Bx Clemens August Graf von Galen
Cardinal, surnommé
« Le Lion de Münster »
C
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lemens August von Galen,
onzième des 13 fils du comte Ferdinand Heribert
Ludwig von Galen et de la comtesse Élisabeth
von Spee, naquit le 16 mars 1878 dans le château de Dinklage dans la
région de l'Oldenburg, aux alentours de Münster. Il grandit dans un milieu
rural, au sein d'une grande famille reflétant la vie ecclésiale et sociale de
son temps. Une fois l'école et ses études terminées, il fut ordonné prêtre en
1904. Pendant deux ans, il fut aumônier et secrétaire de son oncle, l'évêque
auxiliaire Maximilian Gereon von Galen. L'un des plus grands changements de sa
vie fut son transfert à Berlin. Pendant 23 ans, il dut affronter la difficile
période de la Première Guerre mondiale et les désordres de la République de
Weimar et leurs lourdes conséquences sociales. En 1929, il fut nommé curé de
l'église paroissiale de saint Lambert à Münster. Le deuxième changement encore
plus important de sa vie fut sa nomination inattendue comme évêque de Münster,
à l'automne 1933.
L'évêque
Clemens August Comte von Galen fut l'un des plus célèbres représentants de
l'opposition de l'Église contre l'injuste régime national-socialiste. Si nous
nous demandons d'où lui venait le courage de blâmer les nazis, en utilisant des
arguments très clairs, dans la mesure où ils violaient les droits de l'homme
fondamentaux, et comment il a réussi à persévérer dans cette dénonciation, nous
devons prendre en considération trois grands facteurs qui ont contribué à sa
forte personnalité d'homme ; de croyant d'abord, puis d'évêque.
Il
s'agit de la Famille, de la Foi et de la Politique, sans jamais, cependant,
perdre de vue le fait que l'attitude du bienheureux naissait de ses profondes
vertus chrétiennes.
Clemens
August était issu d'une famille liée à l'Église et à la vie publique par une
longue tradition. Son père s'intéressait aux affaires publiques et sa mère
cultivait l'unité de la famille : ces réalités fournirent à Clemens August et à
ses frères une certitude et une base pour leur vie, qui eut pour effet que plus
tard, et de manière plutôt inattendue, il se dépassa lui-même et dépassa la
tradition du milieu dans lequel il était né.
La
vie de la famille von Galen était traditionnellement profondément orientée dans
le sens de la responsabilité publique à l'égard de tous les hommes dans
l'Église et dans la société. À la table familiale, dans le château de Dinklage,
outre le dialogue familial et la prière du chapelet, on parlait également de
politique, l'occasion en étant constamment offerte par l'activité de son père,
qui était député au Reichstag à Berlin.
Il
est certain qu'il ne put accomplir ce qu'il fit que grâce à une spiritualité
profonde et en même temps très simple, fondée de manière évidente sur l'Eucharistie
et sur la dévotion à la Mère de Dieu.
En
contraste avec les bruits assourdissants de la musique martiale et des phrases
vides de sens des haut-parleurs provenant des tribunes des orateurs, il opposa
la vénération de la Sainte Eucharistie, l'adoration silencieuse et
contemplative du Seigneur fait pain. Face au Seigneur présent sacramentellement
dans le pain eucharistique, apparemment sans défense et si peu reconnaissable,
il trouva la force et la nourriture, qui seules pouvaient remplir de façon durable
le désir de vie des hommes. Toutes ses actions et toutes ses vertus émanaient
de sa foi vécue.
Dès
les débuts de son activité pastorale à Münster, Mgr von Galen avait déjà
démasqué l'idéologie nazie et le mépris que celle-ci éprouvait pour les hommes.
En pleine période de guerre, c'est-à-dire pendant l'été 1941, il la critiqua
encore plus durement dans trois prédications tenues au mois de juillet et au
mois d'août de cette même année, qui sont devenues célèbres. Dans celles-ci, il
dénonça la fermeture forcée des couvents et l'arrestation des religieux. Il se
prononça avec vigueur contre la déportation et la destruction des vies humaines
que le régime affirmait ne pas être dignes d'être vécues, c'est-à-dire les
handicapés mentaux. Les paroles enflammées de l'évêque frappèrent profondément
la machine de mort du national-socialisme.
Ces
argumentations aussi claires soulevèrent la colère des responsables nazis, qui
ne savaient pas comment se comporter, en raison de l'extraordinaire autorité de
l'évêque von Galen, et n'osaient pas l'arrêter ou le tuer.
Dans
les mois difficiles de l’après-guerre, il s’opposa nettement aussi aux
autorités d’occupation, quand il était nécessaire d’éliminer ou d’éviter les
injustices.
Le
18 février 1946, le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) le créa
cardinal au titre cardinalice de « San Bernardo alle Terme » pour sa conduite courageuse
durant la période du national-socialisme. La Basilique Saint-Pierre bondée de
fidèles l’acclama comme « Le
Lion de Münster ».
Le
16 mars 1946, le cardinal von Galen, de retour à Münster fut accueilli par une
foule enthousiaste. Devant les ruines de la cathédrale, il donna son dernier
discours ; le jour suivant, il tomba malade et mourut le 22 mars 1946. Il fut
enterré dans le Ludgeruskapelle dans la cathédrale en ruines.
Clemens August Graf von Galen à été béatifié le 9 octobre 2005, à Rome, par le Card. José Saraiva Martins
(>>> Homélie du Cardinal), Préfet de la Congrégation pour la cause des
Saints, qui représentait le Pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger, 2005-2013).
BEATO CLEMENTE AUGUSTO VON GALEN VESCOVO / B
MESSE ET
BÉATIFICATION DU SERVITEUR DE DIEU
CLEMENS AUGUST GRAF VON GALEN
CLEMENS AUGUST GRAF VON GALEN
HOMÉLIE
DU CARDINAL JOSÉ SARAIVA MARTINS
Basilique Vaticane
Dimanche 9 octobre 2005
Dimanche 9 octobre 2005
1. Dans l'église "Santa Maria
dell'Anima" qui, ici à Rome, est l'église nationale allemande, se trouve
le sépulcre du Souverain Pontife Adrien VI, célèbre pour avoir été pendant de
nombreux siècles le dernier Pape non italien. Sur son monument sépulcral se
trouve l'épitaphe suivante: "Combien influent, hélas, les conditions
des temps sur l'efficacité des vertus, même du meilleur des hommes". Cette
épitaphe se réfère de façon négative aux conditions de l'époque à laquelle
vécut Adrien IV, mais elle contient également une appréciation très positive à
propos des vertus éminentes qu'il pratiqua, précisément dans les conditions
contraires de son temps.
Eh bien! s'il existe un trait dominant, dans la
figure du Cardinal Clemens August von Galen, Evêque de Münster, dont la
béatification remplit aujourd'hui nos coeurs de joie, c'est précisément d'avoir
pratiqué les vertus du chrétien et du pasteur, de façon éminente et héroïque, à
une époque si difficile pour l'Eglise et la nation allemande. L'Allemagne était
alors sous le joug du national-socialisme. Le diocèse de Münster peut bien
s'enorgueillir d'avoir eu pour Evêque, sur la chaire de saint Ludger, un
pasteur qui s'est opposé avec courage à l'idéologie qui méprisait l'humanité et
à la machine de la mort de l'état national-socialiste, au point de mériter la
dénomination de "Lion de Münster".
2. Clemens August von Galen naquit le 16
mars 1878 dans le château de Dinklage dans la région de l'Oldenburg, aux alentours
de Münster. Il grandit dans un milieu rural, au sein d'une grande famille
reflétant la vie ecclésiale et sociale de son temps. Une fois l'école et ses
études terminées, il fut ordonné prêtre en 1904. Pendant deux ans, il fut
aumônier et secrétaire de son oncle, l'Evêque auxiliaire Maximiliam Gereon von
Galen. L'un des plus grands changements de sa vie fut son transfert à Berlin.
Pendant 23 ans, il dut affronter la difficile période de la Première Guerre
mondiale et les désordres de la République de Weimar et leurs lourdes
conséquences sociales. En 1929, il fut nommé curé de l'église paroissiale de
saint Lambert à Münster. Le deuxième changement encore plus important de sa vie
fut sa nomination inattendue comme Evêque de Münster, à l'automne 1933.
3. L'Evêque
Clemens August Comte von Galen fut l'un des plus célèbres représentants de
l'opposition de l'Eglise contre l'injuste régime national-socialiste. Si nous
nous demandons d'où lui venait le courage de blâmer les nazis, en utilisant des
arguments très clairs, dans la mesure où ils violaient les droits de l'homme
fondamentaux, et comment il a réussi à persévérer dans cette dénonciation, nous
devons prendre en considération trois grands facteurs qui ont contribué à sa
forte personnalité d'homme; de croyant d'abord, puis d'Evêque.
Il s'agit de la Famille, de la Foi et de la
Politique, sans jamais, cependant, perdre de vue le fait que l'attitude du
bienheureux naissait de ses profondes vertus chrétiennes.
Clemens August était issu d'une famille liée à l'Eglise
et à la vie publique par une longue tradition. Son père s'intéressait aux
affaires publiques et sa mère cultivait l'unité de la famille: ces
réalités fournirent à Clemens August et à ses frères une certitude et une base
pour leur vie, qui eut pour effet que plus tard, et de manière plutôt
inattendue, il se dépassa lui-même et dépassa la tradition du milieu dans
lequel il était né.
La vie de la famille von Galen était
traditionnellement profondément orientée dans le sens de la responsabilité
publique à l'égard de tous les hommes dans l'Eglise et dans la société. A la
table familiale, dans le château de Dinklage, outre le dialogue familial et la
prière du chapelet, on parlait également de politique, l'occasion en étant
constamment offerte par l'activité de son père, qui était député au Reichstag à
Berlin.
ll est certain qu'il ne put accomplir ce qu'il
fit que grâce à une spiritualité profonde et en même temps très simple, fondée
de manière évidente sur l'Eucharistie et sur la dévotion à la Mère de Dieu.
En contraste avec les bruits assourdissants de la
musique martiale et des phrases vides de sens des haut-parleurs provenant des
tribunes des orateurs, il opposa la vénération de la Sainte Eucharistie,
l'adoration silencieuse et contemplative du Seigneur fait pain. Face au
Seigneur présent sacramentellement dans le pain eucharistique, apparemment sans
défense et si peu reconnaissable, il trouva la force et la nourriture, qui
seules pouvaient remplir de façon durable le désir de vie des hommes. La force
unificatrice de la vie spirituelle du nouveau bienheureux fut sa foi profonde,
vivante, vivifiée par une charité active envers tous, en particulier les
personnes qui souffrent. Sa spiritualité, inspirée de l'Evangile, permit à von
Galen d'user de transparence dans son rôle public. Toutes ses actions et toutes
ses vertus émanaient de sa foi vécue.
4. Dès les débuts de son activité pastorale
à Münster, Mgr von Galen avait déjà démasqué l'idéologie nazie et le mépris que
celle-ci éprouvait pour les hommes. En pleine période de guerre, c'est-à-dire
pendant l'été 1941, il la critiqua encore plus durement dans trois prédications
tenues au mois de juillet et au mois d'août de cette même année, qui sont
devenues célèbres. Dans celles-ci, il dénonça la fermeture forcée des couvents
et l'arrestation des religieux. Il se prononça avec vigueur contre la
déportation et la destruction des vies humaines que le régime affirmait ne pas
être dignes d'être vécues, c'est-à-dire les handicapés mentaux. Les paroles
enflammées de l'Evêque frappèrent profondément la machine de mort du
national-socialisme.
Ces argumentations aussi claires soulevèrent la
colère des responsables nazis, qui ne savaient pas comment se comporter, en
raison de l'extraordinaire autorité de l'Evêque von Galen, et n'osaient pas
l'arrêter ou le tuer.
Il ne s'agissait pas d'un courage inné, ni même
d'un caractère excessivement téméraire. Seul un profond sens des
responsabilités et une vision claire de ce qui était juste et de ce qui ne
l'était pas pouvaient pousser l'Evêque Clemens August à prononcer ces paroles.
Celles-ci nous invitent à réfléchir sur la splendeur de son témoignage de foi;
elles nous invitent, nous qui vivons à une époque apparemment moins menaçante,
mais tout aussi problématique à l'égard de la vie humaine, à imiter son
exemple.
Réfléchissant sur ce qui s'était passé alors, le
Cardinal von Galen reparcourut tout cela plus tard en esprit, en mars 1946, en
disant: "Le bon Dieu m'a donné une position qui m'obligeait à
appeler noir ce qui était noir, et à appeler blanc ce qui était blanc, comme il
est dit dans l'ordination épiscopale. Je savais que je pouvais parler au nom de
milliers de personnes qui étaient convaincues, comme moi, que ce n'est que sur
le fondement du christianisme que notre peuple allemand peut vraiment être uni
et aspirer à un avenir béni".
5. Chers pèlerins allemands, nous
pouvons regarder avec une profonde reconnaissance cette grande personnalité de
votre patrie. Le bienheureux Evêque Clemens August a compris qui est notre Dieu
et il a placé en Lui toute son espérance (cf. Is 25, 9). Lorsqu'il était
curé, tout d'abord, puis Evêque, il n'a pas ménagé ses forces dans son
ministère pastoral; il a su supporter les privations (Ph 4, 12) et il
était disposé à donner sa vie pour le service des hommes. En effet, il était
pleinement conscient de sa responsabilité face à Dieu. C'est pourquoi le
Seigneur l'a fait participer aux richesses de sa gloire (Ph 4, 19), dont
saint Paul nous a parlé dans la Lettre aux Philippiens que nous venons d'entendre.
Dans la foi, nous sommes convaincus qu'il a été appelé et élu pour prendre part
au banquet nuptial, dans la perfection de la gloire divine. Un banquet nuptial
sur lequel nous fait méditer la merveilleuse parabole de Jésus, proposée par
l'Evangile de la liturgie d'aujourd'hui (Mt 22, 1-14).
Je désire féliciter le
diocèse de Münster du fait que, précisément en l'année où l'on rappelle
son érection, qui a eu lieu il y a bien douze siècles, celle-ci peut célébrer
avec joie et fierté cette béatification, sur la Tombe de l'Apôtre Pierre, comme
pour renforcer ses propres racines apostoliques, en s'ancrant encore davantage
au magistère du Vicaire du Christ, aujourd'hui par la grâce de Dieu Benoît XVI.
Que le nouveau bienheureux constitue un encouragement pour le diocèse de
Münster, afin de conserver toujours vivant son héritage riche et toujours
actuel, le rendant fructueux pour les hommes de notre temps.
Que le Seigneur veuille bénir, par l'intercession
du nouveau bienheureux, le cher et vénérable diocèse de Münster et toute
l'Eglise qui est en Allemagne.
Sources principales : vatican.va ; wikipédia.org
(« Rév. x gpm »).
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