Prier… [1].
L’indicible, Jésus homme qui toute sa vie terrestre, porte
en lui la perspective de la Passion, d’une mort affreuse
même s’il y a – à la clé – Sa résurrection. Quel passage,
quelle perspective. Il les prophétise sans cesse, mais
sans être « pris au sérieux » : ils le
condamneront à mort et le livreront aux nations païennes
pour qu’elles se moquent de lui le flagellent et le
crucifient ; le troisième jour, il ressuscitera… ainsi le
Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour
servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. En
revanche, ce qui est compréhensible et ce qu’il nous est
donné de comprendre, c’est qu’une mort aussi atroce, car
au physique s’ajouta le mental, aussi atroce qu’elle soit
ne pouvait avoir de résonnance si ce n’était celle du Fils
de Dieu… la contagion, le frémissement de l’univers, la
victoire sur la mort et sur le péché, sur nos infinies et
continuelles faiblesses et infirmités des présomptions de
chacun de nos débuts aux anéantissements désespérés des
prises de conscience de nous être écrasés sous notre
propre poids d’inanité, ne pouvaient être et ne sont
possibles, ne se sont réalisées que du fait de la divinité
du Christ Jésus. Pour moi, le mystère grandissant, c’est
que tant et tant puissent vivre « sans religion ». Juifs
et musulmans, nos frères de prière et de recherche du
contact avec Dieu (ou cette recherche est-elle le propre
des chrétiens, le Juif attendant, le musulman se
consacrant à une immanence révérée et le faisant vivre
parce qu’elle le dépasse ?), en tout cas ces frères
religieux et priants, peu importe les différences –
grandes de chemin et de psychologie – je les comprends.
Nous respirons le même air, nous prions et nous savons qui
est Dieu, parce que nous Le savons présent dans nos vies
et y agissant. Mais cette immense majorité de distraits,
ces gens que chaque dimanche, montant vers notre église de
village, nous croisons, le pain sous le bras ou à la main
qui tournent le dos résolument à la liturgie dominicale et
semblent se forcer au mutisme du visage et à ne pas
entendre les cloches. Et tous ces cyniques qui nous
exhortent aux valeurs de… quelle idée ont-ils de l’homme,
de la vie ? de nos fins ? Ils barbotent dans l’adultère
qui leur tient lieu d’état de vie et dans la pérennisation
de situation où le matériel ne leur fait pas défaut, les
honneurs non plus. –
Je m’aperçois que j’ai anticipé les textes de demain,
ayant déjà dans le trouble d’une demi-nuit d’insomnie mal
daté mon journal. C’est
le portrait des pharisiens que je venais de rejoindre en
évoquant nos cyniques sans Dieu (par opposition aux
« sans-dents » que nous sommes…) [2].
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter,
et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne
veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils
les font pour être remarqués des gens : ils élargissent
leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment
les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur
dans les synagogues et les salutations sur les places
publiques… nos dirigeants ! L’authenticité n’est pas
même à discerner : ne donnez à personne sur terre le
nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est
aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de
maîtres, car vous n’avez qu’un seul Maître, le Christ. Alors
comment nous comporter ? le plus grand parmi vous
sera votre serviteur. Cela pour les places, quant à
notre pauvreté et à nos fautes ? si vcos péchés sont
comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige.
S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme
de la laine. Nous sommes connus, compris, aidés, aimés
de Dieu. Oui, c’est fondamental, fondateur de chacun de
nos instants. Et cette foi ne vient pas de nous, elle nous
est donnée à chaque instant que nous en prenions
conscience et la saisissions en larmes de reconnaissance
et de demande, ou pas.
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