Hier
Intensité aussi des changements dans
notre société, dans notre vie politique, de l’ensemble du
monde actuel, au
point que je prends conscience de ce que mes expériences, mes
raisonnements,
toutes mes façons de voir et plus encore de projeter ne sont
pas transposables.
Je suis périmé. Et la vie aurait sa logique en abandonnant sa
mise sur moi. Spirituel… mauvais terme comme s’il
s’agissait d’une rubrique. La réalité est que la foi dont je
sais bien qu’elle
m’est donnée et peut sans condition ni préavis m’être
retirée,me maintient, me
fait vivre, me garantit. Tout ce qui m’importe : la relation
avec mes
aimées, mes projets politiques, mes souhaits d’écriture, je le
vois et le vis
avec cette certitude et aussi cette sensation d’être
accompagné, béni.
Singuliers
rêves, dénuement et renouvellement. Situation de maintenant ?
si
déprimante… ainsi le prospectus de Franklin, mon ancien collège
totalement
« défiguré », exactement comme l’a été Sciences-Po. et sans doute l’est notre
pays aujourd’hui,
tel qu’il est mené. Soi-disant l’excellence, la première place
par adaptation …
l’inspiration unique d’aujourd’hui, en tout, c’est la
comparaison, donc notre
discontinuité !
Edith ne m’en veut pas de mon coucher
si tôt hier soir, et ne s’en
est pas inquiétée. Je ne saurai toujours jamais son
« fonctionnement ». Hier, sa terreur : au pied de notre
séche-linge dehors, une forme, un serpent, sa mûe.Elle me
montre avec prudence
ce qu’elle a vu le matin, hier soir … c’est la ceinture de ma
robe de chambre
tombée dans l’herbe. – Ecrire, commenter, suggérer. Art
suprême de COLETTE… Il
découvrait, non seulement le monde des émotions
qu’on nomme, à la légère, physiques, mais encore la nécessité
d’embellir,
matériellement, un autel où tremble une perfection insuffisante.
Il connaissait
une naissante faim pour ce qui contente la main, l’oreille et
les yeux, - les
velours, la musique étudiée d’une voix, les parfums. Il ne se le
reprochait
pas, puisqu’il se sentait meilleur au contact d’un enivrant
superflu… [1]
Ou l’ingéniosité des
situations avec des
actions et des dénouements à peine suggérés mais immanquables
[2],
pas de COLETTE mais
d’un oublié total, Catulle MENDES. Tous deux me sont tombés
sous la main hier
après-midi. Et maintenant copiant-collant les textes de
l’Eglise pour
aujourd’hui [3]et
leurs
commentaires, voici le fondateur de l’Opus Dei pour l’un des évangiles les plus parlants à toute
sensibilité. Ce
saint, si peu populaire et compris en dehors de sa propre
maison, sinon de sa
terrible époque, a le don paradoxal d’éteindre toute la flamme
du texte, son
affectivité et d’en glacer le récit. Suzanne P. à Vienne, ma
jolie et excellente
secrétaire, avait en permanence cette vêture de froideur. La
brûlure intérieure
du cœur est devenue blessure, et les deux disciples sont
physiquement fatigués
selon Escriva, alors que leur épuisement – car le trajet n’est
pas long – est
d’abord spirituel, psychique…
« Regarde-nous ! … de
l’argent, de l’or, je n’en ai pas, mais ce que j’ai, je te le
donne. Au nom de
Jésus-Christ le Nazaréen, lève-toi et marche ! » … D’un bond, il
fut
debout et il marchait. Entrant avec eux dans le Temple, il
marchait, bondissait
et louait Dieu…. Jésus,
lui-même
s’approcha et il marchait avec eux… Il
entra donc pour rester avec eux…
Le don décisif et
proportionné. Un
homme, infirrme de naissance… alors, le prenant par la main
droite, il le
releva et, à l’instant même, ses pieds et ses chevilles
s’affermirent… Et,
partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta,
dans toute
l’Ecriture, ce qui le concernait.
Les deux disciples,
du rang, du nombre pas
privilégiés mais participant, ni au Thabor ni au Golgotha mais
en espérance de
tout, même à faux, comme tout le monde, le tout venant
chrétien et des croyants
de tous bords, attachés… nous.
Les
disciples d’Emmaüs, très factuels mais les faits n’empêchent pas la perpelexité
ils parlaient entre eux de tout ce qu’il
s’était passé. Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus
lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés
de le reconnaître. Notre sensibilité, mon
adolescence se sont régalés de ce récit, la proximité, la prévenance du Christ.
Il y a des leçons qui vont au-delà de ce réconfort. Si le Christ de la
Résurrection est méconnaissable pour les disciples, pour les Apôtres, pour
Marie-Madeleine, c’est que leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître…
Alors, leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent … et comment le Seigneur s’était
fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Depuis Sa mort à notre vie et à notre mode actuel d’existence et par
Sa résurrection (retour à l’éternité), le Christ ne peut être connu, « vu »
de nous que selon Sa propre initiative. En pratique quotidienne, par les
sacrements : cette fraction du pain, et par la lecture de Sa parole. Ce
commentaire que Jésus fait à ses deux disciples : dans toute l’Ecriture,
ce qui le concernait. Luc lie, par les « saintes
femmes » l’ensemble de son récit des événements et enseignements suivant
la Résurrection : les mêmes qui étaient avec Joseph d’Arimathie pour la
descente de croix, la mise au tombeau, sont les premières à constater… déjà les
deux anges leur rappellent les propres prédictions du Christ, ce qui échappe à
Pierre… les disciples en route vers Emmaüs eux aussi sont mis au rappel de ces
paroles du Christ, puis tous à la grande apparition collective : alors
il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Ecritures [1]. Notre foi se conclut par notre étonnement,
notre émerveillement mais que tout se tienne ainsi dans notre vie comme dans l’ensemble
de ce que nous recevons est un don. Il y a parfois la grâce – aujourd’hui
mystique – du toucher et de la vue : voyez mes mains et et mes pieds ;
c’est bien moi ! Touchez-moi et rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni
chair ni os, comme vous voyez que j’en ai… Avez-vous ici quelque chose à manger ?
[2]mais le fond de notre psychologie, notre
condition humaine par elle-même, entrave et chemin, restent réticents devant le
miracle, devant la vie, devant la réalité vraie et totale (nous ne vivons quotidiennement
qu’à demi ou au dixième, ce que d’ailleurs les sciences médicales attestent de
plus en plus, atrophiés, n’usant pas de tous nos sens, nous réduisant même au
plus élémentaires de nos outils de perception et de réflexion) : il s’en
retourna chez lui, tout surpris de ce qui était arrivé… [3] dans
leur joie, ils se refusaient à croire et demeuraient ébahis… [4] enfin la grâce, le dénouement de l’Ascension
et la clarté, la consolidation, la force de la Pentecôte : paradoxe, après
que leur Maître et Seigneur, tant qu’il les bénissait, se sépara d’eux et
fut emporté au ciel, les voici pas du
tout orphelins, qui revinrent à Jérusalem en grande joie [5].
[1] - évangile selon saint Luc XXIV 45
[2] - ibid. 39 & 41
[3] - ibid. 12
[4] - ibid. 41
[5] - ibid. 51.52
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