Hier
soir, aux Cardinaux, film exceptionnel. Eran RIKLIS, Mon fils (les deux autres du
même esprit : La fiancée
syrienne, Les citronniers).
Lyad qui se fait corriger physiquement en classe parce qu’il répète que la
profession de son père est teroriste et non cueilleur de fruits, est d’une
exceptionnelle intelligence et d’une sensibilité aussi. Admis et seul Arabe
dans l’un des internats les plus prestigieux d’Israël, une histoire d’amour
pudique, brève avec une jeune étudiante juive, plus que magnifique, une
disponibilité donnée à un tétraplégique juif, un dénouement d’un symbolisme
inouï. L’handicapé décédé est enseveli en cimetière musulman dans les draps
rituels qu’avait achetés pour elle la grand-mère adorée de Lyad, lequel par une
ressemblance plausible prend l’identité de Jonathan, à la prière muette de la
mère (splendidement jouée, elle aussi) du pauvre adolescent. Quelques vues de
la ville, les visages, du texte pour aller ensemble du racisme le plus
dég. (anti-arabe dans la majorité juive) à la geste et à l’efficacité de
l’amour : amour passion (le profil illuminé de la jeune fille dans la joie
de l’ultime instant avant de se donner) et amour fraternel. Le chemin de cet
Etat unitaire que je crois la seule solution à terme de la question de
Palestine, est donné. J’aimerai que la France en soit le prophète.
Prier…
[1] vous dites : « Il est notre Dieu »,
alors que vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais et, si je dis que je ne
le connais, pas je serai comme vous, un menteur. J’ai dans le cœur et la tête quand je lis nos textes d’évangile des
transpositions devenues permanentes. Des questionnements simples : le
disciple que Jésus aimait, le
« jeune homme » riche sur qui le Christ pose son regard et se mit à
l’aimer… ce n’est jamais dit pour une femme dont en général c’est la foi qui
est admirée, ou l’amour dont elle témoigne… homosexualité ou plutôt
« dédiabolisation »e de l’homosexualité ou plus encore, légitimité de
l’entrainement à aimer, quelle que soit l’identité sexuelle… ou bien la
relation exceptionnelle avec une femme, au spirituel mais aussi en proximité
physique : Marie-Madeleine qui veut cette proximité et cette relation,
acceptée par Jésus avant son propre martyre, mais éludée après la Résurrection.
Interrogations d’appropriation des textes, mais aucune objection de foi. En
revanche, certitude sur le conflit entre Jésus et les autorités, la hiérarchie
religieuse de son temps, ce qui revient à questionner l’Eglise d’aujourd’hui et
le prêche du clergé, quoique je sois ému et souvent admiratif devant la
fidélité des prêtres que je cotoie, notamment dans ma Bretagne d’habitat.
Ressemblance aussi : les rationalistes, qui sont certains d’avoir
« fait le tour » de la question de Dieu, me paraissent représentés
par ces Juifs endurcis dans leur dénégation. Es-tu donc plus grand que
notre père Abraham ? il est mort, et les prophètes aussi sont morts. Pour
qui te prends-tu ? Jésus prêchant la
relation avec Lui : si quelqu’un garde ma parole, jamais il ne verra
la mort, est amené à dire sa relation avec Abraham, ou plutôt, prenant le
contre-pied de ses adversaires, à dire cette relation du « père des
croyants » avec Lui, Jésus : l’aboutissement proclamé et le passage
de toute foi, de toute révélation. Abraham, votre père, a exulté, sachant
qu’il verrait mon jour. Il l’a vu, et il s’est réjoui. Dialogue, un instant de très grande portée philosophique et
cosmologique : toi qui n’a pas encore cinquante, tu as vu
Abraham ! Dieu englobe le temps, ses
saints en ont la prescience et pour certains l’anticipation-même. Avant
qu’Abraham fût, moi, Je suis . Tout est contemporain en Dieu. Et qui est
Abraham ? sinon le premier de nous tous, à qui explicitement est indiqué
le salut du genre humain. Pas encore selon la dialectique messianique de la
rédemption, laquelle donne le premier « rôle » à Dieu, Jésus Dieu
fait homme, mais déjà selon la fécondité, fécondité qui est celle de
l’alliance, de l’amour mutuel entre le Créateur et ses créatures. Je fais
de toi le père d’une multitude de nations. Je te ferai porter des fruits à
l’infini. De toi, je ferai des nations, et des rois sortiront de toi. Comment ? ce semble précurseur de
l’Annonciation : j’établirai mon alliance entre moi et toi,et après
toi avec ta descendance. Hier soir,
tandis que notre ange de fille dort déjà et que je dis quelques grains de son
chapelet, je réalise avec stupéfaction la portée d’un des versets apparemment
le plus banal de notre prière machinale : le Seigneur est avec vous. L’essentiel de la salutation, l’essentiel du
privilège et de l’exceptionnalité de Marie sont là : l’alliance de Dieu
avec elle. Comblée de grâces parce
que le Seigneur est avec vous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire