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BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi
21 octobre 2009
Chers frères et sœurs,
Aujourd'hui je voudrais parler
de saint Bernard de Clairvaux, appelé le dernier des Pères de l'Eglise, car au
XII siècle, il a encore une fois souligné et rendue présente la grande
théologie des pères. Nous ne connaissons pas en détail les années de son
enfance; nous savons cependant qu'il naquit en 1090 à Fontaines en
France, dans une famille nombreuse et assez aisée. Dans son adolescence, il se
consacra à l'étude de ce que l'on appelle les arts libéraux - en particulier de
la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique - à l'école des chanoines
de l'église de Saint-Vorles, à Châtillon-sur-Seine et il mûrit
lentement la décision d'entrer dans la vie religieuse. Vers vingt ans, il entra
à Cîteaux, une fondation monastique nouvelle, plus souple par rapport
aux anciens et vénérables monastères de l'époque et, dans le même temps, plus
rigoureuse dans la pratique des conseils évangéliques. Quelques années plus
tard, en 1115, Bernard fut envoyé par saint Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux,
pour fonder le monastère de Clairvaux. C'est là que le jeune abbé (il n'avait
que vingt-cinq ans) put affiner sa propre conception de la vie monastique, et
s'engager à la traduire dans la pratique. En regardant la discipline des autres
monastères, Bernard rappela avec fermeté la nécessité d'une vie sobre et
mesurée, à table comme dans l'habillement et dans les édifices monastiques,
recommandant de soutenir et de prendre soin des pauvres. Entre temps, la
communauté de Clairvaux devenait toujours plus nombreuse et multipliait ses
fondations.
Au cours de ces mêmes années,
avant 1130, Bernard commença une longue correspondance avec de nombreuses
personnes, aussi bien importantes que de conditions sociales modestes. Aux
multiples Lettres de cette période, il faut ajouter les nombreux Sermons,
ainsi que les Sentences et les Traités. C'est toujours à cette
époque que remonte la grande amitié de Bernard avec Guillaume, abbé de Saint-Thierry,
et avec Guillaume de Champeaux, des figures parmi les plus importantes
du xii siècle. A partir de 1130, il commença à s'occuper de nombreuses et
graves questions du Saint-Siège et de l'Eglise. C'est pour cette raison qu'il
dut sortir toujours plus souvent de son monastère, et parfois hors de France.
Il fonda également quelques monastères féminins, et engagea une vive
correspondance avec Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, dont j'ai parlé
mercredi dernier. Il dirigea surtout ses écrits polémiques contre Abélard, le
grand penseur qui a lancé une nouvelle manière de faire de la théologie en
introduisant en particulier la méthode dialectique-philosophique dans la
construction de la pensée théologique. Un autre front sur lequel Bernard a
lutté était l'hérésie des Cathares, qui méprisaient la matière et le corps
humain, méprisant en conséquence le Créateur. En revanche, il sentit le devoir
de prendre la défense des juifs, en condamnant les vagues d'antisémitisme
toujours plus diffuses. C'est pour ce dernier aspect de son action apostolique
que, quelques dizaines d'années plus tard, Ephraïm, rabbin de Bonn, adressa un
vibrant hommage à Bernard. Au cours de cette même période, le saint abbé
rédigea ses œuvres les plus fameuses, comme les très célèbres Sermons sur le
Cantique des Cantiques. Au cours des dernières années de sa vie - sa mort
survint en 1153 - Bernard dut limiter les voyages, sans pourtant les
interrompre complètement. Il en profita pour revoir définitivement l'ensemble
des Lettres, des Sermons, et des Traités. Un ouvrage assez
singulier, qu'il termina précisément en cette période, en 1145, quand un de ses
élèves Bernardo Pignatelli, fut élu Pape sous le nom d'Eugène III, mérite
d'être mentionné. En cette circonstance, Bernard, en qualité de Père spirituel,
écrivit à son fils spirituel le texte De Consideratione, qui contient un
enseignement en vue d'être un bon Pape. Dans ce livre, qui demeure une lecture
intéressante pour les Papes de tous les temps, Bernard n'indique pas seulement
comment bien faire le Pape, mais présente également une profonde vision des
mystères de l'Eglise et du mystère du Christ, qui se résout, à la fin, dans la
contemplation du mystère de Dieu un et trine: "On devrait encore
poursuivre la recherche de ce Dieu, qui n'est pas encore assez recherché",
écrit le saint abbé: "mais on peut peut-être mieux le chercher et le
trouver plus facilement avec la prière qu'avec la discussion. Nous mettons
alors ici un terme au livre, mais non à la recherche" (xiv, 32: PL
182, 808), à être en chemin vers Dieu.
Je voudrais à présent
m'arrêter sur deux aspects centraux de la riche doctrine de Bernard:
elles concernent Jésus Christ et la Très Sainte Vierge Marie, sa Mère. Sa
sollicitude à l'égard de la participation intime et vitale du chrétien à
l'amour de Dieu en Jésus Christ n'apporte pas d'orientations nouvelles dans le
statut scientifique de la théologie. Mais, de manière plus décidée que jamais,
l'abbé de Clairvaux configure le théologien au contemplatif et au mystique.
Seul Jésus - insiste Bernard face aux raisonnements dialectiques complexes de
son temps - seul Jésus est "miel à la bouche, cantique à l'oreille, joie
dans le cœur (mel in ore, in aure melos, in corde iubilum)". C'est
précisément de là que vient le titre, que lui attribue la tradition, de Doctor
mellifluus: sa louange de Jésus Christ, en effet, "coule comme
le miel". Dans les batailles exténuantes entre nominalistes et réalistes -
deux courants philosophiques de l'époque - dans ces batailles, l'Abbé de
Clairvaux ne se lasse pas de répéter qu'il n'y a qu'un nom qui compte, celui de
Jésus le Nazaréen. "Aride est toute nourriture de l'âme",
confesse-t-il, "si elle n'est pas baignée de cette huile; insipide, si
elle n'est pas agrémentée de ce sel. Ce que tu écris n'a aucun goût pour moi,
si je n'y ai pas lu Jésus". Et il conclut: "Lorsque tu
discutes ou que tu parles, rien n'a de saveur pour moi, si je n'ai pas entendu
résonner le nom de Jésus" (Sermones in Cantica Canticorum xv,
6: PL 183, 847). En effet, pour Bernard, la véritable connaissance
de Dieu consiste dans l'expérience personnelle et profonde de Jésus Christ et
de son amour. Et cela, chers frères et sœurs, vaut pour chaque chrétien:
la foi est avant tout une rencontre personnelle, intime avec Jésus, et doit
faire l'expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour, et ce n'est
qu'ainsi que l'on apprend à le connaître toujours plus, à l'aimer et le suivre
toujours plus. Que cela puisse advenir pour chacun de nous!
Dans un autre célèbre Sermon
le dimanche entre l'octave de l'Assomption, le saint Abbé décrit en termes
passionnés l'intime participation de Marie au sacrifice rédempteur du Fils.
"O sainte Mère, - s'exclame-t-il - vraiment, une épée a transpercé ton
âme!... La violence de la douleur a transpercé à tel point ton âme que nous
pouvons t'appeler à juste titre plus que martyr, car en toi, la participation à
la passion du Fils dépassa de loin dans l'intensité les souffrances physiques
du martyre" (14: PL 183-437-438). Bernard n'a aucun
doute: "per Mariam ad Iesum", à travers Marie, nous
sommes conduits à Jésus. Il atteste avec clarté l'obéissance de Marie à Jésus,
selon les fondements de la mariologie traditionnelle. Mais le corps du Sermon
documente également la place privilégiée de la Vierge dans l'économie de
salut, à la suite de la participation très particulière de la Mère (compassio)
au sacrifice du Fils. Ce n'est pas par hasard qu'un siècle et demi après la
mort de Bernard, Dante Alighieri, dans le dernier cantique de la Divine Comédie,
placera sur les lèvres du "Doctor mellifluus" la sublime prière à
Marie: "Vierge Mère, fille de ton Fils, / humble et élevée plus
qu'aucune autre créature / terme fixe d'un éternel conseil,..." (Paradis
33, vv. 1ss).
Ces réflexions, caractéristiques
d'un amoureux de Jésus et de Marie comme saint Bernard, interpellent
aujourd'hui encore de façon salutaire non seulement les théologiens, mais tous
les croyants. On prétend parfois résoudre les questions fondamentales sur Dieu,
sur l'homme et sur le monde à travers les seules forces de la raison. Saint
Bernard, au contraire, solidement ancré dans la Bible, et dans les Pères de
l'Eglise, nous rappelle que sans une profonde foi en Dieu alimentée par la
prière et par la contemplation, par un rapport intime avec le Seigneur, nos
réflexions sur les mystères divins risquent de devenir un vain exercice
intellectuel, et perdent leur crédibilité. La théologie renvoie à la
"science des saints", à leur intuition des mystères du Dieu vivant, à
leur sagesse, don de l'Esprit Saint, qui deviennent un point de référence de la
pensée théologique. Avec Bernard de Clairvaux, nous aussi nous devons
reconnaître que l'homme cherche mieux et trouve plus facilement Dieu "avec
la prière qu'avec la discussion". A la fin, la figure la plus authentique
du théologien et de toute évangélisation demeure celle de l'apôtre Jean, qui a
appuyé sa tête sur le cœur du Maître.
Je voudrais conclure ces
réflexions sur saint Bernard par les invocations à Marie, que nous lisons dans
une belle homélie. "Dans les dangers, les difficultés, les incertitudes -
dit-il - pense à Marie, invoque Marie. Qu'elle ne se détache jamais de tes
lèvres, qu'elle ne se détache jamais de ton cœur; et afin que tu puisses
obtenir l'aide de sa prière, n'oublie jamais l'exemple de sa vie. Si tu la
suis, tu ne te tromperas pas de chemin; si tu la pries, tu ne désespéreras pas;
si tu penses à elle, tu ne peux pas te tromper. Si elle te soutient, tu ne
tombes pas; si elle te protège, tu n'as rien à craindre; si elle te guide, tu
ne te fatigues pas; si elle t'est propice, tu arriveras à destination..."
(Hom. II super "Missus est", 17: PL 183, 70-71).
* * *
Je salue cordialement les
pèlerins de langue française, particulièrement les jeunes d’Alsace et de
Normandie ainsi que les servants de messe des unités pastorales Notre-Dame et
Sainte-Claire du canton de Fribourg. Que l’enseignement de saint Bernard vous
aide à découvrir toujours plus en Marie la Mère qui protège de toute crainte et
qui nous guide vers son divin Fils. Que Dieu vous bénisse !
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Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana
wikipédia – à jour samedi 22 août 2016
Bernard de Clairvaux
Bernard de Clairvaux
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Saint Bernard avec sa crosse d'abbé, tenant la Règle bénédictine pour l'ordre cistercien qu'il a réformé, église Saint-Bernard de Fontaine-lès-Dijon. |
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Naissance
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Décès
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Nationalité
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Français
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Ordre religieux
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Directeur de conscience et important promoteur de l'ordre cistercien (ou ordre de Cîteaux), il recherche par amour du Christ la mortification la plus dure. Bernard de Fontaine fait preuve, toute sa vie, d'une activité inlassable pour instruire ses moines de Clairvaux, pour émouvoir et entraîner les foules, pour allier son ordre avec la papauté et pour élaborer une idéologie militante que son ordre et toute l'église catholique mettront en œuvre2.
C'est aussi un conservateur, qui réagit contre les mutations et les excès de son époque (la « renaissance du XIIe siècle »), marquée par une profonde transformation de l'économie, de la société et du pouvoir politique.
Il joue un rôle dans la transposition de la croisade en guerre sainte contre les cathares.
Mort en 1153, il est canonisé dès 1174 et devient ainsi saint Bernard de Clairvaux. Il est déclaré docteur de l'Église en 1830 par Pie VIII.
Sommaire
- 1 Enfance et entrée au monastère
- 2 La fondation de Clairvaux
- 3 Un conservateur engagé
- 4 Un abbé engagé dans les affaires de son temps
- 4.1 Le schisme d'Anaclet
- 4.2 Bernard et la seconde croisade (1146)
- 4.3 La lutte pour la sauvegarde de l'orthodoxie catholique
- 4.3.1 Lutte contre Abélard
- 4.3.2 Bernard combat la thèse de l'Immaculée Conception
- 4.3.3 Indissolubilité du mariage
- 4.3.4 Lutte contre le catharisme
- 4.3.5 Tentative de faire condamner Gilbert de la Porrée
- 4.4 Relations avec le pouvoir temporel
- 5 La spiritualité de Bernard de Clairvaux
- 5.1 La paix intérieure
- 5.2 Le cheminement vers Dieu
- 5.3 Le libre arbitre
- 5.4 Réflexions sur la croisade
- 6 Citations
- 7 Hommages
- 8 Bibliographie
- 9 Notes et références
- 10 Voir aussi
Enfance et entrée au monastère
Basilique
et maison natale de Saint Bernard à Fontaine-lès-Dijon, face à l'église Saint-Bernard de
Fontaine-lès-Dijon.
Né en 1090 ou 10913
au château
de Fontaine-lès-Dijon près de Dijon, dans une famille noble de Bourgogne4,
Bernard est le troisième de sept enfants (avec pour frère et sœur Saint Gérard de Clairvaux et Sainte
Ombeline de Jully). Fils du seigneur Tescelin le Roux (Tescelin Sorrel5)
et de Sainte Alèthe de Montbard. Son père, Tescelin, est
un membre de la famille des seigneurs de Châtillon-sur-Seine. Modeste chevalier, il est au
service du duc de Bourgogne et a cherché à faire
un riche mariage. Il gère des terres autour de Montbard, d'Alise-Sainte-Reine, dans la vallée de la Laignes ou au confluent de l'Aube et de l'Aujon en plus de sa
seigneurie de Fontaine6.La famille de sa mère, Alèthe ou Aleth, est de plus haute lignée. Le grand-père de Bernard règne sur la seigneurie de Montbard : ses terres s'étendent sur les plateaux situés entre l'Armançon et la Seine. Son oncle, André de Montbard est l'un des neuf fondateurs de l'ordre du Temple et devient même Grand Maître7. La famille de Bernard appartient donc à la moyenne noblesse8.
Vers 1100, Bernard de Clairvaux est envoyé à l'école de
Saint-Vorles à Châtillon-sur-Seine.
Vers 1100, il est envoyé à l'école canoniale de
Saint-Vorles à Châtillon-sur-Seine9.
Après les rudiments, il suit le trivium, premier cycle d'enseignement
consacré aux lettres (grammaire, rhétorique et dialectique). Montrant un goût
particulier pour la littérature10,
il acquiert une bonne connaissance de la Bible, des Pères de l'Église et de divers auteurs
latins : Horace,
Lucain, Sénèque
(Lettres à Lucilius), Tacite, Juvénal, Perse, Stace, Térence et, surtout, Cicéron, Virgile et Ovide (y compris, de
ce dernier, l'Art d'aimer)11,
ce qui fait de lui un parfait représentant des lettrés de son temps.En revanche, il ne suit pas le quadrivium (second cycle, portant sur l'arithmétique, la géométrie, la cosmologie et la musique)12. À l'âge de seize ou dix-sept ans, il perd sa mère et en est très vivement affecté. Il mène ensuite l'existence mondaine des jeunes nobles de son âge mais semble très vite vouloir entrer dans les ordres. Dans un premier temps, il laisse entendre à sa famille qu'il prépare un pèlerinage à Jérusalem pour ne pas inquiéter sa famille par ses préparatifs à la vie monacale13.
En 1112, il entre à l'abbaye de Cîteaux avec trente membres de sa famille ou proches8. L'abbaye de Cîteaux a été fondée en 1098 par Robert de Molesme, et Étienne Harding en est l'abbé depuis janvier 1108. Les fondateurs se sont détachés de l'ordre de Cluny, alors en pleine gloire, pour vivre intégralement la règle de saint Benoît. Ils souhaitent répondre à un idéal plus rigoureux : retour à la simplicité dans la vie quotidienne, dans le culte et dans l'art ; rupture avec le monde, pauvreté, silence, travail manuel, tels seront les éléments principaux de la création cistercienne. Cela correspond aux souhaits de Bernard qui veut retourner à l'ascèse monastique la plus rude14. Cette ascèse est comparable selon lui à la route de Jérusalem : « par la montée rude (...), vers la Jérusalem de la liberté, celle d'en-haut, notre mère »13
La fondation de Clairvaux
Portait de Bernard de Clairvaux dans une lettrine ornant un
manuscrit de La Légende dorée, vers 1267-1276.
En 1115, Étienne
Harding envoie le jeune homme à la tête d'un groupe de moines pour fonder une
nouvelle maison cistercienne dans une clairière isolée à une quinzaine de
kilomètres de Bar-sur-Aube, le Val d'Absinthe15,
sur une terre donnée par le comte Hugues de Champagne. La fondation est
appelée « claire vallée » (clara vallis), qui devient ensuite
« Clairvaux ». Bernard est élu abbé de cette nouvelle
abbaye, et confirmé à Châlons-en-Champagne par Guillaume de Champeaux, évêque
de Châlons-en-Champagne et célèbre théologien. Il demeure abbé de Clairvaux
jusqu'à sa mort en 1153. Les débuts de Clairvaux sont difficiles : la
discipline imposée par Bernard est très sévère. Bernard poursuit ses études sur
les Saintes Écritures et sur les Pères de l'Église.Les gens affluent dans la nouvelle abbaye, et Bernard convertit même toute sa famille : son père, Tescelin, et ses cinq frères entrent à Clairvaux en tant que moines. Sa sœur, Humbeline, prend également l'habit au prieuré de Jully-les-Nonnains. L'attrait qu'exerce Bernard est parfaitement illustré par cette anecdote : vers 1129, l'évêque de Lincoln s'étonne de ne pas avoir de nouvelle d'un chevalier qui devait faire étape à Clairvaux sur la route des croisades. Bernard l'informe qu'il a économisé la route de Jérusalem en entrant au monastère13. Dès 1118, de nouvelles maisons doivent être fondées pour éviter l'engorgement de Clairvaux. Les trois premières fondations sont La Ferté, Pontigny, Morimond. Ces premières fondations sont implantées dans les domaines des seigneuries alliées ou amies. Ces trois abbayes, plus Cîteaux et Clairvaux sont les cinq têtes de pont de l'ordre nouveau, chacune essaimant pour son compte16. De 1115 à 1133, Bernard et ses moines vivent à Clairvaux dans les conditions les plus frustes. Le prieur du couvent (Geoffroy de Rochetaille) et le maître des novices (Achard) convainquent Bernard d'agrandir le monastère en 1133. En 1145, l'église est enfin consacrée et, en 1153, la partie occidentale réservée aux frères convers est achevée17.
Pendant ses 38 ans d'abbatiat, Bernard contribue à la création de 68 abbayes filles de Clairvaux (57 par fondation et 11 par agrégation) dont 35 pour la France, qui à leur tour vont essaimer, si bien qu'au milieu du XIIe siècle, Cîteaux compte pas moins de 343 établissements soit plus que Cluny (environ 300)18. En 1119, Bernard fait partie du chapitre général des cisterciens convoqué par Étienne Harding, qui donne sa forme définitive à l'ordre. La « Charte de charité » qui y est rédigée est confirmée peu après par Calixte II. En 1132, il fait accepter par le pape l'indépendance de Clairvaux vis-à-vis de Cluny.
Un conservateur engagé
Bernard de Clairvaux (vers 1450), vitrail, Paris, musée
de Cluny.
Dès le début de son abbatiat, Bernard rédige des traités, des homélies,
et surtout une Apologie, écrite sur la demande de Guillaume de Saint-Thierry, qui défend
les bénédictins blancs (cisterciens) contre les bénédictins noirs (clunisiens).
À l'austérité cistercienne, élaborée à partir de la fuite du monde, de la
pauvreté et du travail manuel, Bernard ajoute la mise en valeur de la pureté et
le mépris de la culture et de tout ce qui peut sembler un divertissement pour
l'esprit. Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, lui répond
amicalement, et malgré leurs différends idéologiques, les deux hommes se lient
d'amitié. Il envoie également de nombreuses lettres pour inciter à la réforme
le reste du clergé,
en particulier les évêques. Sa lettre à l'archevêque de Sens,
Henri de Boisrogues dit Sanglier, intitulée par la suite De Officiis
Episcoporum (Sur la conduite des évêques) est révélatrice du rôle
important joué par les moines au XIIe siècle,
et des tensions entre clergé régulier et séculier. Bernard a une prédilection
presque exclusive pour le Cantique de Salomon et pour saint
Augustin. Il est le dernier père de l'Église de par sa façon de raisonner19.
Il considère que l'homme n'a pas à tenter d'élucider les contradictions
apparentes du dogme
ou de trouver une explication rationnelle aux textes saints : la foi que
l'on reçoit doit être transmise inchangée. Il reste opaque aux changements de
l'époque où, avec la naissance des universités, de plus en plus d'esprits
s'attaquent à la compréhension des textes par la raison. Il défend avec la même
fougue la société féodale, la division du monde en trois ordres, la théocratie
pontificale. Pour lui, l'ordre établi est voulu par Dieu. Il suffit de corriger
les vices des hommes pour résoudre les problèmes de la société20.La spiritualité de Bernard est fortement marquée par la pénitence. Il fait subir à son corps les plus cruels traitements, mettant ainsi sa santé en danger. Son goût pour l'austérité s'accorde à merveille avec le dépouillement des églises cisterciennes. À ce sujet, il évoque « la sobre ivresse (sobria ebrietas) qui jaillit du dedans et opère des mutations et des métamorphoses, sans pour autant nécessiter le point d'appui d'une imagerie extérieure »21. Il fulmine d'ailleurs contre les cloîtres sculptés à chapiteaux historiés dans son Apologie à Guillaume de Saint-Thierry (vers 1123-1125). Il considère que les décorations richement ornées de figures monstrueuses et que les narrations souvent profanes et coûteuses sont de nature à détourner l'esprit du moine de la méditation22.
Il est aussi porté par un amour fervent pour Dieu et pour la Vierge pour qui il a une dévotion particulière21. Toutes les églises cisterciennes sont dédiées à la Vierge et Bernard cherche à développer le culte marial dans tout l'Occident20. Il est parfois présenté sur des tableaux buvant le lait de la Vierge (lactation de saint Bernard)23. Il prône une religion faite d'élan du cœur plus que de comptabilité des actions bonnes ou mauvaises.
C'était un homme entier, totalement dévoué à sa foi, il n'acceptait pas les compromis, son ardeur dans ses prêches, sa rhétorique puissante le faisait craindre de certains, et suivre sans retenue par d'autres. « Il parle avec une telle véhémence de langage, un tel désir d'arracher à l'inertie, que les moines pusillanimes devaient craindre se présence trop assidue dans le monastères. Ceux qui l'avaient compris le suivaient avec ardeur. Bernard était très absolu. »24 Son intransigeance interpelle l'érudit moderne, comme s'interrogeait de Gaulle devant Malraux : « Saint Bernard était assurément un colosse ; mais était-il un homme de cœur ? »25
Un abbé engagé dans les affaires de son temps
Jehan Bellegambe, Triptyque du Cellier
(vers 1509), New
York, Metropolitan Museum of Art. Sainte
Humbeline, sœur de Bernard et Jeanne de Boubais, abbesse de l'abbaye
de Flines, aux pieds de la Vierge à l'Enfant26.
Bernard, pourtant si engagé dans son monastère, sillonne les routes d'Europe
pour défendre l'Église et porter témoignage de sa vision de Dieu. En 1129, il participe au concile
de Troyes, convoqué par le pape Honorius
II et présidé par Matthieu d'Albano, légat du pape. Bernard est nommé
secrétaire du concile,
mais en même temps il est contesté par une partie du clergé, qui pense que
Bernard, simple moine, se mêle de choses qui ne le regardent pas. Il finit par
se disculper. C'est lors de ce concile que Bernard fait reconnaître les statuts
de la milice du Temple, les Templiers,
dont il a grandement influencé la rédaction. L'existence d'un ordre de moines
appelés à manier l'épée et à verser le sang était, selon Jean Flori, une
« monstruosité doctrinale » que Bernard de Clairvaux réussit à faire
accepter par le concile. Ce qui officialisa l'intégration définitive, dans la
doctrine de l'église romaine, de la notion de guerre sainte27.
En 1130, il adresse une lettre aux chevaliers du Temple. Il explique que pour
un chrétien il est plus difficile de donner la mort que de la recevoir. Il
fustige le « chevalier du siècle » qui engage des guerres. Il
rappelle que le Templier est un combattant discipliné sans orgueil et sans
haine28.Devenu une personnalité importante et écoutée dans la chrétienté, il intervient dans les affaires publiques, il défend les droits de l'Église contre les princes temporels, et conseille les papes. Il attache en effet, une grande vénération au trône de saint Pierre.
Le schisme d'Anaclet
En 1130, après la mort d'Honorius II, deux papes sont élus par les cardinaux : le cardinal Aimeric, qui prend le nom d'Innocent II, dont les adversaires désignent le cardinal Pierleone, qui prend le nom d'Anaclet II. Ce dernier reçoit le soutien de Roger II, duc des Pouilles et de Calabre, lequel reçoit le titre de roi de Sicile. En France, Louis VI convoque un synode à Étampes et demande à Bernard d'y siéger. Dans une intervention enflammée, Bernard se déclare en faveur d'Innocent II, car il le juge plus saint, donc plus apte, et certainement élu par le groupe le plus sain (sanior pars) des cardinaux29. Il se pourrait que l'origine juive d'Anaclet ait joué dans ce choix. Bernard, qui prendra par ailleurs la défense des juifs pendant la deuxième croisade, écrit qu'il considère comme une injure que la « race juive » puisse occuper le siège de saint Pierre30.Le roi de France et son clergé reconnaissent alors Innocent II, qui se réfugie en France. L'empereur germanique, Lothaire III le reconnaît à son tour et conduit une expédition pour l'installer à Rome. Bernard accompagne l'empereur et le pape quand ils entrent dans Rome en 1133. Mais Innocent II est rapidement attaqué par les partisans d'Anaclet. Il réunit le concile de Pise en mai-juin 1135, pour anathématiser son rival. Bernard y prononce un discours très violent. Il négocie ensuite le ralliement de la ville de Milan au pape. En 1137, il essaye en vain de faire changer Roger II de camp. Après la mort d'Anaclet en janvier 11388, Innocent II convoqua le deuxième concile du Latran pour mettre fin au schisme31.
Bernard et la seconde croisade (1146)
Prêche pour la croisade
Émile Signol, Saint Bernard prêche la deuxième croisade (1840), Versailles,
musée de l'Histoire de
france32.
En 1145, Bernard de Clairvaux donne un pape à l'Église, Eugène
III, dont Bernard devient le maître à penser. Il suggère à celui-ci la
création de l'auditorium, ancêtre du tribunal
de la Rote. Cette institution permet au pape de se dégager des procès de
plus en plus nombreux que la papauté devait régler33.Lorsque le royaume de Jérusalem se trouve menacé après la chute du comté d'Édesse, Eugène III demande à Bernard de prêcher la deuxième croisade, laquelle sera entreprise en grande partie à l'initiative du roi de France Louis VII le Jeune34.
À cette époque, Bernard de Clairvaux a cinquante-six ans. Plus préoccupé par le développement de l'hérésie cathare, il est réticent à l'idée de s'associer à une croisade en Terre sainte. Il ne s'incline que par obéissance au pape35. Il prend la parole le 31 mars 1146, le jour de Pâques au milieu d'une foule de seigneurs et chevaliers réunis et d'étendards au pied du versant nord de la colline de Vézelay, l'église étant trop petite pour contenir cette assemblée. Son discours enflamme la foule. Il évoque Édesse profané et le tombeau du Christ menacé. Il invite les chevaliers qui veulent se croiser à l'humilité, à l'obéissance et au sacrifice. Après son prêche, on lui arrache même des morceaux de son vêtement pour en faire des reliques28. Son prestige entraîne donc le peuple de France.
Néanmoins, certains historiens comme Pierre Bauduin remarquent que la présence de Bernard à Vézelay n'est attestée par aucune source de l'époque et qu'il ne subsiste pas la moindre partie du sermon36.
Il prêche aussi à Spire. Finalement, le roi de France Louis VII et l'empereur Conrad III prennent la croix. L'échec de la deuxième croisade lui est ensuite reproché de partout, de Rome, de la cour de France, des évêques et des maîtres des écoles. Bernard est blessé par ces attaques mais soumis au pape, il accepte d'être mis à la tête d'une nouvelle croisade qui ne partira d'ailleurs jamais37.
Lutte contre les violences antijuives
En Germanie, sa campagne pour la croisade lui donne l'occasion de combattre les discours du prédicateur populaire Raoul ou Rodolphe, un ancien moine cistercien de Clairvaux38 qui forçait les Juifs à choisir entre le baptême et la mort39 et provoqua contre eux une flambée de violences40. Alerté par les évêques qui protégeaient traditionnellement les Juifs41 Bernard, qui est partisan du baptême forcé des païens42, suit, au sujet des juifs, la doctrine traditionnelle de l'Église selon laquelle leur conversion doit être obtenue par la prière : « Serait-elle abolie cette prière universelle que l'Église élève du lever au coucher du soleil pour les Juifs incrédules - pro perfidis Iudaeis - pour que le Seigneur Dieu ôte le voile de leurs cœurs et qu'ils passent de leurs ténèbres à la lumière de la vérité43? ».S'en prenant à Rodolphe, il affirme que celui-ci « n'a reçu de personne mission de prêcher ». « Ni les anges ni les apôtres n'approuvent le meurtre des Juifs. L'Église prie au contraire pour leur conversion et elle est assurée44 », affirme Bernard qui, paraphrasant l'apôtre Paul, affirme « qu'à la fin des temps tout Israël sera sauvé ». « La doctrine de Rodolphe ne procède pas de Dieu : elle vient du Démon, le père du mensonge qui est homicide depuis le commencement ». Lors de ses déplacements en Allemagne, Bernard ne cesse de répéter45: « Ne touchez pas aux Juifs, ils sont la chair et les os du Seigneur. » Les sources juives révèlent une connaissance précise des faits mais aussi des motivations théologiques invoquées par Bernard pour la défense des Juifs41,Note 1. L'auteur du Sepher Zekhira [« Livre de souvenir »] parle avec reconnaissance du sauvetage des communautés allemandes grâce à l'intervention de Bernard : « Et Dieu envoya après cet homme de Bélial un digne prêtre, grand et maître de tous les prêtres... du nom de Bernard, abbé de Clairvaux... Il leur parla en ces termes : "Il est bon que vous marchiez contre les Ismaélites, mais celui qui touche à un juif pour le tuer, c'est comme s'il touchait à Jésus lui-même. Et mon disciple Rodolphe, qui a dit de les exterminer, n'a pas parlé justement, car il est écrit à leur propos dans les psaumes : « Ne le tue pas de peur que mon peur n'oublie... »" Et sans la miséricorde de cet abbé, il ne serait pas resté d'Israël un seul survivant ». Dans sa lettre aux habitants de l'Allemagne, Bernard écrivait : « Nous avons appris, et nous en sommes réjouis, que parmi vous brûlait l'ardeur de Dieu. Mais il convient que ne fasse pas défaut la compréhension. Il ne faut pas s'attaquer aux Juifs, ni les tuer, ni même les expulser. [...] Ils ont été dispersés et souffrent un dur exil sous des souverains chrétiens. Mais ils reviendront vers le soir et, au temps marqué, ils croiront. Et alors, selon les paroles de l'apôtre : jusqu'à ce soit entré la totalité des païens, c'est alors qu'Israël sera sauvé. » (Romains XI, 25-26). L'attitude de Bernard sur la question juive est celle de l'Église au XIIe siècle qui se fonde sur les Pères des Ve et VIe siècles46 : « Il est interdit de tuer les juifs, tout en les abaissant, parce qu'ils témoignent de la vérité de la foi chrétienne, incarnant comme ils le font le sort de ceux auxquels la foi fut donnée d'abord, et qui, dans leur aveuglement, l'ont repoussée, et se refusent à voir la lumière qui brille autour d'eux. » Selon Joshua Prawer, Bernard de Clairvaux définit la position de l'Église à l'égard des deux religions juive et islamique : « Les juifs ont l'espoir d'être sauvés, parce qu'un jour viendra où leurs yeux se désilleront et où ils se convertiront, contrairement aux musulmans ; les juifs sont l'objet d'une promesse divine qui n'a pas encore été réalisée mais qui le sera et à l'égard de ce peuple d'où sortirent les patriarches, d'où sortit le Christ « selon la chair », une promesse a été faite, et quiconque les protège rend possible et peut-être contribue à réaliser une promesse divine47. »
La lutte pour la sauvegarde de l'orthodoxie catholique
Dans cette période de développement des écoles urbaines, où les nouveaux problèmes théologiques sont discutés sous forme de questions (quaestio) et d'argumentation et de recherche de conclusion (disputatio), Bernard est partisan d'une ligne traditionaliste.Lutte contre Abélard
Il combat les positions d'Abélard, approximatives d'un point de vue théologique, et le fait condamner au concile de Sens en 1140. Abélard incarne tout ce que Bernard déteste : l'intelligence triomphante, l'arrogance dominatrice, les prouesses dialectiques, une célébrité immense, fondée sur la foi passée au crible de la raison au détriment de la vie intérieure, l'obstination à tenir des positions48. Bernard refuse que les secrets de Dieu soient examinés et questionnés par la raison. Il veut que la raison reconnaisse ce qu'il y a d'infiniment profond et d'incompréhensible dans les choses divines. Son attitude tranchante entraîne des pamphlets contre lui comme celui que Bérenger de Poitiers49 écrit après l'affaire Abélard : « Depuis longtemps la renommée aux ailes rapides a répandu dans l'univers entier le parfum de ta sainteté, proclamé tes mérites, pompeusement propagé tes miracles. Tu as pris Abélard comme cible de ta flèche pour vomir contre lui le venin de ton aigreur, pour le rayer de la terre des vivants, pour le mettre au rang des morts. Tu étais enflammé contre Abélard non du zèle de la correction, mais du désir de ta propre vengeance50».Bernard combat la thèse de l'Immaculée Conception
Parmi les positions théologiques soutenues par Bernard, certaines sont contraires à des dogmes définis plus tard par l'Église51. C'est ainsi qu'en 113952, il écrit une Lettre aux Chanoines de Lyon (épître 174), où, malgré sa dévotion à la Vierge, il combat la pratique, alors relativement nouvelle, de fêter l'Immaculée Conception et argumente contre la thèse qui fonde cette fête53.Indissolubilité du mariage
En 1141-1142, Bernard intervient dans un conflit entre le roi Louis VII de France et le pape Innocent II. Le pape a mis l'interdit sur Louis VII et excommunié Raoul Ier de Vermandois, sénéchal du roi, qui, sur le conseil du roi, a répudié sa première épouse, Éléonore de Blois, pour épouser Pétronille d'Aquitaine. C'est le comte Thibaud IV de Champagne, oncle de l'épouse répudiée, qui a porté l'affaire devant le pape. Louis VII fait marcher son armée sur la Champagne et la situation de Thibaud est bientôt désespérée. Louis VII propose la paix, à condition que Thibaud IV obtienne du pape la levée de l'interdit et de l'excommunication. Thibaud IV accepte et Bernard se porte garant pour lui. Cependant, Bernard s'acquitte de ses engagements d'une façon où l'abbé Vacandard54 voit « une combinaison dont la loyauté était absente » : il propose au pape de lever l'excommunication « puisque vous auriez le droit de renouveler immédiatement une excommunication qui n'est que trop juste et de la confirmer pour toujours. Ainsi, la ruse déjouerait la ruse, la paix sera rétablie, et celui qui se glorifie de sa mauvaise foi n'en tirera aucun avantage55». L'intervention de Bernard semble l'avoir mis en disgrâce aux yeux du pape56, mais Innocent II entre dans la manœuvre qui lui est proposée : il lève l'excommunication, puis somme Raoul de Vermandois de cesser son adultère avec Pétronille et de reprendre sa première épouse sous peine d'une nouvelle excommunication57.Lutte contre le catharisme
À la même époque, l'hérésie cathare fait de grand progrès dans le midi de la France. Bernard intervient pour réfuter les doctrines cathares. En 1145, il accompagne en Languedoc Albéric d'Ostie, légat du pape Eugène III, et Geoffroy de Lèves, évêque de Chartres afin de prêcher contre l'hérésie dans cette région. Il passe par Poitiers, Bergerac, Périgueux, Sarlat, Cahors, Albi, Verfeil. C'est dans cette dernière localité que, rencontrant les cathares, Bernard, enflammé du zèle de la foi, aurait prononcé ces mots en quittant la ville : « Verfeil (= verte feuille), que Dieu te dessèche ! »58 ,59Les représentants de l'église cathare devaient payer le prix fort. Avant de se retirer au monastère de Cîteaux pour des problèmes de santé, Bernard de Clairvaux écrivait dans un sermon : on ne les convainc ni par le raisonnement (ils ne comprennent pas) ni par les autorités (ils ne les reçoivent pas), ni par la persuasion (car ils sont de mauvaise foi). Il semble qu’ils ne puissent être extirpés que par le glaive matériel60. Et la conclusion de Bernard fut : « saisissez-les et ne vous arrêtez pas, jusqu’à ce qu’ils périssent tous car ils ont prouvé qu’ils aimaient mieux mourir que se convertir »61.
Par ces mots, Bernard de Clairvaux fut à l'origine de la croisade des Albigeois. Cette croisade, mise sur pied par l'Église catholique et le pouvoir royal, eut pour but de déraciner une foi bien ancrée dans les populations méridionales. Il s'agissait d'éliminer ce mouvement hérétique par le glaive62. En partie, grâce aux prédications de saint Bernard, au nom de l’unité entre la royauté et le sacerdoce, le 22 juillet 1209, les croisés répondent à l’appel du pape Innocent III.
Tentative de faire condamner Gilbert de la Porrée
Au concile de Reims, en 1148, auquel assistait son ami le saint abbé Gossuin d'Anchin, il porte une accusation d'hérésie contre Gilbert de la Porrée, évêque de Poitiers. Il n'obtient qu'un mince avantage63, et son adversaire conserve son évêché et toute sa considération64. Plein de zèle pour l'orthodoxie, Bernard combat aussi les thèses de Pierre de Bruys, d'Henri de Lausanne, d'Arnaud de Brescia, et condamne les excès de Raoul, qui demandait le massacre des juifs. En cette même année il prêche la croisade en Hainaut et séjourne à Mons, la capitale des comtes de Hainaut. Son arbitrage est accepté dans toute l'Europe du XIIe siècle.Relations avec le pouvoir temporel
Bernard, qui interprète le passage des deux glaives dans l'Évangile de Luc, comme subordonnant le pouvoir temporel au pouvoir spirituel65, s'oppose plusieurs fois aux rois de France. Il traite Louis VI de nouvel Hérode66 quand celui-ci cherche à déposer l'archevêque de Sens, il accuse Suger de négliger son abbaye de Saint-Denis, le poussant ainsi à se consacrer davantage à l'administration de son abbaye à partir de 1127. En 1138, une crise éclate lorsque le roi Louis VII accorde son investiture pour l'évêché de Langres à un moine de Cluny et non au candidat de Bernard de Clairvaux67.Bernard fonde jusqu'à 72 monastères, répandus dans toutes les parties de l'Europe : 35 en France, 14 en Espagne, 10 en Angleterre et en Irlande, 6 en Flandre, 4 en Italie, 4 au Danemark, 2 en Suède et 1 en Hongrie.
En 1151, deux ans avant sa mort, il y a 500 abbayes cisterciennes. Clairvaux compte 700 moines. Bernard meurt en 1153, à soixante-trois ans. Canonisé le 18 janvier 1174 par Alexandre III, Bernard de Clairvaux a été déclaré docteur de l'Église par Pie VIII en 1830. On le fête le 20 août.
La spiritualité de Bernard de Clairvaux
Bernard s'adresse à des moines. Sa théologie mystique concerne des hommes qui se vouent à la prière et à l'amour de Dieu. Pour lui, tout savoir humain n'a d'importance que dans la mesure où il est ordonné à la vérité religieuse68.La paix intérieure
En entrant au monastère, le moine laisse tout, sa vie est rythmée par la liturgie. Rien ne doit le perturber dans sa vie intérieure. Le monastère a pour fonction de favoriser cet aspect de la spiritualité cistercienne. C'est pourquoi les rituels cisterciens sont précisément codifiés dans les Ecclesiastica officia et que l'architecture des couvents doit répondre avant tout à cette fonction suivant les instructions précises de Bernard de Clairvaux. Avant d'être une mystique, la spiritualité cistercienne est une spiritualité incarnée : que la vie quotidienne aille de soi est la condition sine qua non de la paix intérieure et du silence, propices à la relation avec Dieu. Tout doit y conduire et rien n'en distraire69. Ainsi, l'architecture, l'art ou les manuscrits cisterciens adoptent un style pur et dépouillé. Sous l'impulsion de Bernard de Clairvaux, mû par un idéal d'austérité, un style très épuré est utilisé pour les manuscrits à partir de 1140. Il se caractérise par de grandes initiales peintes en camaïeu d'une seule couleur, sans représentation humaine ou animale ni utilisation d'or70.Le cheminement vers Dieu
Bernard de Clairvaux, dans son traité De l'Amour de Dieu est à la source d'une véritable école spirituelle en faisant passer un pas décisif à la littérature descriptive des états mystiques71. Il développe un ascétisme extrême de dépouillement qui est très visible d'un point de vue artistique. La liturgie développe des mélodies épurées totalement au service de la parole divine pour en révéler toute la richesse et le mystère qui y est contenu. Il est donc crucial que l'écoute ne soit pas perturbée par d'autres signaux, d'où la recherche du silence. Il n'y a pas d'écoute vraie sans l'attitude fondamentale d'humilité.Pour Bernard de Clairvaux, « l'humilité est une vertu par laquelle l'homme devient méprisable à ses propres yeux en raison de ce qu'il se connaît mieux ». Cette authentique connaissance de soi ne peut être obtenue que par le retour sur soi. Par la connaissance de sa propension au péché le moine se doit d'exercer, comme Dieu, la miséricorde et la charité envers tout homme. En s'acceptant tel qu'il est, grâce à cette démarche d'humilité et de travail intérieur, l'homme connaissant sa propre misère devient capable de compatir à celle d'autrui.
Selon Bernard de Clairvaux, on doit alors parvenir à aimer Dieu par amour de soi et non plus de Lui. La prise de conscience que l'on soit un don de Dieu ouvre à l'amour de tout ce qui est à Lui. Cet amour est, pour Bernard, le seul chemin qui permette d'aimer comme il le faut son prochain puisqu'il permet de l'aimer en Dieu. Finalement, après ce cheminement intérieur on parvient au dernier stade de l'amour qui est d'aimer Dieu pour Dieu et non plus pour soi72.
Bernard de Clairvaux recevant le lait de la Vierge.
Le libre arbitre
Pour Bernard de Clairvaux, du fait de son libre arbitre, l'homme a la possibilité de choisir sans contrainte de pécher ou de suivre le cheminement qui conduit à l'union avec Dieu. Par l'amour de Dieu il lui est possible de ne pas pécher et d'atteindre au sommet de la vie mystique en ne voulant plus autre chose que Dieu, c'est-à-dire de s'affranchir de toute possibilité de pécher en étant totalement libre. Ce qui meut le désir des cisterciens de quitter le monde, c'est l'union dans l'amour de la créature avec le créateur. Union parfaitement vécue par la Vierge Marie qui est le modèle exemplaire de la vie spirituelle cistercienne. C'est pourquoi les moines cisterciens lui vouent une dévotion particulière73.Réflexions sur la croisade
À la fin de sa vie, dans une de ses œuvres majeures, De la Considération (1152), il accepte la responsabilité de l'échec de la deuxième croisade. Il écrit : « Je préfère voir les murmures des hommes s'élever contre moi que contre Dieu ». Continuant sa réflexion il demande : « L'homme doit-il cesser de faire ce qu'il doit parce que Dieu fait ce qu'il veut ? ». Il compare ensuite, il exclut que Dieu a choisi Moïse pour sortir les Hébreux d'Égypte et les conduire en Terre promise, mais il ne les a pas fait entrer en Pays de Canaan car les Hébreux se sont montrés rebelles et incrédules37. Dans une lettre à son oncle André de Montbard, maître du Temple, il écrit : « Le monde devra reconnaître qu'il vaut mieux mettre sa confiance en Dieu qu'en nos princes ». Il adjure les Templiers à rester des moines avant d'être des soldats74.Citations
Bernard, a fait rayonner, au XIIe siècle, l'ordre cistercien dans toute l'Europe.
Vaine arithmétique
« Que rendrai-je au
Seigneur pour tout le bien qu'il m'a fait ? (Ps
115, 12). Même si en moi s'additionnaient toutes les vies des fils d'Adam,
tous les jours du monde, les labeurs de tous les hommes qui furent, sont et
seront, n'est-il pas vrai que ce ne serait encore rien, en comparaison de ce
corps, objet des regards et de l'admiration même des Puissances d'en
haut ? »
« Tu le vois donc : Autant
les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sa vie s'est élevée
au-dessus de la nôtre (Is
55, 9), et pourtant il l'a donnée à la place de la nôtre. De même qu'il n'y
a pas de comparaison possible entre le rien et quelque chose, de même notre vie
est sans proportion avec la sienne. »
« Lors donc que je lui aurai
consacré tout ce que je suis, tout ce que je puis, ne serai-ce pas comme une
étoile en face du soleil, comme une goutte d'eau en comparaison d'un fleuve,
comme une pierre à côté d'une tour, comme un grain de poussière auprès d'une
montagne ? »
« Je ne possède que deux
petites pièces de monnaie (Mc 12, 42) - ou plutôt deux très petites
pièces : mon corps et mon âme ; ou plutôt je n'en ai qu'une : ma
volonté. Et je ne la donnerais pas à sa volonté à lui75 ? »
Force d'âme, douceurirrésistible du cœur,
et, pour vaincre l'adversaire
en vérité,
l'habileté
des fils de lumière,
rien ne manque à ta prudence,
ni le silence,
ni les mots,
— Bernard de Clairvaux, Force
d'âme, douceur, J. F. Frié, CNPL.
.Hommages
- De nombreux ossements et objets personnels de saint Bernard ont été dispersés comme reliques pour être vénérés notamment dans différents monastères de son Ordre ou dans des églises76.
- Un premier timbre a été édité à son effigie en France en 1953 pour le 8e centenaire de sa mort (n°YT945) et un second en 2013
- Bernard de Clairvaux a sa statue parmi les Hommes illustres (Louvre)
Bibliographie
Philippe Quantin, Saint Bernard écrivant, musée des beaux-arts de Dijon.
Principales œuvres
- Sancti Bernardi Opera, Rome, Editiones Cisterciences, 1957-1998, 10 vol.
- Œuvres complètes, Cerf [4]
- Œuvres diverses : Marie-Madeline Davy (trad.), Saint Bernard. Œuvres, Aubier, 1945, 2 t.
- Prologus in graduale Cisterciense « Sicut notatores antiphonariorum praemunivimus » (Lettre-prologue à la révision de l'antiphonaire cistercien, vers 1140) [5]
- De gradibus humilitatis et superbiae (Des degrés de l'humilité et de l'orgueil, 1127), trad. É. de Solms, Saint Bernard. Sur les degrés d'humilité et d'orgueil. Traité de l'amour de Dieu. À la louange de la milice nouvelle, Namur, 1958
- Apologia ad Guillelmum abbatem (Apologie à Guillaume de Saint-Thierry, abbé)
- De amore Dei (De l'amour de Dieu, 1126), trad. F. Callerot et J. Christophe, Bernard de Clairvaux. L'amour de Dieu. La grâce et le libre arbitre, Cerf, 1993
- De gratia et libero arbitrio (De la grâce et du libre arbitre, 1127-1128 ?), trad. F. Callerot et J. Christophe, Bernard de Clairvaux. L'amour de Dieu. La grâce et le libre arbitre, Cerf, 1993
- De laude novae militiae (Éloge de la nouvelle chevalerie, 1130-1136), trad. É. de Solms, Saint Bernard. Sur les degrés d'humilité et d'orgueil. Traité de l'amour de Dieu. À la louange de la milice nouvelle, Namur, 1958
- De praecepto et dispensatione (Le précepte et la dispense), trad., Cerf, 2000
- Vita S. Malachiae 'Vie de saint Malachie', 1149), trad., Cerf, 1990
- De consideratione (De la considération, 1149-1152), trad. P. Dalloz, Saint Bernard. De la considération, Cerf, 1986
- Commentaire du Cantique des cantiques [6]
- Lettres [7]
Études sur saint Bernard
- Notices d'autorité : Fichier d'autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Union List of Artist Names • Bibliothèque nationale de France (données) • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Service bibliothécaire national • Bibliothèque nationale de la Diète • Bibliothèque nationale d'Espagne • WorldCat
- Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Fayard, 2003
- Abbaye de Cîteaux, Bernard. Jeunesse et entrée à Cîteaux, Éditions Dominique Guéniot, 2012 (ISBN 978-2-87825-518-8)
- René Guénon, "Saint Bernard", Éditions Traditionnelles, 1926
- Édouard Louis Joseph Bonnier, Abélard et saint Bernard. La philosophie et l'Église au XIIe siècle, Paris, 1862 lire en ligne sur Google Books
- Philippe Barthelet, Saint Bernard, Pygmalion, 1998.
- Anne Brenon, Les cathares Pauvres du Christ ou Apôtres de Satan ?, Gallimard, 1997.
- Jean Chélini, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Hachette, 1991
- Jean Duvernoy, Le catharisme, Privat, 1979.
- Emmanuel Falque, « Expérience et empathie chez Bernard de Clairvaux », Revue des sciences philosophiques et théologiques, Vrin, vol. TOME 89, no 4, 1er décembre 2005, p. 655-696 (ISSN 0035-2209, résumé, lire en ligne)
- Klaus Krönert, « Bernard de Clairvaux et l'affaire de Saint-Maximin de Trèves : entre idéaux réformateurs et relations amicales », Revue du Nord, Université Lille-3, vol. n° 391-392, no 3, 1er octobre 2011, p. 779-794 (ISSN 0035-2624, résumé, lire en ligne)
- Dom Jean Leclercq, Bernard de Clairvaux, Desclée, Paris, 1989 (ISBN 2-7189-0410-0)
- Jean Leclercq, « Voir le monde par les affects : Bernard de Clairvaux et la voie monastique », Revue des sciences philosophiques et théologiques, Vrin, vol. TOME 95, no 2, 1er août 2011, p. 323-341 (ISSN 0035-2209, résumé, lire en ligne)
- André Leloup, « Bernard de Clairvaux et les cisterciens », Études, S.E.R., vol. Tome 373, no 7, 1er juillet 1990, p. 89-100 (ISSN 0014-1941, résumé, lire en ligne)
- Chloé Maillet, « Bernard de Clairvaux et la fratrie recomposée », Médiévales. Langues, Textes, Histoire, Presses universitaires de Vincennes, no 54, 1er juin 2008, p. 13-34 (ISBN 978-2-84292-217-7, ISSN 0751-2708, lire en ligne)
- Elphège Vacandard (chanoine), Vie de saint Bernard, abbé de Clairvaux, 2 vol., Paris, 1895. (« biographie exemplaire qui, pour la première fois, passait ce destin au crible d'une critique textuelle rigoureuse et établissait des faits. Jamais elle n'a disparu des bibliographies. Jamais elle n'a été remplacée » P. Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, 2003, p. 12.)
- Jacques Verger, Jean Jolivet, Bernard - Abélard ou le cloître et l'école, Fayard-Mame, Paris, 1982 (ISBN 2-7289-0086-8) ; rééd. sous le titre Le siècle de saint Bernard et Abélard, Perrin, coll. « Tempus », 2006.
- Monique Zerner-Chardavoine, Discours et pouvoirs avant l’inquisition, CID diffusion, 1998
Notes et références
Notes
- Dans une source hébraïque citée par Joshua Prawer, ont lit que « se leva Rodolphe fils de Bélial, et qu'il poursuivit cruellement Israël. Un prêtre d'idolâtrie se leva sur le peuple du Seigneur pour l'exterminer et le détruire, le tuer et le perdre, comme fit Aman l'impie. [...] La propagande meurtrière de Rodolphe commença dans les régions orientales de la France, mais l'arrivée de Bernard de Clairvaux en Lorraine le fit se replier vers les provinces d'Allemagne ».
Références
- Au château de Fontaine-lès-Dijon
- Ferran Garcia-Oliver, El Císter, ideals i realitat d'un orde monàstic: actes del Simposi, [1] [archive], universitat valencia 2001, p. 47.
- La date traditionnelle est 1091. L'abbé Chomton (1891) et le chanoine Vacandard (1895) firent accepter la date de 1090, mais dans une étude que l'historien Pierre Aubé (P. Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, 2003, p. 30) considère comme décisive, Adriaan Hendrik Bredero (A.H. Bredero, « Saint Bernard est-il né en 1090 ou en 1091 ? », dans Papauté, monachisme et théories politiques. I. Le pouvoir et l'institution ecclésiale, Lyon, 1994, p. 229-241) conclut en faveur de la date traditionnelle de 1091.
- Jaques Berlioz, Saint Bernard, le soldat de Dieu, tiré de Moines et religieux au Moyen Âge, Seuil 1994, p. 47.
- Pierre Aubé (Saint Bernard de Clairvaux, Paris, 2003, p. 23) écrit « Técelin le Saur ».
- Thomas Merton, Bernard de Clairvaux, Éditions Alsatia, 1953, p. 10
- Jean-Philippe Lecat, L'idée de croisade selon Bernard de Clairvaux, Grandes signatures, no 1, avril 2008, p. 63.
- Marcel Pacaut, Article Bernard de Clairvaux, Encylopaedia Universalis, DVD, 2007
- Thomas Merton, Bernard de Clairvaux, Éditions Alsatia, 1953, p. 20
- Théodore Ratisbonne Histoire de saint Bernard [archive] 1853, p. 68
- P. Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, 2003, pp. 39-40.
- P. Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, 2003, p. 41.
- Jean-Philippe Lecat, p 64
- Jaques Berlioz, Saint Bernard, le soldat de Dieu, tiré de Moines et religieux au Moyen Age, Seuil 1994, p. 48.
- Selon le site de l'Abbaye de Clairvaux [archive], le Val d’Absinthe est une légende poétique : « la légende poétique qui veut que Clairvaux ait été créée dans le Val d’Absinthe, référence bernardine à l’Apocalypse de saint Jean et à la vie d’amertume qu’avait choisie le futur saint Bernard (Les sept trompettes – 8.7) ». Pierre Aubé, lui, pense que Guillaume de Saint-Thierry a exagéré la désolation des lieux où Bernard et ses compagnons s'installèrent, mais que le nom de Val d'Absinthe est vraisemblable, l'absinthe proliférant sur les terrains pierreux. (Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Fayard, 2003, p. 86.) Voir aussi Jean Waquet, Jean-Marc Roger, Laurent Veyssière Recueil des chartes de l'abbaye de Clairvaux au XII siècle [archive], 2003, p. 17
- Jean Chélini, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Hachette, 1991, p 368
- Carol Heitz, Article architecture monastique, Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
- Rémy de Bourbon Parme, Les Cisterciens: 1098-1998, Editions Heimdal, 1998, p. 23
- Jean Chélini, p 366
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- Marie-Madeleine Davy, Placide Deseille, Article Cisterciens, Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
- Léon Pressouyre, Article Cloîtres, Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
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- Marie-Madeleine Davy, Bernard de Clairvaux, Albin Michel, 2001 (ISBN 2-226-12202-8), page 35
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- (en) Description sur le site du Metropolitan Museum qui accueille l'œuvre. [archive] ; (en) A. G. Pearson « [2] [archive] Nuns, images, and the ideals of women's monasticism: Two paintings from the Cistercian convent of Flines », Renaissance Quarterly, 22 décembre 2001.
- Jean Flori, Chevaliers et Chevalerie au Moyen Âge, Paris, 1998, p. 200. Cité par Anne Brenon, Les cisterciens contre l'hérésie, XIIe - XIIIe siècle - Des vignes domestiques aux vignes du seigneur : des croisés dans l'âme [archive], dans « El Císter, ideals i realitat d'un orde monàstic: actes del Simposi Internacional sobre el Císter, Valldigna, 1298-1998 », édité par l'Universitat de València, 2001, p. 50
- Jean-Philippe Lecat, p 66
- Centre national de la recherche scientifique [3] [archive] Revue historique de droit français et étranger 1968, p. 382
- Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Fayard, 2003, p. 227
- Yves Chiron, Histoire des conciles, Paris, Perrin, 2011, page 87.
- « Saint Bernard prêche la deuxième croisade » [archive], notice sur museehistoiredefrance.fr.
- Jean Chélini, p 369
- Cécile Morrisson, Les Croisades, PUF, 1969 ; nouvelle édition : 2006, p. 38
- Jean-Philippe Lecat, p. 67
- Franck Ferrand, « Bernard de Clairvaux », émission Au cœur de l'histoire, 27 octobre 2011
- Jean-Philippe Lecat, p. 70
- Cécile Morrisson, p. 79
- Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, 2003, p. 512.
- Cécile Morrisson, p. 39
- Joshua Prawer, Histoire du royaume Latin de Jérusalem. Le Monde byzantin. Paris : Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1969-1970, p. 353-354.
- Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, 2003, p. 531.
- Lettre de saint Bernard condamnant l'action du moine Rodolphe. Cité par Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, 2003, p. 513-514.
- Yves Sassier, Louis VII, éd. Fayard, Paris, 2003, p. 149.
- Yves Sassier, Louis VII, éd. Fayard, Paris, 2003, p. 150.
- Joshua Prawer, Histoire du royaume Latin de Jérusalem. Le Monde byzantin. Paris : Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1969-1970, p. 355.
- Joshua Prawer, Histoire du royaume Latin de Jérusalem. Le Monde byzantin. Paris : Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1969-1970, p. 356.
- Pierre Aubé, p. 408
- Apologie de Bérenger de Poitiers contre saint Bernard [archive]
- Pierre Aubé, p. 413
- Albrecht Ritschl a dressé un catalogue des opinions de saint Bernard qui ne peuvent plus être soutenues après le Concile de Trente. Voir brève mention dans E. Vacandard, « La Vie de saint Bernard et ses critiques », Revue des Questions historiques, t. 62, 1897, p. 200.
- Date donnée par Marie-Bénédicte Dary, « Saint Bernard et l'Immaculée Conception - La question liturgique », Revue Mabillon, 2002, vol. 13, pp. 219-236, sommaire en ligne [archive]
- Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, 2003, p. 376-377
- E. Vacandard, Premier aumônier du lycée de Rouen, Vie de saint Bernard, t. 2, 1895, p. 184.
- E. Vacandard, Premier aumônier du lycée de Rouen, Vie de saint Bernard, t. 2, 1895, p. 184, qui renvoie à la lettre 217 de saint Bernard; pour la traduction du passage et le contexte, Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Fayard, Paris, 2003, p. 430-433.
- Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, Fayard, 2003, pp. 437-438 et 442, où est citée une lettre de saint Bernard selon laquelle son intervention aurait soulevé contre lui l'indignation du pape.
- Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Fayard, Paris, 2003, p. 440.
- François Guizot, Histoire de la guerre des Albigeois [archive] - Chronique de la croisade des Albigeois de Guillaume de Puylaurens dans la « Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France... », Dépôt central de la librairie (J.-L.-J. Brière), 1824, p. 208-209
- Ferran Garcia-Oliver, Rinaldo Comba, El Císter, ideals i realitat d'un orde monàstic [archive], 2001, p. 55
- Jean Duvernoy, op. cit., p. 174
- Bertran de la Farge, L'inquisition, des Cathares à nos jours [archive] sur le site Catharisme et histoire
- Anne Brenon, Les cathares - Pauvres du Christ ou Apôtres de Satan ?, Gallimard, 1997, p. 67
- Selon Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Paris 2003, p. 564-565, le pape Eugène III demanda à Gilbert de la Porrée de corriger une erreur, mais il n'y eut pas de véritable condamnation.
- Selon Eugène Alexis Escallier, l'Abbaye d'Anchin 1079-1792, Lille, L. Lefort, 1852, chap.VII, p. 85-86, qui reprend le texte du moine Alexandre, contemporain et auteur de Vita D. B. Gozuini, mss du XIIe n°813 archives départementales du Nord: Dans ce concile (Reims 1148) furent examinées de nouveau et définitivement condamnées les six propositions de l'évêque de Poitiers qui avait comparu l'année précédente au concile de Paris
- Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, 2003, p. 626.
- Thomas Merton, Bernard de Clairvaux [archive] 1953, p. 689
- Marcel Pacaut Louis VII et les élections épiscopales [archive] 1957, p. 44
- Marie-Madeleine Davy, Article Bernard de Clairvaux, Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
- Jean-Baptiste Auberger, « La spiritualité cistercienne », Histoire et Images médiévales no 12 (thématique), op. cit. p. 44.
- Thierry Delcourt, « Les manuscrits cisterciens », Histoire et Images médiévales , no 12 (thématique), p. 41 ; Cister.net [archive]
- Marcel Pacaut, Les moines blancs, op. cit. pp. 215 - 218.
- Jean-Baptiste Auberger, op. cit. p. 47.
- Jean-Baptiste Auberger, op. cit. p. 49.
- Jean-Philippe Lecat, p 71
- Sermon divers 22, 6, P.-Y. Émery et F. Callerot, Sources Chrétiennes 496, Cerf, Paris, 2006, p. 395-397.
- Jean-Paul Kurtz, Dictionnaire critique des reliques et des images miraculeuses, Books on Demand, 2013, p. 57
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Notices d'autorité : Fichier d'autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Union List of Artist Names • Bibliothèque nationale de France (données) • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Service bibliothécaire national • Bibliothèque nationale de la Diète • Bibliothèque nationale d'Espagne • WorldCat
- Œuvres de Bernard de Clairvaux dans la collection des Sources Chrétiennes : édition en cours des œuvres complètes de Bernard de Clairvaux par l'Institut des Sources Chrétiennes, latin-français, avec introduction et notes, index scripturaire, index thématique et des noms propres des Sermons sur le Cantique.
- Œuvres complètes de saint Bernard
- Catéchèse de Benoit XVI du 21 octobre 2009
- (la) Opera omnia Sancti Bernardi Claraevallensis
- Ernst Tremp, « Bernard de Clairvaux » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du 11 mai 2004.
- Le timbre consacré à Bernard de Clairvaux en 1953.
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