent au procès et à ce sort qui est fait au Maître
vénéré, aimé), elle est relationnelle. Jean l’incarne
au possible, définissant au plus précis son témoignage
oculaire, sensoriel (celui qui a vu rend
témoignage, et son témoignage est véridique ; et
celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous
croyiez), mais sa
relation au Christ, lui le disciple que Jésus
aimait, a pour
conséquence la plus naturelle : « Femme, voici
ton fils ». Puis il dit au disciple : « Voici ta mère »,
et à partir de cette heure-là, le disciple la prix chez
lui. L’intense et
si mystérieuse nuit de Pâque, Jean avait accueilli
Marie et l’hébergeait. Quand il court au tombeau, la
mère de Dieu sait qu’il y court, et pourquoi… Le point faible de
la coalition adverse est Pilate : Dis-tu cela de
toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? …
Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, si tu ne l’avais reçu
d’en haut. Psychologie
pénétrante, Jésus gradue les responsabilités. Il n’a
pas exonéré Judas de la sienne, quoique celui-ci était
manifestement « agi » par le démon. Pilate …. celui
qui m’a livré à toi porte un péché plus grand. Jean ne rapporte
pas la profession de foi du centurion. Ce n’est plus
la relation de l’homme à Dieu qui importe, mais celle
de Dieu à l’homme et le témoignage est d’une autre
nature : l’accomplissement des Ecritures et leur
mutuelle « validation » d’un Testament, d’une Alliance
à l’autre. Jésus ne meurt qu’à cette condition : le
Nouveau Testament, la nouvelle Alliance, la fondation
de l’Eglise commencé par l’établissement de la
relation entre Sa mère et Son disciple, le Christ sachant
que tout, désormais, était achevé pour que l’Ecriture
s’accomplisse jusqu’au bout … dit : j’ai
soif »… Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit :
« Tout est accompli ». C’est le Christ qui
conclut, maître du moment de Sa mort. Et de la nôtre
dont Il nous donne le sens.
[1]
- Alexis Noël, Un
ministre de l’alternance, Michel Jobert . Du
quai d’Orsay au quai Branly . 1981-1983 (L’Harmattan . Décembre 2014
. 299 pages) – après
L’épopée
ordinaire et singulière de Miche Jobert, pour l’honneur de
la politique (Société des écrivains .
2008) & La
Démocratie vivante, Michel Jobert, un précurseur
(L’Harmattan . 2004)
[3]
- Mchel Jobert à Amal
Naccache, Jeune
Afrique n° 1054, 18 Mars 1981
[5]
- Isaïe LII 13 à LIII
12 ; psaume XXXI ; lettre aux Hébreux IV 14 à 16
& V 7 à 9 ; passion selon saint Jean XVIII 1 à
XIX 42
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