Prier… si tu le veux, tu peux observer les commandements, il
dépend de ton choix de rester fidèle. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le
feu : étends la main vers ce que tu préfères… Il n’a commandé à personne d’être
impie, il n’a permis à personne de pécher. Le « summum » de la Création
n’est pas d’ordre matériel ou spirituel, ce n’est pas même la vie et la
conscience : c’est la liberté [1]. … ce que le cœur de
l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu.
Et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, a révélé cette sagesse. Car l’Esprit
voit le fond de toutes choses, et même les profondeurs de Dieu. Chaque mouvement
de notre foi, chaque disponibilité d’accueil à la permanente présence de Dieu en
chacun de nous, croyants ou incroyants selon la conscience que nous en
avons-recevons ou pas, est la preuve que Dieu ne s’est pas trompé, ne se trompe
pas en nous ayant donné la liberté… de L’aimer et, par Lui et en Lui, d’aimer
autrui, d’aimer la vie, d’aimer le monde et de nous accepter nous-mêmes, chacun,
et l’un l’autre. L’enseignement évangélique quand il est de comportement ou
d’organisation sociale, comme aujourd’hui, est de bon sens, banal, au moins en
début d’énoncé, mais il y a le crescendo. Le crescendo de la révélation divine,
le crescendo de la résistance et de la haine des contemporains, au moins de leur
hiérarchie, et il y a le crescendo de la fidélité et du toujours davantage :
avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit
trait ne disparaîtra de la loi jusqu’à ce que tout se réalise…tout homme qui
se met en
colère contre son frère, en répondra au tribunal… tout homme qui regarde une
femme et la désir, a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur… quand vous
dites « oui », ce que soit un « oui », quand vous dites « non », que ce soit un
« non ». Tout ce qui est en plus vient du Mauvais. Jésus nous conseille la
totalité, Dieu nous y appelle. Nos lois, nos façons d’être et de voir sont si
étriquées. Elles manquent d’espérance, d’horizon, elles ne croient pas en
elles-mêmes. Elles ne sont pas soutenues. Je ne suis pas venu abolir, mais
accomplir. Pour les contemporains, la prétention de ce Galiléen, sans doute
thaumaturge, est inouïe : il prétend accomplir la Loi et les Prophètes, il en
est le maître, il constate et fait constater leur faiblesse, leur peu
d’aboutissement, et à Lui seul il énonce la suite et la garantit. Nous proclamons la sagesse du mystère de
Dieu.
Hier
22 heures 03 + Marguerite ne tient pas notre résolution
d’une heure de lecture de conserve chaque jour. Elle est au petit bureau que
j’ai installé, avec son ordinateur, puis, dans le même thème de ses monsterhigh,
à une bande dessinée. J’aurais dû plus tôt m’installer déjà, moi, à terminer de
lire Jean d’ORMESSON, dont la légèreté qu’il revendique sur le conseil de la
femme de sa vie, ne produit rien de profond mais beaucoup
d’agrément.
Hier soir, à la médiathèque
de l’Hermine (Sarzeau), un spectacle que je pressentais très
intéressant et que j’ai vécu exceptionnel. Récit avec des pauses dans le son
mais une lumière pauvre et égale. Des trouvailles d’expression sans précédent je
crois : notamment cette course titubante et dégingandé d’un homme en échec mais
que rattrape la course à l’étreinte de sa partenaire. Toutes les possibilités
anatomiques de descriptions des jambes et des bras, des mains, par ds gestes
accordés ou désaccordés, sont tentées, exploitées. Toutes les mises en évidence
par la répétition et aussi par le nombre simple : quatre et deux, des
exécutants, sont dites dans un dessein compréhensible du début à la fin du
ballet quoiqu’il soit dépouillé et sans complaisance : couple et contemplation,
individualité des destins et des tentatives, réponses certaines mais
inconstantes, analogie de la fuite et du rapprochement, presque tout est couru
et élancé. Costumes banaux de chaque jour. Prouesses musculaires et d’endurance,
grâce autant du masculin que du féminin. On est au-delà et en-deçà de la beauté
de chacun sur le plateau, et c’est l’ensemble qui est beau. J’ai été captivé,
fatigué, heureux, retenu. Notre fille décidée à ne pas apprécier, rien qu’à mon
invite d’y aller, à la suite de son propre cours de danse claquettes, ne s’est
pas endormie, n’a pas protesté, a persisté dans une non-adhésion : je n’aime
pas, je n’ai pas aimé, mais réserve manifestement son évaluation. C’était
nouveau en genre, et pour moi, c’était nouveau en pratique de cet art si
total [2].
Et cet après-midi, le charme
et la leçon d’optimisme pour l’éducation des tout-petits, comme on dit.
Quatre-six ans, nous y sommes avec Marguerite. trois contes, le premier dessiné,
le second avec des personnages et décors en pâte à modeler coloré, le troisième
le plus élaboré et long en animation. Un cochonnet allant se baigner rassérène
ses rencontrs ont chacune n’est pas contente d’elle-même car son apparence la
fait exclure de son groupe natif : hérisson, corbeau, vache, et sa bonté
naturelle sauve le quatuor qui imprudemment a demandé à un crapaud qu’ils ont
ensemble tiré d’un puits, de changer leur apparence [3].
Le second conte est la journée d’une vieille fille et de son chat, à qui une
magie accrochée en sautoir au gilet qu’elle accepte d’un coloporteur, fait
arriver d’amusantes aventures [4].
Le troisième est merveilleux mais, lui aussi, bâti, sur l’attention à autrui et
le partage. La sorcière et son chat accueillent trois autres animaux dont chacun
l’a aidée à retrouver un de ses accessoires indispensables tombés à terre
pendant les vols au balai. Le dénouement, un balai avec sièges et confort pour
chacun, est adorable [5].
Marguerite à ma gauche, mais un garçonnet de trois ans à ma droite. Plaisir de notre fille, campée sur
moi, et questions et anticipations de mon petit voisin montrant les appuis du
spectacle comme les parties à remplir, les attentes exaucées, la perspicacité
qui s’exerce, pas d’angoisse pas non plus de joie explicites. Présence au
spectacle dont il est su que c’est un spectacle.
On est alors loin de
l’artifice de nos batailles, censément menées au nom de la loi naturelle :
propagandes et contre-propagandes sur la théorie du genre. La nature est
tranquille, paisible. Elle n’est ni page blanche, ni discours mais elle est
certainement dialogue, question, attente, et demande du soin. Notre fille est
mon éducatrice, elle transforme de jour en jour et ma vie et même toutes mes
priorités d’emploi de mon temps (« mon » temps ? celui qui m’est donné par Dieu
et dont je ne sais aucun des paramètres pour ce qui me concerne, et concerne les
miens). La nature demande simplement – écologie, famille, admiration, art,
relations avec tout le vivant, plaisir d’apprendre et curiosité, interrogations
qui sont autant de voies pour aimer et recevoir… sans être mièvre. La nature
demande simplement que je l’aime, que nous l’aimions, qu’ils l’aiment. C’est la
paix et la sagesse. Trait commun aux trois courts-métrages : la couleur, nous
nous ingénions à ne plus voir les couleurs à force d'avoir voulu mettre et
inventer les nôtres, que nous n'avons toujours pas trouvées. La danse est plus
docile peut-être parce qu'elle est soumise à son outil, à sa matière première :
notre corps, même si elle en explore si bien les limites. Elle nous le donne à
aimer, lui aussi.Le
chemin de l’amour, c’est l’admiration [6],
celle-ci ne parle pas, elle rit ou applaudit.
[1] - Ben Sirac le Sage XV 15 à 20 ; psaume CXIX ;
1ère lettre de Paul aux Corinthiens II 6 à 10 ; évangile selon saint
Matthieu V 17 à 37
[2] - Texane de
Claude Brumachon (formation en cours du soir des Beaux-Arts à Rouen) avec
Benjamin Lamarche . créée en Mars 1988 à Saint-Quentin en Yvelines et quatre
fois primée au Concours internationla de Bagnolet. Autres œuvres majeures : Le piédestal des Vierges, Folie, Icare. Aujourd’hui au centre
chorégraphique national de Nantes
[5] -
La sorcière dans les airs d’après le livre de Julia Donalson, illustré par Axel
Scheffler . 26 minutes
[6] -
Gethe :
la plus belle faculté de l’homme, c’est l’admiration. J’ajoute, à l’expérience mutliple et
quotidienne de nos chiens, que c’est aussi celle des animaux et peut-être même
des végétaux, heureux manifestement de leur ensemble.
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