Eveillé
autour de trois heures, rendormi par intermittences, à mon lever un moment de
douceur intense avec ma chère femme, par elle, mes lèvres à sa joue, ma main à
sa main, à son poignet et au revers de son bras. Bonheur de notre union et de notre
amour. C’est impossible à dire, même à concevoir si ce ne sont que des mots,
cela peut se désirer ou se regretter, cela ne se conçoit pas, cela se vit… ce qu’est
l’amour conjugal, ce n’est ni la fusion ni le un et un, ce n’est pas non plus
la troisième personne, laquelle est à la fois l’enfant et l’Esprit Saint. Cela se
vit, c’est sans doute le paroxysme magnifique de la vie. – Lecture énième mais
jamais lassante du récit de l’Annonciation [1]. J’essaierai de
méditer d’ici demain matin les trois annonces dans les évangiles : Marie,
Joseph et Zacharie. Bernard de Clairvaux se trompe complètement sur le mystère
de notre salut qui est aussi celui de l’amour divin et de la liberté humaine. Il
n’y a pas de suspense pour la réponse de Marie, Dieu n’est pas suspendu en
attente du fiat. Et la Vierge
n’est pas dans le domaine du oui ou non. Elle n’est qu’elle-même, souverainement
et librement elle-même. Et tout son être est consentement en tout à Dieu, et à
ce que Dieu fait d’elle, a voulu d’elle, comme d’ailleurs de chacun de nous, en
nous créant. Elle est entière dans le dessein de Dieu. La liberté, c’est l’intégrité
de l’être, ce n’est pas la virtualité de son néant. La liberté, c’est la vie,
pas la mort. Le temps nous paraît, dans notre mode actuel d’existence, enfermer
tout le possible et tout l’agir. La réalité est englobante, elle n’est pas la
ligne du révolu et de l’avenir avec le curseur au présent, sans cesse à
produire de l’irréversible passé et à grimper ou couurir ou dégringoler dans l’avenir
dont nous ne savons pas, tels que nous sommes, les ingrédients ni l’alchimie. Notre
liberté, marque même de notre ressemblance au Créateur, n’est qu’apparemment à
s’exercer dans le temps. Au vrai et au total, elle est notre participation à la
création, au salut. C’est une association. Les miraculés par le Christ le sont
selon leur foi. Ils participent à leur guérison, la déterminent même du seul
fait de leur appel au Sauveur. L’Annonciation et la conclusion que lui donne
Marie, c’est simplement mais extraordinairement, la participation de la Vierge au dessein de Dieu. L’Annonciation
le signifie, à elle qui s’en trouve consacrée à ce rôle décisif – non pas une
décision, mais elle et ce par quoi tout arrive, tout se rachète, tout se
retrouve. L’essentiel du texte, c’est la foi de Marie, qui n’a de question que
sur le mode opératoire, pas sur le fait. Comment cela va-t-il se faire ? tandis que l’Ange ne fait qu’indiquer à
Marie, qui elle est : la mère du Sauveur, il l’a d’ailleurs, d’entrée,
saluée suprêmement. Le français peut jouer sur le mot : comblée, elle est
pleine de grâce et pleine de la conception qui va se faire en elle. La Vierge n’est bouleversée
qu’à la salutation de l’Ange, pas par sa
venue inopinée. Physiquement, inopinée, mais pas spirituellement. L’Immaculée
Conception n’est pas tant un dogme que l’évidence et la logique. Marie reçoit
un signe sans en demander aucun : voici que dans sa vieillesse,
Elisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième
mois. Tandis qu’Acaz, le roi contemporain
d’Isaïe, refuse ce qui lui est proposé : tout à sa logique et sa compréhension
de Dieu, surtout s’il est de bonne volonté. Je n’en demanderai pas, je ne
mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. Et
lui, comme nous tous, se fait imposer le signe : prophétie s’il en est. Le
Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est
enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, c’est à dire,
Dieu-avec-nous.
Quant
à notre parabole nationale, elle tourne au cauchemar. Un pays ne meurt que de
lui-même. Les tentatives étrangères pour le mettre à mort ou le dépecer
suscitent au contraire résistance, sursaut et vie. Nous sommes trahis
mentalement et physiquement depuis des années, mais ce quinquennat est l’aboutissement,
le trait de l’addition. A lui seul, il cumule et multiplie des fautes qui
étaient graves mais apparemment pas solidaires les unes des autres. Aujourd’hui
tout est lié, décuplé : quinquennat dont l’Histoire a déjà décidé qu’il
est le pire de notre République cinquième version et que l’élu de Mai 2012 pour
lequel j’ai voté et que j’ai persisté à soutenir et à chercher à comprendre
jusqu’à ces tout derniers temps, est certainement l’un des plus mauvais chefs
que nous ayons jamais eu, dans sa vie personnelle comme dans l’exercice des
fonctions que nous lui avions confiées. François le fossoyeur jaspinant à
Chambord tandis que l’assemblée de Alstom entérine une cession décisive de
notre patrimoine physique et de notre savoir-faire. Comparse, le PDG qui en est
récompensé d’un coup par trois cent ans de ma modeste retraite, laquelle ferait
pourtant le bonheur de la plupart de mes concitoyens. Comparse, ce chef nominal
de notre centrale syndicale la plus symbolique du mouvement ouvrier et d’une
gauche de conquête et de solidarité. Aucun des trois n’a honte. Le péché, c’est
la cécité. La liberté, Marie une nouvelle fois proposée à notre contemplation-réflexion,
cela se voit encore mieux à lire aujourd’hui notre histoire nationale de
maintenant, c’est d’être entier à ce qui nous est confié. La liberté n’est pas
un recel de personnalité ou d’histoire propres, ce n’est pas un accaparement de
la volonté, c’est un service créateur. Je le dis mal mais le ressens
profondément. J’ai commencé de pleurer pour notre pays quand s’est nouée la
vente d’Alstom. Toutes les tolérances précédentes de ce maudit quinquennat
portaient sur des entreprises foireuses et sur le refus d’envisager la
nationalisation ad hoc et pour un terme très précis. Dans le cas d’Alstom,
repérée par des complicités et des guettes immondes, dont celle de ma stagiaire
d’Athènes, aucune raison financière ou commerciale, encore moins technologique
impérative. Il n’y a eu aucune explication publique. Nous ne sommes pas en
démocratie, nos affaires sont traitées contre nous, il n’y a aucune sanction
personnelle contre ceux qui nous blessent, qui ne sont que le jouet et de leur
libido (l’argent, la notoriété, l’apparence) et de modes de pensée
dont aucun ne nous sont nationalement propre, et aucun bienfaisant. La
politique tirée de l’Ecriture sainte... la parfaite antithèse de l’Annonciation.
Pour
le chrétien que j’ai la grâce d’être et de demeurer, l’espoir est précis et il
englobe même le salut le plus concret pour notre cher pays. Nous le voyons d’ailleurs,
faute d’Europe, le monde se déséquilibre, vg. la Chine n’abusant que par
défaut du reste du monde et grâce, pour le moment, à son déni de démocratie
chez elle, et faute de France, l’Union européenne n’existe qu’en bottin des
normes et réglementations, pas même en institutions visibles. L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne
livre pas son âme aux idoles, il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de
Dieu son Sauveur, la justice.
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