L’après-midi
d’hier dans un Kazakhstan que je n’ai jamais connu quoique
j’y vivais et étais censément informé de beaucoup de
côtés. Une ambiance, subie par une famille d’origine russe
et tellement harcelée, attaquée que le récit semble vécu
dans l’Allemagne nazie… Incroyable au point que les
autorités et juridictions françaises répondent à la
demande d’asile exactement comme les autorités kazakhs aux
brimades, sévices et dépôts de plaintes : tout est
fabriqué ! [1]avec
en plus le paradoxe que la Russie de POUTINE soutiendrait
le Kazakhstan de NAZARBAEV quand il traite ainsi de ses
originaires, à défaut d’être ses citoyens (la citoyenneté
russe en ce moment … et les témoignages d’Ukrainiens
obstinés à le demeurer et sur place en Crimée). Je vais
donc me décarcasser autant du côté français que du côté
kazakh. L’Etat de droit… mes « abonnements » aux réseaux
de dénonciations des violences policières et procédures
d’alerte et de manifestations, m’apprennent chaque jour
des débordements, des morts dont on ne parle pas
ailleurs…. La misère de la maladie et de la faim : soit,
état du monde… mais la misère des racismes à prétexte
ethnique ou religieux : état du cœur humain.
La ressource, la bonne volonté,
l’accueil. Déposé une partie de la matinée d’hier les
tracts du Front
de gauche sur les
pare-brises de voitures stationnées devant un
super-marché. Toutes celles que je rencontre, déjà de
l’âge, et toujours des femmes, sont souriantes et le
papier n’est pas rejeté. Pas d’hommes, pas de jeunes,
l’heure sans doute. Les partis dits de gouvernement ne
s’affichent pas en tant que tels, ce sont des unions du
centre et de… ou la majorité locale sortante et avec
protestation de disponibilité, d’expérience et de
proximité. Personne n’avoue l’intention de ne pas aller
voter… or, les sondages prédisent entre 50 et 60%
d’abstentions. – L’autre ressource, la mémoire. Dans ma
chère Mauritanie, en grève de ses mineurs du fer depuis
des mois, ressource décisive du pays depuis sa naissance,
le pouvoir politique tout occupé à embobiner ses rivaux et
les ambassades par des rumeurs de révision
constitutionnelle et de dialogues, n’ayant d’embarras que
le tableau d’avancement des généraux… déclare et répète ne
pas se mêler du conflit : employeur/employés. La
Mauritanie s’est fondée sur un pouvoir financièrement
désintéressé et concerné par l’ensemble de la vie
quotidienne. Le régime, celui d’un parti unique mais
ouvert à tous et pêchant sans relâche les générations
nouvelles, était transparent et écrit. Je l’ai pratiqué.
Une de mes occupations, un de mes devoirs de vie est de
l’illustrer et de contribuer à écrire une mémoire
nécessaire. Nous en sommes là en France où s’il y a
toujours l’homme du 18-Juin, très scénique, il n’y a plus
aucune des rigueurs et des tentatives de la Cinquième
République : la démocratie directe, la participation tant
aux décisions sociales qu’aux accroissements de valeurs
d’actif dans les entreprises. La fin de l’impasse, et
après… est pour ces mois, au plus ces courtes années-ci,
et après… brouillard maintenant et ensuite. Le mur ? ou
l’envol ?
Prier… chant des oiseaux…
préméditation du crime… Marguerite me demande ce qu’est la
passion. Je lui réponds autant par l’obsession d’amour
vécue à tous âges selon nos modes de cœur, que par ce qui
est subi inexorablement inhumainement atrocement. Le
Christ vit les deux. Chapelet maintenant du soir, une
dizaine de Je
vous salue, Marie… apprendre
à réfléchir ces mots et salutations priantes. Coupons
l’arbre à la racine, retranchons-le de la terre des vivants,
afin qu’on oublie jusqu’à son nom. Ce sont bien nos vies
politiques perdues de toute fondation, c’est l’arrachement
de toute compassion, de tout sentiment spontané et
d’expression du cœur. Notre président incapable d’un
aller-retour à Tunis, l’Europe une minute de silence pour
le Bardo mais totalement obtuse pour la démonstration
grecque, puis espagnole, puis portugaise… puis,
certainement : française. Ne peut-on créer qu’au lendemain
des catastrophes, qu’en 1945 ? et non en 2015 ? Car
c’est à toi que je remets ma cause… le Christ selon les
gardes venus l’arrêter : Jamais un homme n’a parlé de
la sorte ! selon la
hiérarchie religieuse : cherche bien, et tu verras
que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée. Le dogmatisme de nos
économistes et de nos financiers de tous les adeptes de
l’amnésie et de … quel serait le mot pour la
non-imagination voulue, tenace et affirmée… les yeux
bandés par l’existant et le présent barricadé… quant à
cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits.
[2]
Jean autant mystique
que physique, l’évangéliste, le disciple que Jésus
aimait, me semble le
seul à insister : personne ne mit la main sur lui…
Jésus se déroba et sortit du Temple… ils voulurent
l’arrêter, mais il leur échappa [3] Ces jours-ci, relire
ces dialogues avec la foule et les détracteurs, intenses
car les contemporains ont tous les éléments de culture et
de mémoire nécessaires, autant que les dires et miracles
de Celui qui les fascine : l’Ecriture ne dit-elle pas
que c’est de la descendance de David et de Bethléem, le
village de David, que vient le Christ ?
. . . la grâce de cette rencontre
va nous revenir. Elle ne dépend pas de moi, seule et
vraiment l’espérance. Rencontrer, la rencontre, le fait de
rencontrer, les rencontrés ont vraiment constitué ma vie
et ses mouvements, autant que ma compréhension du monde et
de l’existence humaine, des modes humains doit tout aux
rencontres qui m’ont été données. Longtemps, l’attente de
la rencontre, la quête de toujours plus de rencontres
comme épreuves heureuses de moi-même et aussi pour la
disposition d’un avenir impossible, pas beau, désertique
et sec à vivre seul et supposant donc celle attendue. Les
libellés, les imaginations ont varié, l’attente, intense
et prompte à l’emballement et à la fixation, a tendu toute
ma sortie d’adolescence et m’a mobilisé bien davantage que
mes études. Puis la rencontre est devenue gratuite,
liaisons ou moments. Aujourd’hui que le défi n’est plus de
rencontrer une femme mais de contribuer au bonheur de
celle qui m’a arrêté et donner à notre fille le maximum
d’étais, de provisions, de structures d’accueil pour son
avenir, mon attente est diffuse, elle porte sur moi-même,
remplir mes objectifs et tenir mes promesses, accomplir ce
dont je me crois responsable. L’attente aussi du prince
qui m’accepterait dans son intimité non pour que j’y fasse
carrière et y accumule des points, ainsi que cela se
vérifie chez tant de ceux qui ont « réussi » en
entreprises et en politique, cette attente-là a cessé. Le
prince actuel s’est refusé à ma tenace proposition. Chaque
mois, semaine ou jour qui ont passé depuis le long temps
de mon espérance, m’ont introduit à une sorte de mépris.
Sentiment et jugement très différents de ceux que j’avais
envers NS régnant. Et évidence que, même admis dans
l’agenda à défaut de l’organigramme que je n’ai pas
ambitionné même à l’avènement, nous n’aurions pu
dialoguer, à plus forte raison travailler ensemble. Nous
n’avons rien en commun intellectuellement et mentalement,
je ne le soupçonnais pas il y a deux ans et jusqu’au
printemps dernier (VALLS et MACRON : accentuation du
reniement en esprit, sinon dans la lettre qui était
confuse au PS et dans le programme présidentiel)
j’espérais la conversion politique, au moins par bon sens,
engendrant « forcément » d’autres manières de vivre
intimement et de paraître publiquement. Car il y a la
conduite en amour, sordide, et un physique qui enlaidit
catastrophiquement. De profil, affreux et rebondi
d’arrière-train. De face, le visage n’a plus de trait, les
yeux disparaissent sous la lourdeur d’un front et de
paupières inexpressifs.
Les rencontres cependant… une
véritable bibliothèque de vie, des regards, des visages
même sans approche ni mots… et celles qui s’organisent et
se bâtissent. Ces personnages féminins pour une relation
putative ce qui n’est en rien une frustration ou une
limite, mais une vraie culture et appréhension de
l’autre : deux qui, ces temps-ci, dans mon esprit et mon
affection d’expression toute mentale, même si
l’imagination peut toujours tout se permettre et effleure
donc beaucoup, se complètent et balancent l’une l’autre..
Ces hommes et jeunes gens bien plus jeunes que moi que la
vie m’offre en mission de les accompagner, tout le spectre
du soutien scolaire à l’échange sur ce que je tente
d’écrire ou sur ce que l’autre cherche à discerner comme
sa voie, une véritable bifurcation. Et à l’instant, ce
Mauritanien correspondant exactement à ce que je tente
aussi depuis cinquante ans… face au matériau de l’histoire
contemporaine d’un pays toujours en fondation, faute de
continuité depuis un commencement qui avait
particulièrement réussi : une approche et une collecte des
faits, que je n’avais pas encore rencontrée. Hier
après-midi, double rencontre, le mystère permanent et de
plus en plus passionnant et attachant de ma femme :
l’homme, en tout cas moi, ne sachant pas la femme tandis
que celle-ci pénètre très bien le masculin, ce qui
peut-être est le plus attristant de la condition féminine,
n’être pas subjugué ni pris, sauf banalement, en
psychologie et en physiologie. Un papier, pleine page du Monde. Les goûts et la
culture de ma femme, m’apprenant depuis notre rencontre
plus que bien des enseignements en beaucoup de domaines,
économie, art. Souvent, ainsi, son appel à venir devant la
télévision. Une enquête, tout à la gloire de la
journaliste ou de la correspondante, commencée par
curiosité : une annonce nécrologique rétrospective de
cinquante ans. Bien mieux qu’un roman, qu’une nouvelle, le
simple rendu-compte de cette enquête, les deux
annonceurs : Marion van RENTERGHEIM [4],
un style sobre pour une empathie rare. Nous allons lui
écrire, mais ce que me donne
ma chère femme de ce qu’elle-même a d’abord
apprécié, indépendamment de moi, me comble. Il est des
étreintes, toutes différentes de la plus cardinale selon
les apparences et les sensations, qui procurent le même
ajout de connaissance de l’autre et le même assouvissement
de notre nostalgie de communion avec qui nous aimons et
nous attirés Rencontre aussi, ce qui s’écrit. Tandis que
Marguerite cherche et trouve de nouveaux tomes de Kathy
CASSIDY dont elle a vérifié sur Google que celle-ci est en
âge de produire encore beau (constat aussi que l’auteur a
la beauté d’une de ses héroïnes), je suis arrêté chez Leclerc-espace
culturel (mais oui…)
par le présentoir des martyrs de Charlie : les millions, la
rente, la compilation… puis celui de la collection Poésie chez Gallimard. Et là, ouvrant le
volume à sa page 260, le génie à la simple portée de qui
lit une ligne : Pablo NERUDA, le secret de la
correspondance entre le banal magnifié ou déchiffré, et
moi qui reçoit. Retour en écho que je donne au Nobel… à ce qui fut écrit
pour moi, ma chirurgienne de plateau au Franzjosefspital
de Vienne, venue me visiter, je récupère à peine. Un amour
physique de passion, probablement mutuel, qui ne se
consomma jamais, que nous assouvîmes à ma demande et selon
son consentement, en parfait et tranquille naturel :
photos de nu, plusieurs nuits de suite, mais, je ne m’en
étais jamais rendu compte, bien après le poème : Ton jungle…
sa première venue, les yeux magnifiques, le teint
changeant, les cheveux bouclés d’un « pâtre grec », le
chandail rouge et moulant, le pantalon noir et son appui
sur une colonne de décoration devant la fenêtre, dehors le
Belvédère, dedans la vie à la naissance de notre rencontre
et pour notre silence. Vérification de l’érotisme 1900,
avoué par mon grand-père, rien qu’entrevoir la cheville…
Revenu aussi à ce poème Mirage, dont je ne me souvenais plus
du tout, en plein chagrin de plusieurs amours cumulés dans
l’échec et l’impuissance de séduire ni « posséder » jamais
– elle le vivant avec d’autres et moi avec une de ses
cousines puis un arrangement organisé pour faire dériver
et me déprendre - une
jeune fille qui ne me parut belle que des décennies
ensuite, quand je la rencontrai au bras de son mari,
maigrie, rayonnante, heureuse et donc manquée par moi. –
Et maintenant rencontre souhaitée mais pas encore assurée
ni même probable : celle d’une écriture me faisant entrer
en édition et peut-être m’accomplissant comme instrument
de quelque chose ? l’amas immense de tout ce que j’ai reçu
à tous égards et que je veux présenter – à qui ? et pour
quoi ? peut-être à l’autel de mon absence ou à
l’anticipation de ma mort pour qu’elle soit message et un
minimum de résidu – amas : je cherche à le composer, les
rencontres avec le présent de tous mes passés se sont
multipliées, toutes si chaleureuses, belles, rayonnantes,
lumineuses, corps, idées, situations, entretiens d’homme à
homme sur des pays, sur des tiers, sur l’existence, ce qui
dure, ce qui fait instant ou produit de l’inoubliable dont
la convocation, l’appel et la réminiscence sont notre
bénéfice mais pas notre disposition….
[1] - Cher Bertrand, il n’y a qu’une Cour Nationale du Droit d’Asile(CNDA). Elle est à Montreuil et traite tous les dossiers de demande d’asile qui ont été rejetés par l’OFPRA où les demandeurs d’asile passent d’abord..De 8 à 10% y obtiennent le statut de réfugié. Les autres vont à la CNDA où l’on donne 10% de statut. C’est là qu’intervient l’avocat (dont moi)..en cas d’échec et de refus , on peut faire une nouvelle demande , avec un élément nouveau. C’est le cas de la famille ... . Je vois un peu de tout dans ces histoires, mais, eux, je les sens « vrais »..et je voudrais tout faire pour qu’ils soient régularisés chez nous..
Merci
pour tout
Olivier
[2]
- Jérémie XI 18 à 20 ;
psaumeVII ; évangile selon saint Jean VII 40 à 53
[4]
- p. 13 . Le Monde daté
du jeudi 19 : au nom de la mère. Il y a cinquante ans, Léontine Delugeard
était retrouvée, « épuisée », au terme d’une vie de
labeur, dans son petit logement parisien. A Noël 2014,
ses enfants ont tenu, dans la page Carnet du « Monde » à
lui rendre hommage
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