Prier…
[1] les mystérieuses occurrences
de nos Ecritures et surtout des évangiles qu’a priori on pensait et lirait très
limpides, un récit suivi, des paroles de grand bon sens et d’humanisme (le doux
rêveur de RENAN), des faits extraordinaires mais des faits. Jean l’évangéliste,
le disciple que Jésus aimait, fils de pêcheur, donc inculte de naissance
et d’adolescence y ajoute cependant de quoi gravir les sommets de la pensée
humaine. Humaine ? où l’homme accédant déjà, par anticipation à la vie
divine, grâce à l’Incarnation. Personnage donc du Baptiste, figurant Elie et
assurant son retour prophétique ?Commentaire dans Prions en Eglise, c’est « l’apocatastase »,
finalement toute chose à sa place, c’est
le retour de l’humanité à ce qui n’aurait jamais dû se manquer, le paradis, l’éternité,
le compagnonnage de Dieu accepté librement par Sa créature, l’homme fait à Son
image, homme et femme… mais ces prophètes dont le dernier est le Christ Lui-même
annonçant à longueur de Son ministère public à Ses disciples Son tragique
destin à vue humaine, sont massacrés et minorés. Elie va venir pour remettre
tout en place… Elie est déjà venu ; au lieu de le reconnaître, ils lui ont
fait tout ce qu’ils ont voulu. … Elie donc dans la mémoire et l’attente
collectives : toi qui fus préparé pour la fin des temps ainsi qu’il
est écrit, afin d’apaiser la colère avant qu’elle n’éclate, afin de ramener le cœur
des pères vers les fils et de rétablir les tribus de Jacob… remise en ordre détaillée, natureelle,
globale du plus spirituel au concret, au politique et au temporel, tout l’univers
et dans toutes les dimensions humaines, sociales. Heureux ceux qui te
verront, heureux ceux qui, dans l’amour, se seront endormis. Nous aussi nous
possèderons la vraie vie.
La
mort, la vie. Hier, plusieurs leçons… notre pays à défaut d’être orienté et
remis en marche entend poser – plutôt bien – quelques questions sans cependant
le moindre début de réponse. La question nationale est celle de la confiance.
Vaguement… en nous-mêmes (famille philosophique du volontarisme d’autant plus
présente depuis une dizaine d’années dans le discours public que nous subissons
tout, idéologie ambiante, vente à l’encan de nos patrimoines), et dans les
autres que nous allons « épater » par notre capacité à nous réformer.
La réforme, en langage de garagiste ou de vétérinaire, c’est l’équarissage ou la
casse. Qu’est-ce qu’une réforme ? Je préfèrerai qu’on fasse tout
simplement marcher ce qui marche et qu’on l’entretienne. Sédation profonde et
continue jusqu’à la fin biologique de la vie. Soit. Certainement même quand le
mourant décide de mourir en souffrant moins ou pas. Pratiquement, la question
est manifestement personnelle, au plus familial, elle se dialogue. Faut-il des
lois ? la jurisprudence pour les « cas-limites » me paraît le
meilleur outil. La morale personnelle, la bio-éthique depuis la loi de 1920
réprimant l’avortement entrant dans le champ de compétence du législateur ?
soit ! si celui-ci est stable et moral, mais l’est-il ? le Parlement,
une législature le sont-ils ? Ce n’est ni certain ni suprême. – L.’amour,
la demi-sœur de Maïa : Kiki, non seulement réagit au nom de celle-ci et
joyeusement comme si c’était annonce d’un retour de sa compagne, elles étaient
inséparables depuis que nous les avions ramenées de leur lieu d’abandon à l’automne
de 2007, mais comprend quand je lui explique qu’elle est morte. Nous sommes :
chaux, cercueil, mais fosse à creuser et pluies diluviennes,, à la phase
ultime. – L’amour et son regard, si daté, circonstanciel, donc humain,
magnifique parce que de la contingence naît le lien, nait la préférence. Jeu de
photos de moi, l’été de 1990, prises par Maman à la suite de ma très grave
péritonite : physiquement, je me considère à mon apogée, régularité et hâle
du visage, sveltesse relative. Ma chère femme les a regardées, elle ne m’y aime
pas, m’y trouve dur, me préfère maintenant, alors que vingt-cinq ans de plus…
Dieu, à notre mort, nous accueille dans quel état physique ? Elle me
préfère maintenant, parce que maintenant je suis à elle ? et moi, il y a
près de vingt ans, je rencontrai une femme très jeune qu’ensuite j’ai sans
doute contribué à user… pourtant, c’est maintenant que d’elle je suis épris, et
avec laquelle je suis uni… malgré… et au point que nul signe souvent n’est
nécessaire.
Il
a tellement plu que le jour ne parvient pas à se dépêtrer de la nuit. Prier en
attendant, en espérant tout : Dieu
de l’univers, reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite
cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta main puissante. Que ta main
soutienne tn protégé, le fils de l’homme qui te doit sa force. Ainsi soit-il.
Regard
de ce prêtre, nous étions quatre à table, jeudi pour déjeuner à Saint-Joachim,
machinalité de Denis, de son vis-à-vis au visage beau, noble et émacié mais
sans texte. Je faisais face au quatrième, pas gracieux de morphologie, carrure
imposante, épaules décalées, mais le regard était d’une telle intelligence,
surtout d’une telle bonté que la moindre approbation, le moindre mot se
recevait comme une bénédiction, je la vis encore. Et puis récapitulation hier
soir des amies de notre fille, le visage de Sara : angélique, séraphique d’ouverture
à nous, à la vie, la lumière c’est souvent elle, et sa cousine, presque
impossible à différencier, s’il n’y avait un grain de beauté à l’ascension du
début de la joue, sous l’œil, m’appelant par mon prénom quand elle me croise à
la sortie de l’école hier ou avant-hier. Et ce qu’on entrevoit du regard quand
la mort a passé mais ne ferme jamais rien. Honorer les corps, notre corps, mon
corps, la mort promesse d’éternité et les regards : autant identité que
communication. La communion, même post mortem, est signe-preuve de vie.
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