Prier… déjà cette forme d’ombre
des anticipations d’un moment, ombre sans couleur ni qualification, notre
départ d’ici et de cette paix-sécurité (à quoi tient-elle ?), le retour à
des structures de vie forçant à ramer, et plus immédiatement la réussite ou pas
de cette fête préparée, ; attendue, désirée en impatience et sans doute en
encore plus de fantasmes, qu’adultes, nous ne pouvons en recevoir :
halloween pour Marguerite. Sans doute importé, sans doute païen, mais n’empêchant
nullement Toussaint, communion des saints, des vivants et des morts. La
citrouille, les chapeaux, les tenues : notre fille en sorcière et moi en
chapan et bonnet kazakhs.
Prier… ma chère femme, relayant
sa mère, la petite cuisine, le café, les tartines, l’aller-retour avec Fonzy
pour le pain, la boulangerie aux trois générations d’artisans, les croissants
gratuits de son enfance, les ruelles de al cité-jardin, les maisons à colombages,
toits de tuile, étage dernier semi-mansardée, haies vives, silence et passants
rares, la délicieuse Robertsau de Strasbourg, sans âge comme la vie d’une très
jeune fille qui songe et fait songer avant que commence sa vie de jeune fille,
le cœur doux et simple. L’amour pour autrui quand on a reçu grâce mission ou
possibilité de l’accompagner. Paul et son si cher Timothée… sa lettre aux
Philippiens (la rencontre au lavoir du gratin de cette cité dont l’ambiance se
ressent encore aujourd’hui alors que plus un mur ne subsiste… une sorte de coup
de foudre, saint mais humain, avec cette grande dame, dont le nom m’échappe et
qui était fortunée, influente). Chaque fois que je prie pour vous tous, c’est
toujours avec joie, à cause de ce que vous avez fait pour l’Evangile en
communion avec moi…je vous porte dans mon cœur puisque vous communiez tous à la
grâce qui m’est faite de justifier et d’affermir l’annonce de l’Evangile jusque
dans ma prison. Oui, Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous dans la
tendresse du Christ Jésus. [1] Paul en prière, prière qui, de lui, dépasse toute
catégorie et toute posture parce qu’elle est communion totale avec celles et
ceux que l’Apôtre garde constamment en son cœur, de toute son âme. L’enseignant,
le voyageur, le marqué du Seigneur aime et dit l’amour en priant et par sa prière,
l’amour pour celles et ceux qui lui sont donnés. Mais le contexte, l’aimantation,
le mouvement sont intensément la relation au Christ : son travail, je
suis persuadé qu’il le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le
Christ Jésus… vous marcherez sans trébucher vers le jour du Christ et vous
aurez en plénitude la justice obtenue grâce à Jésus Christ, pour la gloire et
la louange de Dieu. Une sorte de
mise en place générale et lumineuse. Tandis que Jésus, vivant parmi nous sa
venue humaine sans laquelle la
Parousie n’aurait aucune substance, aucun sens et ne nous
serait d’une sensibilité impossible, mange, boit, parle et guérit. La divinité,
même dans sa plus simple expression : l’humanité du Christ déconcerte et
fait même enrager. L’invité est souverain, le thème n’est plus le repas qui lui
est offert, mais justement, un homme atteint d’hydropisie était là devant
lui. … Est-il permis, oui ou non, de
faire une guérison le jour du sabbat ? Ils gardèrent le silence. Jésus
saisit le malade, le guérit et le renvoya. Les
gardiens du dogme renvoyés à leur perplexité et à leurs complexes (ils
furent incapables de trouver une réponse)
et le miraculé à une vie aux dimensions recouvrées. Anticipation de la Parousie, les demandeurs
exaucés et les professionnels de la foi démasqués.
Notre fille s’éveille, ma chère
femme va arranger les tombes de famille, devant lesquelles nous irons ce soir
avec la petite Léna et ses dix mois dont raffolent Marguerite et ses bientôt
dix ans. Quant à demain, la route d’est en ouest et de six ou sept régions
vibrant de mille ans de notre histoire nationale, arriver avant la nuit :
commandement et disposition de ma chère femme… Grandes sont les œuvres du
Seigneur ; tous ceux qui les aiment s’en instruisent. Ce peut être le chemin de tous les agnostiques, Voltaire et l’horloger.
Noblesse et beauté dans ses actions… le Seigneur est tendresse et pitié. Il
a donné des vivres à ses fidèles. C’est
le chemin des croyants et des voyants : le choix d’un accompagnement par
un absolu qui Se met à notre portée, cordialement, doucement.
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