La pleine lune, une lumière si
forte presque toute la nuit. La découpure des nuages restés blancs et
diaphanes, mais avec une bordure étincelante, le contre-jour, soleil derrière
sur fond de ciel bleu, lune derrière sur fond de ciel noir. Marguerite l’ayant
la première remarqué… La déraison, la folie, l'équilibre, équilibre de quoi à
mon, éveil, aux éveils ? l’éveil pour le néant ? Patrick MODIANO,
Nobel, des listes de pressentis hier mlatin, KUNDERA cité comme Français… L’élu,
dont je crois avoir acheté mais pas vraiment lu, un livre autrefois, Passage
des ruelles obscures ou quelque chose comme cela. L’obsession de l’Occupation
naguère. Elle fait, à ce que j’entends, toute son œuvre que les Suédois
couronnent comme archétype de l’œuvre de mémoire. La France des budgets et de la
corruption, de l’abaissement sans même la gloire complexe de PETAIN pour
caractériser à jamais un pays vaincu… Ma femme comme les commentateurs, a
retenu qu’il est bègue, ne termine pas ses phrases, au moins à l’oral. Il écrit
paraît-il avec une sobriété exceptionnelle, il a donc écrit plus de trente fois
le même livre, donnant même à cinq héros différents, si c’en sont, le même
numéro de téléphone. Le fétichisme des adresses, signe de vécu ? la
passion que j’ai de cette époque est plutôt, l’enfant anonyme et sa tragédie
des camps ou des hasards miraculeux, elle est le dialogue et l’existence de
LAVAL et de PETAIN, elle est la « négociation », elle est la victoire
depuis les braises soufflées sur le pays depuis Juin 1940. La France, c’était une
table et deux chaises, écrit MALRAUX,
interdit de Nobel parce que proche, s’il
en fut, du général de GAULLE. Nos Nobel
(MODIANO, le 15ème du titre…) avaient quelque chose de décisif à
dire en politique, donc pour le pays : SARTRE. Je vais le lire et savoir
ou comprendre. Même étonnement que pour LE CLEZIO. Sommes-nous le record pour
le nombre d’attributions du paix ? On se cache derrière le texte, toujours
par le texte. C’est que rester derrière un texte, ne me fait pas peur. Si je
fais quelque chose, je ne parlerai que des autres. Ce n’est pas ma conception de la littérature, ni de l’écriture. Je
reconnais – il a 69 ans, j’en ai 71 – que l’écrivain est celui qui est édité. Mais
si l’écriture lui est nécessité et métier, s’il sait travailler, son œuvre est-elle
un apport et une nécessité pour les autres, pour une époque ? J’avais
parié pour le Japonais, dont je n’ai rien lu, mais que je crois décisif et
véritable lumière en récit et en pinceau. Peut-être un MIYAZAKI du livre, du
roman, de l’enlèvement du monde et des lecteurs.
Depuis vingt ans, lui
demandait-on son avis ? oui, longtemps, acquiescement ? il le donnait
en ne faisant signe de rien. Il refusait ou il existait en se débattant,
parfois violemment. Puis, coincidence avec la mort de sa femme, sut-il le
départ de celle-ci ? il était d’un calme et d’une sérénité totale,
constante. Il n’était plus que sourire, il voyait sans doute beaucoup plus que
sa condition et que ce que lui donnaient encore ses yeux. Mon beau-père. Je file
chez Papa, ma femme me le téléphonait et courait à la clinique parmi les
maisons à colombages et les jardins potagers de cette Robertsau miraculeuse de
voisinages demeurant fidèles à tout. Elle me donnait à lui parler, plaçant l’écouteur
à l’oreille et Marguerite, assise sur son lit, regardait, à la place du foot en
allemand, ses propres émissions favorites.
Prier… ainsi l’état de cet
homme est pire à la fin qu’au début [1] Jésus expert en
médecine de son temps, en combats spirituels et dialectiques, didactiques. Ma
chère femme cite l’homélie pour les funérailles de son père (Didier
MUNTZINGER), la mort d’une personne est la fin d’un monde. La mort du Christ en croix est la fin du
monde, mais la fin – en christianisme, en foi, en intuition, en désir, c’est le
début, c’est la mémoire du possible, c’est la réalisation commencée de la
promesse éternelle, présente. C’est chez les autistes d’Angoulême, que le
président régnant peut prendre « un bain de foule » et se faire
applaudir, assurer : je suis encore là, tandis qiu’à Lille, ses rivaux déjeunent ensemble et grimacent pour
les journalistes… Les déraisons du superficiel. C’est par la foi que le juste
vivra. Recopiant mes cahiers manuscrits,
je vois plus qu’une continuité dans l’existence qui m’est donnée jusqu’à
maintenant, j’y reconnais que la foi et la recherche du mieux de Dieu ont été
ma constante et sont mon équilibre. Chaque matin, je le revis et le vérifie, grâce
à Dieu. Il m’est venu sur le tard la compagnie et la sauvegarde décisives :
ma femme et notre fille. Parabole du « rien n’est jamais acquis
définitivement », surtout vis-à-vis de Dieu, surtout donc en termes d’ »équilibre
le plus intime, et l’équilibre ce n’est jamais le statique, mais bien le
mouvement. La foi est un mouvement, toujours du néant à la lumière. Aucune
pratique ne sauve, aucun étai. Ceux qui sont croyants sont bénis avec
Abraham le croyant. Quant à ceux qui se réclament de l’obéissance à la loi de
Moïse, ils sont tous atteints par la malédiction dont parle l’Ecriture :
Maudit soit celui qui ne s’attache pas à mettre en pratique tout ce qui est
écrit dans le livre de la Loi. La pratique
du cœur est l’antidote de la pratique rituelle. De ses merveilles, il a
laissé un mémorial : le Seigneur est tendresse et pitié. Il a donné des
vivres à ses fidèles. … Quand l’esprit mauvais est dans un homme, il parcourt
les terres desséchées en cherchant un lieu de repos (les pâturages et le bon pasteur, la terre aride et la semence au
passage du semeur, toutes antithèses de ce récit) Et comme il n’en trouve
pas, il se dit : « Je vais retourner dans la maison d’où je suis sorti »
(le retour du prodigue, nouvelle
antithèse, mal et bien, perdition et bonheur voisinent en mouvement, mais l’un,
nous le subissons : Notre Père qui êtes aux cieux, ne nous laissez
pas entrer en tentation), et c’est la
catastrophe. L’autre, le bien, nous le
recevons et en vivons. Jésus et le mal, Jésus et nous. Qui n’est pas avec
moi est contre moi. Celui qui ne rassemble pas avec moi, disperse…. Notre Sauveur et Créateur, gardant
toujours mémoire de son alliance. Amen !
– Pensée et prière pour mon cher Denis M., grabataire par vieillesse et
malchance, par lecture d’une vie confirmant de la douleur. Leçon d’optimisme de
mon beau-père, sanctification de la vie conjugale par ma belle-mère. Drame et
passion de mes propres parents. Intensité de toute vie. Présence aussi de nos
chiens et de la nuit devenue obscure quand a disparu, avant ce jour, la lune de
beaucoup d’heures.
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