06
heures 27 + Bien dormi, tous trois, la médication a opéré sur notre fille qui a
passé une nuit vraiment calme. Douceur aussi, calme et tendre, du corps qui se
repose, celui de mon aimée aux côtés de qui m’endormir est toujours, par
anticipation puis dans le moment, une fête d’âme et un retour au bien-être
physique. – Rêvé de FM, terre-plain, foule clairsemée, de dos d’abord, un
costume à passer mieux, à rajuster un peu aux épaules, tissu beau, mordoré,
beige-vert, il me demande de trouver un exemplaire de mon dernier livre (…)
pour le donner à une jeune fille, ou une enfant qu’il vient de rencontrer. Je
n’en ai pas sous la main, mais cherche jusques dans des offices.
Prier…
Dieu notre force, Dieu de toute force… préparant « l’autel » de
« mes textes du jour », messagerie, la septième méditation pour la
neuvaine du Cardinal BARBARIN. Elle se rencontre avec la réflexion d’Edith hier
soir, qui entendait sur quelque radio. La prévision que d’ici 2050 la Chine aura multiplié par 4
ou 5 pour cent son revenu brut par habitant tandis que « l’Occident »
et le Japon ensemble auront diminué de 3 ou 4 pour cent. Ce ne sont pas des
diminutions relatives, mais dans l’absolu comme si le monde n’avançait pas par
un progrès frontal, mais une de ses parts ou détriment des autres. En pratique,
c’est une bascule de l’Histoire… la colonisation et la domination physique et
mentale, idéologique, ontologique de 1750 à 1950 en gros… et maintenant nous
commençons d’être dominés, c’était pour les Européens, conséquence de leurs
guerres civiles en 1914 et en 1939, la revanche des émigrés d’Amérique nous
imposant mœurs, parlers, façon même de concevoir l’économie, le paroxysme a été
dépassé, et il perd aussi les Etats-Unis. Nous gardons des apparences en
guerroyant précisément à nos frontières avec l’Orient (de l’Afghanistan au
Golfe arabo-persique) selon des mélanges de croisades et de heurts de religion,
qui sont sans doute davantage de générations et d’impuissance à donner aux
nôtres du grain à moudre et une ambition propre… dominés par la mauvaise
gestion commerciale et politique de la planète à tous vents de la mondialisation,
qui nous produit maintenant cette bascule et cette nouvelle colonisation, déjà
physique par les rachats d’actifs, par les dominances de production :
tout notre quotidien (nos supports de médias., nos communications et les jeux
de nos enfants… Marguerite) est fabriqué hors d’Europe…, et bientôt
l’agro-alimentaire. Renversement : je n’en désespère, il ne peut que
pousser à des rééquilibres : la dignité de l’homme passe par la démocratie
et celle-ci, en géo-stratégie, est l’antidote des hégémonies, les dictatures de
maintenant, la Chine…
La méditation proposée est une lecture que je juge folle de notre actualité.
Une religion d’amour et du spirituel se prêche par le délire de la persécution
et selon la vengeance d’un Dieu que nous refuserions collectivement de prier.
C’est une école d’enfermement mental .[1]. Non que je nie la néc
essité de la sainteté, et même sa force dans l’Histoire, qu’elle soit ou non
référencée à l’Eglise. Papier que j’avais proposé à Etudes en 1987
et refusé par le cher et regretté Père CALVEZ, hanté par les années 40 de sa
jeunesse sacerdotale et religieuse, le marxisme qu’il a si bien étudié et donc
des dialectiques. Il en revenait. Son successeur, pas immédiat, le Père
MADELIN, très aumônier de cadres catholiques, avait au contraire été marqué
(peut-être dans son itinéraire personnel) par Mai 68 et le délitement général…
qui se voulait cependant fleurs de printemps et d’ectasy. Chacune de ces
périodes m’a passionné, je les ai vécues à des âges différents et ce qu’il se
passe aujourd’hui me fait autant m’agenouiller en retraite devant nos vrais
tabernacles – l’enseignement mutuel par nos chutes, détresses et prières
d’amour manifeste – que réfléchir à ce qui nous fait défaut, à ce qui est
consensuel, à ce qui est à notre portée. Il me semble alors qu’intégristes
chrétiens autant qu’entrepreneurs et politiques tellement enfermés dans des
modèles de recrutement et de pensée qu’ils n’ont plus de prise, même sur
eux-mêmes, peuvent être rencontrés par l’immense majorité de nos générations sans
a priori et de bon sens. La seule et vraie ligne de partage est physique, elle
n’est ni d’âme ni de « mérite » ou de « valeur » :
ceux (plus rarement, beaucoup plus rarement celles…) qui sont rémunérés
annuellement trois fois ce que je gagnerai pour les miens et pour moi si je vis
encore vingt ans de ma retraite, et celles et ceux qui sont pis que pauvres,
parfois amputés et volés. Hier soir, Marie Sol TOURAINE assurait que le
gouvernement allait « débloquer » une allocation de 800 euros par
personne pour que soit attendu le règlement d’une défaillance dans la mise en
place depuis le mois de Juin des retraites de milliers de nouveaux ayant en
droit : 800 euros… au regard des 2.500.000 pour diriger Michelin ou Pernod Ricard. Image qui se retourne, dans la conduite des affaires du monde et
peut-être de nos civilisations… le Luxembourg, quelques centaines de milliers
d’habitants sur l’équivalent d’un petit département français, et pour moitié
immigrés et non nationaux, pèse je crois autant que milliard et demi de
Chinois, c’est un Etat, une démocratie et une mémoire, une volonté d’Histoire
ne s’évaluent pas au poids…
Prier…
quelle que soit l’accumulation des fins de journée, des fins de vie, des
projets et des échecs, des détresses, celles d’autres que je porte en moi, il y
a la simplicité radicale de notre foi et de notre prière… tandis que dorment
encore mes aimées, que la nuit reste silence et obscurité. Vivants et morts,
tous appelés à l’éternité qui est bien plus création, mouvement, vie et existence
que ce nous parcourons en ce moment de nos années jeunes puis vieillies… l’annonce faite à Zacharie, après celle à
Joseph, après celle à Marie, chronologie de la liturgie non des événements… [2] Zacharie
tiré au sort, durant la période
attribuée aux prêtres de son groupe… pour aller offrir l’encens dans le sanctuaire du
Seigneur. Toute la multitude du peuple était en prière au dehors à l’heure
de l’offrande de l’encens. L’ange du Seigneur lui apparut… les naissances… toujours le même exorde : sois sans crainte,
Zacharie, car ta supplication a été exaucée : ta femme Elisabeth mettra au
monde pour toi un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Tu seras dans la
joie et dans l’allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance, car il
sera grand devant le Seigneur. Des
événements de portée universelle sont annoncés dans l’intimité, ils sont
d’ordre physiologiques, des conceptions étonnantes. Nous sommes à la racine du
dialogue entre Dieu et l’homme, nous sommes témoins d’une nouvelle Création,
non plus globale, générale, a nihilo, selon la seule pensée et la seule parole
de Dieu. Il s’agit désormais d’êtres humains et d’une action particulière du
Créateur : des individus, des personnes aux destins exceptionnels,
évidemment, mais particuliers, naissent et seront les instruments de Dieu, les
opérateurs et prophètes de notre salut. Plus avant dans l’ « Histoire
sainte », Samson : l’ange du Seigneur apparut à cette femme et
lui dit : « Tu es stérile et tu n’as pas eu d’enfant. Mais tu vas concevoir et
enfanter un fils… ». Mes vingt ans
bientôt accomplis de mise au rancart et de revers et astreintes de toutes
sortes, de stérilité apparente en écrit et en finances, en entretien même de ce
qu’il me reste ou de ce que j’avais pu acquérir, à temps et que ma chère femme
a consolidé, sont en fait les plus heureux de ma vie, parce que débarrassés de
toute question d’avenir ou d’orientation. Tout m’est apparu de ma naissance à
cette heure-ci du jour qui tâtonne sans s’annoncer encore, comme étant voulu,
sensé : j’ai été amené où je suis à pied d’œuvre et ce m’est signifié par
une naissance qui était tellement improbable, notre fille, désormais ma
principale enseignante et mon insigne responsabilité, ma mission particulière. Tu
as résolu de me sauver… tu m’as instruit dès ma jeunesse, jusqu’à présent, j’ai
proclamé tes merveilles. Nos réussites et
nos échecs sont autres que ce que nous croyons machinalement, l’histoire ni de
l’humanité et du vivant, ni de mon existence et de celle de chacun, n’est
catastrophique. La lire, la ressentir, recevoir de la prier… grâce quotidienne,
par à-coups ou largement dispensée… je revivrai les exploits du Seigneur en
rappelant que ta justice est la seule.
Hier
14
heures 35 + Premier jet ou à peu près d’une lettre circulaire [3].
15
heures 08 + Vingt minutes pour une première entreprise : PERNOD RICARD et
son dirigeant Pierre PRINGUET. Tout cela parce que FH ne m’a pas voulu, que mes
administrations m’ont vomi.
23
heures 43 + Pu me mettre dans cette offre de services aux entreprises du CAC
40. Je sens que je vais entrer dans une des perceptions possibles, et donc très
utiles, de notre crise actuelle. 40 grands dirigeants, le mode d’accès au
pouvoir économique , les rémunérations annuelles même si l’Etat s’en
approprie peut-être 50% SENARD (Michelin) et PRINGUET (Pernod Ricard), les deux premiers que j’ai étudiés :
en un an, gagnent trois fois plus que ce que je peux espérer toucher en
retraite et donc pour soutenir mes aimées, si je vis encore vingt ans. La
disproportion est faramineuse. – Vérifiant le prénom de mon beau-père putatif
que je vais citer dans la version Michelin de ma lettre circulaire : François J., je trouve (album en
cuir noir confectionné à l’époque : 1967, puis mordillé en profondeur par
Lucia en 1975), la date de naissance de Nicole que je n’avais pas mémorisée à l’époque,
et quelques photos, format identité, avant notre rencontre, où elle est
vraiment jolie. Toutes les images avec moi expriment la dubitation sinon la
carte forcée. Hier, j’apprends en tentant de retrouver mes radios. chez
Fabienne qu’Hélène est enceinte, une des associées, que j’ai remarquée dès son
arrivée au cabinet : brune, cheveux bouclés à la Papou, pas belle mais du sex
appeal et une véritable provocation à l’attirance mutuelle qui m’avait charmé,
au point qu’en vingt ans, elle était la première avec qui j’ai fantasmé…
Les
détresses, atroces : Alain de L., Patrick S. – Ma chère femme sans cesse critique,
déprimée, répressive, me trouvant insupportable à vivre, monotone et répétitif de
conversation. Je me suis pris à la fin de notre dîner à lui dire comment je
fonctionne et suis heureux, rien qu’au présent. Je ne lui ai pas parlé du
constant renouvellement de mes projets et de l’ordalie (notation de Franck de
M.), ni des souvenirs dans lesquels je vis : le plus souvent
« érotiques » mais toujours de douceur, de durée et de contemplation.
– Marguerite vraiment souffrante depuis hier soir et apeurée autant par ma
propre inquiétude (une méningite ?) que par le diagnostic et les médications
donnés par Nelly C., n’en peut plus de nos « chamailleries ».
Cette fois, elle insiste et interdit. Magnifique memento des vivants souffrants
et pauvres et des morts, tout à l’heure dans les derniers virages de notre
chemin vicinal. En larmes mais, sans en avoir conscience ? véritable
prière universelle. Pourquoi cela m’arrive ? pourquoi je souffre ? ce
n’est pas juste, je n’ai rien fait. Tous ceux qui souffrent, qui n’ont pas
d’argent, Dieu n’existe pas, Il ne fait rien. Puis pelotonnée contre le corps
de sa mère, elle pleure son grand-père, j’entends comme un murmure plus qu’un
texte, ce que lui berce sa mère, ma femme, le trou dans l’âme, mais nous tous
dedans et avec lui que nous gardons, décompression progressive après
quarante-huit heures de souffrance et de mal-être certains, maintenant
l’appréhension des médicaments et cachets. Dans les derniers virages pour notre
retour dans la nuit noire, depuis Vannes sans un chat, la pharmacie de la
grande place de la mairie, les préparatifs d’une patinoire pour Noël, un sapin,
mais … pas de crèche, entre des maisons anciennes mais sans beauté, la
brillance d’une lucarne décorée en énorme étoile. A l’officine de notre
pharmacie habituel, par hasard de garde, un homme très jeune, assez beau, fin
de corps et de visage, et son marmouset, lui aussi des médications d’urgence. Un
atelier d’architecture à Saint-Ave, une bonne rumeur sur notre député. – Union
intense de notre trinité et par instants la maîtrise du temps, nous sommes
ensemble sans rien faire, assis à table, puis notre fille au lit.
[1] - Patrick de LAUBIER : « Cette
fois ce n’est plus le chef du Royaume qui s’engage, mais des membres du pays
qui est menacé par un changement de civilisation ou plutôt d’un
effondrement de civilisation. … nous arrivons aujourd’hui à
l’aboutissement d’un drame annoncé dès la Salette(1846) à
savoir l’apostasie de ce pays… La
sainteté a donné des fruits bien remarquables et continue à
le faire, mais la Foi
n’est plus vécue par le grand nombre .L’athéisme est devenu une croyance
généralisée autorisant des législations opposées non seulement à la vérité
évangélique mais aussi à la loi naturelle. On assiste à des mouvements de
protestation mais une sorte de paralysie a gagné la vie politique…. »
[2] - Juges XIII 2 à 25 ; psaume LXXI ; évangile selon saint Luc I 5
à 25
[3] - vous êtes l’une de nos plus grandes entreprises pour la France. L’avenir national et la
dialectique des politiques économiques et du mouvement social dépend en partie
de vous, autant que l’avenir de … dépend de vos prospections et décisions, de
votre discernement.
Diplomate de
carrière dans la partie économique et financière, affecté dans des pays très
divers mais – coincidence ? – toujours au moment d’un nouveau départ pour
chacun, universitaire à temps partiel, commentateur et essayiste publié
autrefois par Le Monde de Jacques Fauvet (1972-1982) puis plus
longtemps par La Croix, écrivain de goût mais pas encore en
vitrine,
il me semble
que je peux contribuer à l’exercice de vos responsabilités, en ne réclamant
aucune place dans votre organisation générale, que la relation personnelle avec
vous permettant le meilleur usage pour vous de l’outil que je crois pouvoir
être.
Expérience des
marchés étrangers et des circuits de décision, des ambiances sociales et
politiques aussi. Habitude des entretiens et questionnements aux niveaux les
plus divers, de la rue à l’Elysée ou aux palais de bien des Etats, Vatican
compris. Lecture rapide, synthèse écrite, analyse de dossiers, enquête verbale
de situations ou de ressenti, tenue d’un journal personnel et
notation-observation depuis mon adolescence. Les deux « bouts » de la
vie, puisque notre fille a juste dix ans et que j’en ai soixante-et-onze. Vie
quotidienne dans les grandes capitales, et en milieu tout à fait rural et bord
de mer..
A peu de frais
– en comparaison de conseillers spéciaux ou d’officines grandes et petites
spécialistes d’audit, d’image, d’introductions diverses – vous pourrez me
missionner pour ce dont vous n’avez pas la ressource humaine immédiate :
l’exploration, l’évaluation, la faisabilité à toute première vue de ce qui vous
tient à cœur, sans pouvoir vous en ouvrir à beaucoup, au moment où cela vous
est venu… autant que la pénétration d’un
milieu, d’un sujet dont vous sentez l’importance mais que vous ne savez
aborder, y compris le climat psychologique peut-être de vos cadres ou de vos
salariés.
Pas un
recrutement pour un emploi pérenne, mais préoccupation par préoccupation,
l’entretien avec vous et le rapport à bref délai. Les rédactions compliquées
parce qu’elles doivent entrainer le lecteur hors de ses routines et même
désespérance et ennui de ses prises de connaissance habituelles et obligées.
Je vous
propose une liberté et une indépendance, fondées par tempérament mais très
expérimentées depuis nos années 1970.
Pourquoi ?
parce que notre pays sombre faute de discerner ses élites et de les insérer
dans un grand mouvement – tel que notre histoire nationale en a beaucoup connu
– et parce que nous manquons d’autorités morales et de repères, et que l’Etat,
la politique ne répondent plus aux circonstances, et qu’en conséquence nos
entreprises ne disposent plus du socle et du cadre, des références qu’elles ne
peuvent avoir par elles-mêmes tandis que nos concurrents – entreprises et Etat
– sont mieux en accord avec eux-mêmes, que nous. La dubitation générale et le
flou du long terme peuvent cependant être dispersés sereinement, sans activisme
ni grande sonorité. Communiquer n’est pas afficher mais dialoguer et se
comprendre, ce qui suppose empathie et de comprendre soi-même où l’on en est.
A votre
disposition pour venir vous voir.
Et également
ajuster davantage ce que je puis vous apporter en fonction de ce que croiriez
pouvoir me demander.
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