Jeudi 28 Septembre 2017
15 heures 41 + Me voici à pied
d’œuvre : corriger et couper, un ensemble de
230 pages de journal personnel, noté il y a vingt-cinq
ans tout juste. Mon journal au Kazakhstan, très
peu fourni alors : ajoutera une cinquantaine de pages.
Deux
difficultés : la première, le méli-mélo non seulement de
l’intime et du
public, la mort de Maman et mon début au Kazakhstan, et
avec dans l’intime une
foule au féminin. La seconde, les prénoms et notamment
de mes soeurs et frères…
Je vais voir ayant mis au point le texte-même. Avoir
fini d’ici ce soir ?
en tout cas, lectio divina à partir de 22 heures. – Mon
« texte »
commence avec Maman à Dresde et évoque davantage de
décors en Europe centrale
de l’Est, qui sont en « CEC » : je m’aperçois que cela
n’a pas
été saisi numériquement. Voir éventuellement ce cahier.
16
heures 44 + Cette première lecture de ce que j’ai écrit
il y a plus de
vingt-cinq ans m’emmène dans l’inconnu et dans une
cohérence inattendue.
Dépaysement total, y compris dans ce que je découvre et
comprends du beau
réalisme de ma mère, dépaysement total parce que ne sont
pas en constant fond
de toutes mes pensées et de tous mes gestes, de mon
écriture aussi, ma chère
femme et notre fille… que c’est étrange. C’est bien moi,
mais dans une autre
vie, un autre monde, pas seulement par les décors, les
lieux : Dresde,
Alma Ata..
16
heures 56 + J’apprends… j’apprends : j’apprends Maman
encore plus digne et
souveraine dans sa disponibilité et son humilité, car
j’ai écrit brut, et
évidemment sans idée d’une publication un jour… ou même
d’une lecture par un
tiers. Quel voyage que celui qu’il m’est donné de
faire : certainement,
par la Providence. De la constitution d’un écrit au
retour à une vie,
intimement oubliée.
17
heures 18 + C’est passionnant : confidences et récits
par ma mère de
tous nos environnements sur deux
ou trois générations, mais que je n’avais pas mémorisés.
J’avance plus que
lentement… En une heure et demi… cinq pages, seulement à
lire et à assurer
l’orthographe. La mise au point n’est donc pas de
quelques heures mais de plusieurs
jours…
18
heures 28 + Je vais à la fin, à tous les sens du mot qui
est, ici, bien triste,
soit à partir du 14 Novembre 1992 et vraiment au chevet
de ma chère Maman.
Pages 148 du manuscrit en gestation et suivantes. Ce
livre de Maman et de moi,
ce livre qui sera le sien et que je lui dois déjà, rien
que ce moment de cet
après-midi, tant avec elle.
18
heures 52 + Il m’a été donné d’écrire vraiment ces
derniers moments près d’elle,
quel cadeau de la Providence ! pour aujourd’hui,
maintenant. Diagnostic
aussi de mon maître en communication, lors du stage des
ambassadeurs
nouvellement nommés : il explique, non mon ascension,
s’il y eut… mais ma
chute, mes chutes et surtout mon non-réemploi [1].
19
heures + Je n’ai jamais « prévu » que mon journal
pourrait avoir une
telle vertu : un nouvel accouchement, une révélation et
une synthèse de
tout. Probablement et à terme que maintenant que je vis,
quelques cahots qu’il
survienne, ma chère Maman m’a de nouveau, et cette
fois-là décisivement,
bonnement, remis au monde.
20
heures 36 + Politique, je vais lever le pied jusqu’à la
mise au point de mon
manuscrit ou au moment où je me rendrai compte que c’est
trop difficile ou trop
intime ou trop… Sur EM, le point est maintenant fait. Il
est à côté et sans
contact ni avec nous (pas seulement moi, cinq lettres et
mon livre : sans
accusé de réception), ni avec ses homologues. La
révision constitutionnelle qui
serait sincère et qui refusée nous remettrait peut-être
dans une considération
de nos instituions qui a été perdue depuis au moins
l’institution du quinquennat :
faire entériner sa propre pratique, un régime
présidentiel, sans même la
pression parlementaire qui s’exerce sur le président des
Etats-Unis… sans majorité
constitutionnelle au congrès du Parlement, le referendum
qu’il perdra, comme
sur, tout autre sujet, sauf changement du tout au tout
de sa part. A cela, je
me suis longtemps attaché à attendre FH. Mais d’EM, qui
l’attendrait ? –
Ce soir, maintenant le Premier ministre sur France 2. Répétition ce
matin avec un conseiller
communication (de l’Elysée) .et avec ce secrétaire au
Budget (on dit maintenant
les comptes et actions publics), espoir de NS et mime
aujourd’hui de EM . Conseils
de l’Elysée qui ont déjà fait la rumeur de presse et
desservent évidemment Edouard
PHILIPPE : commencez par reconnaître des qualités,
notamment littéraires à
MELENCHON, çà fait toujours plaisir. Sur
fond de sondage (TVInfo.) : 65% des Français
jugent que le
budget est injuste.
21
heures 29 + J’ai dans les vingt minutes quitté le
rendez-vous politique de France 2. L’exercice
est lamentable d’emblée. La comparution du Premier
ministre en tant que tel et
pour faire sa véritable entrée dans les médias, devant
des interrogateurs et
des journalistes, voire l’invité surprise : MELENCHON,
c’est la reprise de
ce qui a été catastrophique pour les partis classiques :
les primaires. Du
scolaire, des colles, la mise sur pied d’égalité de
notre premier responsable
gouvernemental, avec des journalistes, si bons
soient-ils, or la meneuse de jeu
est effrontée, sans gêne Quelle diminution, au moins
d’image (mais l’effectivité ?)
de cette si importante fonction. Au lieu de
laisser les candidats maîtres personnellement de
leur temps d’antenne,
au lieu de faire du Premier ministre – ce qu’il devrait
être dans cette
émission et dans la vie politique, tant qu’il est à
Matignon – le maître du jeu
et des questions, pas seulement des réponses, on lui
fait passer une série de
QCM et une vérification de diverses chapitres,
évidemment prévus et appris. Il
fallait montrer une personnalité, ses réflexes, sa
vérité. On voulait le tuer,
dès la naissance, on ne s’y serait pas pris autrement.
Et en sus l’impétrant se
donne d’insulter Michel SAPIN, fort de la Cour des
comptes, le budget voté en
2016 n’était pas sincère. Pour mémoire cependant, son
ancienneté en politique
depuis 2001, alors qu’EM… , son entrée due à Antoine
RUFFENACHT (un de mes
camarades de promotion ENA lancé par Olivier GUICHARD,
au cabinet de qui il
entra presque dès notre sortie, comme administrateur
civil à l’Education nationale)
et enfin son attache avec AJ à partir de 2002, et le
salut qu’il lui adresse d’entrée
de jeu. Il n’est pas exclu que l’homme se fasse, mais
tant qu’on lui impose
tout : exercices à honorer ou pas (son absence sur la
fameuse photo d
signature « solennelle » des ordonnances), présence aux
médias, et
comment… il ne pourra pas grand-chose. Rien qu’annoncer
en ouverture que l’exercice
va durer deux heures, fait que le téléspectateur s’en
va. Le vie, c’est de
traiter la politique soit en jeu, soit en scolaire, soit
en pugilat. Il est
terrible de constater qu’en tout – le tout de notre vie
publique – forme, fond,
médias, carrières, relations avec l’argent, expression
et vote en conscience,
grandes décisions évidemment, tout se rate et de plus en
plus, malgré la
multiplication des leçons et des dissuasions. Je vais en
écrire à PHILIPPE, on
verra bien.
Et
puis, écrasant et effarant sur un million de musulmans
en Birmanie à qui d’ailleyurs
la citoyenneté a toujours été refusée
quoiqu’ancestralement sur place depuis
toujours (sauf erreur, car je découvre tout cela…), près
de 900.000 seraient
réfugiés au Bengla-Desh, un des pays les plus pauvre de
notre planète. Sans
doute EM a-t-il parlé de génocide, mais tout le droit
international clame d’être
revu ; et il faut une force d’urgence aux Nations Unies,
et tout autant
une force logistique et de ravitaillement. Images
atroces, données par l’envoyé
de Quotidien et qui ne datent que de lundi…En cause,deux
Etats qui à eux deux
équivalent à trois fois la population de la France, et
torturés par l'Histoire
: la seconde partition de l'Inde en 1976 (dernière
épopée d'André MALRAUX), les
cinquante ans de dictature militaire à Rangoon qui
semblent se prolonger sous
l'égide de celle qui reçut le prix Nobel pour les avoir
défiés...
Prier…
notre pays, notre cher pays. Il apparaît que nous ne
savons plus nous gouverner,
et pis encore que nous ne savons plus ce que nous
sommes, ce que nous voulons être ou
ne pas devenir: même sous l’Occupation allemande, nous
l’avons su, de quelque
bord qu’on ait été. Maintenant… précisément, reconnaître
le moment. Rendez
votre cœur attentif à vos chemins. Vous avez
semé beaucoup, mais récolté peu ; vous mangez mais sans
être rassasiés ;
vous buvez mais sans être désaltérés ; vous vous habillez,
mais sans vous
réchauffer, et le salarié met son salaire dans une bourse
trouée. Médication,
selon le prophète Aggée :
rebâtir la maison de Dieu. Je prendrai plaisir à y
demeurer, et j’y serai glorifié.
La stabilité, la
gloire de Dieu reconnue
et dite par l’homme. Hérode s’interrogeant sur Jésus, ne
va pas loin, il manque
de méthode, il ne s’implique pas. Hérode, qui était
au pouvoir en Galilée,
entendit parler de tout ce qui se passait et il ne savait
que penser… Et il cherchait
à le voir. Sensation
à longueur des
évangiles : plus personne n’existe que le Christ, Ses
disciples et celles
et ceux qui se convertissent ou font profession de foi
ou au moins interrogent
(Nicodème, de nuit). Les autres diminuent,
disparaissent : les occupants
quand ils ne sont pas le centurion au serviteur malade
ou de garde au Golgotha,
la hiérarchie religieuse qui n’est présentée et nommée
qu’à la fin de tout le
drame. Tous à côté… [2]
Marguerite
qui nous apprend tant, mais ce moment ce matin : il
écrit et bien, il lit,
voici TOLKIEN que je n’identifie pas a priori puis
reconnais, mais je n’en ai
rien lu. C’est donc Emmanuel D. qui m’introduit [3].
Les rencontres me
suscitent. Naguère, toute ma génération, toutes mes
études, tous mes exercices
professionnels me maintenaient à jour. Aujourd’hui,
c’est bien plus que d’actualité,
c’est simplement autre chose… et aussi intéressant et
stimulant si j’y entre,
que ce dont j’ai l’habitude et que je creuse et
entretiens depuis des
décennies. Mais peut-être – aussi – avec des questions
et des méthodes
dépassées…
[1]
- A
Chantilly, Max HERON, notre animateur, fait le point
des choses et je l'ai
interrogé sur moi ; il systématise sans rien de
neuf, mai c'est important qu'il
le voit aussi fort et vite, dès mon entrée ; une
présence si intense qu'elle
modifie toute la
dynamique du groupe...
Les uns s'inclinent, d'autres se refusent. Votre
force étonnante est aussi
votre faiblesse. – J'en
ai une autre que
je ne lui dis pas mais qui chaque fois a posteriori
me frappe : je me
livre trop, et ce matin ma critique abondante sur le
manque de dessein
national, sur l'absence dans nos propos de
références admiratives à de grands
patrons, etc... Et de fait, par delà les
protestations d'amitié, il y a la traduction
de ce que nous apprend le stage. je en suis jamais
coté ou repris par un de mes
collègues, qui se cite souvent entre eux. Et Jacques
H. qui aura eu Tallinn
parce que je n'en voulais pas mais qui sera
peut-être mieux placé que moi pour
l'intégration comme ministre plénipotentiaire cet
hiver, tend un index
fugiphore en fin de matinée. J'ai posé aussi à notre
homme, ma problématique particulière
: au Kazakhstan, pas de mentor, plus de femme venant
me visiter comme Ghislaine
jusqu'en 1986 et pas possible de rééditer une
aventure comme avec Thea ; ce
serait trop dangereux dans une ambiance aussi
confinée. Alors comment me
désisoler, et comment vivre sensuellement ? –
La solution rapide, comme celle que j’ai dans
l'intéressante étude de
cas sur l' "effet de bocal" ce matin, est de dire
que le Kazakhstan
comme Ambassade ne durera pas pour moi, et donc
durer peu là-bas ce qui me
ferait vivre sur accus un tournant de ma vie, car
évidemment il y a Maman,
d'importance cardinale comme le relève avec évidence
Max H. que je tâcherai de
revoir.
[2]
- Aggée I 1 à 6 ; psaume CXLIX ; évangile selon
saint Luc IX 7 à
9
[3] - Il faut
apprécier la Fantasy, mais j'ai toujours trouvé les
écrits de Tolkien très
matures, au-dessus du lot. Avec Andrej Sapkowski, un
écrivain aussi très dur
dans sa manière d'écrire la fantasy, un univers
sombre, violent, souvent très
vrai et qui ouvre les yeux sur des questions de
société -à contrario de
Tolkien, qui explore plus l'humain sous un jour
médiéval, mais plaisant-.
Si je
devais résumer le coeur de la philosophie de Tolkien
et de son oeuvre, c'est
l'apologie de l'humilité. Son titre phare, le Seigneur
des Anneaux, et son
premier, le Hobbit, parlent tout deux de comment un
petit demi-humain a eu le
pus grand impact sur l'histoire. Une race proche de la
nature et insouciante,
mais vaillante face à l'adversité. Des personnes sans
prétentions, modestes et
humbles, qui par leur simplicité et leur dévouement
finissent par décider
involontairement des grands événements du monde. Ce
qui représente
évidemment une immense métaphore, que Gandalf (un
personnage clef) résume
de cette manière, dans le Hobbit : " Saroumane pense
que seul un
grand pouvoir peut tenir le mal en échec, mais ça
n’est pas ce que j’ai
découvert. Je crois que ce sont les petites choses,
les gestes quotidiens des
gens ordinaires qui nous préservent du mal... de
simples actes de bonté et
d’amour. Pourquoi Bilbon Sacquet [Hobbit, et
personnage principal du livre] ?
Peut-être par ce que j’ai peur et qu’il me donne du
courage."
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