Prier… n’y aura-t-il que peut de gens à être
sauvés ? [1] Question que je ne me suis jamais posée pas
parce qu’elle conduit à l’angoisse : et moi ? et mes proches ? mais
parce qu’elle a autant sa réponse dans le cœur de Dieu : il ne fait
pas de différence entre les hommes, que
dans notre instinct, notre intuition, nos rêves d’enfants, de vieillards, de
femmes et d’hommes. De salut qu’universel, sinon il n’en est pas. Nous tous,
pris, repris, aimés, quels que soient nos parcours, nos époques, nos fautes ou
nos gloires (discutables toujours, précaires toujours). Sans doute, Luc
rapporte-t-il ces phrases terribles du Christ : Seigneur, ouvre-nous !
– Je ne sais pas d’où vous êtes. – Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu
as enseigné sur nos places. – Je ne sais pas d’où vous êtes. Eloignez-vous de
moi, vous tous qui faites le mal. Nous ne
pouvons répondre, « plaider » qu’un seul argument : nous venons
de Toi et nous allons à Toi, mais nous sommes si précaires et faibles. Plus
aisé à recevoir mais clé sans doute du parcours et des comportements nous
faisant vraiment aller à Dieu, Le refléter…
quelle que soit notre condition, vous, les enfants… et vous, les
parents… vous, les esclaves… et vous, les maîtres… tranquillement, le devoir d’état. C’est cela qui est juste… une
éducation et des avertissements inspirés par le Seigneur… la simplicité de
votre cœur sans chercher à vous faire remarquer par souci de plaire aux hommes…
n’utilisez pas les menaces… ne poussez pas à bout… Jésus répond ainsi à la question, nous met devant notre responsabilité :
efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Le résultat est moins que garanti : beaucoup chercheront à
entrer et ne le pourront pas. Il n’y a
donc plus que l’espérance dans la reconnaissance de ce que nous sommes : le
Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés.
Hier soir, grand moment de
communion avec toute notre histoire, les images et les voix de la plupart de
nos personnages depuis 1940 à l’exception du président aujourd’hui régnant et
du fondateur : de Gaulle, que d’ailleurs Simone Veil n’aimait pas. Imprévisiblement,
celle qui – à l’instar de Robert Badinter pour la peine de mort ou de
Christiane Taubira pour le mariage homosexuel – a porté une avancée décisive
dans la compassion de notre pays pour certains des siens, va probablement
rester dans nos mémoires et pour la mûe et des équilibres mieux assurés de
notre conscience collective et de notre vie ensemble, comme celle qui aura
pleuré publiquement pour que nous sachions ce qui fut perpétré et vécu, et ce
que signifie pour les siècles des siècles le racisme, le racisme au paroxysme d’
« usines construites pour tuer ». Nul ne l’a fait avec autant de
fond, l’expérience des camps de la mort, ni autant d’autorité. Ce qui était
moins évident à l’époque : années 70 et 80, c’est ce qu’a été le septennat
de Valéry Giscard d’Estaing, de véritables intentions, un véritable projet, des
réalisations, une vie politique moins tributaire de celle des partis et qui fut
contemporain d’une gauche véritable et de la déviance dans les haines des
possibles héritiers de l’homme du 18-Juin. L’époque a été tournante, elle fut donc
et reste, apparait dans notre mémoire aujourd’hui et au comparatif, une époque
de jeunesse. Et ce septennat montre l’importance du relationnel dont nous avons
perdu sens et pratique : la relation VGE-Schmidt, la relation Veil-VGE car
l’un sans l’autre le président et sa ministre n’auraient pas, chacun, été ce qu’ils
ont été. A regarder posément la succession des présidents à notre tête et dans
notre histoire récente, il est possible que l’on considère Pompidou, au vu de
ses résultats, notamment économiques et industriels, plus grand que sa brigue
sous de Gaulle et ses fautes majeures (le projet de quinquennat, l’élargissement
à la Grande-Bretagne)
– que nous ne devions à Mitterrand que d’avoir porté au plus haut l’institution
présidentielle et su continuer, même ritualiser l’entente franco-allemande en
perspective autant bilatérale qu’européenne – que Sarkozy lui-même puisse être
crédité d’un projet, de projets et pas seulement de son ambition du pouvoir à
laquelle, pour le moment, se réduisent Hollande et Valls.
Réfléchir suppose de la chair : un document comme celui d’hier, la vie en des circonstances précises (les oppositions à l’aéroport nantais ou au barrage dans le midi, les camps, Calais) bien plus que des réunions à huis clos ou des lectures de papiers ou des entretiens entre représentants de situations différentes (politiciens, patrons, salariés…).
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