Dr. Alexis CARREL
1873+1944
ou le voyage de Lourdes
1903
Bibliographie :
Le voyage de Lourdes
suivi de Fragments de journal et de
Méditations
Plon . 22 Mars 1973 .
149 pages - 1ère éd. &
dépôt légal = 2ème trim. 1949
Réflexions
sur la conduite de la vie
Plon . 289 pages .
dépôt légal 1950 – tirage 1955
Jour après
jour 1893 – 1944
Plon . 6 Janvier 1956
. 246 pages
La prière
Plon . 1944 . 32 pages
Le témoignage de
CARREL sur les miracles de Lourdes peut être
mis en regard de la
synthèse plus récente de René LAURENTIN,
lequel se situe du
point de vue des apparitions et de leur portée
spirituelle : Lourdes,
récit authentique des apparitions
P. Lethielleux
éd. Mars 1972 . 287 pages
C’est un médecin de trente
ans qui, au début du XXème siècle, introduit dans la presse française un débat
sur l’application de méthodes d’analyse scientifique aux guérisons, qualifiées
d’ « anormales » ou de « miracles », constatées à
Lourdes. Il note, après qu’ait été publié un dossier qu’il avait lui-même constitué,
que pendant bien longtemps, les médecins
ont refusé d’étudier sérieusement ces cas de guérisons, bien que ce soit
commettre de lourdes fautes scientifiques que de nier la réalité d’un fait sans
l’avoir examiné préalablement. Lourdes enveloppait peut-être des faits
authentiques, d’une apparence telle qu’il était difficile de les prendre au
sérieux. En outre, les questions de religion et de partis venaient encore
travailler les esprits. Aucune critique, vraiment indispensable et sérieuse,
n’a été faite jusqu’à nos jours. On s’est perdu dans des considérations sur les
origines des faits. (…) Lorsqu’un phénomène se présente, assez rebelle pour ne
pas vouloir pénétrer dans les cadres trop rigides de la science officielle, on
le nie, ou bien on sourit. (…)En présence des faits anormaux, nous devons faire
des observations exactes, sans nous préoccuper de la recherche de la cause
première, sans nous inquiéter surtout de la place que doit occuper le phénomène
dans le cadre de la science actuelle. (…)Nous voulons seulement faire remarquer
que les phénomène surnaturels sont bien souvent des faits naturels dont nous
ignorons la cause.Si nous trouvons la cause scientifiquement, si nous
établissons le fait, chacun est libre de l’interpréter comme il lui plaît. L’analyse
ne doit pas être considérée par les catholiques comme une œuvre sacrilège ou
comme une attaque. C’est simplement une étude scientifique. La science n’a ni
patrie, ni religion. (Le
voyage de Lourdes… éd. 1949, pp. 91 à 96)
Curieusement, cette entrée
en matière - au contraire des grandes conversions au tournant des XIXème et
XXème siècles – n’est pas suivie d’une œuvre ou d’une destinée de même
consistance. La postérité n’a retenu que la suite, particulièrement brillante
mais systématique aussi, et pour elle l’homme est trois fois suspect.
(Le
Larousse 2002 produit ainsi sa notice : Sainte-Foy-lès Lyon 1873 – Paris 1944, chirurgien et biologiste
français. Il fut l’auteur d’importantes découvertes sur la culture des tissus.
Son œuvre littéraire (L’Homme cet inconnu) est marquée par l’eugénisme.
(Prix Nobel 1912) . L’eugénisme étant ainsi caractérisé : Outre e fait qu’ilimplique un jugement de
valeur forcément discutable sur le patrimoine génétique des individus,
l’eugénisme se heurte à la complexité du déterminisme génétique et de la
transmission héréditaires des caractères physiques et mentaux, qui rend
contestables ses fondements scientifiques et l’efficacité potentielle de ses
méthodes. Historiquement, il a inspiré les pires formes de répression et de
discrimination, particulièrement dans l’Allemagne nazie).
Son succès de librairie – à
raison du sujet, à raison du talent, du fait de l’autorité scientifique – est
immense : L’homme, cet inconnu,
paru en 1935, en est à son 400.000ème en 1950…
Explicitement, « celui qui a écrit ce livre n’est pas un
philosophe.Il n’est qu’un homme de science. Il passe la plus grande partie de
sa vie dans des laboratoires à étudier les êtres vivants. Et une autre partie,
dans le vaste monde, à regarder les hommes et à essayer de les comprendre. Il
n’a pas la prétention de connaître les choses qui se trouvent hors du domaine
de l’observation scientifique. Dans ce livre, il s’est efforcé de distinguer
clairement le connu du plausible. Et de reconnaître l’existence de l’inconnu et
de l’inconnaissable. »
Il a travaillé
essentiellement aux Etats-Unis et c’est à raison de ses travaux scientifiques
sur les tissus à l’Institut Rockefeller qu’il a reçu le prix Nobel de médecine
en 1912 (après Laveran et juste avant
Richet, second français à le recevoir) ; il renouvelle les méthodes
de l’antisepsie, à l’occasion de la Grande Guerre à laquelle, accourant
d’Amérique, il participe ainsi que sa femme – héroïque, née Anne de la Motte.
Reparti outre-Atlantique, il reçoit le concours prestigieux, en 1932, de
l’aviateur Charles Lindbergh, avec lequel il poursuit « des recherches sur
la culture à long terme de tissus vivants transportés hors de leur
milieu » (présentation de l’éditon posthume de pages de
son journal Jour après jour, 1893 –
1944 parue en 1956). La guerre, chaque fois, le fait revenir dans sa patrie où,
intellectuellement et à force d’une militance que son prestige paraît longtemps
faciliter, il s’expose sans auto-censure ni prudence.
Car il
tient des propos, hors sa discipline et par extension de celle-ci, qui, dans
les années 1930, l’apparentent à ceux que l’Histoire et la morale ont ensuite
condamnés : il est l’un des doctrinaires, avec le mot, de l’eugénisme.
Topique, une des pages de ses Réfexions
sur la conduite de la vie, intitulée VI
– Réussite de la vie raciale : En
résumé, la réussite de la vie collective s’obtient par l’amour fraternel, la
suppression des classes sociales, l’accession de tous à la propriété, la
possibilité pour tous d’arriver à la vie de l’esprit : intellectuelle,
esthétique, religieuse. La réussite de la vie raciale n’a pas les mêmes règles
que celles de la vie individuelle ou de la vie collective. Elle exige des
vertus nouvelles : l’eugénisme par exemple. Elle est compatible avec des
manquements individuels à la règle, même nombreux, car il y a la loi des grands
nombres. Il y a besoin d’hommes et de femmes qui se consacrent aux enfants des
autres ; en effet, l’élevage des petits des hommes est infiniment plus
difficile que celui des petits des animaux. (Réflexions sur la conduite de la vie,
éd. Plon – 1955, page 278).
Il est
même, très carrément, dans la mouvance
des régimes totalitaires qu’il n’a certes pas explicitement appuyés, mais dont
il a le langage.
La régénération d’une civilisation peut
venir de l’intérieur ou de l’extérieur. De l’impulsion d’un homme ou du
gonflement de la foule. Dans les pays démocratiques, elle doit venir des
foules. Beaucoup comprennent la nécessité d’une reconstruction. – C’est
l’impulsion qui détermine l’activité (l’ordre). Mais il faut que tous sachent
également suivant quels principes reconstruire.Pas un plan de
reconstruction : des principes. (Le voyage de Lourdes
suivi de Fragments de journal et de Méditations, éd. Plon . 1973 p.97,
datée du 1er Avril 1938)
Aucun
être ne viole impunément les lois de la vie. Il est puni lui-même, ou dans sa
descendance.La déchéance de la France est un exemple de la dureté impitoyable
des lois naturelles. (Ibidem p. 105)
L’immense
désordre actuel est dû à la crise de l’intelligence, aussi bien qu’à une crise
morale. Et les hommes recherchent l’homme qui imposera le silence aux chants
des sirènes et empêchera le naufrage du navire.Le recours au dictateur est la
réaction des peuples qui veulent continuer à vivre.
(Ibidem, p. 97 datée du 19 Février 1938)
Et il
assortit ses vues d’une pétition très polémique, parce qu’elle est
méthodologique. Tout problème qui regarde
un des aspects de l’homme regarder aussi l’ensemble de l’homme. D’où
impossibilité de confier à des spécialistes ou à des professeurs la direction
complète d’une activité humaine, qu’il s’agisse d’éducation, de médecine,
d’architecture, d’économie politique. Il faut que chaque problème soit étudié
par des hommes capables de le considérer dans ses rapports avec els autres
problèmes de la vie. Ces hommes doivent faire appel, et pourront le faire très
facilement, aux données acquies par les spécialistes et les professeurs. Mais
aucun spécialiste ou professeur ne devra faire partie du groupe directeur, à
moins qu’il n’ait fait la preuve des tendances universalistes de son esprit. En
somme, chaque problème humain doit être considéré dans ses relations avec tous
les autres problèmes humains. (Ibidem, pp. 95 & 96, datées du 19 février
1938)
Admission
du fait que la connaissance utilisable pour l’homme doit être synthétique, et
non pas seulement analytique.La conséquence est que tous les spécialistes, les
professeurs plus particulièrement, doivent être placés au second rang.
Que les hommes chargés de la direction,
non seulement de la politique, mais de l’éducation, de la santé, doivent être
des esprits à tendance universaliste, en contact étendu avec la vie. (Ibidem.
p. 99)
La direction des choses de la vie
appartient à ceux qui sont en contact avec la réalité.La réalité est à la fois
affective, intellectuelle et technique. Il faut que les professeurs se
confinent dans le domaine intellectuel.Il faut comprendre qu’ils ne dirigent
qu’une partie de l’éducation. l’éducation est affective et technique, autant
qu’intellectuelle. Elle se fait par le contact de la réalité. Fausseté de
l’éducation universitaire pour tous. – Nous avons besoin de grands
intellectuels ; mais nous avons un besoin plus considérable d’hommes. (Ibidem,
p.103 - 24 Juillet 1938). C’est par avance le langage de Vichy en
politique intérieure. Alexis Carrel meurt en 1945, nullement « en odeur
de sainteté ».
Il
vient pourtant – en Janvier 1944 – de publier une plaquette, aussitôt tirée à
plus de 50.000 exemplaires : La
prière. A l’époque la plus meurtrière de l’Occupation allemande en France,
il disserte sur la définition de la prière, sa technique (comment prier), où et
quand prier, les effets de la prière, les effets psycho-physiologiques, les
effets curatifs et donc la signification de la prière. C’est rigoureusement sa
table des matières.
Au total, ses thèses ne
peuvent que mécontenter à la fois les tenants de la « primauté du
spirituel » et les matérialistes stricts. Pour lui, la foi religieuse ne peut pas être seul guide de la conduite humaine
dans l’ordre naturel. Elle n’a pas réussi à former des hommes et des femmes
capables de remplir complètement leurs fonctions. La science est aussi
nécessaire que la religion, la raison que le sentiment. A la vérité, la morale
biologique est plus sévère que le Décalogue. Seule, la mise en pratique des
règles de conduite ilmposées par les lois de la vie rend d’ailleurs possibles
les vertus évangéliques. Car le dysgénisme, les carences alimentaires, les
conditions climatiques défectueuses, les mauvaises habitudes physiologiques et
mentales vonstituent un obstacle infranchissable au progrès spirituel. A la
vérité, la morale chrétienne n’a jamais prétendu à l’exclusiivité de la
direction des hommes dans l’ordre naturel. (Réflexions sur la conduite de la vie
pp. 108-109) Voilà pour l’Eglise…
Pour vivre, pour propager la race, et
pour se développer mentalement, l’homme a besoin d’un milieu approprié. C’est
pour se procurer ce milieu qu’il vit en société. Toute société qui se montre
incapable de procurer à chaque individu le moyen d‘obéir aux lois de la vie, ne
joue pas son rôle spécifique. Elle n’a donc plus de raison d’être. La
communauté humaine se compose à la fois des vivants, des morts et de ceux qui
ne sont pas encore nés. Chacun doit y avoir sa place. Car l’individu fait
partie de la communauté, non pas en vertu d’un contrat, mais par le fait qu’il
y est né. L’intuition religieuse au moyen âge pénétrait plus profondément dans
la réalité que le rationalisme de la Révolution française. La structure de la
communauté est subordonnée à la nature de l’être humain. (Ibidem,
p. 222) . Voilà qui pourrait
être écrit par Charles Maurras. Comme cela, également : C’est une erreur de croire que la
bureaucratie remplace les groupes naturels. Une administration sera toujours
inhumaine. Il est indispensable que les groupes humains soient petits, et que
les relations des individus qui les composent soient des relations d’amour et
d’affection. Il faut donc reconstituer d’une part la famille et,d’autre part,
des groupes de familles. (début des fragments
du journal, in Le voyage à Lourdes,
p.95, datée du 9 Février 1938)
La
nécessité du groupe familial, et l’impossibilité pour les membres du groupe de
vivre à de grandes distances les uns des autres sans danger.Impossibilité de
l’entraide qu’inspirent seuls l’amour ou l’affection. Nécessité de rétablir de
petits clans. (Ibidem, p. 95, datée du 19 février 1938).
Et le ralliement au
catholicisme du scientifique est analogue à celui du publiciste :
rationaliste. La réussite de la vie
implique l’accomplissement total de notre destinée spirituelle quelle qu’elle
soit. Le sens religieux, comme le sens esthétique, est une activité
physiologique fondamentale ; il n’est aucunement la conséquence d’un état
économique désordonné. Il nous faut utiliser toutes les formes présentes de la
vie. La plus utilisable est la forme chrétienne dans le sens mystique éconisant
l’union avec Dieu et avec les autres. L’Eglise catholique est la forme la plus
complète. Pourquoi les races blanches, malgré leur christianisme, n’ont-elles pas
réussi ? Pourquoi le chaos actuel ? Pourquoi la société du moyen âge
a-t-elle fait faillite ? Pourquoi le christianisme qui a des intuitions si
précises de la nature humaine na-t-il pas continué son ascension du moyen
âge ? Le christianisme offre aux hommes la plus haute des morales, très
proche de celle qu’indique notre structure. Il leur présente un Dieu qui peut
être adoré, car il rst à notre portée, qui doit être aimé par nous. Il a
inspiré des martyrs, il a toujours respecté la vie, la race, l’esprit. Mais il
n’a pas apporté la paix au monde. Quelle est la raison de cet insuccès ?
Les règles de la mystique lui sont bien connues, mais non pas les règles de la
vie. (Réflexions
sur la conduite de la vie, p. 278)
Voilà
qui donne raison aux rationalistes, mais au soir de sa vie il résume : Il s’agit dans cette vie de développer notre
personnalité et atteindre les sommets de la vie – ce qui ne peut se faire qu’en
suivant les lois de la physiologie et celles de la morale. Et la connaissance
de l’esprit conduit à l’union de cet esprit avec celui de Dieu. L’esprit n’est
nullement limité au corps ; et la suprême aventure est précisément cette
libération du corps,même pendant la vie, pour atteindre le substratum du monde,
qui est à la fois intelligence et amour. La vie de l’homme trouve son sens dans
ses relations non seulement avec les autres hommes, et avec la race, et avec le
milieu cosmique, mais avec ce substratum de tout ce qui existe, lequel, chose
étrange, est capable de s’intéresser à chacun de nous et de lui répondre. La
prière et la grâce. . . . Le sens de la vie nous est donné par l’existence de
ce monde et par l’expérience des mystiques. La vie est faite avant tout pour
être vécue. En la vivant pleinement, nous satisfaisons les intentions de l’Etre
qui l’a créée. (Le
voyage de Lourdes suivi de Fragments de journal et de Méditations . Plon . éd. 1973 . 149 pages - les deux dernières pages)
La clé de l’homme
Alexis Carrel, dont la plus grande part de l’œuvre est posthume, en ce qu’elle
a de philosophique, voire de religieux, réside sans doute dans une démarche
qu’un autre de ses contemporains a à peu près réussi, et que lui-même avait
entrepris mais ne sut pas continuer. Teilhard de Chardin, comme Carrel, part
d’un goût pour la science exacte, en l’espèce la géologie, mais très vite se
consacre à l’interprétation et à la mise en relation de la science et de la
foi, les éclairant et les faisant se développer l’une par l’autre ; il y
parvient, non sans sacrifier à son appartenance à la Compagnie de Jésus toute
la gloire académique que lui vaut son talent de vulgarisateur. Carrel a le même
talent, mais cherche la foi pour elle-même et selon des voies qui soient les
siennes. Il pose en absolu que sa discipline peut l’y conduire. A Dom Alexis
Presse, bénédictin qui introduira après sa mort, Le voyage de Lourdes suivi de Fragments de journal et de Méditations
(première parution en 1948), il assurait : Je ne suis ni
philosophe, ni théologien, je parle, j’écris en scientifique. On me cherche
noise parce que j’emploie des termes qui ne sont pas conformes au vocabulaire
théologique, philosophique ! Encore une fois, ces termes, je les ignore,
je m’exprime dans la langue que je connais, on devrait s’en souvenir. Préfaçant
la dernière édition américaine de son « best-seller » L’homme, cet inconnu, il assurait qu’aucune
civilisation durable ne sera jamais fondée sur des idéologies philosophiques et
sociales.L’idéologie démocratique elle-même, à moins de se reconstruire sur ne
base scientifique, n’a pas plus de chance de survivre que l’idéologie marxiste.
Car, ni l’un ni l’autre de ces systèmes n’embrasse l’homme dans sa réalité
totale. En vérité, toutes les doctrines poliiques et économiques ont jusqu’à
présent négligé la science de l’homme. cependant, nous connaissons bien la
puissance de la méthode scientifique. La qscience a su conquérir le monde
matériel. Elle nous donnera, quand nous le voudrons, la maîtrise du monde
vivant et de nous-mêmes.
A défaut de voir Dieu –
enjeu de la vie spirituelle pour certains (Je veux voir Dieu, synthèse de
l’enseignement des maîtres du Carmel, par le Père Marie Eugène de l’Enfant
Jésus, alias Henri Grialou 2 Décembre 1894 . 27 Mars 1967 – 1ère éd.
Octobre 1948 – 7ème Avril 1988) –
ou de s’attacher à la question thomiste : Qu’est-ce que Dieu ? Carrel
ne sort pas de la méthode expérimentale, et c’est celle-là qu’il veut voir
appliquer aux guérisons constatées à Lourdes. Ce que résume une note donnée
pour la presse, en tentative de conclusion à la polémique qu’avait soulevée sa
manière d’analyser un cas survenu sous ses yeux (Le voyage, pp.87 à 91).
C’est donc le voyage à
Lourdes en Juillet 1903. S’il y a miracle, c’est qu’il y a Dieu, et qui, mieux
qu’un médecin, agnostique de surcroît, constatera une guérison. Précisément,
cela lui arrive. Deux versions existent. Celle publiée par un médecin préposé à
cet effet à l’hospitalité, le Dr. Boissarie, dont le portrait est donné en
détail (Le voyage, p. 63) et celle que Carrel
écrit sur le champ, mais qui ne sera publiée qu’en posthume, en forme de récit.
Lu au début du XXIème siècle, ce récit qui a souvent le style des sagas de
Maurice Martin du Gard ou de Jules Romains, apparaît mièvre comme la confidence
d’un retraitant en vue d’une première communion. C’est effectivement un début
de vie, mais qui n’aboutit pas. Quarante ans plus tard, il en est à demander du temps encore… Je
souhaite que Dieu m’accorde encore dix ans de travail. Avec ce que j’ai appris,
ce que j’ai expérimenté, je crois que j’arriverai à établir scientifiquement
les rapports objectifs du spirituel et du matériel, à montrer aussi la véracité
et la bienfaisance du christianisme.
(Octobre 1943 à Saint Gildas).
Bien davantage que la
spectaculaire constatation d’une guérison miraculeuse racontée dans le détail à
la façon d’un reportage, le voyage et le séjour à Lourdes d’Alexis Carrel sont
la prière instante d’un homme qui souhaite une conversion opérée par l’empire
de faits d’évidence.
Les circonstances de
l’expérience sont posément données, mais avec le tempérament d’un nom d’emprunt
que se donne la narrateur, et d’un pseudonyme pour la miraculée (Marie Ferrand
pour Marie Bailly).
Celui-ci a pris un train de
pèlerinage pour voir s’il y avait
vraiment comme l’assurent les récits de Lourdes des modifications réelles…
Lorsque des faits extraordinaires, comme ceux que les feuilles pieuses attribuent à Lourdes, sont
signalés, il est bien facile de les examiner sans parti pris, comme on
étudierait un malade dans un hôpital, ou comme s’il s’agissait d’une expérience
de laboratoire.Si l’on découvre des supercheries ou des erreurs, on a alors le
droit de les signaler. Si, par impossible, les faits étaient réels, on aurait
la bonne fortune de voir une chose infiniment intéressante, qui pourrait mettre
sur la voie de choses fort sérieuses. … S’il avait su l’extrême difficulté de
faire des observations sur ces malades, l’impossibilité de les étudier avant le
départ, sans doute aurait-il abandonné la partie. Mais, à présent, il était
trop tard. (Le
voyage de Lourdes suivi de Fragments de journal et de Méditations . Plon . éd. 1973 . pp.
18 & 19)
Carrel,
alias Lerrac, est pris dans l’ambiance : aucun de ces
êtres ne veut consentir à disparaître. Chacun ressent en lui-même ce besoin de
vie, l’aspiration à la vie. Heureux ceux qui croient qu’il y a, au-dessus une
intelligence qui dirige le petit engrenage de la machine et l’empêchera d’être
broyé par les forces auveugles ! … Un immense souffle d’espoir jaillissait
de tous ces désirs, de toutes ces angoisses et de tout cet amour.
On était silencieux, et tout le monde
regardait dans la direction de cette basilique, dont chacun, pour son propre
compte, attendait des merveilles. A l’une des extrêmités du train, une voix
entonna le chant sacré : Ave maris stella, dei mater alma… De wagon en
wagon, la prière se propagea et jaillit de toutes les poitrines. Malgré leur
confusion, on distinguait la voix aigüe des enfants, les grosses voix éraillées
des prêtres, et celles des femmes.
Ce n’était pas le chant banal, roucoulé
dans les églises par les chœurs des jeunes filles. C’était la prière du Pauvre
haletant de faim. (…) L’émotion grandissait.Le train s’ébranla, et, au milieu
du chant d’allégresse et d’espoir, pénétra lentement dans la gare de Lourdes. (Ibidem,pp. 29 & 30)
Hasard ou providence ?
Il peut examiner pendant le trajet deux
cas précis : un ostéo-sarcone (cancer des os) et une péritonite
tuberculeuse à sa phase terminale.
Il a d’avance son
explication, et la consigne posément. C’est l’attitude qui demeure, un siècle
après, la plus répandue. Sa guérison est
un cas intéressant d’auto-suggestion. (Ibidem,P.37) D‘une
foule en prière se dégage une sorte de fluide, qui agit avec une force
incroyable sur le système nerveux, mais échoue quand il s’agit d’affections
organiques. (Ibid.p.
38) Je
connais ces récits, j’ai lu et médité les ouvrages d’Henri Lasserre, de Didary,
de Boissarie et de Zola. Néammoins, je suis incrédule. Didary et Zola, pas plus
que Lasserre et Boissarie, n’ont fait un travail scientifique. Ce sont des
œuvres de vulgarisation, ou de pèlerinage, ou d’art, fort intéressantes et bien
écrites, mais sans valeur réelle.(…) Il faudrait que le malade pût être examiné
par un médecin compétent, immédiatement avant sa guérison… Un malade, comme la
réligieuse que tu as vue ce matin complètement guérie, peut ne présenter que
quelques symptomes, qui disparaissent sous l’influence de la suggestion. Chez
beaucoup d’individus, et chez la plupart des femmes, le système nerveux
augmente la gravité des symptomes d’une affection organique.C’est ainsi qu’une
petite lésion de l’œil peut passer pour un blépharospasme hystérique, une
contraction incurable des paupières. Au moment de l’exaltation d’un pèlerinage,
la partie purement nerveuse de l’affection disparaît. Le malade est très
amélioré, et vite l’on crie au miracle ! (Ibid.pp.
40 & 41).
Pourtant une étrange
relation se noue entre le médecin méfiant, prévenu et l’une des malades ;
elle commence par l’horreur et la dégoûtation du premier pris entre les
brancards vers les piscines, puis à la grotte. Il les déshabillait
it et les plongeait dans les piscines, sans répugnance pour les vieilles loques
vermineuses, les plaies suintantes, les ca,cers sanguinolents, et les odeurs
abominables de ces organismes en décomposition. A Paris, il n’aurait pas voulu
toucher,même du bout de sa canne, le moins dégoûtant de ces malheureux. (Ibid.p. 34)
Les fonctions du médecin sont bien
simplifiées à Lourdes. Personne n’attend quelque chose de lui. On compte sur la
sainte Vierge ; n’est-elle pas là pour guérir les malades, supprimer la
douleur, réduire les tumeurs ? Il y a un médecin, parce que les règlements
l’exigent, mais on n’y fait pas appel, ou seulement au dernier moment, si l’on
doit faire quelques piqûres de morphine ou d’éther. (Ibid. p. 47)
Si celle-ci guérit, je croirai aux
miracles.(Ibid. p.51)
C’était une vision de calme fraîcheur, de
joie et de repos. La paix délicieuse de l’heure dissipait ses préoccupations
scientifiques, son souci constant de départ. Il se hâtait de goûter le charme
étrange de la terre de Lourdes, où dans une lumière d’une ineffable douceur,
toutes les horreurs humaines viennent se montrer. (Ibid. p. 52)
Permettez-lui de vivre un peu et
faites-moi croire (Ibid.p.55)
Là est le tournant.
Carrel est venu en demandeur, bien davantage qu’aucun malade en plénitude de
foi ne l’articulerait jamais. Ce pourrait être la conversion de Claudel ou
celle de Foucauld. Lerrac, absorbé par ses études
scientifiques, l’sprit séduit par la critique allemande, s’était peu à peu
convaincu qu’en dehors de la méthode positive, la certitude n’existait pas. Et
ses idées religieuses, sous l’action de l’analyse, l’avaient quitté e, lui
laissant le souvenir exquis d’un rêve délicat et beau. Il s’était alors réfugié
dans un scepticisme indulgent. Ayant horreur des sectaires, il croyait à la
bonté de toutes les croyances sincères. La recherche des essences et des causes
lui paraissait vaine, l’étude des phénomènes seuls lui semblait intéressante.Le
rationalisme satisfaisait entièrement son sprit ;mais, au fond de son
cœur, une souffrance secrète se cachait, la sensation d’étouffer dans un cercle
trop étroit, le besoin inassouvi d’une certitude. Combien il avait passé
d’heures d’inquiétude et d’angoisse à ses études de philosophie et
d’exégèse ! Puis tout s’était calmé. Mais, à présent, dans les profondeurs
cachées de sa pensée, un vague espoir subsistit, probablement inconscient,
d’étreindre les faits qui donnent la certitude, le repos et l’amour. Il
méprisait et aimait à la fois le fanatisme des pèlerins et des prêtres à
l’intelligence close, endormie dans leur foi béate. (Ibid.
pp. 29 & 30)
Lerrac sentait distinctement cette
impression puissante, qui échappait à l’analyse, lui serrait la gorge et
crispait ses bras. Sans savoir pourquoi, il avait envie de pleurer. Que devait
être l’impression des malades, aggravée par leur faiblesse, si un homme en
pleine santé, comme Lerrac l’épouvait à un tel degré. (Ibid. pp.57 & 58)
Le regard de Lerrac tomba sur Marie
Ferrand. (…) Je suis halluciné, se
dit-il : c’est un phénomène psychologique intéressant et qu’il faudrait
peut-être noter. (…) Quelque chose allait arriver (…) Quelque
chose se passait à coup sûr. (…) Il n’y avait plus à hésiter. L’état de Marie
Ferrand s’améliorait. Elle était déjà méconnaissable. (Ibid. pp. 60 & 61)
Les miracles, selon le
Nouveau Testament, ne sont jamais le fait de Dieu seul et à sa seule
initiative ; ils sont toujours une réponse et Dieu a la délicatesse de
faire signer au malade sa propre guérison : Va, ta foi t’a sauvé !
Mais il avait le bonheur profond de voir
que le but de son voyage était atteint, qu’il avait eu la chance extraordinaire
de voir quelque chose. (Ibi. p. 64) Quel heureux hasard de
voir guéri parmi tant de malades, celle que je connaissais le mieux et que
j’avais longuement observée. (Ibid.p. 68)
L’absurde devenait la réalité. Les
mourants guérissaient en quelques heures. De telles pratiques avaient donc une
puissance et une utilité. Quelle leçon d’humilité ! Lerrac avait fait dans
cette journée la plus merveilleuse des découvertes. Avoir affirmé qu’un malade
ne guérirait pas, le voir ensuite se rétablir, n’est-ce pas déconcertant
lorsqu’on a d’abord méthodiquement étudié le cas ? (Ibid. p..72)
Mais, dans sa pensée intime, que
devait-il croire ? Troublé, il hésitait entre deux hypothèses : ou
bien il avait fait une monstrueuse erreur de diagnostic, en prenant des
phénomènes nerveux pour une infection organique, ou bien il s’agissait d’une
péritonite tuberculeuse qui avait réellement guéri. Il s’était trompé
grossièrement, ou bien un miracle avait éclaté sous ses yeux. Et sa pensée
allait plus loin encore : quelle est la cause du miracle ? (Ibid. p.73) Croire est un acte si
complexe… Je ne me rends pas compte encore de ce que nous avons vu. J’observe
des phénomènes ; je ne remonte pas aux causes. (Ibid.p. 74)
Sa guérison est merveilleuse. Il me
fallait cette observation directe, car on est porté à croire, malgré tout, à
des supercheries. Ce qu'il serait juste, à tout le moins de faire savoir, c’est
que les malades guérissent à Lourdes de façon étonnante. (Obd.p. 75) Car on obtient à Lourdes des résultats
infiniment supérieurs à ceux de toute autre thérapeutique. Pour guérir un
malade, pour soulager des douleurs, tous les moyens sont bons, pourvu qu’ils
réussissent. Seuls comptent les résultats pratiques. J’ai constaté un fait
extraordinaire, d’un intérêt pratique considérable, puisque, d’un pilier
d’hôpital, il a fait une jeune fille bien portante, qui peut vivre sa vie. Il
faut donc constater les faits et surtout les étudier consciencieusement, au
lieu de les dédaigner. Ce sont, je crois, les seules conclusions puissent tirer de notre miracle. (Ibid.p. 76)
Comment expliquer les phénomènes de
Lourdes ? Et devant ses yeux repassaient les épisodes si hallucinants de
cette journée.
Il s’était raidi, depuis le début, contre
l’impression violente, obsédante au plus haut degré, des scènes qui s'étaient
produites devant lui. Il avait repoussé, de toute l'é’ergie de sa volonté, non
seulement toute conclusion, mais toute pensée qui l'e’t fait s'é’arter du
programme qu’il s'était tracé : observer, enregistrer comme un appareil,
sans haine, sans amour.
Il lui était certes très désagréable
d’être mêlé à une histoire de miracle ; mais il était venu pour voir, il
avait vu, et comme dans une expérience de laboratoire, il ne pouvait pas
dénaturer le résultat de ses observations. Faits scientifiques nouveaux ?
Ou faits appaartenant au domaine de la mystique et du surnaturel ? Ces
questions étaient d’une gravité considérable ; car il ne s’agissait pas
d’une simple adhésion à un téhorème de géométrie, mais à des choses qui peuvent
changer l’orientation de la vie. (Ibid. pp.77 & 78)
S’il était ennuyé d’être mêlé à cette
histoire, Lerrac, lui, avait l’orgueil d’aller jusqu’au bout, coûte que
coûte.Mais où cela le mènerait-il ? de nouveau, impérieux, se levait en
lui le besoin de connaître la cause de ces phénomènes étonnants. (Ibid. p.79)
Sous la main de la Vierge, il lui parut
qu’il tenait la certitude. Il crut en sentir l’admirable douceur pacifiante, et
si profondément que, sans angoisse, il écarta un retour du doute menaçant. (Ibid. p. 83)
Ce semble, dans son
dénouement davantage le récit d’une conversion que d’un miracle, de la
conversion de l’observateur (qui en avait au préalable demandé la grâce) que
d’une guérison miraculeuse à l’article de la mort. Significative la référence à
Zola, qui lui aussi avait écrit sur Lourdes. (Ibid.
p. 86)
Pourtant de ce moment,
attendu inconsciemment, sollicité à mesure que les lieux et les malades l’y
préparèrent, vécu intensément en spirituel autant qu’en scientifique, Alexis
Carrel ne fit pas le point de départ d’une vie entière. Convaincu que réussir
sa vie est le premier des devoirs humains et le facteur le plus intégrant
possible de tout épanouissement personnel, voire même d’un apport à la
collectivité (il écrivait presque de préférence : à la race), il ne sortit
pas de sa discipline première. Du chevet de Marie Bailly aux derniers mois de
sa vie, plus de quarante ans d’intervalle mais la même posture, la synthèse ou
l’élévation ne s’est pas produite. La dernière page de son « credo » (La prière, op.
cit.), la somme de son expérience est que l’esprit
est à la fois raison et sentiment. Il nous faut donc aimer aimer la beauté de
la science et aussi la beauté de Dieu. Nous devons écouter Pascal avec autant
de ferveur que nous écoutons Descartes.
S’il est bien la
guérison, sous les yeux d’un médecin, d’une malade à l’article de la mort, le
miracle de Lourdes n’a pas opéré sur celui qui ne savait demander ni la foi, ni
la grâce, ni Dieu-même et n’a pu sortir de sa raison, comme si pouvait suffire
l’expérience que la foi ou la prière ne sont pas contradictoires à celle-ci. Il
tourne autour de son sujet sans le pénétrer et, paradoxalement, pour un
praticien de l’observation et de la méthode expérimentale, il ne sait situer ni
l’observé ni l’observateur, ni Dieu ni lui-même : L’évolution
spirituelle ne s’achève que chez très peu de gens, car elle demande un effort
persistant de volonté, un certain état des tissus, le sens de l’héroïsme, la
purification des sens et de l’intelligence, et d’autres conditions que nous
connaissons mal ; en particulier, cette condition psycho-physiologique que
l’Eglise appelle la Grâce. (Réflexions sur la conduite de la vie, p. 92). D’une certaine manière, Alexis Carrel a failli fonder pour
son temps, son époque et pour une Eglise qu’il ne prit jamais pour sienne,
failli seulement car il n’a pas su se fonder lui-même et donne à le lire
posthume, pour l’essentiel de ses exhortations et observations – morales – la
sensation d’une démarche profondément solitaire. Que faut-il
faire ? où m’appelez-vous Seigneur ? Que votre volonté soit faite… Si
j’étais seul, sans responsabilité, j’accepterais l’invitation de l’Homme de
Boquem (Dom Alexis Presse) et
je vivrais dans sa Lumière et dans sa Paix. (Le voyage de Lourdes,
p. 148 datée du 5 Novembre 1938)
Le rapprochement de
cette œuvre scientifique qui tourna à la doctrine morale, avec une autre œuvre
qui lui est contemporaine, est significatif de cette sorte d’inaboutissement.
Pierre Teilhard de Chardin avait une conception, sinon une doctrine du miracle,
encore plus restrictive et cognitive que celle du médecin. Cette
propriété du Divin, d’être insaisissable à toute emprise matérielle, a été
remarquée, depuis toujours, à propos du miracle. Si on excepte les cas (très
rares, et plus ou moins contestables à part ceux de l’Evangile) de
résurrections de morts, il n’y a pas, dans l’histoire de l’Eglise, de miracles
absolument hors de portée des forces vitales notablement accrues dans leur
sens. Par contre, on ne connaît aucun exemple (même légendaire) de miracle
« morphologique » (par exemple, la recréation d’un membre…) ; -
et il est absolument inouï qu’un martyr, sortant du feu, ait résisté à un coup
d’épée. On peut donc être assuré que plus on étudiera médicalement les
miracles, plus (après une première phase d’étonnement) on les trouvera en
prolongement de la Biologie, - exactement comme plus on étudie
scientifiquement le passé de l’Univers et de l’Humanité, plus on y trouve les
apparences d’une évolution. (Pierre Teilhard de Chardin, Science et Christ p. 39).
Profondément religieux,
le savant a, lui, pour testament la parfaite synthèse du croyant et le Jésuite
qu’il est, sait même situer le texte ayant structuré toute sa formation
sacerdotale et son choix de vie. La révolution intellectuelle et morale, dont
toute son œuvre donne les éléments, aboutit, comme en témoigne un de ses
derniers textes, aux Exercices ignatiens. « Le
Fondement », « le Règne », « les Deux étendards »…
parce que ces Méditations ont été conçues en un temps où l’Homme était encore regardé
comme placé, tout fait, dans un Univers statique, elles ne tiennent pas compte
(sous leur forme actuelle) de l’attrait légitimement exercé désormais sur nous
par l’En-Avant. Elles ne donnent pas toute leur valeur sanctifiante et
communiante aux progrès de l’Hominisation. Et par suite, elles n’apportent pas
au Chercheur ni à l’Ouvrier modernes ce que l’un et l’autre attendent surtout
de leur Foi : à savoir le droit de se dire qu’ils contactent et consomment
directement le Christ Total en travaillant. (…) Une nouvelle et
supérieure forme d’adoration graduellement découverte par la Pensée et la
Prière chrétiennes à l’usage de n’importe lequel des croyants de demain. (Pierre Teilhard de
Chardin, op. cit. p. 289).
Bertrand
Fessard de Foucault, diplomate
(Janvier 2002)
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