Journée
d’hier. Je veux en faire le récit, de même que le journal de ce que j’ai
entendu en politique, puisque je reprends la radio dans notre nouvelle voiture.
Toutes les gestions domestiques, chacun de mes projets de livre, l’énergie, le
courage de ma chère femme, la personnalité de notre fille, nos journées à
chacun en partage à trois. Les « devoirs » de Marguerite, les
conjugaisons qui m’apprenaient il y a peu combien le français a de passé,
seulement deux futurs et un seul présent. Hier soir, le royaume initial de
Clovis, une grande Belgique et la Wesphalie : rien au sud de ce qui serait
la Picardie, et en fin de parcours : Osthogoths, Burgondes et Wisigoths
sous sa couronne, Reims est bien plus qu’un lieu de baptême, c’est
géo-stratégiquement la marche vers le sud et la France des Pyrénées, de la
Méditerranée, du Massif central . Bien entendu l’Ile de France, je n’y avais
jamais réfléchi parce que je ne le savais pas et ne l’avais pas étudié, et je
ne me souvenais plus du magnifique trône de Dagobert, totalement nu, sobre,
probablement à sangles et simple cuir entre des bras et sur des pieds en
tréteaux au dessin si moderne, et l’épée de Charlemangne qu’on remit à Charles
X. Je sors des livres que je n’ai pas ouvert depuis des décennies et qui
jouxtent avant la prière du soir les peluchs et les monsterhigh. Fabrication et
commerce de ravissante poupées et figurines que réalise notre fille dans un
petit atelier qu’elle a seule installée : matière première allemande,
moules et fournitures de Hong Kong. Sur face-book, concours et défi pour se
saoûler cul sec, les décès se multiplient : ressort, la popularité en
cours de récréation, totalement factice, totalement morbide. Les commentateurs
ne relèvent pas l’évidence, qu’est donc notre politique sinon un concours de
m’as-tu-vu ? qui une fois au pouvoir nous accouchent d’une loi Florange,
dix-huit mois après l’arrêt des hauts-fourneaux et l’intimidation de nos
gouvernants par un condottiere des économies dites émergentes. Le pacte de
responsabilité, du texte, alors que dans le mois de son énoncé, le système a été
dénoncé par le patronat et par les syndicats. Du papier, de la comédie, sans
plus aucun public. La guerre d’Ukraine à nos portes comme celle de Yougoslavie,
il n’y a pas vingt ans. Un pays déglingué, avec un système éducatif consolidant
les inégalités et une organisation hospitalière dominée par le numérus clausus
au recrutement et la rentabilité pour le fonctionnement. Feu la France et
l’Union européenne avortée après cinquante ans de médiocre gestation :
élargissements ratés, gouvernance confidentielle et à huis clos, marché dit
commun mais ouvert au monde entier, monnaie à la spéculation internationale
dirigée par l’un de ses Etats-membres (la City et les paradis fiscaux à sa
discrétion) avec ses réserves détournées par des banques ne finançant que des
profits propres. Et pourtant l’enfance, notre fille chaque jour en leçon de
santé mentale et intellectuelle, le ressort constamment retendu de notre
couple, et moi venant à ce clavier, aux textes du jour, remis sur la route
familière du bonheur de rendre grâces de la vie, de l’existence et de nos perspectives
de réussite et d’éternité. Second chant des oiseaux, retour des survivants de
nos chiens après une petite vadrouille. Marguerite gaiement, additionne les
vivants, les sept nains maintenant dont elle est la Blanche-Neige… Nous avons
été jusqu’à onze. Remarquant combien sa mère s’unit désormais à notre prière du
soir : c’est parce que nous avons beaucoup de morts et aussi que nous
aimons beaucoup de vivants. Elle ne peut mieux dire la prière, la communion des
saints et les mutuelles intercessions des morts et des vivants, des animaux,
des humains : la vie de l’esprit, la respiration de la création, le
cortège vers la vie éternelle. De la multiplication des pains aux innombrables
élus de l’Apocalypse, aux étoiles du ciel, aux grains de sable à la laisse de
mer… de l’autel pour Isaac à la croix du Golgotha, et les tympans de nos
cathédrales, et chacune des conversions intimes dont l’homme est capable en
enfance, en maturité et s’allongeant ou allongé sur son lit de mort. Le cancer
incurable, l’accident d’auto. avec le pressentiment du dixième de seconde le
précédant, l’unité de soins palliatifs, la maternité, le premier regard de
l’enfant brandi par l’accoucheur au visage de sa mère, son étonnement de la vie. Vivre naissance et
mort, vivre la vie et en être éperdûment heureux. Tous.
Prier…
[1] tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes ?Vous
êtes pleins de convoitises et vous n'obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes
jaloux et vous n'arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous
faites la guerre.Vous n'obtenez rien parce que vous ne priez pas ; vous priez,
mais vous ne recevez rien parce que votre prière est mauvaise : vous demandez
des richesses pour satisfaire vos instincts… A Jacques répond le psalmiste : décharge ton fardeau sur le
Seigneur, il prendra soin de toi. Jamais il ne permettra que le juste
s’écroule. Reprise de Jacques : Dieu
s'oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce. Soumettez-vous donc
à Dieu, et résistez au démon : il s'enfuira loin de vous.Approchez-vous de
Dieu, et lui s'approchera de vous. Et le
Christ conclut la dispute des siens pour la grandesse et le rang… si
quelqu’un veut être le premier , qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous (censément le pape pour
l’Eglise, qui signe ainsi S.S.D. mais
que les dévôts continuent en liturgie à nommer le premier au memento des
vivants, le peuple restant en queue, après les tourières et autres
« ministères institués »… sourire mais piété quand même) . Et da capo… notre Marguerite, et en toute
famille, en toute société, en toute époque, en toute civilisation,
évidemment : celui qui accueille un enfant en mon nom comme celui-ci,
c’est moi qu’il accueille. L’enfant,
apparemment quelconque, mais il y en avait donc et beaucoup dans ce cercle
permanent autour du Seigneur, comme il y avait ces femmes, toutes saintes et
pécheresses en même temps, elles, leurs enfants. Prenant alors un enfant,
Jésus le plaça au milieu de ses disciples, l’embrassa et leur dit… Marguerite, réplique d’avant-hier
soir : ce n’est pas parce que tu le penses, que c’est vrai. Et notre meilleure et la plus apaisantes des
conseillères conjugales, c’est elle. Et celui qui m’accueille ne
m’accueille pas moi, mais Celui qui m’a envoyé. … Abaissez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera….
Qui me donnera des ailes de colombe ? je volerais en lieu sûr. Ainsi soit-il, maintenant et toujours. Dieu
veille jalousement sur l’Esprit qu’il a fait habiter en vous.
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