Grâce d’une bonne nuit,
importance de ces paysages mentaux changeant d’un jour à
l’autre ou d’un moment de la journée à l’autre : comment
se forment-ils et se défont ? ils déterminent optimisme,
foi en soi-même, compréhension parfois cosmogonique ou au
contraire nous approchent de la mort, nous la font
constater déjà en pleine œuvre en nous…. Manière de
croire, manière et non contenu de la foi de nos premiers
ancêtres dans le christianisme, le trésor des Pères de
l’Eglise, du premier siècle, plus que des Docteurs. Nudité
des saints et de tout homme : leur foi, telle quelle. La
spécificité féminine encore plus éclatante dans le
spirituel : élan et réalisme, que dans le sensuel. – Prier
[1]…
psychologie du Christ. Mission : annoncer un royaume, LE
royaume et enseigner à prier, à se comporter. Rien de plus
que Moïse, et même moins puisque Jésus n’est pas un
politique ni un chef de guerre. Mais avoir sa vie entière,
le succès et la défaite de la mission écrit d’avance,
prophétisé. En être soi-même imprégné. Vivre constamment
en pleine conscience de soi, en totale connaissance de
tout. Lire et entendre les prophètes parler de Soi, en
ajouter constamment Soi-même pour des disciples restés
forcément terre-à-terre… cela ne donne cependant pas un
homme compliqué ou harassé. Dieu fait homme est d’une
tranquillité absolue même quand Il précise : voici
que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré…
ils le condamneront à mort… le troisième jour, il
ressuscitera… Sur le même ton, l’atroce et l’ineffable.
Et vingt-quatre heures sur vingt-quatre : le Fils de
l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et
donner sa vie en rançon pour la multitude. Ce qui
renvoie « dans ses buts » la mère de Jacques et de Jean,
soucieuse de placer ses fils, car elle a quand même
compris l’essentiel. Ses fils ont bien raison de suivre un
tel maître, puisqu’Il emmène tout son monde vers un
royaume extraordinaire et entièrement régi par Lui. Là,
Jésus la détrompe : siéger à ma droite et à ma
gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder. Et, sans que
la femme bien intentionnée et maternelle, déjà femme de
foi, ni les disciples et surtout les deux impétueux : pouvez-vous
boire la coupe que je vais boire ? nous le pouvons….
Jésus prophétise leur destin à eux aussi… ma coupe,
vous la boirez. Coupe de la dernière Cène, coupe du
martyre. Parcours entier et état d’âme donné d’avance par
Jérémie. Ils ont creusé une fosse pour me perdre. Et
paroles du Christ en croix, déjà anticipées : souviens-toi
que je me suis tenu en ta présence pour te parler en leur
faveur, pour détourner d’eux ta colère.
Hier soir, Arte :
22 heures 35 à minuit - reportage d’une Manon LOISEAU,
sans âge et au physique banal, à la passion totalement
contenue, le dévouement total et adéquat à la cause de la
liberté et de la démocratie qui en notre époque demande la
durée et l’effacement de soi pour qu’éclate l’intelligence
des choses et des gens. La Tchétchénie donc. La racine du
« système Poutine » pusique KADYROV, son outil local, le
présente avec le plus parfait et serein cynisme. Une sorte
de jeune homme au visage cubique, à la barbe marron et
courte, une façon de marionnette se donnant en spectacle,
sur les ondes et les places publiques, dirigeant les
applaudissements d’une salle de combat de boxe, prenant à
bras le corps le gros vainqueur pour le hisser du ring
vers la foule, son effigie en toque d’astrakhan sur les
drapeaux, quelquies bâtiments publics translucides et
illuminés comme des maquettes pour consoles de jeux, une
très simple dialectique : pour conserver le pouvoir, en
maintenir la raison qui est, vis-à-vis de son découvreur :
POUTINE de traquer les terroristes (les indépendantistes
tchétchènes depuis 1994), d’en rapporter constamment, d’en
créer s’il n’y en a plus. Donc la terreur pour, en chien
de chasse horrible, apporter constamment pâture et preuves
à POUTINE, qui paerait 14.000 euros par terroriste
(capturé et détruit par tous moyens). Larmoiements à la
télévision : qui aime donc plus que moi mon peuple. S’il
en existe un, quelle tristesse pour moi. Affichage des
portraits : le comique débonnaire, barbu comme un lutin et
le maître au visage sans trait ni ride, aux yeux sans
paupières. KADYROV et POUTINE donc. Une dizaine de fois
dans le pays la même année 2014, la révélation que des
irréductibles existent, des ONG russes faisant le
déplacement, des précautions pour préserver anonymat et
donc sécurité. Film dédié aux deux assassinées de 2006
POLITKEVSKAÏA, et évidemment belle coincidence de cette
projection avec l’inhumation de Boris NEMTSOV, dont la
compagne, 23 ans, d’origine ukrainienne, est retenue. –
Dialectique du film, une conférence à quelques-uns, petite
salle de réunion, un Rouslan KOUTAIEV entend commémorer,
au moment de l’ouverture des jeux olympiques de Sotchi
(KADYROV paradant avec la flamme à travers sa capitale,
lui « le plus grand constructeur du monde »…), les
anniversaires de la déportation des Tchétchènes par
STALINE, puis du début de la guerre d’indépendance il y a
vingt ans. Arrestation, tortures par le vice-ministre de
l’Intérieur et le « chef de l’appareil présidentiel »,
équivalent de notre secrétaire général de l’Elysée, dans
tout le système des Républiques fédérées, tel que je l’ai
pratiqué au Kazakhstan… motifs truqués, trafic de drogue.
Procès, verdict le 7 Juillet 2014, cinq ans de prison
seulement. Venue à Groszny d’un ancien officier supérieur
de la guerre d’Afghanistan converti à la défense des
dissidents et contestataires en Russie. Un compagnon, Igor
KALIAPINE. Un comité, comme en Argentine, des mères de
disparus et de torturés qui accueille et témoigne à visage
découvert, n’ayant plus rien à perdre… Images extérieures,
les défilés, les danses d’hommes traditionnelles autour du
dictateur mielleux et mignon, la recherche de tombes et de
tout un cimetière, seuls les arbres qui ont grandi gardent
la marque des écriteaux ayant indiqué par numéros
l’identité des cadavres, premier plan des bovins, trois
femmes cherchent l’introuvable, ont des photos pour situer
les chantiers des charniers quand on les creusa… Ici,
il devrait y avoir un mémorial, si l’on pensait aux gens
dans ce pays…. L’arbre a poussé mais la trace est restée.
Textes en intérieur, femmes à
fichu plus qu’avec des foulards, des hommes très simples,
déploration générale des enlèvements surtout de jeunes
femmes arrachés à leur famille, à leurs enfants … gens de foi musulmane, pleurs
et dignité, magnificence pathétique de regards d’enfants,
le regard des ghettos et des camps mais la bonne santé
apparente. Ils nous empêchent de savoir… On
s’éveille parce que c’est le jour, on s’endort parce que
c’est la nuit, on marche parce qu’on vit encore, mais il n’y
a pas de vie… Les riches s’amusent et les pauvres
pleurent… Ils font ce qu’ils veulent, ils s’en fichent :
personne ne dira rien… Si tu te tais, tu vis… Pourquoi a-t-on besoin d’un tel
pouvoir ? …. Kadyrov… sa parole prévaut contre la
Constitution… Il a transformé un peuple jadis si fier en un
peuple qui a peur de son ombre… Leur fils est en prison,
donc il est encore en vie et reviendra peut-être… Ce qui
fait le plus peur, c’est que tous se taisent … Les
traditions les plus anciennes au service de l’idéologie
d’Etat… Quand est-ce que l’homme russe va se lever pour
dire : ça suffit !
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