Mardi 19 Septembre 2017
07 heures 17 + Tristesse, la
France se rate, nous ne savons pas nous gouverner, le
problème n’est pas l’économie, pas même la croissance.
Tout serait possible et soluble si nous avions de la
maturité, cela n’existe plus en politique, EM nous emmène
au strict contraire de ce que l’on pouvait croire qu’il
voulait nous faire comprendre : sérieux et continuité. Je
n’aurais pas cru à tant de théâtre et d’improvisation, à
un tel manque de profondeur, à une telle négligence pour
discerner la réalité de ce que nous devenons. Et pourtant
j’avais une mauvaise idée, dès son début, de lui. Au plus
nous aurons des photos gentilles, un gouvernement sans
consistance, nous allons gaspiller une fois de plus
chances, opportunités. Le sérieux est dans d’autres pays,
et chez nous, il est chez tout le monde (ou presque) mais
pas chez celles et ceux à qui échoit la responsabilité de
notre vie et de notre effort collectifs..
Textes du jour [1]…
le portrait que fait Paul à Timothée de quelqu’un (qui) aspire à la
responsabilité d’une communauté, c’est une belle tâche qu’il
désire. Le responsable doit être irréprochable, époux d’une
seule femme, un homme sobre, raisonnable, équilibré,
accueillant, capable d’enseigner, ni buveur ni brutal, mais
bienveillant, ni querelleur ni cupide (quel portrait
applicable bien plus à une homme de gouvernement qu’à un
curé de paroisse) … et la résurrection du fils de la veuve
de Naïm. Une foule importante de la ville
accompagnait cette femme. Voyant celle-ci, le Seigneur fut
saisi de compassion pour elle et lui dit : « Ne pleure
pas. » Il s’approcha et toucha le cercueil ; les porteurs
s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne,
lève-toi. » Alors le mort se redressa et se mit à parler. Et
Jésus le rendit à sa mère. Les miracles que nous avons à opérer en nous, et
quand le malheur ou la déficience sont totaux, alors le
Christ exauce une demande – celle de l’impossible – et pas
même formulée.
16 heures 30 + Ce matin,
indication par une secrétaire d’Etat à l’égalité
hommes/femmes qu’elle compose une commission sur les
harcèlements et les incivilités atteignant les femmes (ces
postes gouvernementaux sans contenu ni services, qui ne
sont que des affiches-réclame pour donner à croire qu’un
sujet est traité ou une catégorie de nationaux ou
d’habitants écoutée). Il s’agit de lutter contre la
« gynéphobie », notamment l’incivilité dans la rue, dans
l’espace public : la fille et la femme objet unilatéral de
désir. Au lieu d’un apprentissage des désirs, de leur
harmonisation, de leur respect mutuel. Sans doute et
certainement, mais quoi faire d’autre qu’éduquer ? car la
répression, comment ? laquelle ? sur quelles bases. Il
faudrait réfléchir plus en généralisant : l’être humain,
presque comme aux temps de la traite ou de l’esclavage,
est bien redevenue une marchandise selon un droit du
Travail nettement subordonnée aux dérives du capital et de
l’esprit d’entreprise, non encadrées, et même légitimées
au nom de luttes pour la croissance et pour l’emploi. La
dignité humaine handicaperait donc l’économie et
vicierait toute rentabilité, elle serait bien moins
respectable que l’investissement. Que le désir naturel
entre humains, porteurs d’amour, de dévouement, autant
d’éthique que d’esthétique dérive jusqu’au viol qui est
son contraire me semble une pente analogue, sinon la même
pente que celle qui a perverti les relations entre le
travail et le capital.
Annonce maladroite des projets et
emplois du temps présidentiels à New-York : entretien avec
TRUMP dès l’arrivée, discours devant l’Assemblée générale.
EM y réclamerait le renforcement des sanctions contre la
Corée du nord : platitude. A mon sens, il lui faudrait ne
rien fixer à l’avance, ne pas chercher de faire-avoir mais
attendre qu’on vienne à lui, susciter éventuellement ce
mouvement (de curiosité … oui) et écouter, écouter,
surtout des petits : les Fidji, le Guatemala… je cite ce
qui me vient à l’esprit : l’Erythrée, la Nouvelle-Zélande.
Nous situer non comme puissance, mais comme vertu et
éventuel porte-voix.
Minuit passée + Film (20 heures
55) puis débat (22 heures 25) sur France 3 : le viol.
Un télé-film belge d’Alain TASMA, sans doute un des rôles
tenu par Clotilde COURAU, celui de Gisèle HALIMI. Le 21
Août 1974, deux jeunes belges, lesbiennes, rejoignent en
voiture leurs familles passant leurs vacances sur les
plages naturistes, sont agressées en pleine nuit et
menacées de mort si elles ne cèdent pas à la violence qui
leur est faite. Débat : consentement ou pas. Les
interrogatoires reconstitués, surtout les investigations
médicales pour établir s’il y a eu viol, violence, les
compte-rendus tendancieux, la plaidoirie d’époque (le
procès s’ouvre le 2 Mai 1978) est décisive : faut-il
mourir pour prouver résistance et refus. A l’époque en
France le viol est un délit, on ne risque que la
correctionnelle, quatre ou cinq ans. HALIMI a su porter le
débat de la correctionnelle aux assises : pas de
précédent. Ce sera la loi du 23 Décembre 1980. – Le débat
qui suit aussitôt est aussi exceptionnel, sobre, mais
éclairant au possible que certaines des images du film. Un
Serge PORTELLI, juge d’instruction retraité, dit
admirablement les choses et surtout les qualités
fondamentales pour qu’une déposition soit vraiment
accueillie. A partir de là, croire aux victimes, ce qui
n’est pas à l’époque courant : le silence. Un
lieutenant-colonel de gendarmerie, une femme, très jeune,
magnifique de sang-froid et de clarté. Les deux
victimes(héroïnes sont là aussi sur le plateau, près de
cinquante ans après le drame. La président d’une
association de soutien. Edith et moi, ensemble,
tranquilles et graves. Les débats pour l’interruption
volontaire de grossesse ou il y a cinq pour le mariage
entre partenaires de même sexe.sont, ont été sans
proportion avec la violence ayant entouré la cour
d’assises, les débats, la personne-même de l’avocate.
Deux compréhensions plus
fortement énoncées à la suite de ce film et de ce débat.
La politique… rétrospectivement, et de plus en plus, VGE a
été un grand président : l’option européenne très pratique
(le système monétaire européen) et la société : l’IVG avec
Simone VEIL et la loi d’Octobre 1980 grâce à Gisèle
HALIMI. S’il n’est pas mis en avant sur ces deux sujets,
rien n’aurait abouti s’il n’y avait pas poussé. Il a été
perdu par sa brouille avec les « gaullistes », il est vrai
ouverte par lui : le oui, mais à DG en 1966-1967
(auquel GP a contribué en l’écartant de la rue de Rivoli) et son non résolue et explicite
au referendum de 1969 pourtant novateur (les régions) et
moderniste (le Sénat et ses compétences sans fondement).
Question que va rouvrir l’enquête sur la mort de Robert
BOULIN à la demande de sa fille, agréée par la justice :
il me faut donc retrouver mes notes d’entretien avec lui,
d’ailleurs confiées aussi au Monde. Constat aussi : les
« politiciens » sont les plus mauvais débatteurs et
orateurs de toutes les professions : qualité de la diction
des participants tout à l’heure au débat, tous sans
exception, pas de véhémence, pas de redondance, pas de
bégaiements ou de « tissu conjonctif’. Les médecins sont,
à mon sens, les plus précis et s’effaçant le plus pour que
soit seul retenu le contenu. D’autre part, mon parcours et
le fil de ma vie, non-intime ou personnelle : oui, et
simplement, j’ai payé le prix de ma liberté (expression et
comportement). Je n’y ai eu aucun mérite, je n’en ai pas
même délibéré intérieurement ni pris conseil là-dessus. Je
ne conçois d’ailleurs pas comment j’aurais pu être autre.
… à l’école de notre fille, 18
heures 30 à 19 heures 45, à Saint-François-Xavier,
présentation des professeurs par eux-mêmes. J’ai pris des notes et des
photos. Plusieurs sensations. La première est que l’esprit
encore plus que les programmes et les contenus a
complètement changé. Il s’agit de former l’enfant à un
comportement, quelle que soit la matière (et certaines
sont enseignées en interdisciplinaire à propos d’un thème
commun à illustrer et comprendre selon les diverses
disciplines). Ce comportement est de recherche débouchant
sur une formulation de règles au lieu d’un apprentissage
direct et non justifié de ces règles : c’est intéressant
et je peux y adhérer. L’esprit d’équipe entre les élèves
ou le maniement des outils divers : manuels et
informatique, sont favorisés, voulus. Mais on enseigne
davantage des concepts que des objets. Manifestement, les
parents, même bien plus jeunes que moi, ont du mal à
suivre leurs enfants, tout simplement parce que les trains
de réformes, les mutations dans les programmes, le
déplacement de l’apprentissage vers les méthode au lieu
des contenus. L’enseignement, à peu près immuable en
programmes et même en manière, de Napoléon au milieu des
années 1970, a changé complètement en apparence. Mais le
fait est que chacun de ces enseignants ce soir aime son
métier, aime sa classe, connaît nos enfants, ne se laisse
pas rebuter par ces modifications incessantes des horaires
nationaux et des programmes.
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