mardi 8 août 2017

saint Dominique Guzman





saint Dominique de Guzman
fondateur de :
« Ordo Fratrum Prædicatorum »
Ordre des Frères prêcheurs : les Dominicains
1170 + 1221
Dominique de Guzman naît aux alentours de 1170 au château de Caleruega près de Silos en Vieille-Castille, de Félix de Guzman et Jeanne d'Asa qui sera béatifiée par l'Église. L'enfant reçoit le nom de Dominique en l'honneur du saint abbé de l'abbaye voisine de Silos, mort un siècle auparavant.

Devenu de bonne heure chanoine d'Osma, Dominique accompagne son évêque Diego dans ses voyages. Il se rend à plusieurs reprises en Languedoc et constate les dégâts causés par l'hérésie cathare. À Rome, où Diego et Dominique viennent demander à Innocent III (Lotario dei Conti di Segni, 1198-1216) d'approuver l'inspiration qu'ils avaient eue d'aller évangéliser les Cumans d'Ukraine, ils reçoivent l'ordre du pape d'assister les cisterciens qui tentent en vain de rechristianiser les albigeois.
Dès 1206, Dominique fonde à Prouille un monastère destiné à accueillir les jeunes filles tentées par les « maisons des parfaites » et qui constituera le noyau des futures dominicaines. À la mort de son évêque, Dominique prend la tête de la mission et, assuré du concours de quelques prêtres instruits, développe une œuvre de prédication et de pénitence. Ensemble, ils organisent des débats contradictoires avec les cathares qui durent parfois plusieurs jours, s'imposent une vie austère qui contraste avec le faste des légats pontificaux. L'apostolat de Dominique parmi les Cathares et les Albigeois échoue. Mais le jeune ordre reçoit l'approbation de l'évêque de Toulouse, puis celle d'Innocent III (Lotario dei Conti di Segni, 1198-1216) que Dominique va trouver à Rome où avait lieu le IVe concile du Latran.
À la mort d'Innocent III en 1216, son successeur, Honorius III (Cencio Savelli, 1216-1227) confirme le nouvel institut et le premier couvent s'ouvre à Rome. En 1219, Dominique prêche le Carême à Toulouse, puis part à Paris afin d'installer un couvent de ses religieux rue Saint-Jacques, d'où leur surnom de « Jacobins ».
Dominique retourne en Italie et se fixe à Bologne. C'est là qu'il quitte sa demeure terrestre pour la rencontre avec Dieu, le 6 août 1221.
Le 3 juillet 1234 le pape Grégoire IX (Ugolino dei Conti di Segni, 1227-1241) le canonise et fait lever son corps de terre afin de l'exposer à la vénération des fidèles.
L'effort intellectuel que Dominique demandait à ses frères porte bientôt ses fruits. À sa mort, on dénombrait à peine 25 docteurs en théologie dans toute l'Europe ; cinquante ans après, l'ordre en comptait environ 700... Bien que n'ayant jamais été aussi populaire que saint François d'Assise, il était vénéré dans toute l'Italie, en Espagne et dans le sud de la France.
Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
>>> Saint Dominique Guzman
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 3 février 2010

Saint Dominique Guzman
Chers frères et sœurs,
La semaine dernière, j'ai présenté la figure lumineuse de François d'Assise et aujourd'hui, je voudrais vous parler d'un autre saint qui, à la même époque, a apporté une contribution fondamentale au renouveau de l'Eglise de son temps. Il s'agit de saint Dominique, le fondateur de l'Ordre des prêcheurs, connus également sous le nom de Frères dominicains.
Son successeur à la tête de l'Ordre, le bienheureux Jourdain de Saxe, offre un portrait complet de saint Dominique dans le texte d'une célèbre prière: « Enflammé par le zèle de Dieu et par l'ardeur surnaturelle, par ta charité sans fin et la ferveur de ton esprit véhément, tu t'es consacré tout entier par le vœu de la pauvreté perpétuelle à l'observance apostolique et à la prédication évangélique ». C'est précisément ce trait fondamental du témoignage de Dominique qui est souligné: il parlait toujours avec Dieu et de Dieu. Dans la vie des saints, l'amour pour le Seigneur et pour le prochain, la recherche de la gloire de Dieu et du salut des âmes vont toujours de pair.
Dominique est né en Espagne, à Caleruega, aux alentours de 1170. Il appartenait à une noble famille de la Vieille Castille et, soutenu par un oncle prêtre, il fut formé dans une célèbre école de Palencia. Il se distingua immédiatement par son intérêt pour l'étude de l'Ecriture Sainte et par son amour envers les pauvres, au point de vendre ses livres, qui à l'époque représentaient un bien d'une grande valeur, pour venir en aide, grâce à l'argent qu'il en tira, aux victimes d'une famine.
Ordonné prêtre, il fut élu chanoine du chapitre de la cathédrale de son diocèse d'origine, Osma. Même si cette nomination pouvait représenter pour lui un motif de prestige dans l'Eglise et dans la société, il ne l'interpréta pas comme un privilège personnel, ni comme le début d'une brillante carrière ecclésiastique, mais comme un service à rendre avec dévouement et humilité. La tentation de la carrière n'est-elle pas une tentation dont ne sont pas même exempts ceux qui ont un rôle d'animation et de gouvernement dans l'Eglise? C'est ce que je rappelais, il y a quelques mois, à l'occasion de la consécration de plusieurs évêques: « Ne recherchons pas le pouvoir, le prestige, l'estime pour nous-mêmes... Nous savons que dans la société civile, et souvent, même dans l'Eglise, les affaires souffrent du fait que beaucoup de personnes, auxquelles a été confiée une responsabilité, œuvrent pour elles-mêmes et non pas pour la communauté » (Homélie lors de la chapelle papale pour l'ordination épiscopale de cinq prélats, 12 septembre 2009, cf. ORLF n. 37 du 15 septembre 2009).
L'évêque d'Osma, qui se nommait Diego, un véritable pasteur zélé, remarqua très tôt les qualités spirituelles de Dominique, et voulut bénéficier de sa collaboration. Ils allèrent ensemble en Europe du nord, pour accomplir des missions diplomatiques qui leur avaient été confiées par le roi de Castille. En voyageant, Dominique se rendit compte de deux immenses défis pour l'Eglise de son temps: l'existence de peuples pas encore évangélisés, aux frontières nord du continent européen et le déchirement religieux qui affaiblissait la vie chrétienne dans le sud de la France, où l'action de certains groupes hérétiques créait des troubles et éloignait de la vérité de la foi. L'action missionnaire envers ceux qui ne connaissaient pas la lumière de l'Evangile et l'œuvre de réévangélisation des communautés chrétiennes devinrent ainsi les objectifs apostoliques que Dominique se proposa de poursuivre. Ce fut le Pape, auprès duquel l'évêque Diego et Dominique se rendirent pour lui demander conseil, qui demanda à ce dernier de se consacrer à prêcher aux Albigeois, un groupe hérétique qui soutenait une conception dualiste de la réalité, c'est-à-dire à travers deux principes créateurs également puissants, le Bien et le Mal. Ce groupe, par conséquent méprisait la matière comme provenant du principe du mal, refusant également le mariage, allant jusqu'à nier l'incarnation du Christ, les sacrements dans lesquels le Seigneur nous « touche » à travers la matière et la résurrection des corps. Les Albigeois privilégiaient la vie pauvre et austère, – dans ce sens, il étaient également exemplaires – et ils critiquaient la richesse du clergé de l'époque. Dominique accepta avec enthousiasme cette mission, qu'il réalisa précisément à travers l'exemple de son existence pauvre et austère, à travers la prédication de l'Evangile et les débats publics. Il consacra le reste de sa vie à cette mission de prêcher la Bonne Nouvelle. Ses fils devaient réaliser également les autres rêves de saint Dominique: la mission ad gentes, c'est-à-dire à ceux qui ne connaissaient pas encore Jésus, et la mission à ceux qui vivaient dans les villes, surtout les villes universitaires, où les nouvelles tendances intellectuelles étaient un défi pour la foi des personnes cultivées.
Ce grand saint nous rappelle que dans le cœur de l'Eglise doit toujours brûler un feu missionnaire, qui incite sans cesse à apporter la première annonce de l'Evangile et, là où cela est nécessaire, une nouvelle évangélisation: en effet, le Christ est le bien le plus précieux que les hommes et les femmes de chaque époque et de chaque lieu ont le droit de connaître et d'aimer! Il est réconfortant de voir que dans l'Eglise d'aujourd'hui également il existe tant de personnes – pasteurs et fidèles laïcs, membres d'antiques ordres religieux et de nouveaux mouvements ecclésiaux – qui donnent leur vie avec joie pour cet idéal suprême: annoncer et témoigner de l'Evangile!
A Dominique Guzman s'associèrent ensuite d'autres hommes, attirés par sa même aspiration. De cette manière, progressivement, à partir de la première fondation de Toulouse, fut créé l'ordre des prêcheurs. Dominique, en effet, en pleine obéissance aux directives des Papes de son temps, Innocent III et Honorius III, adopta l'antique Règle de saint Augustin, l'adaptant aux exigences de vie apostolique, qui le conduisaient, ainsi que ses compagnons, à prêcher en se déplaçant d'un lieu à l'autre, mais en revenant ensuite dans leurs propres couvents, lieux d'étude, de prière et de vie communautaire. Dominique voulut souligner de manière particulière deux valeurs considérées indispensables pour le succès de la mission évangélisatrice: la vie communautaire dans la pauvreté et l'étude.
Dominique et les frères prêcheurs se présentaient tout d'abord comme mendiants, c'est-à-dire sans de grandes propriétés foncières à administrer. Cet élément les rendait plus disponibles à l'étude et à la prédication itinérante et constituait un témoignage concret pour les personnes. Le gouvernement interne des couvents et des provinces dominicaines s'organisa sur le système des chapitres, qui élisaient leurs propres supérieurs, ensuite confirmés par les supérieurs majeurs; une organisation qui stimulait donc la vie fraternelle et la responsabilité de tous les membres de la communauté, en exigeant de fortes convictions personnelles. Le choix de ce système naissait précisément du fait que les dominicains, en tant que prêcheurs de la vérité de Dieu, devaient être cohérents avec ce qu'ils annonçaient. La vérité étudiée et partagée dans la charité avec les frères est le fondement le plus profond de la joie. Le bienheureux Jourdain de Saxe dit à propos de saint Dominique: « Il accueillait chaque homme dans le grand sein de la charité et, étant donné qu'il aimait chacun, tous l'aimaient. Il s'était fait pour règle personnelle de se réjouir avec les personnes heureuses et de pleurer avec ceux qui pleuraient » (Libellus de principiis Ordinis Praedicatorum autore Iordano de Saxonia, ed. H.C. Scheeben, [Monumenta Historica Sancti Patris Nostri Domiici, Romae, 1935]).
En second lieu, Dominique, par un geste courageux, voulut que ses disciples reçoivent une solide formation théologique, il n'hésita pas à les envoyer dans les universités de son temps, même si un grand nombre d'ecclésiastiques regardaient avec défiance ces institutions culturelles. Les Constitutions de l'Ordre des prêcheurs accordent une grande importance à l'étude comme préparation à l'apostolat. Dominique voulut que ses frères s'y consacrent sans compter, avec diligence et piété; une étude fondée sur l'âme de tout savoir théologique, c'est-à-dire sur l'Ecriture Sainte, et respectueuse des questions posées à la raison. Le développement de la culture impose à ceux qui accomplissent le ministère de la Parole, aux différents niveaux, d'être bien préparés. Il exhorte donc tous, pasteurs et laïcs, à cultiver cette « dimension culturelle » de la foi, afin que la beauté de la vérité chrétienne puisse être mieux comprise et que la foi puisse être vraiment nourrie, renforcée et aussi défendue. En cette Année sacerdotale, j'invite les séminaristes et les prêtres à estimer la valeur spirituelle de l'étude. La qualité du ministère sacerdotal dépend aussi de la générosité avec laquelle on s'applique à l'étude des vérités révélées.
Dominique, qui voulut fonder un Ordre religieux de prêcheurs-théologiens, nous rappelle que la théologie a une dimension spirituelle et pastorale, qui enrichit l'âme et la vie. Les prêtres, les personnes consacrées, ainsi que tous les fidèles, peuvent trouver une profonde « joie intérieure » dans la contemplation de la beauté de la vérité qui vient de Dieu, une vérité toujours actuelle et toujours vivante. La devise des frères prêcheurs – contemplata aliis tradere – nous aide à découvrir, ensuite, un élan pastoral dans l'étude contemplative de cette vérité, du fait de l'exigence de transmettre aux autres le fruit de notre propre contemplation.
Lorsque Dominique mourut en 1221, à Bologne, la ville qui l'a choisi comme patron, son œuvre avait déjà rencontré un grand succès. L'Ordre des prêcheurs, avec l'appui du Saint-Siège, s'était répandu dans de nombreux pays d'Europe, au bénéfice de l'Eglise tout entière. Dominique fut canonisé en 1234, et c'est lui-même qui, par sa sainteté, nous indique deux moyens indispensables afin que l'action apostolique soit incisive. Tout d'abord la dévotion mariale, qu'il cultiva avec tendresse et qu'il laissa comme héritage précieux à ses fils spirituels, qui dans l'histoire de l'Eglise ont eu le grand mérite de diffuser la prière du saint Rosaire, si chère au peuple chrétien et si riche de valeurs évangéliques, une véritable école de foi et de piété. En second lieu, Dominique, qui s'occupa de plusieurs monastères féminins en France et à Rome, crut jusqu'au bout à la valeur de la prière d'intercession pour le succès du travail apostolique. Ce n'est qu'au Paradis que nous comprendrons combien la prière des religieuses contemplatives accompagne efficacement l'action apostolique! A chacune d'elles, j'adresse ma pensée reconnaissante et affectueuse.
Chers frères et sœurs, la vie de Dominique Guzman nous engage tous à être fervents dans la prière, courageux à vivre la foi, profondément amoureux de Jésus Christ. Par son intercession, nous demandons à Dieu d'enrichir toujours l'Eglise d'authentiques prédicateurs de l'Evangile.
* * *
               J’accueille avec joie les pèlerins francophones particulièrement les élèves et les professeurs des collèges Fénelon et du Sacré-Cœur, et ceux de l’Institut Saint Dominique, de Rome. Que Notre Dame du Rosaire, patronne le l’Ordre Dominicain, vous aide à découvrir la présence du Christ dans votre vie et à le suivre généreusement chaque jour. Que Dieu vous bénisse!
    
© Copyright 2010 - Libreria Editrice Vaticana
 




Sources principales : missionet.fr ; vativan.va (« Rév. x gpm »).


BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 3 février 2010

Saint Dominique Guzman
Chers frères et sœurs,
La semaine dernière, j'ai présenté la figure lumineuse de François d'Assise et aujourd'hui, je voudrais vous parler d'un autre saint qui, à la même époque, a apporté une contribution fondamentale au renouveau de l'Eglise de son temps. Il s'agit de saint Dominique, le fondateur de l'Ordre des prêcheurs, connus également sous le nom de Frères dominicains.
Son successeur à la tête de l'Ordre, le bienheureux Jourdain de Saxe, offre un portrait complet de saint Dominique dans le texte d'une célèbre prière: « Enflammé par le zèle de Dieu et par l'ardeur surnaturelle, par ta charité sans fin et la ferveur de ton esprit véhément, tu t'es consacré tout entier par le vœu de la pauvreté perpétuelle à l'observance apostolique et à la prédication évangélique ». C'est précisément ce trait fondamental du témoignage de Dominique qui est souligné: il parlait toujours avec Dieu et de Dieu. Dans la vie des saints, l'amour pour le Seigneur et pour le prochain, la recherche de la gloire de Dieu et du salut des âmes vont toujours de pair.
Dominique est né en Espagne, à Caleruega, aux alentours de 1170. Il appartenait à une noble famille de la Vieille Castille et, soutenu par un oncle prêtre, il fut formé dans une célèbre école de Palencia. Il se distingua immédiatement par son intérêt pour l'étude de l'Ecriture Sainte et par son amour envers les pauvres, au point de vendre ses livres, qui à l'époque représentaient un bien d'une grande valeur, pour venir en aide, grâce à l'argent qu'il en tira, aux victimes d'une famine.
Ordonné prêtre, il fut élu chanoine du chapitre de la cathédrale de son diocèse d'origine, Osma. Même si cette nomination pouvait représenter pour lui un motif de prestige dans l'Eglise et dans la société, il ne l'interpréta pas comme un privilège personnel, ni comme le début d'une brillante carrière ecclésiastique, mais comme un service à rendre avec dévouement et humilité. La tentation de la carrière n'est-elle pas une tentation dont ne sont pas même exempts ceux qui ont un rôle d'animation et de gouvernement dans l'Eglise? C'est ce que je rappelais, il y a quelques mois, à l'occasion de la consécration de plusieurs évêques: « Ne recherchons pas le pouvoir, le prestige, l'estime pour nous-mêmes... Nous savons que dans la société civile, et souvent, même dans l'Eglise, les affaires souffrent du fait que beaucoup de personnes, auxquelles a été confiée une responsabilité, œuvrent pour elles-mêmes et non pas pour la communauté » (Homélie lors de la chapelle papale pour l'ordination épiscopale de cinq prélats, 12 septembre 2009, cf. ORLF n. 37 du 15 septembre 2009).
L'évêque d'Osma, qui se nommait Diego, un véritable pasteur zélé, remarqua très tôt les qualités spirituelles de Dominique, et voulut bénéficier de sa collaboration. Ils allèrent ensemble en Europe du nord, pour accomplir des missions diplomatiques qui leur avaient été confiées par le roi de Castille. En voyageant, Dominique se rendit compte de deux immenses défis pour l'Eglise de son temps: l'existence de peuples pas encore évangélisés, aux frontières nord du continent européen et le déchirement religieux qui affaiblissait la vie chrétienne dans le sud de la France, où l'action de certains groupes hérétiques créait des troubles et éloignait de la vérité de la foi. L'action missionnaire envers ceux qui ne connaissaient pas la lumière de l'Evangile et l'œuvre de réévangélisation des communautés chrétiennes devinrent ainsi les objectifs apostoliques que Dominique se proposa de poursuivre. Ce fut le Pape, auprès duquel l'évêque Diego et Dominique se rendirent pour lui demander conseil, qui demanda à ce dernier de se consacrer à prêcher aux Albigeois, un groupe hérétique qui soutenait une conception dualiste de la réalité, c'est-à-dire à travers deux principes créateurs également puissants, le Bien et le Mal. Ce groupe, par conséquent méprisait la matière comme provenant du principe du mal, refusant également le mariage, allant jusqu'à nier l'incarnation du Christ, les sacrements dans lesquels le Seigneur nous « touche » à travers la matière et la résurrection des corps. Les Albigeois privilégiaient la vie pauvre et austère, – dans ce sens, il étaient également exemplaires – et ils critiquaient la richesse du clergé de l'époque. Dominique accepta avec enthousiasme cette mission, qu'il réalisa précisément à travers l'exemple de son existence pauvre et austère, à travers la prédication de l'Evangile et les débats publics. Il consacra le reste de sa vie à cette mission de prêcher la Bonne Nouvelle. Ses fils devaient réaliser également les autres rêves de saint Dominique: la mission ad gentes, c'est-à-dire à ceux qui ne connaissaient pas encore Jésus, et la mission à ceux qui vivaient dans les villes, surtout les villes universitaires, où les nouvelles tendances intellectuelles étaient un défi pour la foi des personnes cultivées.
Ce grand saint nous rappelle que dans le cœur de l'Eglise doit toujours brûler un feu missionnaire, qui incite sans cesse à apporter la première annonce de l'Evangile et, là où cela est nécessaire, une nouvelle évangélisation: en effet, le Christ est le bien le plus précieux que les hommes et les femmes de chaque époque et de chaque lieu ont le droit de connaître et d'aimer! Il est réconfortant de voir que dans l'Eglise d'aujourd'hui également il existe tant de personnes – pasteurs et fidèles laïcs, membres d'antiques ordres religieux et de nouveaux mouvements ecclésiaux – qui donnent leur vie avec joie pour cet idéal suprême: annoncer et témoigner de l'Evangile!
A Dominique Guzman s'associèrent ensuite d'autres hommes, attirés par sa même aspiration. De cette manière, progressivement, à partir de la première fondation de Toulouse, fut créé l'ordre des prêcheurs. Dominique, en effet, en pleine obéissance aux directives des Papes de son temps, Innocent III et Honorius III, adopta l'antique Règle de saint Augustin, l'adaptant aux exigences de vie apostolique, qui le conduisaient, ainsi que ses compagnons, à prêcher en se déplaçant d'un lieu à l'autre, mais en revenant ensuite dans leurs propres couvents, lieux d'étude, de prière et de vie communautaire. Dominique voulut souligner de manière particulière deux valeurs considérées indispensables pour le succès de la mission évangélisatrice: la vie communautaire dans la pauvreté et l'étude.
Dominique et les frères prêcheurs se présentaient tout d'abord comme mendiants, c'est-à-dire sans de grandes propriétés foncières à administrer. Cet élément les rendait plus disponibles à l'étude et à la prédication itinérante et constituait un témoignage concret pour les personnes. Le gouvernement interne des couvents et des provinces dominicaines s'organisa sur le système des chapitres, qui élisaient leurs propres supérieurs, ensuite confirmés par les supérieurs majeurs; une organisation qui stimulait donc la vie fraternelle et la responsabilité de tous les membres de la communauté, en exigeant de fortes convictions personnelles. Le choix de ce système naissait précisément du fait que les dominicains, en tant que prêcheurs de la vérité de Dieu, devaient être cohérents avec ce qu'ils annonçaient. La vérité étudiée et partagée dans la charité avec les frères est le fondement le plus profond de la joie. Le bienheureux Jourdain de Saxe dit à propos de saint Dominique: « Il accueillait chaque homme dans le grand sein de la charité et, étant donné qu'il aimait chacun, tous l'aimaient. Il s'était fait pour règle personnelle de se réjouir avec les personnes heureuses et de pleurer avec ceux qui pleuraient » (Libellus de principiis Ordinis Praedicatorum autore Iordano de Saxonia, ed. H.C. Scheeben, [Monumenta Historica Sancti Patris Nostri Domiici, Romae, 1935]).
En second lieu, Dominique, par un geste courageux, voulut que ses disciples reçoivent une solide formation théologique, il n'hésita pas à les envoyer dans les universités de son temps, même si un grand nombre d'ecclésiastiques regardaient avec défiance ces institutions culturelles. Les Constitutions de l'Ordre des prêcheurs accordent une grande importance à l'étude comme préparation à l'apostolat. Dominique voulut que ses frères s'y consacrent sans compter, avec diligence et piété; une étude fondée sur l'âme de tout savoir théologique, c'est-à-dire sur l'Ecriture Sainte, et respectueuse des questions posées à la raison. Le développement de la culture impose à ceux qui accomplissent le ministère de la Parole, aux différents niveaux, d'être bien préparés. Il exhorte donc tous, pasteurs et laïcs, à cultiver cette « dimension culturelle » de la foi, afin que la beauté de la vérité chrétienne puisse être mieux comprise et que la foi puisse être vraiment nourrie, renforcée et aussi défendue. En cette Année sacerdotale, j'invite les séminaristes et les prêtres à estimer la valeur spirituelle de l'étude. La qualité du ministère sacerdotal dépend aussi de la générosité avec laquelle on s'applique à l'étude des vérités révélées.
Dominique, qui voulut fonder un Ordre religieux de prêcheurs-théologiens, nous rappelle que la théologie a une dimension spirituelle et pastorale, qui enrichit l'âme et la vie. Les prêtres, les personnes consacrées, ainsi que tous les fidèles, peuvent trouver une profonde « joie intérieure » dans la contemplation de la beauté de la vérité qui vient de Dieu, une vérité toujours actuelle et toujours vivante. La devise des frères prêcheurs – contemplata aliis tradere – nous aide à découvrir, ensuite, un élan pastoral dans l'étude contemplative de cette vérité, du fait de l'exigence de transmettre aux autres le fruit de notre propre contemplation.
Lorsque Dominique mourut en 1221, à Bologne, la ville qui l'a choisi comme patron, son œuvre avait déjà rencontré un grand succès. L'Ordre des prêcheurs, avec l'appui du Saint-Siège, s'était répandu dans de nombreux pays d'Europe, au bénéfice de l'Eglise tout entière. Dominique fut canonisé en 1234, et c'est lui-même qui, par sa sainteté, nous indique deux moyens indispensables afin que l'action apostolique soit incisive. Tout d'abord la dévotion mariale, qu'il cultiva avec tendresse et qu'il laissa comme héritage précieux à ses fils spirituels, qui dans l'histoire de l'Eglise ont eu le grand mérite de diffuser la prière du saint Rosaire, si chère au peuple chrétien et si riche de valeurs évangéliques, une véritable école de foi et de piété. En second lieu, Dominique, qui s'occupa de plusieurs monastères féminins en France et à Rome, crut jusqu'au bout à la valeur de la prière d'intercession pour le succès du travail apostolique. Ce n'est qu'au Paradis que nous comprendrons combien la prière des religieuses contemplatives accompagne efficacement l'action apostolique! A chacune d'elles, j'adresse ma pensée reconnaissante et affectueuse.
Chers frères et sœurs, la vie de Dominique Guzman nous engage tous à être fervents dans la prière, courageux à vivre la foi, profondément amoureux de Jésus Christ. Par son intercession, nous demandons à Dieu d'enrichir toujours l'Eglise d'authentiques prédicateurs de l'Evangile.
* * *
               J’accueille avec joie les pèlerins francophones particulièrement les élèves et les professeurs des collèges Fénelon et du Sacré-Cœur, et ceux de l’Institut Saint Dominique, de Rome. Que Notre Dame du Rosaire, patronne le l’Ordre Dominicain, vous aide à découvrir la présence du Christ dans votre vie et à le suivre généreusement chaque jour. Que Dieu vous bénisse!
    
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wikipédia à jour au 8 Août 2017

 

Dominique de Guzmán

Saint Dominique
Image illustrative de l'article Dominique de Guzmán
Saint Dominique, fresque de Fra Angelico au couvent San Marco.
Maître général de l'ordre des Prêcheurs
Naissance
Décès
6 août 1221
Bologne, Italie
Nationalité
Espagnol
Ordre religieux
Fête
Dominique Núñez de Guzman (en espagnol Domingo Núñez de Guzmán), né vers 1170 en Espagne dans un milieu aisé et mort le 6 août 1221 à Bologne, est un religieux catholique, un prêtre, fondateur de l'ordre des frères prêcheurs appelés couramment « dominicains ». Canonisé par l'Église en 1234, il est célèbre sous le nom de saint Dominique. Autrefois fêté le 4 août puis le 6 août jour de sa « naissance au ciel »1, il est fêté le 8 août depuis le Concile Vatican II.

Sommaire

Biographie

La vie de Dominique est principalement connue par des Vitae, Légendes et miracles, textes hagiographiques au fort pouvoir apologétique écrits entre 1221 et la fin du XIIIe siècle2, et dont l'historicité des récits est interrogée par la critique historique.

Enfance

Vision de la mère de Dominique.
Dominique est né à Caleruega, village austère dans l'actuelle province de Burgos, dans la Vieille-Castille à 80 kilomètres de Burgos3.
Dans la source la plus ancienne relative à la vie de Saint Dominique, le Libellus de principiis Ordinis Praedicatorum (Petit livre sur les débuts de l’Ordre des Prêcheurs, récit hagiographique du dominicain Jourdain de Saxe), le nom de ses parents n’est pas indiqué. L’absence de cette mention peut s’expliquer par le fait que Jourdain de Saxe ne prétend pas donner une biographie du saint mais plutôt, comme le titre de l’œuvre l’indique, exposer l’histoire des débuts de l’ordre dominicain.
Le second biographe de Saint Dominique, Pierre Ferrand (parfois identifié à Petrus Hispanus (en)), auteur d’une Legenda Sancti Dominici se borne à indiquer que son père se nommait Felix et sa mère Jeanne (Juana). Rodrigue de Cerrato précise, dans sa Vita sancti Dominici (vers 1275) que Felix est un riche propriétaire et que Juana est une femme vertueuse.
Ce n’est qu’au début du XVe siècle qu’apparaît l’indication selon laquelle Dominique aurait appartenu à la prestigieuse famille des Guzman, ducs de Medina Sidonia. Cette information est contenue dans un récit de Pero Tafur, Andanças e Viajes4 (Voyages et Aventures, 1435-1439), qui est lui-même dédié à Don Fernando de Guzman, commandeur de l’Ordre de Calatrava. L’auteur, passant à Bologne, indique que le saint y est enterré et qu’il était de la famille des Guzmân par son père, Félix de Guzmân. Le rattachement de Saint Dominique à cette lignée nobiliaire n’est pas autrement prouvé mais cette tradition n'est pas improbable5. La tradition dominicaine grandit également sa naissance par sa mère, Jeanne d'Aza qui serait de haute noblesse6.
L'hagiographie du dominicain Thierry d'Apolda (en) précise que le couple Guzmân a trois fils connus (dont Manés) qui deviennent tous prêtres7.
Selon une légende analogue à celles de plusieurs naissances de saints (saint Isidore, Jean Chrysostome)8, après avoir été en pèlerinage à l'abbaye Saint-Dominique de Silos, la mère de Dominique (Dominicus en latin, ce qui signifie celui qui appartient au Seigneur) aurait vu en songe, pendant sa grossesse, un chien tenant une torche allumée dans la gueule pour éclairer le monde. Ce songe résume la vie du futur saint dont le prénom a été choisi en référence à l'abbé Dominique de Silos vénéré par sa mère, avec de plus un calembour en latin sur les futurs dominicains, dominicanes, assimilés à des chiens du Seigneur9. L'hagiographe Jourdain utilise dans ses récits édifiants de nombreux autres topoi hagiographique : lune que sa mère aurait vue sur le front du petit, abeilles qui se seraient posées sur les lèvres du nouveau-né10.
Dominique est le troisième de la fratrie après Antoine et Manés. Tous trois deviendront prêtres.

Études et entrée en religion

À sept ans, il est confié à un oncle maternel ecclésiastique vivant à Gumiel de Izán11, où il effectue des études de lettres, notamment le latin pour en faire un lecteur. Dominique est envoyé à quatorze ans à l'université de Palencia pour étudier la théologie et la philosophie. Repéré par le prieur du chapitre des chanoines réguliers d'Osma, il entre à l'âge d'environ 25 ans, en 1196, comme chanoine dans cette communauté en plein réforme à l'époque de la part du prieur qui veut y imposer la Règle de saint Augustin12. Selon l'hagiographie dominicaine, il se distingue de bonne heure par la ferveur de son zèle et par son talent pour la prédication : « Aussitôt celui-ci se mit à briller parmi les chanoines comme l'étoile du berger, le dernier par l'humilité du cœur, le premier par la sainteté. Il devint pour les autres le parfum qui conduit à la vie, semblable à l'encens qui embaume dans les jours d'été. Chacun s'étonne de ce sommet si rapidement et si secrètement atteint dans la vie religieuse ; on le choisit pour sous-prieur, jugeant qu'ainsi placé sur un piédestal élevé, il verserait à tous les regards sa lumière et inviterait chacun à suivre son exemple »13. Dominique apparaît effectivement dans une charte datée du 13 janvier 1201 avec la qualité de sous-prieur du chapitre d'Osma14.
En 1203, Dominique accompagne son évêque, Diego de Acebo, chargé par le roi Alphonse VIII de Castille d'une ambassade auprès du roi de Danemark afin d'obtenir une princesse en mariage pour l'infant.

Contre l'hérésie des "bons hommes" ou "bons chrétiens"

Saint Dominique recevant le rosaire des mains de Notre-Dame, Lorenzo Gramiccia.
Traversant ce qu'on appelle aujourd'hui l'Occitanie, Dominique y rencontre l'hérésie des "bons hommes" ou "bons chrétiens" ou "cathares". Certains des éléments qui serviront de prétexte à la Réforme protestante sont déjà présents à cette époque. La richesse de l'Église, en particulier, fait scandale parmi des chrétiens qui finissent par se laisser séduire par les idées des vaudois et des "bons hommes".
Jusqu'à la fin du XIIe siècle, les papes avaient tenté d'enrayer le phénomène sur deux plans : des campagnes militaires menées par des évêques dont les victoires sanglantes restaient sans lendemain et des prêches menés avec faste par les cisterciens avec saint Bernard à leur tête comme ce fut le cas à Albi en 1145. Ici aussi sans résultat. L'Église ne parvient pas, à cette époque, à contrer l'hérésie adoptée par une partie du peuple tandis que les théologiens adverses allient à leur culture religieuse un style de prêche qui touche les petites gens. L'hérésie est finalement condamnée en 1184, confondant les deux mouvements pourtant distincts.
À son retour du Danemark, après un deuxième voyage en 1205, Dominique passe par Rome et Cîteaux, puis s'arrête en Languedoc, apparemment résolu à combattre l'hérésie à la demande du pape Innocent III . Alors qu'il voulait avec son évêque Diego de Acebo évangéliser les Coumans d'Ukraine, il aurait reçu l'ordre du pape d'assister les cisterciens qui tentaient en vain de rechristianiser les albigeois15. Pour concurrencer une institution cathare comparable, Dominique établit à Prouille dès 1206 le premier monastère de femmes (noyau des futures dominicaines), en utilisant l'ancienne église et quelques dépendances, dont la majeure partie est donnée par Guillaume et Raymonde Claret. En 1207 Dominique fait partie du colloque de Pamiers, appelé aussi « colloque de Montréal » qui est le dernier débat contradictoire entre les cathares et l'Église. Le légat Arnaud Amaury lui fixe une « diète16 », territoire à évangéliser autour de Prouille, avec notamment les places fortes cathares de Fanjeaux et Montréal17. Une légende18 dont la source semble être le Rosarium (long poème marial composé par un dominicain au milieu du XIVe siècle) attribue à Dominique l'apparition de la Vierge en 1208 à Prouille qui se montre à lui sous le vocable de Notre-Dame du Rosaire. Le dominicain Alain de La Roche propage au XVe siècle le rosaire, méthode de méditation sur la vie du Christ.
Maison Seilhan
L'assassinat du légat du pape, le cistercien Pierre de Castelnau, imputé à Raymond VI de Toulouse, déclenche en 1209 la croisade des Albigeois et Dominique suit les croisés dans les places conquises cherchant à obtenir des conversions.
Le 25 avril 1215 il s'établit à Toulouse, avec quelques proches, dans des bâtiments donnés par Pierre Seila (ou Pierre Seilhan), visibles aujourd'hui au 7, place du Parlement. L'installation dans une ville a pour premier but d'étudier, Dominique bénéficiant des leçons d'un maître, son ordre accompagnant la création de l'Université de Toulouse19. Foulques, évêque de Toulouse, collaborateur de Dominique depuis 1206, les autorise à prêcher dans tout le territoire de Toulouse. Au mois de novembre, Dominique et Foulques sont à Rome, au IVe concile du Latran : là, avec le pape Innocent III, ils projettent l'établissement d'un ordre des Prêcheurs, moines qui s'engagent à la pauvreté et la prédication mais après une solide formation doctrinale pour mieux réfuter les hérésies20.
À la même époque, Simon de Montfort, à la tête d'une armée de croisés, extermine les Albigeois par le fer et par le feu (1205-1215). Dominique opère un grand nombre de conversions par la seule persuasion ; il ne prend aucune part à la guerre, ne voulant d'autres armes que la prédication, la prière et les bons exemples.

Fondation de l'ordre des Prêcheurs

Lorenzo Lotto, Prédication de saint Dominique à Recanati
Ainsi, et peut-être inspiré par le tout récent ordre mendiant de François d'Assise, Dominique fonde en 1216 l'ordre des Prêcheurs, mieux connu aujourd'hui sous le nom de Dominicains qui seront, à l'inverse des Franciscains invités à s'instruire sans relâche. Un an avant la constitution officielle de l'ordre, Innocent III demande à Dominique de s'inscrire dans une tradition existante. Une règle inspirée de celle de saint Augustin sera choisie, et c'est le pape suivant Honorius III, qui autorise l'établissement de l'ordre en décembre 1216 selon certains ou en janvier 1217.
Le 15 août 1217, Dominique disperse ses seize premiers frères qui se fixent dans les villes universitaires (Bologne, Paris, Toulouse, Oxford, Cologne) où la qualité de leur enseignement leur permet de briguer rapidement les chaires de faculté. Il répond ainsi à la recommandation du quatrième concile du Latran qui invite les évêques à doter leurs diocèses de prédicateurs instruits. Au chapitre de Bologne (1220), Dominique donne ses premières structures à l’ordre des frères prêcheurs. À sa tête est placé un maître général auquel sont soumis tous les prêcheurs. Un chapitre général est réuni tous les ans, élaborant les règlements de l’ordre et disposant du pouvoir judiciaire. La règle de l’ordre est celle des chanoines de saint Augustin. Elle accorde une large place à la prière liturgique et à la méditation. L’ordre ne doit avoir ni revenus, ni propriétés, et doit pratiquer la mendicité conventuelle. Seule est admise la possession du couvent par la communauté et de livres par chacun des frères. Chaque couvent se transforme en maison d’étude (studium) et chaque province dispose de centres d’études biblique et théologique.
Il emploie ses dernières années à répandre son institut, qui bientôt compte de nombreux couvents en France, en Italie, en Espagne.
Le 6 août 1221, Dominique meurt à Bologne après une longue maladie. Il est canonisé le 3 juillet 1234 par Grégoire IX, qui fixe sa fête au 4 août (un an avant que l'ordre fondé par Dominique ne soit impliqué par le pape dans une nouvelle méthode de lutte contre l'hérésie : l'Inquisition), la date du 6 août étant réservée à la fête de la Transfiguration et celle du 5 à la fête de Notre Dame des neiges21.

Rôle historique

S. Dominique, "Marteau des hérétiques", et l'Inquisition

Dominique présidant un autodafé, par Pedro Berruguete (1475), musée du Prado, Madrid
La tradition lui a donné le titre de "Marteau des hérétiques", ou "Marteau des hérésies", qu'il partage avec S. Antoine de Padoue. Certains le regardent comme le premier inquisiteur, et disent qu'il fut chargé d'exercer ces fonctions dans le Languedoc. Dans son Histoire de France, Jules Michelet, historien romantique, veut voir en lui le « terrible fondateur de l'Inquisition ». Les Dominicains eux-mêmes, au Moyen Âge, ont accrédité cette légende : Bernard Gui, l'un des plus célèbres inquisiteurs (actif à Toulouse de 1308 à 1322), qualifie Dominique de « premier inquisiteur » dans sa biographie du fondateur. Un tableau de Pedro Berruguete montre Dominique devant un autodafé et prêt à envoyer des hérétiques au bûcher — tableau sans doute à la gloire de Dominique, le peintre ayant réalisé plusieurs tableaux à la demande de Tomás de Torquemada. En réalité, Dominique est mort en 1221, date à laquelle l'Inquisition n'existait pas encore, et ne combattit jamais que par le prêche. La première personne à porter le nom d'inquisiteur, Conrad de Marbourg, reçoit ce titre en 1231 et ses excès de zèle - illustrés par les témoins du procès en canonisation de sainte Élisabeth de Hongrie - causeront sa perte et il sera assassiné deux ans à peine après son entrée en fonction.
La « légende noire » qui provient de cette erreur historique est, selon Michel Roquebert, d'autant plus dommageable à Dominique qu'elle a été forgée par les Dominicains eux-mêmes à une époque où ils s’enorgueillissaient de combattre l'hérésie22.

Dévotion au rosaire

La dévotion au Rosaire fut répandue par le bienheureux Alain de la Roche, disciple et frère de Dominique de Guzman.

Sources de sa biographie

Le libellus de Jourdain de Saxe, successeur de Dominique à la tête de l'Ordre des Prêcheurs, est à la base de l'historiographie primitive. Ce libellus date probablement d'avant la canonisation qui eut lieu en 1234, et semble postérieur au 25 décembre 1231, date du décès de Foulques de Toulouse23. Jourdain de Saxe indique qu'aucun texte n'a été écrit avant le sien, et qu'il s'appuie d'une part, sur « ce qu'il a vu et entendu personnellement », et d'autre part sur « ce qu'il a connu des commencements de l'Ordre par la relation des frères primitifs »24. Plusieurs frères peuvent être identifiés qui ont pu l'aider à écrire son récit, comme Bertrand de Garrigue, Jean de Navarre, ou frère Ventura de Vérone, prieur de Bologne. À partir de ce libellus, Pierre Ferrand, autre dominicain, va écrire une vie de Dominique destinée à la liturgie. Entre 1237 et 1242, il remanie le libellus et le réduit d'un tiers, en rajoutant toutefois des éléments sur l'enfance du saint. À partir de la biographie de Pierre Ferrand, Constantin d'Orvieto écrit une seconde biographie, nettement plus hagiographique, à la demande du chapitre général de l'Ordre en 1245.
Il existe également trois sources non dominicaines qui décrivent même succinctement la vie de Dominique de Guzman. La Chronique de Robert d'Auxerre est rédigée en 1207-1208, à l'époque des événements qu'elle rapporte. Par contre, l'Historia Albigensis du cistercien Pierre des Vaux-de-Cernai est écrite vers 1213, quelques années après les événements. Enfin, Guillaume de Puylaurens écrit une Chronique des événements longtemps après, entre 1250 et 1273. Ces trois auteurs ont une grande autorité. Ils font ressortir des inexactitudes dans les textes de Jourdain de Saxe, qui manquait sans doute de moyens d'information25.

Iconographie

Saint Dominique est souvent représenté muni d'une croix, d'un livre et d'un globe terrestre. Une étoile lui pare le front tandis qu'un chien noir et blanc portant une torche enflammée dans sa gueule l'accompagne et que des lys l'entourent. On l'associe à des qualités de prédication.
« Ce chien portant une torche vient, d'un rêve que la mère de saint Dominique fit alors qu'elle était enceinte de lui. Dans ce rêve elle enfantait d'un chien portant une torche qui embrasait le monde entier. Saint Dominique reprit donc cet emblème en disant qu'il serait ce chien qui embraserait le monde de la vérité. »

Notes et références

  1. Nominis : Saint Dominique [archive]
  2. Dominique Racinet, Saint Dominique, le visage d'un cœur, Editions Saint-Augustin, 2006, p. 21.
  3. Le toponyme Caleruega signifie « petit four à chaux », référence à la fabrication de la chaux issue du banc de calcaire qui couronne la colline de Saint-Jorge, au sommet du village. Cf. Marie-Humbert Vicaire, Histoire de saint Dominique, Éditions du Cerf, 2004, p. 54.
  4. http://depts.washington.edu/silkroad/texts/tafur.html#prologue [archive] (texte en anglais)
  5. (de) Berthold Altaner, Der hl. Dominikus: Untersuchungen und Texte, G. P. Aderholz Buchhandlung, 1922, p. 74.
  6. Marie-Humbert Vicaire, Histoire de saint Dominique, Éditions du Cerf, 2004, p. 68-69.
  7. Thierry d'Apolda (en), Vita S. Dominici, dans A.S.S., Août, I, p. 568
  8. Marie-Humbert Vicaire, Histoire de saint Dominique, Éditions du Cerf, 2004, p. 68-76.
  9. Pedro de Ribadeneyra, Les Vies des saints et fêtes de toute l'année, Vibès, 1857, p. 65.
  10. Marie-Humbert Vicaire, Saint-Dominique et ses frères. Évangile ou croisade ?, Éditions du Cerf, 1967, p. 53.
  11. Une tradition locale qui date du XVIe siècle en fait l'archiprêtre de la paroisse de Gumiel de Izán et montre la maison où aurait vécu l'enfant. Source : B. Kirsch et H.-S. Roman, Pèlerinages dominicains, 1920, p. 45-49.
  12. Marie-Humbert Vicaire, Histoire de saint Dominique, Éditions du Cerf, 2004, p. 103
  13. http://www.dominicains.fr/menu/nav_institut/Qui-sommes-nous/Textes-fondateurs/Libellus-de-Jourdain-de-Saxe/Le-chanoine-d-Osma [archive]
  14. Marie-Humbert Vicaire, Histoire de saint Dominique, Éditions du Cerf, 2004, p. 122
  15. Jourdain de Saxe, Libellus de principiis ordinis praedicatorum, 14-20
  16. En chancellerie romaine, la diète désigne le chemin qu'on peut faire en un jour, évalué à dix lieues.
  17. Saint Dominique en Languedoc, É. Privat, 1966, p. 27
  18. Guy Bedouelle, Dominique ou la grâce de la parole, Fayard, 1982, p. 87.
  19. Pierre Félix Mandonnet, Saint Dominique. L'idée, l'homme et l'œuvre, 1938, desclée de brouwer
  20. Laurent Albaret, Les Inquisiteurs, Éditions Privat, 2001, p. 45
  21. Saint Dominique de Gusman [archive]
  22. Michel Roquebert, Saint Dominique, la légende noire, Paris, Perrin, 2003.
  23. Marie-Humbert Vicaire, Saint Dominique et ses Frères, Évangile ou Croisade, p. 33
  24. Marie-Humbert Vicaire, Saint Dominique et ses Frères, Évangile ou Croisade, p. 34
  25. Marie-Humbert Vicaire, Saint Dominique et ses Frères, Évangile ou Croisade, p. 42

Voir aussi

Saint Dominique de Claudio Coello, musée du Prado, Madrid

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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