Théoriquement,
le début de l’hiver Le silence, sauf le ronflement de Fonzy
dont je partage le
canapé devant le poêle, le souffle de celui-ci et nos
horloges et pendules aux
sonneries décalées. Hier a été fécond, objets et radios
retrouvés,
transbahutage de mes cartons de livres : la collection
blanche de Gallimard, les
Monde réempilés, dans leur sac mensuel (FNAC, juste de la
bonne contenance mais
de plus en plus difficiles à trouver (plus distribués, les
derniers étaient de
mauvaise qualité, de même que les chèques ne sont plus
acceptés, au moins sur
le site vannetais) et à déplacer : ce dont j’ai débarrassé
le presbytère
Damgan : autant de voyages dans une dimension qui n’est ni
le temps ni
l’espace, mais qui est encore plus vécu, sans doute parce
qu’hors sensations et
sentiments que mentaux. La psychologie personnelle et
collective inculquée dans
la première moitié du XXème siècle, tout sauf le doute, le
mur de l’Atlantique,
l’enseignement de la raideur. Un motu proprio du siècle précédent : des lois pour résister au
« modernisme »,
alors avec majuscules. Marguerite a retrouvé son entrain,
Nelly CADRA a
téléphoné pour prendre de ses nouvelles, la convainquant de
« prendre » ses médicaments, inhalation comprise, mais c’est
ma chère
femme, toussant depuis deux jours qui m’inquiète, sa déprime
aussi, causes
multiples, inquiétudes astreignantes, la mort de ses parents
en fond
d’ambiance, de sa pensée je ne sais que ces obsessions sans
en être sûr et que
son amour dont je suis sûr. Marie n’était certainement pas
une femme anxieuse,
alors qu’au début de sa gestation et à cause de celle-ci,
puis à la naissance
de son divin fils, elle est assaillie littéralement de
prédictions en tous
sens : la royauté davidique, le messianisme exaucé, le
glaive de douleur.
Prier…
Noël arrive, cinq petites crèches comme un chœur sur le
buffet aux albums de
photos, prière hier soir tous trois… puisse la toux et le
mal être de ma femme…
Le secret de Marie, de son équilibre personnel : elle ne se
pose pas nos
habituels « problèmes » : orientation de vie, état de vie ce
qui
fut tellement ma vie, suite des événements, difficultés
pratiques. Elle est
entière dans le présent, elle recueille, elle voit, elle
n’interroge que sur ce
qui manque à sa compréhension, elle n’est ni théorique ni
dans l’éventuel… Le
prodigieux pour nous, ses enfants d’adoption aux côtés de
son divin Fils, est
que nous déduisons à l’unisson depuis des siècles et sans
nous tromper, toute
la psychologie d’une femme, tous ses traits de caractère et
même ses réactions
de très peu de textes. Mais ces textes, si sobres, sont
d’une limpidité
absolue, ils posent les fondations de tout, et d’abord de
notre prière à son
parfait exemple. Le
roi David
habitait enfin dans sa maison. Le Seigneur lui avait accordé
la tranquillité en
le délivrant de tous les ennemis qui l’entouraient. Mais il ne s’en contente pas : projet grandiose mais logique,
sanctionné d’ailleurs par son
« directeur spirituel » le prophète Nathan. Loger Dieu,
donner à
l’arche de l’Alliance (que l’on n’a jamais retrouvée alors
que l’on prétend
depuis l’impératrice Hélène avoir retrouvé la Croix –
elle n’est déjà plus mentionnée dans les
derniers livres de l’Ancien Testament) un abri, une demeure.
Et puis il y aura
la tentation du soir, adultère, assassinat, mort d’un
premier-né…. [1]A
David, ramené à son
propre sort et donc au respect de l’indépendance de Dieu
vis-à-vis de tout
projet humain, le Seigneur promet tout, pour lui et pour sa
descendance, le
bonheur et la relation. Tu reposeras auprès de tes
pères je te susciterai
dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi, et je
rendrai stable sa
royauté. Moi, je serai pour lui un père, et lui sera pour moi
un fils. Fondamentalement,
la promesse est celle de
la sécurité, de la stabilité selon une relation d’exception
dont cependant le
meilleur de nos relations humaines est mieux que l’image ou
le
pressentiment : le modèle. Accomplissement que Paul présente
comme le
mystère essentiel, gardé depuis toujours dans le
silence, mystère
maintenant manifesté au moyen des écrits prophétiques… mystère
porté à la
connaissance de toutes les nations… comment ?
l’Incarnation. C’est la partie « visible » du mystère : Dieu
se
laisse appréhender en entrant dans notre Histoire, dans
notre chair et en
vivant parmi nous, ayant pris notre nature, y compris dans
sa mortalité et
toutes ses limites physiques. L’Annonciation n’a pas pour
objet la virginité de
Marie ni même la proclamation de sa maternité d’exception.
Elle est le récit,
factuel, de l’Incarnation, y compris dans son mode
opératoire, seule question
de la
Vierge :
l’identité de l’ange, le but de sa visite ne la préoccupent
pas, elle écoute,
reçoit, elle est tellement au présent, je ne connais
pas d’homme, nulle part
question comme il continue
d’être prêché, d’un vœu perpétuel d’abstinence, pas non plus
d’interrogation
sur la suite de sa vie puisqu’elle est « promise » par les
siens à
Joseph de la descendance de David. Non, c’est simplissime et
la réponse qu’elle
reçoit, la preuve qu’en sus elle entend comme une invitation
au constat, sa
vieille cousine enceinte de six mois ce qu’elle ne savait
pas, rien de cela ne
conditionnait ce qui n’est pas une réponse ou une
acceptation, mais un constat,
un acte de foi, le plus souverain de l’histoire de
l’humanité : que
tout m’advienne selon ta parole. Ce que lui
apporte l’Annonciation, c’est son rôle, la consécration de
son rôle, les
conséquences, le rayonnement, elle en prendra conscience
tandis qu’elle court
chez Elisabeth, ce sera alors le Magnificat. A l’Annonciation, elle et nous, sommes dans les
faits. Tu vas
concevoir et enfanter un fils… la puissance du Très-Haut te
prendra sous son
ombre… la descendance
tout humaine de
David devient aussi une descendance d’une tout autre nature,
d’une tout autre
grandeur que celle des institutions et de l’histoire
politique : il
sera appelé Fils du Très-Haut, le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il règnera pour
toujours sur la
maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. De l’histoire à l’éternité… ta maison et ta
royauté subsisteront
pour toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours.
L’Annonciation est une
confirmation, la
confirmation de Marie et le début de notre propre mouvement
spirituel.
[1]
- 2ème livre de Samuel VII 1 à 16 ; psaume
LXXXIX ;
Paul aux Romains XVI 25 à 27 ; Luc I 26 à 38
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