Epuisé
en rentrant, conversation
avec Jean, endormi sur le clavier en tentant de
synthétiser l'enseignement de l'après-midi : tapir, archives... habitude
que prend – très douce et chaleureuse – notre Marguerite,
nous nous asseyons côte à cote devant le poële chacun à
notre ordinateur, tandis qu’Edith est au sien, dans la
mezzanine avec « un Maigret » à l’écran. Chaleur de nos
éveils, mots uniques, la peau, la main, les lèvres,
presque rien mais toute l’âme, la vie. Rêvé, sans préavis
ni correspondance sauf peut-être hier un document aux
archives, la correspondance vers le ministre des Affaires
Etrangères, alors Maurice SCHUMANN. Nous sommes maintenant
dans un Paris d’imagination, une place avec pelouses^, les
immeubles dont je ne vois que les bas étages sont peints
en vert, enseignes bilingues franco-arabes, magasins
d’alimentation, pas grand monde, calme et harmonie
intenses. Nous marchons et parlons, il recherche une
statue votive qu’il veut offrir à qui il ne me dit pas.
Nous nous arrêtons à une porte basse, sous un escalier
métallique à vis. Nous évoquons ses défaites électorales à
quelques voix près, souvent dans sa carrière. Plus tard,
chez nous mais ailleurs, la nuit, les voisins, leur maison
éclairée, nos chiens allant y aboyer et qu’il nous faut
rattraper. – Notre cher Jean hier soir, son parler, son
fonctionnement, ses dilections, la casquette en pente dans
la ligne du nez, le menton doux mais prononcé, il ne se
rase que tous les deux jours, le vocabulaire parisien des
années 50, son ressassement des souvenirs, ses souvenirs
d’amour qui deviennent partie des nôtres,l’autocar
Citroën, les femmes, l’une d’elles, pendant deux ans, les
autres qu’il ne regarde pas mais qui le regardent puisque…
les cousines, belles filles mais en famille, rien de plus
donc, époque des jeunes filles dans les vies d’homme
autant au passé qu’à l’époque. Son fonctionnement intime
et sa ressource sont exactement les miens. – Leçon de mon
« tapir », comment faire apprendre le programme en
histoire ou en français sans qu’il existe cet étrange mais
décisif récipient qu’est la culture générale. Ajouter,
placer, resituer, faire résonner et se correspondre, oui,
mais s’il n’y a rien au départ, ni récipient, ni matériau,
aucune… je cherche les fondations possibles. Ces soutiens
scolaires que nous donnons, ma chère femme et moi, tous
sont un besoin qu’a creusé ou un vide qu’a déterminé un
échec familial, qui est un échec de couple. – Même ordre
psychologique, la dérive de plus en plus angoissante des
relations internationales. Pour la première fois depuis
les années 30, la puissance dominante que sont les
Etats-Unis faiblit en puissance et surtout n’a plus
d’orientation. La diplomatie américaine était jusqu’il y a
peu bipartisane même dans l’erreur. C’est le vide et à
peine une semi-réactivité qui s’installe, même nous…
version de ce quinquennat… sommes plus conséquents. En
face puisque le monde se réorganise passivement en camps
et alliances, les totalitaires sous deux formes : Russie
et Chine, et ce n’est plus la « poésie » de Monsieur K ou
de Mao… et les médiocraties. POUTINE a parfaitement
compris comment nous fonctionnons,chacune des démocraties,
dominées par la peur, perdus dans nos autogestions, et
dans ce qui est, pourrait être une « communauté
occidentale » (quoique je n’aime pas ce mot ni cette
régression, mais faute de mieux… actuellement et dans
l’urgence et la nécessité…) comment nous sommes même
incapables de nous concerter entre Européens, et entre
Européens et Américains. Il a compris après avoir observé
près de dix ans. C’était la force de HITLER d’avoir
compris comment les autres pays européens fonctionnaient.
La confrontation était son art. On y est maintenant. En
1947-1948, les Etats-Unis avaient fait reculer STALINE et
chez nous, RAMADIER, la tentative de ses commettants.
Aujourd’hui, exemple de mon « tapir » et de notre ami,
l’atrophie mentale de nos dirigeants crève les yeux,
l’absence de culture, l’absence de densité, l’absence de
réflexion. Le mouvement brownien des textes de lois au
lieu d’une sage administration de l’existant et d’une
animation constante de la vie nationale et locale par des
pouvoirs publics se faisant respecter de l’économie pour
que la société trouve tranquillement sa justice et sa
compassion, libère le génie des bonnes volontés et des
initiatives. Nous tournons le dos au possible, la tête
contre le mur du fait de nos « dirigeants », sans
direction ni énergie, sans véritable personnalité. Le
monde et le dire des blafards, comme s’il ne faisait pas –
quotidiennement – jour…
Prier… Dieu est pour nous refuge et force,
secours dans la détresse, toujours offert. Nous serons sans
crainte si la terre est secouée, si les montagnes
s’effondrent au creux de la mer [1]. L’ensemble d’un
territoire arpenté, trouvant sa géographie et son centre
selon une eau jaillissante et ne se prêtant à
appropriement que selon un guide : l’homme me fit
revenir à l’entrée de la maison et voici : sous le seuil de
la maison, de l’eau jaillissait… l’homme me fit sortir
par la porte du nord… l’homme s’éloigna vers l’orient, un
cordeau à la main… il mesura encore mille coudées et me fit
traverser… As-tu vu, fils d’homme ? … quand il m’eût ramené…
Une sorte de baptême
ambulant, une initiation d’aveugle. Un constat de vie. La
parabole fréquente pour le psalmiste est ici développée :
le cours d’eau, l’arbre. Plus que la fécondité, le
bien-être, le bonheur. La piscine de Bethzatha,
contemporaine du Christ. Comment aujourd’hui où commencent
les élections en Israël comme Etat ne pas prier pour que
soudain s’ouvrent les esprits, et donc ensuite les cœurs ?
NETTANYAHOU à qui il manquerait quatre sièges pour se
perpétuer, avec comme « feuille de route » quasiment hurlé
(à la manière des invocations républicaines de VALLS chez
nous…) : un Etat palestinien ? jamais. Le mur de Berlin
« tomba » bien, pourquoi pas celui de la peur
israëlienne ? Ne plus s’imposer par la force de sa propre
peur de l’autre, n’est-ce pas la vraie force autant
spirituelle que physique ? Le dialogue nocturne DE
CLERCQ-MANDELA et le refus de GORBATCHEV à HONECKER…
L’histoire est sainte – tout le mouvement de l’Ancien
Testament – quand soudain l’Esprit change plus que la
donne : les âmes, les intelligences et fait la confiance.
L’eau vive… je n’ai personne pour me plonger
dans la piscine au moment où l’eau bouillonne… Trente-huit ans de
paralysie. Cette eau autour du Temple, l’ancien testament.
Jésus change la donne et tous les moyens. Jésus, le
voyant couché là et apprenant qu’il était dans cet état
depuis longtemps, lui dit : « Veux-tu être guéri ? ». L’autre répond selon
les données intangibles et dont il est victime. Jésus
lui dit : « Lève-toi, prends ton brancard, et marche.» Houvari des
rigoristes du sabbat. Quel est l’homme qui … Mais
celui qui avait été rétabli ne savait pas qui c’était ; en
effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet
endroit. Nous en
sommes aussi là, j’en suis là. Prier et demander selon nos
données, nos circonstances, les miennes à cette époque-ci
de ma vie. Et ce que je reçois, au vrai, n’en pas savoir
l’origine, à peine le comprendre. En effet, Jésus s’était
éloigné. La discrétion du bienfaiteur qui ne signe pas et
me laisse Le discerner dans ma vie, dans chaque rencontre
d’intelligence ou de personne. Le travail, le dialogue…
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